Surveillance d’Internet : votre vie privée en danger

Vous qui n’avez rien fait, devez-vous pour autant sacrifier votre vie privée au nom de la cause nationale ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Surveillance d’Internet : votre vie privée en danger

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 15 janvier 2016
- A +

Par Yann Boutaric.

Darth Vader is watching you - Credits Stéfan (CC BY-NC-SA 2.0)
Darth Vader is watching you – Credits Stéfan (CC BY-NC-SA 2.0)

Cela fait quelques années déjà que la surveillance de l’Internet par les autorités s’est considérablement accrue. Notamment depuis les lois Hadopi.

La sécurisation de votre réseau Internet privé par exemple, au-delà de l’assurance qu’elle vous donne de ne pas partager votre Wi-Fi avec vos voisins, permet surtout à l’État d’associer un identifiant à une connexion. Et donc de s’assurer que vous êtes seul responsable de votre comportement sur le Web.

Puis les tragiques événements terroristes de l’année écoulée ont poussé le gouvernement à renforcer encore davantage ces mesures sécuritaires.

Mais vous qui n’avez rien fait, devez-vous pour autant sacrifier votre vie privée au nom de la cause nationale ? Peut-on encore limiter cette intrusion qui semble inexorable, et se protéger en conséquence ?

Internet au banc des accusés

La fameuse branche « cyber-djihadiste » serait le cœur de la menace. Adeptes des réseaux sociaux, des forums en tout genre et du « Dark Net » (cette partie du Net inaccessible depuis les moteurs de recherche), les terroristes en puissance profiteraient de la liberté offerte par Internet pour préparer leurs attentats morbides.

Un climat de panique générale qui a fait dire à un ancien président de la république : « Quand on consulte des sites djihadistes, on est djihadiste ». Et qu’il fallait interner ces personnes dans des « centres de déradicalisation ». Preuve s’il en est que désormais, les autorités ont accès à vos moindres agissements sur le réseau.

Espace de liberté par excellence, le Web tend à devenir un véritable service de renseignement pour l’administration, et gare à vous si vous faites un faux pas !

Nombreuses donc sont les voix qui s’élèvent actuellement pour affirmer leur crainte de voir poindre un nouveau Patriot Act à la française.

Nous voulons tous donner les moyens nécessaires aux autorités pour éradiquer ce mal.

Et nous voulons tous nous en protéger.

Mais à quel prix ?

C’est sur ce point que les avis divergent.

Un accès à vos relevés bancaires et à votre dossier médical

Le Patriot Act est une loi adoptée aux États-Unis depuis maintenant 14 ans. Une partie des sections qui la composaient ne sont plus en vigueur depuis le 31 mai dernier, mais elle suscite toujours autant le débat, tous partis politiques confondus.

Proposée en réaction aux attentats du 11 septembre 2001, elle permettait, et permet toujours en partie, à l’administration américaine un accès à des données très personnelles sur ses concitoyens. Parmi ces données, les relevés bancaires ou le dossier médical mais aussi les conversations privées.

La question de sa reconduction est au cœur de la campagne présidentielle de 2016, et elle divise. Rand Paul par exemple, membre du parti républicain de sensibilité libertarienne s’y oppose vivement et critique ouvertement les dispositifs de surveillance de la NSA.

En France, nous n’en sommes pas encore là. Mais une note interne du ministère de l’Intérieur, dévoilée par le journal Le Monde, recense les souhaits formulés par la police dans le cadre de cette lutte. Et certaines propositions, telle que l’obligation pour les entreprises éditrices des services de messagerie de fournir les clés de chiffrement utilisées pour décoder les messages, pourraient mettre à nu votre vie privée, ni plus ni moins.

Protégez-vous et anticipez !

En attendant de voir si l’escalade du pistage ira jusqu’à ces extrêmes, vous pouvez d’ores et déjà vous protéger contre les potentielles intrusions actuelles. Encore une fois, il est question de prix : celui de la confidentialité.

Une journaliste américaine, Julia Angwin, a affirmé lors d’une conférence en octobre 2014 qu’il était nécessaire de dépenser 2 467 dollars par an pour assurer une protection fiable de vos données privées : mot de passe inviolable, désinfection de votre ordinateur, antivirus efficace, protection de vos données sur mobile, migration de vos mails sur une messagerie libre sont autant de précautions à prendre pour se défendre des espions du Web.

