Ces gadgets politiques anti-chômage qui ne servent à rien

Les bureaucraties inventent des gadgets anti-chômage là où elles devraient laisser faire les entreprises.

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Ces gadgets politiques anti-chômage qui ne servent à rien

Publié le 3 décembre 2015
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Par Bernard Zimmern.

robot army credits Peyri Herrera (CC BY-ND 2.0

Nous avons une longue tradition gouvernementale de création de gadgets qui permettent aux gouvernements de faire croire que tout est mis en œuvre pour stopper le chômage et qui prend son essor au début des années 1980 avec les missions locales, les permanences d’accueil information et orientation (PAIO), dont l’idée est d’insérer les chômeurs sur le marché ; mais plus croît la bureaucratie pour traiter le chômage, plus grandit le chômage, notamment celui des jeunes dont la DARES avouait dès juin 1997 qu’il dépassait 25%.

Cette bureaucratie et son échec enflent sous Martine Aubry avec le dispositif Trace, les associations d’insertion et notamment les associations intermédiaires qui emploient des salariés moins du quart du temps, mais servent de noria à subventions pour des politiciens bien placés. Nous avons décrit cette gangrène dans Les Fabricants de chômage (Plon 2002).

Les socialistes avec Lionel Jospin inventent une nouvelle veine qui sera la grande recette des partis de droite, celle de faire créer des emplois en incitant les chômeurs à créer leur entreprise ; ce sont les programmes ACCRE ou EDEN qui donnent ou prêtent aux chômeurs jusqu’à 3.000 euros pour créer leur entreprise. La Caisse des dépôts n’est pas en reste car elle subventionne à plus de 90% l’ADIE, cette association créée pour le micro-crédit mais qui consomme autant pour ses frais de gestion que le montant des prêts qu’elle fait accorder par les banques.

Lorsque la droite est arrivée au pouvoir en 2002, on pouvait espérer voir apparaître des mesures encourageant la création d’entreprises à fort potentiel de croissance, sur les modèles ayant réussi dans les pays anglo-saxons ; fut-elle paralysée par la peur d’appuyer les riches, la droite au pouvoir de 2002 à 2012 ne créa que des petits boulots, dont le succès le plus achevé fut l’auto-entrepreneur.

L’INSEE peut donc se féliciter en 2015 que la France soit l’un des premiers pays, sinon le premier pays d’Europe par le nombre de créations d’entreprises, mais doit avouer que 5% seulement sont des entreprises nées avec au moins un salarié.

Nous savons que c’est pour cela que nous créons à peine 100.000 emplois de plus par an, moins de la moitié des Allemands et 20% des Britanniques, alors que seules les entreprises nouvelles créent des emplois, les entreprises existantes en perdant toujours dans la plupart des pays et des époques.

Une liste très abrégée des gadgets pour nous faire croire à l’excellence de nos gouvernants de Bercy :

  • les 60 mesures de Jean-Pierre Raffarin et Renaud Dutreil préparées par François Hurel et présentées avec panache à Lyon à l’automne 2002, dont la société à 1 euro ; les statisticiens admireront leur effet en voyant en effet l’accélération des créations d’entreprise en France après cette date et la chute de la création d’emplois
  • SUIR en 2004 : moins d’une dizaine créées
  • Aide à la personne, que la Cour des comptes dénonce comme une des mesures les plus coûteuses
  • France Investissement
  • Les Réseaux dits de Business Angels, peut-être le plus grand des villages Potemkine de Renaud Dutreil.

C’est en effet Dutreil, ministre des PME de Chirac, qui a propulsé les réseaux de Business Angels sur le devant de la scène vers 2004 lorsque la pression sur Bercy pour des textes fiscaux créant des vrais Business Angels, investissant chacun plus de 100.000 euros par an et capables comme aux États-Unis ou en Grande-Bretagne de créer des milliers d’entreprises à forte croissance, est devenue si forte qu’il lui a fallu créer une échappatoire en subventionnant des réseaux pour faire croire que le manque de Business Angels était résolu.

Cela n’a pas coûté très cher à Bercy puisque les subventions en question n’ont pas dépassé l’ordre du million d’euros au total.

Mais les victimes ont été non seulement les membres de ces réseaux qui se demandent encore aujourd’hui si leur bénévolat n’a pas été abusé, mais surtout les créations d’entreprises à fort développement, les fameuses startups dont nous manquons tellement malgré les cris de victoire dont les médias sont pleins.

komri rené le honzecIl ne faut pas oublier dans notre liste le FNA, le Fonds National d’Amorçage, confié à CDC-entreprise, de 400 puis 600 millions dans lequel l’IFRAP avait tenté, vainement, de faire entrer au conseil d’orientation des entrepreneurs ayant fait la preuve de leur réussite comme Xavier Niel ou Marc Simoncini. Des intérêts très puissants au sein de la Caisse des Dépôts s’y étaient apparemment opposés.

