Il est temps d’abréger les souffrances des Grecs

Quel avenir pour la Grèce dans la zone euro ?

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Alexis Tsipras - Crédit caricature : DonkeyHotey via Flickr (CC BY-SA 2.0

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Il est temps d’abréger les souffrances des Grecs

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 juillet 2015
- A +

Par Nathalie Janson.
Un article de Trop Libre

Alexis Tsipras - Crédit caricature : DonkeyHotey via Flickr (CC BY-SA 2.0
Alexis Tsipras – Crédit caricature : DonkeyHotey via Flickr (CC BY-SA 2.0

Décidément les week-ends sont fatals aux Grecs. Après la rupture des négociations par Tsipras et l’annonce du référendum le 26 juin, voilà le durcissement inattendu des négociations par l’Allemagne appuyé notamment par la Finlande ce samedi 11 juillet qui fait tourner court l’Eurogroupe. Malheureusement pendant ce temps la Grèce est dans une situation économique chaque jour plus précaire en l’absence de visibilité sur son avenir au sein de la zone euro.

Pourquoi ce regain de tension si près du but ?

crise grecque rené le honzecPourtant vendredi la réunion de l’Eurogroupe prévue samedi s’annonçait sous les meilleurs auspices Les nouvelles propositions grecques avaient reçu un accueil favorable de la Troïka et avaient été approuvées par le parlement grec alors qu’elles semblaient contredire le « non » issu du référendum le dimanche 5 juillet. Ce vent d’optimisme sous-estimait la question fondamentale de la crédibilité de la mise en œuvre des propositions grecques. En effet, sur le papier, les propositions vont dans le sens des créanciers en particulier l’augmentation de la TVA, la réforme de l’administration fiscale, le durcissement du régime de retraite et le programme de privatisation. L’équation que doit résoudre Alexis Tsipras est simple. Il doit obtenir des excédents budgétaires primaires afin de pouvoir faire face à ses échéances. Les moyens pour y parvenir sont classiques : il doit augmenter les recettes et réduire les dépenses et c’est bien l’objectif de ces propositions. Cependant il est bien spécifié que le niveau des excédents budgétaires primaires est conditionnel à la croissance économique grecque. Rien de tel pour alarmer de nouveaux les plus sceptiques comme l’Allemagne et la Finlande ! En effet, comment croire un gouvernement d’extrême gauche populiste qui vient d’obtenir un « non » à un référendum justement sur la question du renforcement de l’austérité, qu’il va soudainement mettre en place une telle politique jugée excessive ?

Un doute plus que raisonnable

En réalité nous en revenons inlassablement à la même question et les Allemands et les Finnois ont raison de la remettre au premier plan, la réponse à cette question est essentielle. La Grèce peut-elle se maintenir durablement dans la zone euro compte tenu de la discordance de son modèle économique par rapport au reste des pays de la zone euro ? Les Allemands comme les Finnois n’oublient pas les principes économiques qui sous-tendent l’union monétaire. Afin qu’une union monétaire fonctionne, il faut une convergence économique des pays membres. Or le modèle économique grec reste distant. C’est un pays où la confiance institutionnelle est faible, où l’État clientéliste distribue des privilèges et où les petits arrangements prévalent sur l’État de droit. Changer un tel modèle ne se fait pas du jour au lendemain et demande une réelle adhésion à la fois du peuple et de sa classe dirigeante. Quand on connaît les origines politiques de Tsipras, il est difficile de se convaincre qu’il est l’homme de la situation. Le pire dans cette histoire est que les Allemands sont considérés comme les « méchants ». On pourrait plutôt leur reprocher de ne pas avoir été plus pugnaces depuis le début et d’avoir contribué à fragiliser la situation de la Grèce en prolongeant l’agonie. Le résultat des urnes du mois de janvier avec la victoire d’Alexis Tsipras signifiait la fin de la Grèce dans la zone euro. Élire Tsipras c’est vouloir maintenir les spécificités de l’économie grecque. C’est donc un divorce clair avec le reste de la zone Euro. Il n’existe pas de troisième voie possible. Ou le pays se normalise et reste dans l’euro ou bien il préfère son mode de développement et il en sort. Ce constat n’est pas un jugement de valeur sur les options possibles, c’est un principe de réalité économique.

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  • On pourrait remplacer Grèce par France pour le modèle économique… La France est juste un plus gros poisson

  • Les grecs ont besoin d’un choc pour revenir à la réalité. La sortie de l’euro leur aurait au moins fourni ce choc. La ils viennent de se prendre un coup de massue.

    Les politiques n’ont rien résolu : ils on décidé lundi dernier au petit matin d’adopter un communiqué commun d’urgence avant l’ouverture des marchés. Ils sont si imbus d’eux-mêmes qu’ils s’imaginent résoudre des problèmes en faisant des déclarations.