Mais il existe de nombreux moyens gratuits de privatiser votre navigation et vos données, tout du moins de limiter leur accès à des tiers, et plus largement aux autorités.

Sur les réseaux sociaux notamment, il est très facile de vous protéger, grâce aux « paramètres de confidentialité ». En quelques clics, vous êtes déjà beaucoup moins visible. Pour l’instant, les données échangées sur ces réseaux sont cryptées, donc a priori inexploitables par l’administration.

Votre premier cheval de bataille, c’est Google.

Et puis, il y a les résultats de recherche Google. C’est votre priorité. C’est le moteur de recherche le plus utilisé au monde et aussi le moyen le plus facile de trouver des informations privées sur vous.
• Tapez votre nom dans la barre de recherche Google
• Consultez les résultats un à un et repérez ceux qui vous dérangent
• Rendez-vous sur les sites en question, et contactez la société ou le webmaster. Demandez-lui de supprimer le contenu que vous ne souhaitez pas voir apparaître. C’est votre droit.
• Rendez-vous ensuite dans le support Google (ici). Vous pouvez demander à Google de supprimer les résultats de recherche que vous considérez comme sensibles. De manière générale, ils sont assez réactifs.

Une fois ces démarches effectuées, vous aurez déjà considérablement diminué les risques d’intrusion ou de divulgation d’informations privées.

En attendant de voir comment l’État compte faire évoluer ses lois sur la surveillance…

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

Lire sur Contrepoints notre rubrique surveillance du web

Voir les commentaires (4)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (4)
  • Pourquoi l’appli mobile Contrepoints est-elle si intrusive, accès à la localisation, la camera, les fichiers etc….???

  • Pour le web mail, j’ai adopté récemment protonmail. La clé de cryptage est dans ma tête et nulle part ailleurs, et celui-ci se fait sur le poste client. 500 mo gratuits. Un peu d’attente pour obtenir une adresse, mais c’est une histoire de semaine.

  • Il faut privilegier l’open source
    – Linux
    – TOR browser
    – Truecrypt ou Veracrypt pour encrypter partition et fichiers
    – Thunderbird messenger avec enigmail open PGP
    – VPN
    – privilegier les paiements en bitcoin pour les VPN

    Les meilleurs password sont ceux que vous pouvez memorisez, des phrases par exemple, mais jamais de copier coller de phrases de livres, trop simple a decouvrir.
    Evitez les caracteres accentues (accents et autres), cela vous sauvera a l’etranger

  • Vous voila protege pour le prix d’un abonnement a un VPN, 5-10 euros par mois. On est loin de 3000 USD.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les autorités redoutent un attentat d’ici la fin de l’année. Elles l’ont d’ailleurs très médiatiquement fait savoir, tant du côté européen que du côté français, afin que toute la population soit correctement saisie d’inquiétude et de méfiance pour la période des fêtes.

Et donc, que ce soit le résultat d’une action préparée de longue date restée discrète voire secrète au point d’échapper aux renseignements policiers, ou qu’il s’agisse d’un événement quasiment improvisé, selon toute vraisemblance, les prochaines semaines ou, plus probabl... Poursuivre la lecture

Article disponible en podcast ici.

Jadis, seuls les criminels se retrouvaient sur écoute. La traque du citoyen par les bureaucrates était une exception. Les surveillances de masse étaient réservées aux régimes totalitaires, impensables dans nos démocraties.

Or depuis le 11 septembre, nos gouvernements nous considèrent tous comme des potentiels criminels qu’il faut espionner constamment. Et toute comparaison aux régimes totalitaires fera glousser nos fonctionnaires devant une telle allusion.

J’ai déjà longuement commenté... Poursuivre la lecture

L'auteur : Yoann Nabat est enseignant-chercheur en droit privé et sciences criminelles à l'Université de Bordeaux

Dans quelle mesure les différentes générations sont-elles plus ou moins sensibles à la notion de surveillance ? Un regard sur les personnes nées au tournant des années 1980 et 1990 montre que ces dernières abandonnent probablement plus facilement une part de contrôle sur les données personnelles, et n’ont sans doute pas eu totalement conscience de leur grande valeur.

Peut-être qu’à l’approche des Jeux olympiques de ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles