Agriculture : un secteur en pleine mutation

L’innovation peut être la solution pour l’avenir de l’agriculture.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Lelou-Labour à l'ancienne(CC BY 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Agriculture : un secteur en pleine mutation

Publié le 21 septembre 2015
- A +

Un article de Trop Libre

Lelou-Labour à l'ancienne(CC BY 2.0)
Lelou-Labour à l’ancienne(CC BY 2.0)

 

Secteur traditionnellement majeur de l’économie française, l’agriculture est actuellement en pleine crise. Elle n’échappe néanmoins pas aux innovations. C’est d’ailleurs sûrement sa mutation qui permettra d’assurer son avenir…

Un secteur qui pèse, en France comme en Europe

La France compte aujourd’hui 515 000 exploitations agricoles, répondant de 849 000 emplois directs, auxquels on peut ajouter 415 000 indirects dans l’industrie agroalimentaire, principalement. La France se place ainsi en tête des pays producteurs et exportateurs européens. Il en est de même en Europe puisque l’on estime à 25 millions le nombre de personnes travaillant dans l’agriculture au sein de l’Union Européenne (auxquels s’ajoutent 46 millions dans le secteur agroalimentaire).

L’agriculture en France, entendue largement comme l’ensemble des activités directes ou en lien avec le secteur, pèse donc encore énormément. En 2010, on estime à 3,1% la contribution au PIB du secteur agricole (industrie agroalimentaire et agriculture). Le secteur est en outre l’un des rares à être en excédent commercial ; en témoigne l’excédent record de 11,9 milliards d’euros en 2011.

Un secteur en danger

Néanmoins, si l’agriculture est un secteur primordial, il n’échappe pas aux difficultés.

La concurrence des pays émergents (tels que l’Inde ou le Brésil), capables de produire à coûts moindres, tire la compétitivité des produits européens à la baisse. Dans cette nouvelle configuration internationale, le modèle familial des petites exploitations aux productions morcelées ne semble plus être à même de répondre aux impératifs de la mondialisation. Ainsi l’avenir semblerait résider davantage dans des concentrations agricoles de plus grande taille permettant davantage de compétitivité, comme en témoigne la croissance des coopératives agricoles, vouées peut-être elles-mêmes à devenir des producteurs agricoles. Par ailleurs, si la Politique Agricole Commune a permis à l’Europe d’accéder à son indépendance agricole, celle-ci est de plus en plus remise en cause au motif de maintenir sous perfusion un secteur moribond.

À ces alarmes s’en ajoute une autre : celle d’une maturité des marchés nationaux. Sauf en cas de nouveaux débouchés à l’export, la croissance ne semble plus pouvoir augmenter sur ces marchés du fait d’une saturation de la demande.

Ainsi face à ces nouveaux défis, il apparait primordial et urgent de se tourner vers le monde. Pour y être compétitif, la France et l’Europe doivent développer des avantages comparatifs hors-prix.

L’avenir dans les produits à forte valeur ajoutée

Si l’avenir des produits à faible compétitivité semble terne, exception est faite du lait. C’est ce qu’affirmait récemment le Commissaire européen à l’Agriculture Phil Hogan : « la fin des quotas ne devrait pas juste être perçue comme une menace, […] mais une opportunité ». L’industrie européenne semble en effet vendre avec succès ses produits laitiers sur les marchés émergents (notamment asiatiques), prédisant un avenir post quota optimiste pour des producteurs auparavant limités par ces derniers.

L’avenir semble, de manière générale, davantage résider dans les produits à forte valeur ajoutée. Le savoir-faire comme l’image culinaire et gastronomique français sont des arguments incontestables pour l’exportation. Ainsi, les produits plus ‘haut de gamme’ comme les fromages rencontrent un très fort succès à l’export. Par ailleurs, la demande pour ces produits (marchés sur lesquels les pays émergents sont moins présents) semble devoir aller croissante à l’avenir.

Le rôle de l’innovation

Contrepoints824 - Agriculture en mutation - René Le HonzecL’innovation peut être la solution pour l’avenir de l’agriculture. Permettant de faire plus avec moins, une agriculture à la pointe de la technologie constitue une intéressante piste d’avenir. Mais afin d’accoucher d’innovations adaptées aux besoins agricoles, la recherche doit être davantage développée en « co-construction » afin d’éviter des approches descendantes dans lesquelles les solutions apportées sont peu en adéquation avec les problèmes posés.

