Par Raoul Ruparel.
Un article de Open Europe
Je dois admettre que la rapidité des négociations et l’organisation d’un plan de renflouement sur 3 ans pour la Grèce m’ont surpris. Je pensais qu’il serait difficile pour eux d’éviter d’avoir recours à un second prêt relais. Néanmoins, il apparait maintenant qu’ils se dirigent vers un accord, bien que des obstacles restent sur le passage (comme toujours).
Bien que l’accord doive encore être finalisé et publié, des points clés ont circulé :
- Montant total du renflouement à 85/86 Milliards d’€ comme attendu.
- Des objectifs d’excédents primaires moins élevés qu’attendu à -0,25% du PIB en 2015, 0,5% en 2016, 1,75% en 2017 et 3,5% en 2018.
- Il est anticipé que le PIB se contracte de 2,1% à 2,3% cette année, et de 0,5% en 2016.
- Les banques grecques pourraient recevoir jusqu’à 10 milliards d’€ avant même que leur évaluation complète ne soit terminée, à cause de l’état de leurs finances. Combiné avec les 3,2 milliards d’€ de remboursement à la BCE, les 7,16 milliards d’€ de prêt-relais et une somme allant jusqu’à 5 milliards pour que l’État [grec] s’acquitte de ses arriérés, la première tranche pourrait totaliser plus de 25 milliards d’euros.
- Un engagement de mettre au clair et de nettoyer les 95 milliards de créances douteuses au sein des banques grecques, bien qu’il n’y ait aucun consensus sur la manière de procéder. Il semble que les créanciers ne soient pas entièrement convaincus par une solution de type « mauvaise banque » (Peut-être parce qu’il pourrait s’avérer coûteux de lui fournir tous les capitaux propres requis.).
- Sont incluses 35 « actions prioritaires » (des réformes à mener avant le déblocage des fonds) qui nécessiteront probablement l’aval du parlement grec jeudi (voir Macropolis pour des explications sur les mesures clé).
De nombreuses questions restent en suspens
La forme exacte que prendrait le fonds de privatisation reste floue ainsi que la possibilité de le mettre en place avant le début du renflouement. Cela reste un sujet sensible pour tous les acteurs impliqués ainsi qu’une tâche colossale étant donnée la cible de 50 milliards d’€. Comme noté ci-dessus, des hésitations subsistent sur les plans de prise en charge des banques. Ceci repose au final sur la revue exhaustive qui doit être accomplie d’ici fin octobre, mais avec potentiellement 10 milliards d’€ d’injections immédiates, des actions pourraient être nécessaires avec cette date.
Il restera des interrogations au sujet des prévisions et sur l’ampleur de la récession induite par le contrôle des capitaux, qui pourrait dépasser les 2,3% du PIB. Plus important cependant, atteindre un déficit primaire de 0,25% seulement cette année nécessitera probablement que d’autres ressources soient trouvées. Reste à préciser où… Ainsi, il est difficile de suivre le gouvernement grec quand il prétend que cet accord placera la Grèce sur une trajectoire plus facile que précédemment exigé. Les nouvelles cibles n’ont pas tant été négociées que rendues inévitables par les derniers dégâts économiques ; prétendre faire des économies grâce à une crise économique majeure a un parfum de victoire à la Pyrrhus.
Un gros point d’interrogation subsiste à propos de l’implication exacte du FMI (sujet évoqué ici). Fournira-t-il des fonds ou jouera-t-il le rôle de simple observateur ? La complexité du sujet a été soulignée quand le ministre finlandais des Finances, Alex Stubb, a proclamé que le FMI devait être impliqué. Son implication sera de plus en plus délicate puisque l’accord se contente de cibles d’excédent primaire abaissées (réduisant probablement la soutenabilité de la dette aux yeux du FMI) mais ne semble pas faire référence à un allègement de dette. Bien sûr, le renflouement peut être passé en force en utilisant la procédure d’urgence du MES [Mécanisme Européen de Stabilité], qui ne requiert qu’une majorité à 85% au lieu de l’unanimité, mais ce serait incroyablement toxique sur le plan politique. Il est également probable que la Finlande ne soit pas la seule à avoir des préoccupations pour le FMI, l’Allemagne n’ayant toujours pas révélé sa position officielle.
Bien que l’approbation du parlement grec semble probable, ce ne sera pas la fin de l’histoire. Par ailleurs, l’ampleur de l’approbation comptera, particulièrement en regard du futur de Syriza et de la probabilité de nouvelles élections. Sans plus d’actes de rébellion, il est probable que celles-ci soient repoussées autant que possible et que le parti soit en mesure de tenir d’un bloc pendant la mise en place du [plan de] renflouement.
Qu’arrivera-t-il ensuite ?
Le nouveau Mémorandum d’Entente [sic] qui devrait inclure le paquet de réformes dans le plan de renflouement, en même temps que la nouvelle analyse sur la soutenabilité de la dette, devrait être soumis au Parlement grec et approuvé ce jeudi. Ceci ouvrira la voie à une réunion ou téléconférence de l’Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro ce vendredi. Si l’accord passe ces deux étapes, alors les parlements nationaux commenceront les travaux d’approbation au début de la semaine prochaine afin que la première tranche puisse être débloquée pour le jeudi 20 Août.
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Traduction Contrepoints de « Greece reaches technical agreement with creditors »
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