Par Guillaume Nicoulaud.

Un Commissariat à la souveraineté numérique. Telle est la nouvelle merveille techno-administrative sur la laquelle notre représentation nationale entend plancher au cours des mois à venir. Notez le choix des mots et comment, subtilement, tous les schémas de pensée directement issus de l’après-guerre viennent se télescoper avec le dernier sujet à la mode dans les cercles du pouvoir : les machins numériques.
Un Commissariat d’abord. Comme celui du plan quinquennal, comme à l’époque du grand mirage du Gosplan soviétique. Un Commissariat forcément haut, voire très-haut, qui fera l’objet — comme il se doit — d’un rapport tout à fait officiel : un rapport dans la grande tradition de celui qui avait, en son temps, été commandé par M. Balladur sur les autoroutes de l’information (1994) et avait permis à la puissance publique de conclure que cette petite chose que l’on appelait à l’époque « Internet » 1 n’aurait finalement qu’un succès limité.
La Souveraineté ensuite. Une petite dose de protectionnisme délicatement mâtinée de nationalisme — c’est à la mode — le tout enveloppé dans un concept fumeux — c’est pratique — permettra à tout un chacun de ne surtout pas évoquer les quelques succès déjà enregistrés par nos pouvoirs publics en matière de souverainisme économique et ce, notamment, dès lors qu’il est question de machin numérique. Le Minitel, bien sûr, mais aussi et bien plus récemment le « cloud à la française » qui fût, on l’a oublié, un échec tout à fait remarquable.
Bref, tous les ingrédients sont réunis : motifs fumeux, méthodes d’un autre âge et pilotage organisé par des gens qui — pardonnez-moi — n’ont sans doute d’un ordinateur qu’une vision très théorique et lointaine. Nous allons à coup sûr assister à un nouvel épisode calamiteux du colbertisme à la française : une grande mobilisation nationale (notamment des contribuables), d’intenses efforts de communication, quelques retards auxquels viendront vite s’ajouter quelques déconvenues d’ordre technique et, finalement, rien.
Ce système d’exploitation souverain ne verra sans doute jamais le jour et si, par miracle, quelque chose devait finalement sortir des cartons des commissions et sous-commissions mises sur pied à cet effet, vous pouvez être absolument certain que personne n’en voudra et que le machin ainsi créé sera imposé de force à nos administrations pour justifier son budget de développement.
Le plus extraordinaire, finalement, dans cette affaire de Commissariat à la souveraineté numérique et de système d’exploitation souverain, c’est que plus personne ne s’en émeut vraiment. Après plusieurs décennies de clowneries comparables, nous avons fini pas nous y habituer : on s’en offusque mollement ou en rit quelques jours — c’est selon — puis on passe au dossier suivant.
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Lire sur Contrepoints notre rubrique économie numérique
- Autre préoccupation prioritaire de nos parlementaires : imposer l’usage de « l’internet ». ↩
Entièrement d’accord ! Une taxe de plus en approche, mais à la différence de ce qui existait avant, celle-ci est une taxe qui n’aboutira a rien… un OS que personne n’utilisera, que l’administration Francaise, va essayer d’utiliser, et au bout d’un certain temps, après de lourdes péripéties, une fois que l’administration sera bien (plus) chanboulée, ils reviendront sur Linux ou Windows et hop ca nous aura couter une fortune pour rien, et ca nous coutera une nouvelle fortune pour rien….
Il ne manquait plus que cela, un Etat qui décide de fabriquer un OS, la Chine, la Corée du Nord et Cuba l’ont révé mais ne l’ont pas fait, la France oui. Vive le haut commissariat à la souveraineté Numérique…
« OS » : Operating Socialism ?
Oh Shit !
Si la Corée du Nord l’a fait. Avec une GUI calquée sur celle d’OS X… d’il y a 10 ans…
Quand des clowns votent des lois qu’ils ne comprennent même pas. Je croyais qu’avec Thomson, Bull et autres amuseurs on avait atteint le summum du ridicule. Mais non, les socialistes en rajoutent une couche.
Donc quelques milliards de plus qui vont être jetés à la poubelle, et des taxes et impôts supplémentaires.
