Guizot, Falloux et l’école libre

Avec les Libéraux : l’école pour tous.

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Guizot par Daumier credits tygerbelton (licence creative commons)

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Guizot, Falloux et l’école libre

Publié le 2 juillet 2015
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Par Jean-Baptiste Noé.

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Guizot par Daumier credits tygerbelton (licence creative commons)

Les Libéraux français ont bâti l’éducation du pays, en permettant à chaque commune d’avoir son école, et à chaque enfant de s’y rendre. Ce système de liberté scolaire a perduré jusqu’aux lois Ferry des années 1880, qui ont éteint toute concurrence et ont mis l’école au service d’une idéologie politique ; nous leur devons les problèmes actuels de l’enseignement. Après les 25 ans de révolutions qui ont causé le démantèlement des congrégations religieuses enseignantes, l’école en France est à rebâtir. Cette reconstruction se fonde sur les concepts essentiels de liberté et d’universalité. Deux hommes illustrent ce combat pour l’école : François Guizot et Alfred de Falloux, tous deux ministres de l’Instruction publique.

Au premier, on doit la loi de 1833 qui oblige tous les départements à créer une école normale pour former les instituteurs. Chaque commune de plus de 500 habitants doit financer une école (publique ou confessionnelle), laquelle doit recevoir tous les garçons. Les plus pauvres se voient dispensés de frais d’inscription. Le deuxième a donné la loi Falloux de 1850. Celle-ci porte création d’écoles publiques pour les filles dans chaque commune. Elle reconnaît et garantit la liberté d’enseignement, en facilitant la création d’école et en laissant une grande autonomie aux instituteurs. Ces lois de liberté assurent l’essor de l’instruction en France, si bien qu’en 1870 l’analphabétisme est quasiment vaincu, et tous les Français peuvent recevoir une instruction libre et gratuite. Guizot et Falloux s’attellent aussi aux programmes scolaires en insistant sur la lecture, l’écriture et les mathématiques. Ils introduisent également des disciplines pratiques.

Une floraison d’écoles

guizot falloux naja rené le honzecL’originalité du système est d’assurer la saine concurrence entre les écoles publiques et les écoles libres. Dans le grand mouvement d’essor industriel du pays, nombreux sont les chefs d’entreprise qui financent la construction d’écoles afin d’instruire les enfants de leurs ouvriers. Ces financements sont accordés à des associations qui s’occupent de la gestion de l’école. Oui, la France a connu une époque où l’école était libre. Les patrons ont tout intérêt à former la jeunesse française et à faire en sorte qu’elle reçoive une très bonne instruction, n’en déplaise aux antilibéraux. Wendel, Michelin et d’autres patrons ont financé les écoles de leur ville. Victor Duruy, ministre sous le Second Empire, amplifie les lois Guizot et Falloux. Il introduit des méthodes modernes de pédagogie, notamment dans l’organisation des cours.

De très nombreux enfants se rendent dans les écoles gérées par les Frères des écoles chrétiennes, fondées au XVIIe siècle par Jean-Baptiste de la Salle. Les jésuites s’occupent davantage du secondaire : ils ont 20 collèges en 1870, pour 6 500 élèves. C’est important, mais on est loin d’une domination. En 1870 toujours, les congrégations religieuses enseignantes gèrent 13 000 établissements, ce qui représente 20% des élèves. C’est le même chiffre que l’enseignement sous contrat aujourd’hui. Napoléon 1er avait imposé le monopole de l’Université, un « communisme intellectuel » selon Charles de Montalembert. Les Libéraux y mettent un terme et instaurent la liberté jusque dans le supérieur. Jules Ferry reviendra sur cette liberté, pour des motifs d’embrigadement politique.

Chronique parue dans l’Opinion

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  • merci de rappeler ces vérités.

    L’école pour tous ne date pas de Jules Ferry !!!

  • « Les Libéraux français ont bâti l’éducation du pays ».
    Et l’Église, elle ne s’est pas souciée de l’éducation des gens, même les plus humbles?

