Par l’auteur du site Bobo libéral.

L’Ubérisation de l’économie est le nouveau terme à la mode. Son usage s’est répandu comme une trainée de poudre, signifiant pour certains l’émergence révolutionnaire d’un nouveau mode de travail qui embrasera le monde, alors que pour d’autres, il est synonyme d’une nouvelle ère de précarisation ubiquitaire et extrême.
L’Ubérisation, ou ce concept d’échanges directs entre particuliers de biens ou de services par le biais des outils numériques rendrait obsolète le bon vieux travail salarié, avec son Code du travail, ses cotisations sociales, ses syndicats, ses statistiques, ses luttes de classe, son burnout, ses harcèlements, ses arrêts de travail et ses maladies professionnelles.
Exit tout le lexique marxisant qui nous a imprégné pendant près d’un siècle.
À citer Marx au passage, on ne peut alors que penser à sa théorie sur les modes de productions qui sont les fondations de l’organisation sociale de nos Cités. La latifundia romaine et ses masses serviles ont laissé leur place aux seigneurs féodaux et aux moulins à vent qui furent ensuite balayés par les premières manufactures et l’émergence de la machine à vapeur, suivi de près par l’électricité. Et ainsi on constate que Marx avait tort, le système capitaliste du XIXème siècle, avec ses masses ouvrières et son travail à la chaîne, n’était pas la dernière étape avant l’avènement du communisme et la paradis sur terre ; il avait oublié Uber et son nouveau mode de production.
Mais on imagine mal Uber être la porte d’entrée vers le paradis socialiste.
Au contraire, il semblerait selon la presse, que Uber, ou plutôt le modèle de travail qu’il propose, et par extension ce terme, regroupe aussi l’usage plus fréquent des travailleurs indépendants ou auto-entrepreneurs, détruise le modèle salarial et ses acquis dits sociaux. Uber serait la tête de pont d’un nouvel ultra-libéralisme débridé.
Et justement, si on analyse ce phénomène Uber par la lucarne libérale, on se rend compte qu’il n’y a rien de révolutionnaire.
Au contraire, le travail « à la Uber » n’est qu’un type de contrat de travail.
Dans un univers où les contrats de travail se font de gré à gré, comme ce fut le cas au XIXème siècle, le contrat à la Uber ne se distingue en rien d’un autre contrat de travail, si ce n’est dans sa forme. Mais dans le fond il repose sur les droits de propriété privée où deux individus au moins se mettent d’accord pour contractualiser des échanges de services ou de biens. Rien d’exceptionnel. Les termes du contrat ne font que varier.
Mais dans notre monde dirigiste où les contrats de travail sont très réglementés et rigides, Uber donne un avantage décisif.
En effet, si le travail « à la Uber » connait un tel essor aujourd’hui ce n’est pas uniquement par son développement rendu possible par les nouvelles technologies, mais aussi par la possibilité qu’il offre aux individus de s’affranchir de ses règles rigides du Code du travail pour nouer des contrats. Uber n’est qu’une échappatoire à cet ensemble de réglementations qui offrent privilèges et avantages à tout un tissu de corporations. Il profite quelque part d’un vide juridique. C’est en cela qu’il devient révolutionnaire, car il bouscule des systèmes sclérosés qui empêchent la destruction créatrice si chère à Schumpeter.
S’il n’y avait pas eu ces réglementations protectrices, le travail « à la Uber » aurait certes connu un essor, mais à sa mesure, ne provoquant que quelques remous, comme toutes ces innovations qui trouvent leur place sans cris d’orfraie dans la société. Et le salariat y aurait toujours une place.
Mais du moment où existent des rigidités dans une société, il existe toujours des individus qui par leur imagination vont tenter d’utiliser des moyens pour les contourner, et cela pour le plus grand bien. Et Uber en fait partie.
Ainsi si le travail salarié donne l’impression d’être menacé, ce n’est pas à cause d’Uber, mais à cause de ses rigidités imposées par l’idéologie socialiste.
On peut alors affirmer que c’est le socialisme qui a tué le salariat qu’il était supposé défendre, et non pas Uber.
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