Par Jean-Baptiste Noé.

Deux personnes arrêtées le 31 octobre pour avoir volé des documents et les avoir transmis à la presse, deux livres qui sortent pour dévoiler les secrets du Vatican, cette semaine le scandale semble revenir au cœur de l’Église. On parle d’une déstabilisation programmée du Pape, de règlements de compte, d’une dénonciation des intrigues de la Curie. Et si cela était un simple coup médiatique destiné à vendre des livres et à enrichir un éditeur et son auteur ? À la lecture des bonnes feuilles parues dans Le Monde du livre Via Crucis de Gianluigi Nuzzi, on peut se poser la question.
Nuzzi est le journaliste qui a récupéré les documents de Vatileaks et qui les a publiés. Il récidive en publiant cette fois des documents sur le fonctionnement des finances du Saint-Siège. Ce scandale est censé être une bombe pour faire sauter l’Église, il s’apparente surtout à un pétard mouillé.
Je n’ai pas encore lu le nouveau livre de Nuzzi, puisqu’il n’est pas encore paru. Mais les bonnes feuilles publiées par Le Monde sont très décevantes en termes de scandale. Normalement, ce genre de publication est censée faire saliver le lecteur pour lui donner envie d’acheter le livre. Ici on s’ennuie et on passe son chemin.
Trois affaires sont évoquées
D’abord la gestion du denier du Saint Pierre. L’auteur s’offusque qu’une partie de celui-ci serve à payer les dépenses de la Curie, au lieu de financer des œuvres de charité. Il n’y a là rien de scandaleux, c’est la fonction du denier de Saint Pierre. Le Saint-Siège est le seul État d’Europe dont les finances ne sont pas déficitaires. C’est aussi le seul à ne vivre que des dons de ses fidèles : le denier de Saint Pierre, que tout catholique est censé verser, en fonction de ses moyens, pour subvenir aux dépenses de fonctionnement du Saint-Siège et de l’État de la Cité du Vatican. Il faut payer les employés, les charges matérielles (eau, électricité…). Rien que de très normal. L’argent qui n’est pas dépensé dans le fonctionnement de l’État sert à financer des œuvres caritatives. Et là l’auteur dénonce : « Plus de la moitié des offrandes envoyées par les fidèles du monde entier alimentent en réalité les caisses de la Curie ». Si la France ne consacrait que la moitié de ses impôts au fonctionnement de son administration, le contribuable en serait très content. Le scandale tombe à l’eau.
Deuxième épisode, une obscure affaire au sein de la Curie. Un prélat trouve que son appartement est trop petit, alors il lui annexe l’appartement de son voisin, un prêtre grabataire qui réside à l’hôpital et qui a laissé son appartement inoccupé. L’auteur essaye de faire passer cela pour un scandale immobilier de premier ordre. On appréciera toutefois le jugement de l’auteur : le prélat qui occupe ce logement de fonction ne paye pas le loyer nous dit-il. Normal, non, pour un logement de fonction ?
Troisième épisode relaté : un cambriolage dans un immeuble du Saint-Siège place Pie XII. Celui-ci a lieu le 30 mars 2014. Des personnes s’introduisent dans les locaux de la Cosea, la Commission qui créée par le Pape pour réfléchir à la réorganisation des affaires économiques du Saint-Siège. Visiblement, les cambrioleurs connaissent les lieux. Ils volent un peu d’argent liquide, et ils dérobent des documents de la Cosea. Voilà tout. Grâce aux talents d’écrivains de Nuzzi, ce cambriolage nous est raconté comme un polar, mais on reste sur sa faim : là aussi, où sont les scandales annoncés ?
Que le Saint-Siège, comme tous les États, ait besoin de rationaliser ses dépenses, c’est une évidence. Il lui faut mieux gérer son parc immobilier, et veiller à contenir les dépenses de fonctionnement. Il est aussi confronté à la question du financement de son système de retraite, qui est déficitaire. De là à écrire que tout n’est que gabegie, corruption et dérive financière, il y a un pas que l’auteur du livre ne devrait pas franchir.
Ces bonnes feuilles tombent à plat. On n’en ressort nullement avec l’envie d’acheter le livre pour découvrir d’autres ragots et d’autres affaires, mais plutôt avec la désagréable impression d’avoir été manipulé et qu’un éditeur peu scrupuleux a essayé de nous vendre un peu de papier pour faire tourner sa boutique. Là est peut-être le véritable scandale.
- Lire aussi l’entretien donné par J.-B. Noé à Contrepoints ici
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Oui, enfin, 700 m2 (si c’est bien la vérité) pour un prélat vivant de la charité des fidèles, c’est un peu … décalé !
Ce n’est pas un symptôme d’humilité et ne peut que lui faire perdre l’objet de sa vocation.
Si l’étiquette “sainteté” s’applique aux papes et à des héros avérés… son antonyme “défectuosité” (de la probité d’âme ET celle intellectuelle) vaut spécifiquement pour ces journaleux-paparazzi désireux de se vendre ( €€€€€€ ) en révélant à des lecteurs tordus la couleur des couches culottes de certains prélats !
Salir est la motivation de ces sbires. Nuzzi et bien d’autres sont de cette fibre.
Les éditeurs pressés de ce remplir les poches en gâchant tout ce papier participent à la mouvance.
Notez que je ne vise pas ici les seuls Vaticanleaks … car je suis agnostique ! :o)
Quelle surprise, des journalistes montent en épingle des faits assez banals pour vendre du papier en annonçant du scandale alors qu’il n’y a pas grand chose…
C’est un peu ce qu’ils font 80% du temps, particulièrement depuis qu’ils sont des “fonctionnaires en civil” avec revenus garantis par l’État et les collectivités locales et avantages fiscaux…
Et comme de nos jours les gens sont moins chrétiens et surtout défiants envers la plupart des “grosses organisations”, taper sur l’Eglise ça peut marcher. Une petite dose “Da Vinci Code” par dessus et hop, les grosses ventes, coco, les grosses ventes.