Espionnage américain : molle indignation

Tout homme politique et entrepreneur sait que les affaires sérieuses ne se traitent qu’en tête-à-tête.

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Vidéosurveillance (Crédits Paweł Zdziarski, licence CC-BY 2.5)

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Espionnage américain : molle indignation

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 26 juin 2015
- A +

Par Guy Sorman.

Vidéosurveillance (Crédits Paweł Zdziarski, licence CC-BY 2.5)
Vidéosurveillance (Crédits Paweł Zdziarski, licence CC-BY 2.5)

François Hollande a mollement protesté auprès de Barack Obama : le service minimum. Car l’espionnage est aussi ancien que les États eux-mêmes ; seuls les moyens se perfectionnent. On se contentait naguère d’ouvrir les correspondances diplomatiques. Aujourd’hui, les gouvernements écoutent et observent à tout-va, les étrangers et leurs propres citoyens. On rappellera que François Mitterrand avait créé à l’Élysée une cellule secrète pour écouter les conversations téléphoniques de ses adversaires présumés : c’était illégal. Pour nous protéger du terrorisme, les services français pourront maintenant écouter toutes les conversations et ce sera légal. Les Américains, de leur côté, ont toujours espionné les dirigeants français, à commencer par le Général de Gaulle, dont ils se méfiaient énormément. Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy savaient qu’ils étaient écoutés et ne traitaient jamais de la moindre affaire confidentielle sur des téléphones non sécurisés.

Il ressort de Wikileaks que les Américains n’ont jamais appris, par les écoutes, la moindre information significative. Tout homme politique et entrepreneur sait que les affaires sérieuses ne se traitent qu’en tête-à-tête. Du côté français, on espionne les Américains depuis fort longtemps, mais moins les politiques que les entreprises : la spécialité française est l’espionnage industriel, à l’initiative de l’État ou des entreprises. Ce qui valut à la France par le passé quelques expulsions de diplomates chassés des États-Unis. Si l’espionnage politique ne sert à rien – c’est du voyeurisme – l’espionnage industriel est-il plus efficace ? Il n’aura pas comblé le retard français sur les Américains dans l’innovation de pointe.

La morale de cette querelle transatlantique est qu’il n’y a plus vraiment de secrets : tout se sait ou tout peut se savoir, en particulier ce qui transite par le téléphone et internet. Si l’on ne veut pas être espionné, chuchotons et n’écrivons plus. On se demande aussi ce que les agences d’espionnage, NSA aux États-Unis, DGSE en France, font des millions d’informations inutiles qu’ils recueillent : Wikileaks révèle qu’elles sont inexploitables et très banales.

Envisageons que l’espionnage relève du voyeurisme autant que de la sécurité et qu’il remplace bien inutilement, l’intelligence des faits.

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  • espionnage politique et voyeurisme…..lequel voyeurisme peut tout aussi bien servir les intérets de ceux qui écoutent ; il court des bruits de chantage fait aux dirigeants « alliés  » des usa ; des petites histoires pas trés propres qui perméttraient à ceux qui les ont enregistrés de tenir par la barbichette les ceusses concernés ; il faut bien que l’espionnage politique rapporte quelque chose à se mettre sous la dent , sinon à quoi servirait les dépenses monstrueuses faites à ce niveau ;

  • Merci pour cet article qui fait contraste à toute l’hystérie qu’a provoqué cette histoire.

    • Vous voilà momentanément assagi. Figurez vous, ici particulièrement, ce n’est pas le Kgb de Poutine qui est en cause, mais les sevices secrets yankees. Chaque état défend ses interets et, seuls les faibles pleurnichent. Les français font pareil en Afrique.

      • « Chaque état défend ses interets »

        Cette phrase ne veut rien dire car elle suppose que ces « intérets » sont objectifs, comme si ils n’étaient pas définis par des hommes politiques qui sont faillibles…

  • Franchement, il faut vraiment être stupide pour ne pas savoir que les USA espionnait la France…en fait, les USA espionnent les dirigeants du monde entier et c’est normal, tout le monde espionnent tout le monde. Ceux qui n’espionnent pas les autres c’est juste car ils ont pas les moyens.
    L’espionnage entre alliés a tjs existé. Même les plus proches alliés ont tjs des intérêts divergents sur certaines questions.
    Regardez avec l’Allemagne: ils se sont indignés de l’espionnage américain pourtant après, on a pris que les allemands espionnait des officiels américains. Cela montre l’hypocrisie des allemands.
    Les poiticiens francais qui s’indigent sont juste hypocrites

  • Cette affaire a surtout servi à détourner l’attention des médias des chiffres du chômage et des remontrances de la Cour des Comptes.

  • Envisageons que l’espionnage relève du voyeurisme autant que de la sécurité et qu’il remplace bien inutilement, l’intelligence des faits.

    Oh là ❗ Vous êtes bien optimiste ❗ Je corrige la phrase pour lui donner le bons sens :

    Envisageons que l’espionnage relève plus du voyeurisme plus que de la sécurité et qu’il annihile bien inutilement, l’intelligence des faits.

    Pas d’accord ❓

  • Les commentaires sont fermés.

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