Mais nous en oublions des tonnes d’autres, comme l’AII de Chirac et de Quaero, soutenu par Oséo, le grand projet de faire un moteur de recherche français.

Combien d’échecs faudra-t-il encore financer pour que l’État se retire, cesse de vouloir créer l’innovation et laisse les entrepreneurs et les entreprises libres de l’inventer ?


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  • il est certain que pour nos grands économistes au pouvoir, mieux vaut pour l’emploi, les conseils de Myriam El Khomri que ceux de l’auteur de cet article:
    Le cv a quand même plus de classe !…

    Et puis, conseiller aux élus qui se sentent investi d’une mission divine, grâce au suffrage, de ne pas intervenir partout ou ils peuvent le faire, c’est un peu du lèse majesté…

  • Autant je partage l’idée, à 100 %, que l’Etat doit s’effacer devant les initiatives entrepreneuriales, autant je suis surpris du peu d’enthousiasme de l’auteur pour la naissance des petites structures (très souvent au départ sans salarié, rarement avec un voire plusieurs). Son parcours, dans les sphères « du haut » ne lui a pas permis de côtoyer la base et lui masque la réalité.

    Je prendrai trois exemples pour illustrer mon propos, adossé à une expérience de plusieurs années passées à la création d’entreprises (TPE, PME) via la distribution de prêt d’honneur au créateur :

    1) l’auto-entreprise, même si pas parfaite, permet à de nombreuses personnes, en mal d’emploi, de se lancer dans des conditions acceptables dans la mesure où, ayant peu de moyens financiers, elles évitent dans les premiers mois d’existence de l’entreprise de se voir ponctionnée par le RSI si l’activité à du mal à décoller et ainsi survivre en attendant la croissance de l’activité.
    Un certain nombre d’entre elles se développent et créent de l’emploi dans les années qui suivent. J’écarte bien entendu les créations d’auto-entreprises par tout autre segment de créateurs (retraités entre autres). Je souligne au passage que ceux qui s’installent s’assument et ne dépendent plus des subsides sociaux. Cette formule a donc sa pleine utilité, même si ce ne sont pas des millions d’emplois créés.

    2) L’auteur semble être assez loin de la réalité concernant l’utilité de ces petites structures : en effet il mésestime le fait que les TPE, PME peuvent devenir de plus grandes structures et générer de nombreux emplois. C’est le cas dans mon département où je pourrais vous citer des entreprises qui ont créé en quelques décennies des milliers d’emplois pour chacune d’entre elles. Paris ne s’est pas fait en un jour…mais aussi si l’innovation est aujourd’hui fondamentale, les entités de production plus traditionnelles qui représentent et représenteront dans l’avenir encore un tissu économique non négligeable semblent « accessoires » pour Monsieur ZIMMER.

    3) La création de TPE et PME, par des structures associatives (je fait partie de l’une d’entre elles) est non négligeable. Dans le cas que je vous rapporte, c’est 38000 emplois et 16 000 structures qui ont été créés en 2014. Nombre d’entre elles créeront des emplois dans les années qui viennent. Qui plus est le taux de survie est de l’ordre de 87 % à 3 ans contre 60 % en moyenne. Le modèle que nous développons intègre formation et accompagnement de l’entrepreneur les 1ères années. Je tiens à souligner que ces aides sont accomplies par des bénévoles et ne coûtent rien au contribuable.

    La France de demain, celle qui réussira, passera par l’abandon par l’état de son interventionnisme ahurissant dans un monde dont il ignore tout et par la libération totale des entraves des entreprises mises en œuvre avec beaucoup d’insistance par cet état impotent…

    • Vous avez certainement lu trop rapidement l’article. L’auteur ne critique pas la création de TPE et PME. C’est même l’inverse. Il déplore justement que celles-ci ne puissent pas se développer et donc créer de l’emploi (contrairement à ce qu’il se passe aux RU ou en Allemagne).

    • MG: « l’auto-entreprise, même si pas parfaite, permet à de nombreuses personnes, en mal d’emploi, de se lancer dans des conditions acceptables »

      Oui, c’est une bonne mesure, le problème c’est que si ça marche bien et que le lapin sort du bois l’état attend à la lisière avec les 120mm et le napalm.

      Les embryons sont donc condamné à le rester.

