Par Éric Verhaeghe.
Pendant que l’opinion est distraite par des écrans de fumée comme le rapport Combrexelle, la hollandisation du régime se poursuit discrètement. Deux informations passées inaperçues ou presque le confirment.
La Banque de France et la république exemplaire
Comme je l’avais annoncé sur mon site, Jean-Pierre Jouyet a proposé la candidature de François Villeroy de Galhau, ancien directeur général de la BNP, à la tête de la Banque de France. La proposition était attendue : Villeroy est un strausskahnien bien connu, exfiltré de la banque il y a six mois pour préparer un rapport sur le financement de l’économie. J’ai souligné que ce rapport était une longue liste de remerciements à tous les gens que Villeroy de Galhau a croisés dans sa carrière, et en particulier pour les banquiers français qui « l’ont fait ».
Grâce à ce rapport, on sait que la Banque de France défendra, sous les auspices de son futur gouverneur, un assouplissement des règles prudentielles applicables aux banques et reprendra à son compte l’éloge de la titrisation, qui précipita pourtant la planète dans la terrible crise de 2008. Ce merveilleux entêtement à répéter indéfiniment les mêmes erreurs jusqu’à extinction définitive des feux ne manque pas de faire sourire : elle caractérise bien l’agaçante arrogance des élites françaises qui passent en boucle un même disque depuis leurs sortie de Sciences-Po, que le monde change ou pas.
Mais ce n’est pas ce point-là qui fâche. La difficulté vient plutôt du conflit d’intérêt qui caractérise cette nomination. L’une des prérogatives de la Banque de France est en effet de contrôler le respect des règles financières par les banques françaises. Comment ne pas soupçonner Villeroy de réserver un traitement de faveur à la banque dont il était encore salarié il y a six mois ?
La question est d’autant plus cruciale que Villeroy sera président de l’Autorité de Contrôle (ACPR) qui a infligé l’an dernier une amende de 10 millions à la BNP pour des histoires de contrats d’assurance-vie en déshérence. Autant confier le ministère de la Justice à Bernard Tapie, ce ne serait pas plus choquant. L’affaire de Jean-Pierre Jouyet éloigne en tout cas une fois de plus le système Hollande de la République exemplaire tant vantée.
Valls prend en main les relations entre partenaires sociaux
De son côté, Manuel Valls a commencé à hausser le (men)ton dans la négociation sur les retraites complémentaires AGIRC-ARRCO. Ouvertes en début d’année 2015 pour rétablir les comptes des régimes au bord de l’effondrement, elles n’ont toujours rien donné. Une séance doit avoir lieu le 16 octobre, et le MEDEF (enfin Pierre Gattaz…) a annoncé par avance qu’il refuserait toute forme d’augmentation des cotisations. Il faut dire qu’après avoir réclamé des baisses de cotisations de la part de l’État, il serait politiquement compliqué pour lui d’appliquer une orientation contraire dans les régimes dont il a la maîtrise.
La ligne dure de Gattaz pose deux problèmes.
- Premièrement, elle le condamne à ne pas signer avec FO, qui a posé comme condition de base pour toute signature un geste de la part des employeurs. Comme la CGT ne signera pas non plus, et que la CGC a réservé sa signature… le MEDEF risque de ne trouver autour de la table que la CFDT et la CFTC pour signer, ce qui ne fait pas une majorité.
- Deuxièmement, le déficit des régimes complémentaires est intégré au déficit public selon Maastricht, ce qui fait de l’État le décisionnaire final dans le dossier.
Assez logiquement, Manuel Valls a donc déclaré :
« Un accord doit être trouvé pour sauvegarder ces régimes et préserver le caractère paritaire de leur gestion. »
La séance du 16 octobre risque donc d’être un peu chahutée, car personne ne sait quel partenaire social va déclencher l’étatisation du régime AGIRC-ARRCO en refusant de signer un texte qui sauverait le paritarisme. Au total, c’est une nouvelle phase d’expansion de l’État qui peut commencer.
Le paritarisme est-il indépendant de l’État?
En France, il faut plutôt considérer l’État et la nébuleuse d’obligés qu’il a créée autour de lui. Aux frais sans cesse croissants du contribuable- cotisant-payeur
Tout à fait. Le simple fait que Valls puisse déclarer « un accord doit être trouvé » montre que les régimes complémentaires sont d’ores et déjà une excroissance de l’Obèse. Si ce n’était pas le cas, on remercierait poliment Valls de son intervention en le priant de se consacrer à plein temps à son auguste postérieur. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter d’une éventuelle étatisation de ce qui est déjà l’Etat. En revanche, dans la lutte de pouvoir entre des diverses factions de la Caste des copropriétaires qui s’affrontent pour savoir qui va survivre le plus longtemps à l’effondrement de leur Etat obèse, il va certainement y avoir du sang sur les murs.
Après avoir quasiment épuisé leur hôte (la France et les Français), les parasites copropriétaires de l’Obèse vont maintenant se dévorer entre eux. Voilà qui ne manquera pas d’accélérer la chute.
Si le paritarisme saute, cela aura le mérite d’être clair, car c’est bien l’état qui contrôle le système. Le paritarisme est une farce, qui par ailleurs nous coûte très cher. Confier la gestion de quoi que ce soit à des syndicats est un non sens total : ils ne cherchent qu’à en tirer des prébendes, des postes refuge, des voitures de fonction… Il est temps de sortir les syndicats du système et d’obliger le gouvernement à prendre ses décisions sans se cacher derrière cette farce !
Le paritarisme est effectivement une fiction plutôt coûteuse, l’accord se faisant toujours à la hausse,,,,
Les syndicats ont été déclarés représentatifs. A partir de là, leurs dirigeants ont une belle rente de situation. Totalement déconnectés de la société française.
Les syndicats sont financés par qui ? Les seules cotisations de leurs membres ?
Article intéressant sur François Villeroy de Galhau:
http://blog.francetvinfo.fr/classe-eco/2015/09/20/villeroy-de-galhau-conflit-dinteret-a-la-banque-de-france.html
« sur François Villeroy de Galhau » sur la nomination de François Villeroy de Galhau