Le regard de René Le Honzec.
“Areva est une multinationale française œuvrant principalement dans les métiers du nucléaire”. Et dont l’État est actionnaire à 85%. Et qui a perdu, bêtement, dans un moment d’inattention d’une dizaine d’années, dans les 5 milliards d’euros. Et sans que personne, semble-t-il, ne sache vraiment comment. Investissements hasardeux, problèmes d’exécution des travaux, incompétence diverses, incapacité à comprendre le marché. Ciel, il faut sauver le soldat Lauvergeon ! Non, je me trompe : il faut sauver le soldat Areva. Pourtant pendant des années, l’ex-“sherpa” de Mitterrand, son vrai grand titre de gloire, était indissociable de la brillante réussite de notre lego nucléaire, on la voyait volontiers s’afficher, on se poussait pour s’afficher avec elle. Et puis paf, 5 milliards disparus, dans le c… la balayette, pour employer une image triviale mais qui, de mon point de vue, exprime bien mon ressenti de contribuable de base. Parce que l’idée géniale de Flanby & co, c’est d’utiliser EDF (actionnaire à 80% l’État) pour récupérer des meubles, et de… devinez ? Renflouer le reste avec les caisses débordantes du trésor public. L’État coule, l’État renfloue, la boucle est bouclée.
5 milliards, ça ne vous rappelle rien ? Kerviel ! Même chiffres. Et c’est la SG qui a vu passer par pertes et profits le prix de son incompétence. Tandis que pour Areva, il ne se passera rien : personne ne sera viré, Lauvergeon a un tel carnet d’adresse que personne n’ira lui chercher des poux, car la chère enfant pourrait ressortir quantité de dossiers sur tous les crétins qui ont participé aux chaînes de décisions qui ont abouti à la cata. C’est l’État, de gauche ou de droite, qui affiche son incompétence, et pire, son je-m’en-foutisme. Ce n’est pas lui qui paye. Et on s’en sort bien, c’est que dalle à côté du scandale du Crédit Lyonnais des années 90, 130 milliards de francs, dette soldée enfin en novembre 2013… en empruntant 4,5 milliards d’euros.
Tant qu’à faire dans l’expression triviale, il faudrait ajouter un L’ dans le titre du dessin : L’Areva…
Question à Le Honzec.
Vous représentez toujours Marianne en put1. Pourquoi pas, mais c’est assez ambigu. Comment le comprendre ?
Est-ce du mépris pour ce qu’elle représente (France ? peuple ? démocratie ?), ou de la peine pour ce qu’elle est devenue ?
Ca donne toujours plusieurs lectures à vos dessins, sans qu’on sache laquelle vous privilégiez.
J’ai déjà eu l’occasion de répondre à cette question. Ma Marianne est un hommage à celle du regretté Jacques Faisant, dessinateur du Figaro jamais remplacé, celle qui pleura la mort du Général. La mienne a sans doute un peu mal tourné, à l’image non pas de la République, mais de ses élus et gouvernants successifs qui, à mon sens, l’ont souvent traitée comme une fille facile. Mais j’ai de l’affection pour elle: elle est joliment roulée , ne porte pas de dessous (les représentations officielles de Marianne lui mettent souvent les seins à l’air et la tunique antique suggestive), fume de façon transgressive et j’aime la considérer non pas comme une p…., mais comme une fille du peuple, donc un peu “canaille”. A l’occasion, elle interpelle SM Hollande Ier et les politiciens de gauche comme de droite , contemplant l’actualité avec un brin de tristesse mêlé de cynisme.
Cordialement…