Un ingénieur informaticien en costume ?

Chers informaticiens, personne ne vous veut de mal au point d’exiger que vous portiez un costume !

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Cadres managers costume cravate (Crédits : Paul Goyette, licence CC-BY-NC-SA 2.0), via Flickr.

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Un ingénieur informaticien en costume ?

Publié le 4 juillet 2015
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Par Philippe P.

Cadres managers costume cravate (Crédits Paul Goyette, licence Creative Commons)
Cadres managers costume cravate (Crédits Paul Goyette, licence CC-BY-NC-SA 2.0)

Lundi, un de mes patients, ingénieur en informatique, me parlait de sa recherche de travail. Parmi les offres qui se présentaient à lui, certaines émanaient de banques. Et là, le pauvre était paniqué, non par la tâche qui l’attendait et dont il saurait triompher, mais par l’éventualité d’un dress code qui, horreur, l’obligerait à porter un costume et une cravate. Pour preuve, il m’a donné le code vestimentaire en vigueur chez UBS qui, semble-t-il, semble exercer sur les informaticiens une répulsion au moins égale à celle d’un crucifix sur un vampire. Il s’imaginait déjà engoncé dans un costume croisé gris anthracite, le cou serré par une cravate Hermès et chaussé de richelieus de chez Berluti.

Je l’ai bien sûr rassuré, lui expliquant qu’à ma connaissance, l’informaticien étant logé à fond de cale, on n’exigeait de lui aucune tenue particulière si ce n’est qu’il ne sente pas mauvais. Pour le reste, barbe, cheveux longs, t-shirts de geeks, tout semble formellement autorisé pourvu que le code Java soit bon et les serveurs en état de fonctionner. Pour preuve, j’en ai même un diplômé d’une très grande école, et travaillant pour une entreprise prestigieuse de la mode, que je n’ai jamais vu avec des lacets noués ni une cravate. De toute manière, vu la réputation d’autiste dont jouissent les informaticiens, il me semble illusoire qu’une société exige d’eux plus que ce qu’une mère exigerait d’un enfant de quatre ans.

Certes, pour de rares entretiens, le costume peut être exigé. C’est ainsi qu’il reste de bon ton pour un entretien de recrutement de revêtir un costume et de porter une cravate. Pour autant, que l’ingénieur se rassure, à de très rares exceptions près, il lui sera pardonné toutes les fautes de goût. Et même si le jour de l’entretien, il ressemble à un premier communiant empêtré dans son costume tout neuf, cela lui sera pardonné. À la limite, un informaticien trop élégant ferait figure d’escroc et ses compétences seraient mises en doute.

Je ne connais qu’un informaticien élégant, c’est mon ami Olivier, celui qui est riche et a réussi et roule en Ferrari. Toujours sapé comme un milord, le père Olive. Par contre, en termes de compétences informatiques, je crois qu’il a bloqué à Windows 3.1 et qu’il n’a jamais remis ses connaissances à jour. Mais comme il me dit toujours : « moi je vends et il ne faut jamais effrayer le client avec des trucs techniques. Pour cela, il y a les techos (prononcer tekos) ». D’ailleurs Olivier parle un peu des techniciens comme un officier de cavalerie portant bottes cirées et un stick sous le bras parlerait du dernier des biffins.

Je crois n’avoir jamais vu d’informaticien en costume dans mon cabinet. Pourtant Dieu sait si j’en ai dans ma clientèle. Parfois je me dis que je pourrais ouvrir une SSII et concurrencer CGI. À deux exceptions près ceci dit. D’une part un jeune ingénieur des mines qui porterait plutôt bien la toilette si ce n’est qu’il semble s’appliquer avec un soin maniaque à avoir l’air totalement négligé même en costume comme si en le revêtant chaque matin il adoptait une stratégie revenant à dire à son employeur qu’il l’emmerde. Cela s’appelle respecter les règles en les rejetant, ça a un côté délicieusement passif-agressif !