    • OUI, Les Libéraux ont bâti l’ INSTRUCTION PUBLIQUE et l’Eglise s’est effectivement occupée très activement de l’éducation de ses ouailles. Un point partout balle au centre.

      Parmi les premiers concepteurs de l’école publique, il y eut La Chalotais, (expulseur des Jésuites) puis virent Condorcet et Talleyrand, celui-ci ayant copieusement copié celui-là. Condorcet ne voulait pas que l’école soit obligatoire, en vrai libéral, il voulait la concurrence entre public et privé et surtout pensait que tous les parents finiraient par être convaincus de la nécessité de scolariser leurs enfants. Donc pas besoin de les contraindre. L’instruction publique se généraliserait peu à peu, sur une base volontariste.

      Jules Ferry a dit que Condorcet fut sa source d’inspiration. Mais c’était avant Sedan, dans son célèbre discours de la Salle Molière sur l’inégalité d’instruction, en avril 1870. La réalité fut tout autre, dix ans plus tard pour la mise en oeuvre de l’instruction publique. dans une France amputée de l’Alsace-Moselle, il s’écarta alors de l’idéal-type libéral théorisé par le dernier philosophe des Lumières pour s’inspirer plutôt de …Bismarck.
      En faire un homme de gauche est une ineptie.

      Un aïeul, dont il fut le meilleur ami ( depuis la fac de droit) rapporte qu’il portait une égale aversion aux « deux l’Internationale, la rouge et la noire »…

      Guizot, sa lumineuse idée fut le respect des « inégalités naturelles ». Elle est née de son aversion pour le nivellement liberticide de l’égalitarisme dont la Révolution lui avait laissé le terrifiant souvenir.

      Cette conception est justement celle des pédagauchistes, et de leur idiot utile, le ministre Najat Belkacem. Le maroquin de l’Education nationale est aux mains d’une Marocaine qui trahit plus que son ignorance du latin et du français, (ou sa rancœur d’avoir échoué deux fois à l’ENA), quand elle passe ses nerfs sur les « pseudo-z-intellectuels » qui osent la critiquer. Elle piétine ouvertement les valeurs fondatrices de son pays d’accueil et révèle les marqueurs liberticides de l’ADN de la secte pédagauchiste. Elle affirme même ouvertement vouloir «agir sur les mentalités en déconstruisant les stéréotypes à l’école, dans les médias, dans le sport » Ce produit exemplaire de l’élitisme républicain et de la méritocratie vide les programmes de ce qui leur restait de contenu et visse les derniers boulons sur le cercueil d’une école qui forçait jadis l’admiration.

      Cette obsession du nivellement musèle la liberté d’expression et étouffe la diversité des opinions qui forge le jugement des élèves. Endoctriner, conformer et informer, ce n’est pas instruire. Or, les « petits idéologues incultes, moralistes et bien-pensants », dixit JP Le Goff, qui conforment l’école à leur crédo, confondent information et savoir. On cherchera vainement la trace d’un progrès de civilisation dans le progressisme des nouveaux Amis du genre humain. Leur vision de ce rouage essentiel de la République évoque le modèle lacédémonien, défendu par les Enragés devant la Convention en 1792. Il enrégimentait les petits Français à partir de six ans et dévoyait, déjà, l’instruction publique en « éducation nationale ».

      Le Plan de Condorcet était aux antipodes de cette école spartiate que la Refondation socialiste nous a concoctée

  • Le fait d’obliger les communes et les départements de financer des écoles ne me semble pas libéral.
    Mais sinon, c’est un très bon article.
    Il faudrait peut-être plus d’articles sur les écoles privées libres comme montessori et bien d’autres. Voir si existe à l’heure actuelle une sorte de réseau d’écoles libres sous franchise.
    Tout ça pour dire que c’est une excellente chose de demander la liberté d’enseignement. J’espère de tout coeur que les prochaines élections présidentielles verront un ou des candidats (le PLD?) avec des propositions dans cette direction.

  • Les commentaires sont fermés.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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