Par Brice Rothschild.

Monsieur Djuna cette année tu dois voter, ouais
Me demandez pas d’vous aider à nous voler, ouais
Les impôts ne servent qu’à payer vos bolides
Vos discours sont des mensonges qu’on enjolive, ouais
Donc vas-y cause toujours, on s’en tape, tape, tape
Vas-y cause toujours, on s’en tape, tape, tape
Ouais vas-y cause toujours, on s’en tape, tape, tape
Cause toujours, on s’en tape, tape, tape
Ces paroles de Maître Gims viennent en écho à celles de Coluche :
La dictature, c’est ferme ta gueule.
La démocratie c’est cause toujours.
Récapitulons.
Nous avons d’un côté Maître Gims, « allégorie du peuple », affirmant :
Cause toujours, on s’en tape, tape, tape.
De l’autre, l’étiquette énarchique et aristocratique impose une certaine retenue, et conduit donc à la sobre mais néanmoins semblable réponse :
Cause toujours.
Les uns se sentent impuissants au point de ne pas voter et les autres tout-puissants. Comment en est-on arrivé là , alors que la démocratie est supposée être le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple (Abraham Lincoln, 1863) ?
Thomas Sowell a résumé le cœur du problème :
Le politicien n’a que deux priorités : être élu et être réélu. Et quelque soit la troisième, elle est loin derrière les deux premières.
Pour être élu et réélu, le politicien utilise deux sentiments particulièrement ancrés chez les électeurs : l’égoïsme inintelligent et la fausse philanthropie (Frédéric Bastiat, 1850).
L’égoïsme inintelligent est le désir de vivre aux dépens des autres. De là , la formation de groupes de pression qui influencent les politiciens car le coût des privilèges des uns est dilué dans l’ensemble de la population, qui peine à identifier cette spoliation légale (cf. les études de l’iFrap et de Contribuables Associés). Ces groupes de pression et ces politiciens ne se disent pas « cause toujours » : ils sont très attentifs les uns aux autres. La loi qui est issue de ce processus, au lieu de contenir la prédation, en devient l’instrument au point de la généraliser et de détruire les incitations à produire. Les moins influents se retrouvent impuissants à empêcher la spoliation qui s’exerce sur eux.
La fausse philanthropie est la croyance que le Bien peut être accompli par la spoliation par l’intermédiaire des politiciens. Cette croyance vient appuyer les groupes de pression dans l’accomplissement de leurs forfaits en les légitimant aux yeux du public. Comprenez « défense du service public », « État stratège » et autres verbiages.
Dans le brouhaha médiatique, il est difficile de trouver ce qui est à l’origine de ce sentiment confus que quelque chose ne va pas, qu’on se moque de nous, qu’on ne nous dit pas tout. Comment distinguer la démagogie du discours de vérité ? Maître Gims apporte le début de la réponse. À défaut de l’expliciter, il nous fait entrevoir la solution. Terminons donc par cette citation qui vient en écho à la recommandation de Turgot, contrôleur général des finances de Louis XVI :
Laissez passer.
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Sobre, donc clair, et plaisant. Pour complémenter, une réflexion de Gilles Deleuze qui parle des causeurs:
Il y a ceux qui parlent et ceux qui font. Ceux qui font n’ont pas le temps de parler, on ne les entend malheureusement presque jamais. Comme ceux qui parlent n’ont pas le temps de faire, ils parlent de ce qu’ils ne font pas et parlent mal de ce que les autres font. Comme ils n’ont jamais fait, ils parlent sans savoir ce que c’est de faire. Puisque ceux qui font ne parlent pas, ceux qui parlent, parlent ensemble et il leur semble que le monde est fait de gens qui parlent, qui parlent de ce qu’ils ne font pas et de ce que les autres font mal. A force de parler sans faire, ils parlent pour parler car ils ont oublié que faire existait.