Quelques exemples d’innovation sont déjà offerts à notre inventaire aujourd’hui. C’est le cas de la chimie végétale (ou « verte ») qui, jusque-là utilisée pour les vêtements ou les médicaments, dont l’application pourrait aujourd’hui s’étendre à la fabrication de détergents, solvants ou cosmétiques sans produits de synthèse. D’autres innovations, tels que les « puits de carbone » permettant d’augmenter la capacité d’absorption naturelle de CO2, ou encore le guidage GPS des outils agricoles permettant une meilleure application des traitements agricoles, sont d’autres exemples d’innovations permettant à l’agriculture de répondre aux défis de demain.


Sur le web

Voir les commentaires (7)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (7)
  • Cet article passe à côté du boulet principal du secteur agricole : la main-mise de la bureaucratie, de la politique et de l’idéologie éco-fasciste comme instruments de torture économique.

    À tous les échelons (de la commune au continent), il existe des petits chefs mandatés par l’échelon supérieur qui imposent leur vue sur ce que devrait être l’agriculture et l’agriculteur (je suis sûre que cela vous rappelle quelque chose). Pour le bien de tous, naturellement. Et en saupoudrant le tout d’argent public pour faire taire les principaux concernés et berner le quidam qui finance.

    Aucun autre secteur économique n’est à ce point en mode command and control. Il n’y a aucune liberté pour acquérir et exploiter du terrain ou des animaux sans en référer à une administration ou à une autre (dont certaines composées d’agriculteur-syndicaliste ; pas de conflits d’intérêt ici) pour obtenir une autorisation.

    Sur le terrain, le carcan technocratique dépasse l’imaginable et ruine peu à peu ce qui reste d’efficient et de rentable. Le supposé ‘modèle agricole’ est en train de réussir l’opposé de sa finalité originelle pour la gloriole de quelques ronds-de-cuir carriéristes non élus surpayés.

    Les exemples ‘innovants’ de CO² et GPS sont risibles : l’activité ‘puits de carbone’ ne sera qu’une subvention déguisée de plus posée comme non-solution à un faux problème, et le guidage GPS n’est qu’une source de confort pour celui qui peut se le payer (le gain de productivité est minime si la chaine d’acquisition de données cartographiques et l’adaptation de tous les outils n’existent pas par ailleurs, ce qui représente un investissement lourd en regard de l’espérance de gain de 5% au mieux).

    Bref, c’est d’une libéralisation pleine et entière du secteur et du métier (j’en suis) dont nous avons besoin.

  • Tout à fait d’accord avec tmtisfree
    C’est l’état et son modèle d’agriculture administrée qui bloque tout
    L’Inde n’est pas notre concurrent comme indiqué mais c’est plutôt les autres pays européens .
    la seule chose qui marche très bien c’est le vin ( 10 milliards € export), car l’état ne s’en mêle pas trop.
    Pour les fromages ( pourtant produit à valeur ajoutée) c’est une honte de voir que l’allemagne exporte plus que nous.Il faut en produire plus et le marketer !
    Il faut au plus vite en finir avec le système bureaucratique, les subventions mal utilisées ( à 80 %mal dirigées), les grosses coopératives qui roupillent et qui sont bien peu compétentes à l’international.
    laissons s’exprimer les talents ( voir les exemples de Lactalis, Pernod Ricard et bien d’autres).
    Ne rêvons pas avec la chimie verte ; c’est une micro niche pour bien longtemps. Ce qu’il faut c’est de la compétitivité et du marketing international ( penser marchés – clients au niveau mondial et non local – circuit court). Produisons ce qui se vend au lieu de vendre ce que l’on produit.Nos politiques se fourvoient avec le bio ( niche qui baissera un jour ou l’autre car ce n’est pas un symbole de qualité) et autres balivernes. c’est dommage car les agriculteurs français sont d’une compétence extrême ( au top mondial dans quasiment toutes les productions).

    • Non aux agricultUeurs qui nuisent à leurr propre santé et à celle de leur propre descendance

      • Grâce aux agriculteurs modernes et performants il est possible de nourrir plus de 7 milliards de personnes ( avec les techniques actuelles) avec la quantité et la qualité voulue et tout cela pour un prix raisonnable. Si vous êtes nostalgique de l’agriculture ancienne ( bio et autres ) allez voir en Afrique ce que cela signifie.On dépense maintenant moins de 15 % de nos revenus pour notre alimentation et cela nous permet d’acheter des téléphones, de voyager, de se cultiver etc…., ce qui crée des emplois et accroît considérablement notre satisfaction. Revenir à l’agriculture de grand papa c’est retourner vers la misère noire.Un grand merci à l’agriculture moderne et compétitive.