Et puis, j’ai aussi vu Chaton en costume. Lui, c’est spécial. Tandis qu’en jean et T-shirt, comme à son habitude, puisqu’il est en T-shirt même en plein hiver, Chaton le centralien ressemble à un sympathique ingénieur de la Valley, un petit gars diplômé de Cal Tech, en costume c’est différent. Dans ce cas, sa largeur d’épaules et sa musculature obtenue en salle de sport le font ressembler à un videur de boîte de nuit ou à un racketteur mafieux ! La dernière fois que je l’ai vu en costume, j’ai même trouvé qu’il avait un petit air de Joe Viterelli en plus jeune, et sans traces d’acné bien sûr. Il ne manquait que le plat de pasta et la nappe à carreaux dans l’arrière salle d’une petite trattoria et l’illusion était parfaite. Le costume lui va bien mais quand il en met un il fait un peu peur.

Certes, je ne me prétends aucunement spécialiste de l’informatique mais à moins d’avoir choisi la voie du conseil IT dans un grand cabinet américain, en vous tuant à la tâche quinze heures par jour en espérant un jour vous aussi devenir partner pour exploiter les autres comme vous l’avez été, je ne pense pas qu’il existe un seul employeur sain d’esprit pour exiger d’un informaticien, fut-il ingénieur de grande école, qu’il porte un costume et une cravate.

N’angoissez pas pour rien, dormez tranquille ! Dites-vous, chers informaticiens, que personne ne vous veut de mal au point d’exiger que vous portiez un costume ! Un patron peut parfois être cruel et exploiteur mais pas si bête !

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  • Je me souviens d’un entretien (technique) dans une banque où le recruteur voulait tester mon aptitude en me demandant ce qu’était un « collapsed router ».

    Comme quoi la pédanterie sémantique à défaut de vestimentaire descend bien jusqu’au niveau de ceux qui font réellement le boulot …

    • Pour info : « collapsed router » était un terme marketing et non technique. Cela classait immédiatement mon futur client comme étant sous l’emprise d’UN fournisseur particulier, bien que des compétences particulières dans la gamme de ce fournisseur n’étaient pas demandées …

      Cette question de la rigidité vestimentaire du monde bancaire avait déjà cours il y a 30 ans. Mais elle n’est ni totalement fausse ni stupide : soit vous êtes en contact avec de la clientèle et la tenue est importante – mais l’aspect technique devient alors secondaire, soit vous êtes à fond dans la technique et il vaut mieux choisir le modèle de la silicon valley – et choisir une entreprise qui adopte ce modèle. Pour une ingénieur en début de carrière, le choix n’est pas anodin. Evidemment cela surprend (et ennuie ?) les recruteurs que les candidats testent aussi leur employeur.

  • Je suis en total désaccord avec vous sur ce sujet. Ca fait 18 ans que je suis informaticien et je peux vous assurer que, même s’ils sont rarement écrits et rarement aussi éxigeants que celui d’UBS, les dress code existent dans beaucoup d’entreprises.
    Je me souviens par exemple avoir recruté un ingénieur qui avait les cheveux longs. Si je n’avais pas insisté auprès de la DRH, il n’aurait jamais été pris.
    Moi-même, je me suis vu reproché de porter deux anneaux en argent aux motifs celtique à la main gauche. Mon chef n’avait pas hésiter à les qualifier de « bagouzes ».
    Quand au port du costume, même s’il est rarement imposé, je peux vous assurer que, dans certains millieux, il est fortement recommandé.

  • Si une banque ose mettre en frontal du Java , je quitte celle ci

    • J’imagine la scène, aussitôt le mot java prononcé, le programmeur se lève et fiche le camps sans dire un mot et ne revient jamais.

  • pfff.
    Amis informaticiens, si vous avez des soucis de dress code, devenez chercheurs, ça ira mieux.

    Encore que. Quand j’y pense, si je mettais un costard autrement qu’à l’occasion d’une soutenance de thèse (et encore, on me regarderait surement un peu bizarrement) j’aurais peut-être bien des ennuis…

  • Osef du dress-code. Il fait s’habiller non pas en conformité avec ton poste, mais avec celui auquel tu aspires. Si tu t’habilles comme un bof, on comprend de suite ton niveau d’ambition. Rien de mal, si on veut un dév’ qui ne bouge pas d’un pouce pendant 10 ans 😉

    Signé: un DSI qui a toujours porté des costumes

    • Merci de votre commentaire, mais il est de bon ton de faire l’inverse
      Nos amis américains permettaient aux futurs praticiens de venir habillés comme des garçons vachers, mais exigeaient une cravate avec la blouse blanche.
      Le médecin médicament a besoin de se différencier pour être efficace…. pour l’informatique je n’en sais rien sauf qu’il faut niveler par la base

      • L’informaticien n’a certainement pas besoin d’un costume et d’une cravate pour être efficace mais, comme le dit Artem, il sera rapidement catalogué et s’il a un minimum d’ambition, il se conformera au moins en partie au dress code.