    J’ai vu peu d’échos dans la presse de cet évidente mascarade. Il faut dire que les journalistes sont tout autant imbus d’eux-mêmes et se considèrent partie de la classe dirigeante – et considèrent à ce titre qu’ils fabriquent la vérité, même quand leur appendice nasal s’allonge démesurément au risque de les faire basculer en avant. Ils sont tous admiratifs des grands hommes politiques (on ne compte plus les « conjoints »), écrivent des biographies sur les hommes d’état, ménagent leurs « amitiés » avec les élus.

    Tout ce petit monde oublie que les hommes politiques qui passent à la postérité ne doivent leur notoriété qu’à des concours de circonstances qui les a maintenu au pouvoir en faisant évoluer les choses en leur faveur. Et mis à part quelques personnages célèbres qui doivent statistiquement se distinguer du lot, tous les autres ont brassé du vent pour rien. Cela n’empêche pas les nouvelles générations de politiciens, de penseurs, d’économistes, de journalistes de se prendre le melon. C’est de saison.

  • En Grèce, le problème de l’austérité s’est qu’elle a surtout consister en des augmentations d’impots et de taxes et non pas en une baisse des dépenses publiques, on a avant tout fait porté les efforts sur le secteur privé créateur de richesse et non pas sur le secteur public. Il y a trois lobbys super puissants en Grèce: celui de de la fonction publique, celui des agriculteurs et celui des armateurs (les deux dernières catégories ne payent pas d’impots).
    Quand à la baisse des dépenses publiques, elle a été faite de manière stupide. La troika aurait dû s’orienter en priorité sur un ciblage du secteur public, dans son ensemble, au niveau des missions (politiques publiques) et de son périmètre d’intervention, et non simplement en direction de la masse salariale, elle aurait dû faire un ajustement par les effectifs plutôt qu’un ajustement par les salaires, elle aurait dû faire une réforme des modes d’indemnisation préalable à la « mise à la retraite volontaire » pour les agents publics. Concernant la baisse du salaire des fonctionnaires, il faut savoir qu’il y a eu un refus des administrations elles-mêmes de mettre en place les coupes budgétaires (désobéissance civile), au sein de l’administration d’État, 66.000 agents qui ont été initialement assujettis aux coupes salariales, ont vu ces dernières « neutralisées », par des remboursements allant jusqu’à 1.000 euros/mois sous forme de primes individuelles différentielles (sont en jeux les effectifs des ministères des finances, de la culture et de plusieurs opérateurs de l’État) ,des promotions ont également été accordées, aboutissant à une augmentation artificielle du GVT positif (pour reprendre une expression française), aboutissant à accroître encore les différences entre agents publics. N’oublions pas que s’agissant des magistrats, des policiers, des militaires et des agents des services de secours, le Conseil d’État grec a jugé qu’il s’agissait de fonctionnaires disposant d’une protection spéciale due à leurs obligations particulières de services publics. Les coupes salariales de 10% dont ils étaient frappés ont donc été annulées, avec effet rétroactif en janvier 2014, impliquant une obligation de remboursement évaluée entre 500 et 650 millions d’euros.
    La Troïka a tenté de parer au plus pressé, mais se sont les rentes qui en sont sorties gagnantes et leur puissance financière renforcée
    Depuis 2011, la liberté économique ne cesse de reculer en Grèce.
    J’oublie de parler d’une fait qu’une bonne partie des réformes n’ont jamais été appliquées dans les faits en Grèce, ce n’est pas parce que loi est votée au parlement grec qu’elle est appliquée (un exemple: la loi qui déréglemente les professions réglementées). Sous la fin du gouvernement précédent, la situation commencait à s’améliorer (certes, elle restait mauvaise), les premiers résultats positifs commencait à arriver. L’arrivée de Syriza au pouvoir a détruit tout cela. Aujourd’hui, la situation s’est empirée.

    Je vous conseille de lire ceci: http://www.boeckler.de/pdf/p_imk_study_38_2015.pdf
    Cette étude montre les erreurs de la troika. Les auteurs n’y vont pas par quatre chemins et ne mâchent par leurs mots : en regardant les comptes nationaux et notamment les revenus des agents économiques entre 2008 et la période 2012-2013 (allant parfois jusqu’en 2014), ils mettent en exergue que la Troïka a trop souvent négocié des accords bancals avec les pouvoirs publics grecs, aboutissant à conforter ces derniers dans une démarche du « deux poids, deux mesures ». En clair, l’impossibilité d’ajuster correctement le périmètre du secteur public, a induit plusieurs effets pervers qui ont renforcé l’effondrement de l’économie grecque et ralenti son potentiel rebond.

    Ce qui est marrant c’est que les gens qui s’opposent à l’austérité ne proposent jamais de solutions alternatives. Moi, j’ai juste envie de leur demander quelles solutions il faut mettre en oeuvre ? parce que quand un état est surrendetté et qu’il n’a plus la capacité d’emprunter, il se retrouve un peu coincé, il est obligé de pratiquer une austérité (en augmentant les impots et les taxes et/ou baissant les dépenses publiques. quand à l’inflation, c’est un impot caché et en plus, il y a suffisamment d’exemples historiques prouvant son échec)

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