Mais il y aura quelques avantages, des parasites vont être recasés en attendant que les français oublient la nullité des socialistes et revotent pour eux.
Manifestement vous ne connaissez pas grand chose a l’informatique française. Vous pouvez nous en dire plus sur Bull et ses réalisations, ducon ?
Et vouus non plus vous n’y connaissez pas grand chose. Vous appelez votre contradicteur « Ducon »; cela ne vous honore pas.
Début 1991, jétais en poste dans une administration à l’étranger, jeune coopérant. Le bureau était « équipé » d’un outil de gestion développé par Bull de mémoire et bien sûr commissionné par nos autorités. En réalité la mise en oeuvre locale se résumait à une disquette et un bouquin (que je n’ose pas appeler manuel d’utilisateur) posés sur une étagère. Bien entendu personne ne savait quoi faire du machin alors que nous avions déjà des tableurs et traitement de texte lotus sur les quelques ordinateurs disponibles à l’époque. Je me rappelle d’une discussion avec le responsable informatique régional, il m’expliquait qu’aucun poste équipé de ce truc ne savait le faire marcher. Même pas lui. Je n’ose imaginer ce qui avait été investi sur cet outil aux frais du contribuable.
Pour la petite histoire après des semaines d’expérimentation (par gout personnel, avec des connaissances en langage basic) j’avais réussi à programmer une petite application pour tenir à jour un fichier / carnet d’adessses local d’entreprises. J’ai peut être été le seul dans l’histoire de ce machin inutile…
Un peu vaseux comme témoignage. Parler de système de gestion de de Basic, c’est un peu contradictoire, désolé, vous n’êtes pas crédible.
Ben quoi, on sait faire en France ! Rappelons nous le » plan calcul » des années 60. Ça nous a coûté une fortune pour subventionner Bull et la C2I. Ça a coûté encore beaucoup plus cher pour sortir de ce plan calcul : toutes les administrations etle secteur para administratif ont été obligés de mettre en oueuvre ces belles machine et leur OS bien français. Quand il a enfin été admis que c’était une impasse, il a fallu 15 ans et des dépenses folles pour convertir les applications et revenir aux seuls systèmes viables à l’époque ( les grands systèmes Ibm).
Mêmes situations, mêmes « solutions » idiotes : une volonté politique, un déni ou une ignorance de la réalité et à la fin les faits sont têtus et on se casse la figure.
SVP, des faits, des chiffres, pas des convictions de café du commerce. Merci
Pas besoin de chiffre, Bull c’est comme polytechnique, vaguement connu des administrations en France, totalement inconnu du reste du monde. Bull c’est le made in français à la chinoise, ils achètent à l’étranger, ouvre le paquet en france, ajoute une étiquette made-in france (y sont très fier de cet ajout d’ailleurs) et la première chose que l’on fait c’est la couper car ça nous gêne (on appel ça une verrue en informatique)..
Au contraire, les commentaires de blog sont une alternative sans alcool et sans cacahuètes à la fréquentation des troquets. À ne pas confondre avec un rapport scientifique.
Je suis un peu de la partie. Dans ce domaine, je connais.
Le café du commerce, ce n’est pas mon genre.
Eh bien citez en donc au lieu de mordre et d’aboyer.
Il faut bien donner du travail à Bull…
Au moins une réaction de bon sens. Bravo.
On a beau être habitué aux clowneries de l’état et des politiciens, il faut avouer que cette fois ils se sont surpassés en la déployant sur 3 axes :
– l’incompréhension du problème – mélange fumeux de notions informatiques,
– le melon démesuré de nos zélus ou de nos zélites, qui prétendent refaire le monde,
– l’aveuglement assumé quant à la dépendance entre la technologie et le libre échange.
C’est du n’importe quoi à un niveau que je n’avais détecté encore nulle part.
Encore tomber sur un os qu’il faudra ronger …
Pas grave, en attendant on fera un petit amendement grotesque pour légiférer sur les liens hypertextes. #saveKB
De grâce, arrêtez vos commentaires désobligeants, le « Commissariat à la Souveraineté Numérique » aura au moins le mérite de créer des emplois bien rémunérés.
3615 Trotsky
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