AREVA 1/20 : peut mieux faire !

Areva est peut-être en train de perdre sa place de leader dans le secteur de l’énergie nucléaire… dans l’indifférence totale de nos gouvernants.

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Centrale nucléaire (Crédits Alpha du centaure, licence Creative Commons)

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AREVA 1/20 : peut mieux faire !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 2 juin 2015
- A +

Par Michel Gay.

Centrale nucléaire (Crédits Alpha du centaure, licence Creative Commons)
Centrale nucléaire (Crédits Alpha du centaure, licence Creative Commons)

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a recensé1 au 31 décembre 2014 plus de 150 projets de construction de réacteurs nucléaires à travers le monde dans son rapport présenté le 26 mai : 70 réacteurs sont en construction, et 96 sont planifiés.

La Chine est de loin le premier marché du nucléaire (26 réacteurs en construction, et 39 à l’étude). Elle est suivie par la Russie (9 réacteurs en construction et 22 planifiés), et par l’Inde (6 en construction, et 4 en projet). Le groupe russe Rosatom capte une part importante de ce marché en participant activement à 17 chantiers de construction dans le monde, et à 25 projets. Les différents groupes chinois ne sont pas en reste, avec 19 projets.

Pendant ce temps, AREVA construit 4 réacteurs dans le monde (2 EPR en Chine, un EPR en Finlande (Olkiluoto) et un EPR en France (Flamanville)) avec quelques difficultés. Quatre constructions sur 70 (soit une « note » de 1,2 sur 20) pour une entreprise qui possède des capacités et des talents, ce n’est pas satisfaisant… et, à voir le manque d’enthousiasme de nos responsables politiques2 Depuis plusieurs années, on ne va sans doute pas dans le bon sens ! Cette attitude frileuse ne les empêche pas de se servir copieusement des dividendes d’AREVA et d’EDF3… Les taux de distribution élevés témoignent de la préférence de l’État pour un rendement à court terme de ses participations au détriment des intérêts de long terme des entreprises.

Heureusement, nos amis anglais ont clairement choisi de s’équiper en EPR pour leur futur parc de production d’électricité (deux réacteurs déjà prévu en 2012 à Hinkley Point). AREVA participera avec EDF et… la Chine4.

La France est (encore) un des grands acteurs internationaux du nucléaire avec AREVA, EDF et de nombreuses entreprises au savoir-faire remarquable, mais sa brillante position suscite des convoitises industrielles et financières. Elle est peut-être en train de perdre le marché mondial concurrentiel de la construction, en plein essor contrairement à ce qui est parfois colporté, au profit de la Russie et de la Chine, voire même de l’Inde et de la Corée du Sud, dans l’indifférence de nos gouvernants : c’est ballot…

  1.  Dans sa publication annuelle « Nuclear power reactors in the world », présentée le 26 mai 2015. Le rapport est consultable à cette adresse : http://urlz.fr/20H5.
  2.  Le premier ministre japonais s’est déplacé en Turquie pour soutenir le contrat conjoint France / Japon de la vente à la Turquie de quatre réacteurs franco-japonais ATMEA  signé en mai 2013. Les responsables politiques français de l’époque (mai 2013) ont brillé par leur absence. http://www.energymed.eu/2013/05/06/la-turquie-choisit-latmea-de-mhiareva-pour-la-2eme-centrale-nucleaire-du-pays/
  3. Cour des comptes « Recettes non fiscales de l’État / Note d’analyse de l’exécution budgétaire 2014 http://www.ifrap.org/sites/default/files/articles/fichiers/neb-2014-recettes-non-fiscales.pdf
  4. China National Nuclear Corporation (CNNC) et China General Nuclear Power Corporation (CGN, anciennement China Guangdong Nuclear Power)
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  • Mais peut-on seulement construire des centrales aux normes françaises?

  • L’Europe des écolos-bobos a tourné le dos au nucléaire, énergie d’avenir notamment avec le thorium. L’Europe du complexe militaire préfère toujours avoir du plutonium et donc continue sur des centrales qui deviennent coûteuses à la construction. AREVA dans le giron de l’état n’a surement pas su nouer les bonnes alliances dans les moments opportuns.

  • C’est plus que ballot, c’est terrifiant ! Le CEA, principal actionnaire d’AREVA, vit toujours dans les rêves des bombes et des plans quinquennaux financés par nos impôts. J’ai 70 ans et le parc nucléaire français a été mis en place par les impôts que la génération antérieure à la mienne et celle dont je fais partie ont payé. L’industrie électronucléaire civile n’a plus rien à voir avec le CEA ni avec l’Etat d’ailleurs. Il faut totalement privatiser ce secteur car encore une fois l’Etat, se mêlant de commerce, ne fait que précipiter les catastrophes. La politique économique totalement déconnectée de la réalité du CEA a précipité la déconfiture d’AREVA et c’est bien dommageable pour l’économie française. Le fait que le CEA ait toujours fait obstruction à la filière thorium qu’EDF avait envisagé sérieusement dès la fin des années 70 provient de la paranoïa gouvernementale à se munir de bombes au plutonium. Exit la surrégénération et exit le thorium. Ces décisions politiques fortement influencés par le lobby militaire ont finalement atteint leur but, la France est à la traine et le temps passe … Dans 5 ans AREVA n’existera même plus ou ne sera plus que l’ombre d’elle-même.
    Désolant, inquiétant et décourageant !