    • « elles évitent dans les premiers mois d’existence de l’entreprise de se voir ponctionnée par le RSI si l’activité à du mal à décoller »
      Mais la troisième année la mise à mort ne manquera pas de se produire.

  • Mais il faut les comprendre. Ils s’emmerderaient royalement dans une France libérale, vu qu’ils deviendraient officiellement inutiles 😉

  • Votre article est un peu loin du terrain, mais n’en demeure pas moins valide.
    Un des premiers, si ce n’est, le premier a bénéficier d’une aide contrat d’avenir, parce qu’un de mes collaborateurs s’est obstiné a aller la chercher en Juin 2013. Quand je dis premier, c’est du secteur privé. En effet, ces mesures étaient applicables pour (et avant tout) le secteur public. Ce qui n’a, a ma connaissance, jamais été soulevé ni par les syndicats ni les medias. De l’enfumage, comme d’hab.
    Bref, non seulement ces aides sont contre productives, injustes (le « jeune » est corvéable a merci, avec un revenu dérisoire fixé sur 2 ans (vous voulez jouer le jeu, l’augmenter car il est bon, bin non, vous perdez les aides) mais en plus, le cout de mise en conformité de votre dossier est stratosphérique. Si il faut resumer rapidement la situation française:
    – Charges salariales ridicules, confiscatoires, avant même de parler d’impôts sur le revenu, couts indirects (mise en conformité fiscale & sociale) exorbitants, contrôle punitif avec application de pénalités tous les 3ans (si vous êtes bons, et que votre société marche. Pour les mauvais, c’est pas la peine).
    – Aides soumises a un ensemble de conditions fixes, inadaptées, des frais de dossier très lourds, et des interlocuteurs du service public complètement incompétents (dans mon cas, de très bonne volonté, notez, mais incompétents tout de même).
    Malheureusement, il n’existe aucune culture d’entreprise au sommet de l’état. Les élus, ivres de leur propre pouvoir, sourds, aveugles, pondent des textes qui sont difficilement compréhensibles pour le secteur public. Autant les écrire en braille pour le secteur privé. Ils pourraient, d’ailleurs, au nom du vivre ensemble festif, et nous ne sommes plus a ca près en termes de moquage de visage.

    • @tintincan
      On sent le vécu…
      Tous nos élus élevés dans les jupes de l’administration « causent » de l’entreprise en termes choisis !
      On n’est pas obligé d’écouter ! Le problème, c’est que ces gens éclairés vous assènent leurs certitudes
      jusqu’à s’en convaincre. Là ils osent tout, c’est à cela qu’on les reconnait (merci, Mr Audiard).
      Jusqu’à la retraite je n’aurais jamais pensé avoir de certitude….
      Maintenant, je sais……Nous sommes cernés par des C… et la consanguinité fait des ravages.

  • « Combien d’échecs faudra-t-il encore financer pour que l’État se retire, cesse de vouloir créer l’innovation et laisse les entrepreneurs et les entreprises libres de l’inventer ? »
    combien ? L’infini.

    Le politicien répond à la demande, il s’agite et il faut que ça se voit, mais ça n’a pas besoin d’être efficace (au contraire même)

  • Je ne comprends que très bien la volonté des syndicats patronaux et salariés de surtout ne rien changer.

    – tous unis pour renforcer les barrières corporatistes, les monopoles de fait… donc opposés à la libre création d’entreprise
    – tous unis contre une mesure pourtant simple : retirer aux employeurs la charge, le risque, les couts, la complexité de la collecte des assurances sociales des salariés. L’entreprise verse le salaire complet, et charge à chaque salarié de s’assurer socialement … je ne comprends pas que les patrons n’en facent pas la demande, eux qui redoutent tant les controles urssaf ….
    – tous unis contre une autre mesure simple : le remplacement de tous les contrats de travail, tous les statuts professionnels actuels, par un CONTRAT UNIQUE, définissant les droits et devoir de chacune des parties, ouvrant droit aux mêmes droits, et surtout prévoyant une clause de rupture avec explication et indemnités progressive en fonction de l’ancienneté,et une indemnité supérieure pour la rendre non contestable devant tribunaux… cela concernerait aussi les fonctionnaires bien évidement, sauf regaliens et controle

    • C’est plutôt tous unis pour préserver leurs avantages. Il n’y a qu’à lire le rapport Perruchot.
      Dans une société libre, les corps intermédiaires sont indépendants de l’Etat.

  • Si l’Etat « laissait les entrepreneurs et les entreprises libres de l’inventer », ce serait une catastrophe :
    1) ça risquerait de marcher
    2) ce n’est de toute façon pas « une mesure de gauche »

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