Par Nicolas Julhiet.

La tenue du championnat d’Europe de basket en France, du 5 au 20 septembre, est l’occasion de donner un coup de projecteur à ce sport qui souffre, à la différence du football ou du rugby, d’un manque de popularité dans notre pays. En 2012, par exemple, le temps de diffusion à la télévision française du basket a été inférieur à celui du rugby, avec un rapport de 1 à 3 (91 h contre 290 h environ) ! Pourtant, le nombre de licenciés est bien supérieur à celui des rugbymen !
À l’occasion de la saison 2014-2015, le basket aurait en effet dépassé la barre des 600 000 licenciés contre 438 000 au rugby. Et si l’équipe de France réussit son tournoi – ce qui, de l’aveu des spécialistes, est tout à fait envisageable – ils seraient bien plus nombreux encore à prendre une licence. Pour autant, malgré ces perspectives plus qu’encourageantes, le basket en France est dans une impasse économique.
La raison principale ? D’aucuns évoqueraient la dépendance totale vis-à -vis des subventions. En 2011, sur des budgets oscillant entre 2 et 6 millions d’euros, la part des subventions publiques allaient de 22 % à … 71 % ! Cette année-là , le haut du panier, si l’on peut dire, est à chercher du côté du club de Paris-Levallois, qui touchait près de 3 millions d’aides publiques sur un budget de 4 millions d’euros. Du point de vue sportif, si l’équipe du Nord-Ouest parisien, créée en 2007, est solide, elle ne recense, à son palmarès, qu’une coupe de France (2013). Comme souvent, des subventions trop importantes tuent l’esprit d’initiative et n’incitent guère à trouver d’autres voies de développement structurel.
Un sport très politique
L’Observatoire du sport business, blog hébergé par Le Figaro, pointait justement, en 2014, les trois défauts majeurs du basket en France et, au premier rang d’entre eux, « [la] trop forte dépendance des clubs vis-à -vis des subventions des collectivités territoriales. En 2012-2013, elles pesaient 29 % du produit d’exploitation des clubs de Pro A (contre 6% pour le Top 14 de rugby). »
Pour expliquer la subventionnite aiguë, une autre piste est à explorer, à savoir la présence importante d’élus au sein de la présidence des clubs. Les exemples ne manquent pas : le Paris-Levallois est dirigé par Jean-Pierre Aubry, ancien adjoint de Patrick Balkany ; à Gravelines, Christian Devos est président et adjoint aux Sports du maire PS ; à Chalon-sur-Saône, la présidence du club est assurée par un ancien député UMP, Dominique Juillot, qui fut, cela dit, un bon joueur de basket.
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Sur le web.
« Sport et argent public : la France qui perd », Les Enquêtes du contribuable d’août/septembre 2015 – 5,50 €€. En kiosque et sur abonnement.
Je ne suis pas sûr que la simple comparaison du nombre de licenciés soit suffisante pour juger de la popularité d’un sport. Personnellement je ne ferai jamais de rugby en club, étant très loin d’avoir le physique, ce qui ne m’empêche pas d’aimer en regarder quand l’occasion se présente. J’apprécie aussi un bon match de basket quand j’ai l’occasion d’en voir un, tout en n’étant pas licencié non plus. Le seul sport qui pour moi ne présente aucun intérêt est celui qui revendique 2 millions de licenciés en France en 2013…
Pour le basket, on peut ajouter un manque criant d’infrastructures dignes de ce nom. Dans les années 80, ont été créés des “Zéniths” à usage uniquement culturel. Les sports collectifs en salle sont restés cantonnés dans des hangars ou salles d’un autre âge.
Or, si on veut attirer du public, il faut que le lieu d’accueil soit agréable. L’ASVEL (dont T. Parker est propriétaire) par exemple, a beaucoup travaillé là dessus et a réussi à attirer un nouveau public, sans doute plus spectateur que supporter, mais qui remplit la salle.
La France est en train de rattraper son retard, avec désormais, des salles multifonctions (Rouen, Orléans. Nantes, Montpellier…) qui permettent d’améliorer l’attractivité de ces sports de salle.
Le modèle cité dans l’article va sans doute disparaître assez vite.
Effectivement,
Mais il reste énormément à faire pour se rapprocher un peu du modele américain.
La nba vient de signer des nouveaux droits TV records, de plusieurs milliards de dollars.
Au niveau qualité de spectacle, un match de Pro A est à des années lumiere d’un match NBA. Et je ne parle pas de ce qui se passe sur le terrain , je parle de l’ambiance dans la salle, les animations , les shows et tous les petits services qui vont avec et qui générent un max de profits à chaque match.
Le modèle américain est tout de même très singulier à certains égards.
Le salary cap, par exemple, limite la masse salariale des joueurs d’un club. Ainisi, au delà du seuil maximum, pour chaque dollar dépensé, un dollar est reversé à la ligue qui les redistribue aux autres clubs.
Les transferts et recrutement des joueurs y est spécifique également.
Difficile d’importer ce modèle.
Par contre je te rejoins concernant l’organisation des événements, elle est excellente.
La qualité des services est impressionnante.
J’ai assisté à un match de saison régulière à Miami. En arrivant au stade, j’en ai profité pour acheter un débardeur en souvenir. On m’a proposé de le personnaliser et on me l’a amené à mon siège pendant la partie.
Illustration typique du “trop d’état qui tue le marché”.
Pour chaque sous de l’état donné à l’un c’est l’autre que l’on déshabille. Le basket est perdant ici, il n’est pas le seul. C’est la même chose dans la culture, mais pire dans la sécurité, la justice, la santé, le travail.