    • +1, la R&D sur la sur-génération est une catastrophe…pendant ce temps, les Chinois progressent à grand pas.
      le secteur militaire n’est pas la seule explication dans cette stagnation de la recherche. la branche militaire du groupe AREVA (TA) ne pese pas lourds dans les décisions stratégie groupe.
      La fracture est venue du divorce avec SIEMENS.

      • Tout à fait ! Siemens a vu le vent défavorable venir et est parti en courant. De mon point de vue la vente du secteur énergie d’Alstom à GE procède du même état d’esprit c’est-à-dire de l’ignorance crasse des dirigeants politiques en ce qui concerne l’avenir énergétique de la France et pas que de la France bien sûr mais qui aurait pu jouer un rôle majeur dans le changement inéluctable qui se dessine et dont on n’échappera pas : un développement de l’énergie nucléaire car il n’y a que cette solution, ce n’est même pas une alternative. Maintenant le CEA est toujours impliqué dans la production d’U235 grade militaire pour les sous-marins, le seul porte-avion nucléaire dont dispose la Royale et … même plus de bombes, il y en a assez, environ 270 et ça suffit pour vitrifier l’ensemble de l’Europe, alors qu’on dicotomise le nucléaire civil et le nucléaire militaire à moins bien sûr que le CEA pioche un peu dans les matières premières du MOX utilisé dans environ 25 réacteurs français pour en vendre aux copains genre Israël voire Arabie Saoudite, pourquoi pas, business is business ! Et tant pis pour AREVA de toutes les façons les Chinois font mieux et moins cher avec leur AP1000 …

  • AREVA en france ne fera plus rien, l’entreprise est (malheureusement) sclérosée par un mode de gouvernance étatique, dénuée de toute passion d’antan, avec des incompétents notoire aux manettes des projets.
    EDF se sert auprès de Rosatom pour les centrale française, c’est dire.
    AREVA aurait pu être largement plus efficace et rentable si on avait pas laissé des premiers de la classes s’auto-entretenir, ou des prestataires commander eux même leurs propres mission…

  • Quand j’entends que l’état est ultra majoritaire dans AREVA: + de 70% ça en dit long sur les capacités de saine gestion de l’état via son énarchie toute puissante ….

  • Ce n’est pas le Royaume Uni qui a choisi l’EPR. Son gouvernement estime, à juste titre, que ce choix technique est de la responsabilité du producteur. C’est EDF, propriétaire de la quasi totalité de la production nucléaire anglaise, qui a fait ce choix. Par souci de soutenir l’industrie française et sa filière.

  • Étant un ancien employé d’Areva et ayant encore pas mal de collègue las bas, cela ne m étonné pas du tout. Deux annectdotes en vrac:

    Il y a maintenant plus de 15 ans, lors du design de l epr, un expert a oublié l effet de surchauffe pour les températures maximum admissibles lors d’une surpression ( une pompe a vélo chauffe quand on appui dessus en bloquant la sortie avec son doigt)
    15 ans plus tard, c est tout les fournisseurs de pièces qu il faut avertir et toute le certifications qu il faut refaire pour plusieurs dizaines de pilier d euro… Cet expert en question est bien sur toujours la et ne sera absolument pas inquiété par son erreur…

    Un homme arrivais saoul tout les jours au travail et s invitais au réunion de chef et chantant les copain d abord… Areva a mis plus de 10 ans a se séparer de lui et encore je pense qu il a du partir avec plusieurs moi de salaire dans les poches.

    Ce ne sont pas des cas isolés. Je ne parle même pas du scandale des adaptateurs de cuve de l epr et de leur coût faramineux.
    Bref, je pense qu Areva est un cas d école du mal français.

    • +1, beau cas d’école de gouvernance étatique et de planqués de tout poil aux manettes de ce qui devrait être la crème du savoir humain ; industrie, ingénieurerie, physique, construction, chaudronnerie.

      une boite comme AREVA devrait etre privatisée (ça n’exclue pas le contrôle d’organismes publics et de sûreté) et gérée par des mecs d’envergure (au sens visionnaires passionnés et investit dans leur taf).

      Je ne dit pas que Varin n’est pas un bon PDG, mais diriger une industrie nucléaire, c’est pas son rêve de gosse, et d’ici 2 à 3 ans, son poste ne le fera plus kiffer.
      Il faut un PDG sévèrement burné, qui pense et vit nucléaire jusque dans sa tombe. Ce mec là fédèrera, sera respecté, et il pourra se permettre de mettre des coups de pieds au cul des tire aux flancs et autres premiers de la classe.

      Vos anecdotes sont communes, la filière militaire (AREVA TA) n’est pas en reste avec ce genre de conneries et autres opérations stériles coûteuses.

      L’EPR des Anglais patine aussi, pas pour les mêmes raison que le notre, mais à cause de l’organisation EDF-NNB-AREVA NP-AREVA TA.
      Alors que ça aurait pu être un projet profitable, livré dans les délais et multi-usage (contrôle commande militaire notamment).

      • « contrôle commande militaire notamment »

        mais encore?

        • Le controle commande d’une centrale civile peut très bien avoir un tronc commun important avec un réacteur militaire type propulsion navale.
          il suffit d’identifier les variables clef et dimensionner le systeme pour accepter les 2.

          un exemple simple, réseau d’alimentation électrique, format des racks. en partant sur un système neuf, on peut spécifier des choses pour etre compatible avec ce qui existe par ailleurs…

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