        • Et si en plus de l’ambition, il connait la galère d’avoir un crétin pour chef, il choisira une société qui ne pratique pas la promotion cravate.

        • Cela dépends beaucoup du contexte. Déjà un informaticien qui travaille dans une banque n’a pas besoin d’être très bon en technique : on ne lui demandera jamais d’implémenter un serveur d’application, un ESB ou un protocole de chiffrement…on lui demandera juste de savoir les utiliser. Dans ce cadre, le mec qui s’habille bien a effectivement plus de chances que celui qui ne le fait pas.

          Après, à titre personnel j’ai déjà passé des entretiens dans des boites d’expertise très pointue…et les mecs ont tous des contrats à plusieurs centaines de K€ chez le client…et il peuvent réellement se pointer en slip à condition d’arriver à faire marcher ce qui est tombé en rade dans le délais imparti…bien évidement les entorses au code de la route sont prises en charge par la boite, de même que la voiture…et non, ce n’est pas en France…

          Donc tout dépends du contexte 🙂

          • Je ne vois pas très bien pourquoi une banque n’aurait pas d’ESB, de serveur d’application et de frontend en java/servlet. Le site de ma banque en ligne ressemble furieusement à ce genre d’appli.

            En revanche, ce qui m’épate, c’est qu’ils puissent mettre à disposition des clients une application aussi buggée ? Quand vous cliquez sur un lien et que la moitié des widgets ne démarrent pas ou que vous arrivez sur la mauvaise page, on est en droit de se poser des questions sur la sécurité des transactions.

            Que le service informatique de la banque soit responsable de la mauvaise qualité du logiciel, ou qu’il ne sachent pas gérer leurs sous-traitants et les mises en production ne change rien à l’affaire : ça me fait une belle jambe quand je fais une transaction par Internet si les gens portent une cravate au bout du tuyau.

            • J’ajouterais que le DSI responsable du merdier logiciel de ma banque porte sans aucun doute une belle cravate et que son supérieur qui a oublié de le virer en porte surement une encore plus belle.

  • Dans ma boîte, il y a des informaticiennes. Du coup, sans aller jusqu’au 3 pièces-cravate, les informaticiens font des efforts.

  • Je ne pense pas que ce soit un français qui ait écrit cet article.
    Si tel était le cas, il se trompe en grande partie.

  • Pour enfoncer le clou, je voudrais vous raconter une anecdote. J’étais en mission de quelques mois pour du développement en C. Arrive une réunion aves le DAF et le chef comptable du client final, un important groupe de la grande distribution. Nous étions 4 informaiciens, le chef de projet et 3 développeurs dont moi, le seul à être en costume mais aussi le moins qualifié sur le projet. D’après vous, à qui s’est adressé le DAF quand il a eu une question technique à poser ? A moi bien sûr !
    C’est comme ça. C’est peut-être regrettable mais l’apprence compte, même pour les « techos ».

    • Et je suis sur que le DAF portait une cravate et que vous avez eu une conversation technique très intéressante qui a beaucoup fait progresser le projet.

  • Je travaille dans les services informatiques de banques en France, avec 0 contact client, je n’ai jamais vu une seule personnes qui ne vienne pas travailler en costume, excepté le vendredi ou le jean est toléré.

    • Cela dépends des régions…

    • Je travaille dans les services informatiques autre que les banques (Pharmacie, chimie, industrie, télécom, etc) avec contact client et en plus de 20 ans, je n’ai jamais vu une seule personne en costume, dev compris.

      Les seuls que l’on voit en costume, ce sont des gamins type KPMG, EY & co, du moins au début.

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