        • Les agriculteurs modernes et performants ne tuent pas,, savent produire beaucoup sans utiliser de pesticide, sans labours profonds insensés, sans engrais chimiques mortifères, sans enrichir le crédit agricole et Monsanto.

          Mais la reconversion n’est pas forcément aisée surtout dans la têtet

          • Tu parles sans doute du bio qui :
            – est humainement trop couteux, peu qualitatif et pas adapté à un marché en demande continue
            – favorise le travail des enfants en Afrique et au noir en OCDE
            – utilise plus d’espace pour moins de rendement, diminuant ainsi la biodiversité
            – affectionne les pratiques anti-concurrentiels et non éthiques
            – emploie des pesticides dangereux, toxiques et mortels pour la faune et l’homme, non soumis à autorisation, en quantité résiduelle inconnue car non mesurée et dont le public n’est pas informé de la présence
            – ne démontre aucune qualité sanitaire, gustative ou nutritionnelle additionnelle
            – soutient l’activisme anti-scientifique et rejette le progrès
            – base son lobbying sur une communication anxiogène mensongère plutôt que sur la valeur des produits/services proposés
            – soutient un modèle économique mercantiliste (locavorisme) démontré obsolète depuis au moins un quart de millénaire
            – ruine la collectivité par le niveau indécent des subventions attribuées sans aucune analyse qui pourrait rationnellement le justifier a priori ou a posteriori (coût/bénéfices, coût/efficacité)
            – ne dénonce pas publiquement les nombreux cas de fraudes épinglés par la DGCCRF pour protéger l’idéologie
            – etc

            Concernant spécifiquement tes affirmations erronées :
            – produire en qualité et quantité (q&q) suffisantes sans solutions technologiques avancées (produits phytosanitaires et engrais) est impossible (à moins de déboiser massivement la surface du globe)
            – « labour profond » : tes informations sont périmées, on n’est plus dans les années 50. On peut produire de manière équivalente q&q avec ou sans labour ‘normal’ ; dans bien des régions agricoles la hauteur de terre arable disponible permet d’ailleurs tout juste le labour ‘normal’
            – la « reconversion » n’est possible que par le niveau offert de subventions extorquées préalablement à la collectivité

            Pour conclure, on n’est pas « modernes et performants » quand sa réussite dépend de l’argent des autres. Quant à ne pas tuer, les exemples en Allemagne, en France ou ailleurs de morts et d’intoxications dues à l’ingestion de produits bio contaminés, toxiques, périmés ou frauduleux sont si récurrents qu’il faut porter bien serrés les BAB pour ne pas en avoir entendu parler.

            Il y aurait encore tant à dire.

  • Sujet fort intéressant complexe et surtout mondial
    l’ agriculture nourricière y compris liquides d’ une part l’ autre pour d’ autres bien de consommation exemple le coton
    Pour le lait il y a un début de concurrence avec les boissons végétales ( soja) c’ est difficile de savoir quel pourcentage lorsque je vois le litre vendu chez L… à moins d’ 1€ marque Bj.. en promo par pack je pense qu’ il y a bien ici un marché en croissance
    il va y avoir une mutation énorme dans les40 ans à venir avec les biotech par ex en complément des carburants de pétrole mon avis est que certains , bien informés s’ y préparent ……..
    On peut aussi s’ inspirer de l’ évolution récente avec l’ industrie bois – pate à papier

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Les Gilets verts ont bloqué le pays avec leurs tracteurs en demandant notamment que l'on n’importe pas ce que l’on interdit en France. Leurs revendications ont également porté sur l’accès à l’eau et sur la rigueur des normes environnementales françaises, qui seraient plus exigeantes que celles de leurs concurrents.

C'est la hausse du prix du gazole agricole qui a mis le feu aux poudres, en reproduisant les mêmes effets que la taxe carbone sur tous les carburants, qui avait initié le mouvement des Gilets jaunes cinq ans plus tôt.

Poursuivre la lecture

Le Salon de l’agriculture s'est ouvert à Paris le 24 février.

Nous sommes dans l’attente des réponses que le gouvernement va donner aux agriculteurs, suite à la révolte qui a éclaté dans ce secteur en janvier dernier. Pour la déclencher, il a suffi d’une simple augmentation du prix du GNR, le gas-oil utilisé pour leurs exploitations, et elle a embrasé subitement toute la France.

Tous les syndicats agricoles se sont entendus pour mobiliser leurs troupes, et des quatre coins du pays, des milliers de tracteurs ont afflué vers Paris... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles