Comment forcer Google à vous oublier ?

Depuis janvier 2015, Google a rendu disponible le téléchargement de l’historique de recherche et son effacement partiel ou total. L’opération est particulièrement simple

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Google - Credits : Carlos Luna via Flickr (CC BY 2.0)

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Comment forcer Google à vous oublier ?

Publié le 17 mai 2015
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Par Thierry Berthier.

Google - Credits : Carlos Luna via Flickr (CC BY 2.0)
Google – Credits : Carlos Luna via Flickr (CC BY 2.0)

On lit souvent que « Google sait tout de nous », en oubliant un peu vite que si Google détient effectivement de l’information sur ses utilisateurs, c’est avant tout parce que ces derniers se confient à lui quotidiennement et sans retenue, par l’intermédiaire des requêtes effectuées. Dans les faits, Google apprend et n’oublie rien de nos interactions avec lui. Notre projection algorithmique    googlienne rassemble alors une partie importante de notre vécu numérique. Les requêtes que nous lançons sur le moteur traduisent immédiatement nos centres d’intérêts, nos questionnements, nos affinités, nos peurs, nos croyances, nos faiblesses, nos tropismes. Google sait beaucoup de nous grâce aux questions que nous lui posons. Une fois croisées, ces questions définissent une partie importante de la projection algorithmique individuelle et permettent de déduire de nouvelles informations qui ne figuraient pas explicitement dans la recherche initiale.  Lorsque nous effectuons une requête sur le moteur de recherche, celle-ci est systématiquement archivée dans l’historique de recherche, en local sur l’historique du navigateur mais également sur l’historique associé au compte utilisateur Google et sur celui associé à l’IP de la machine utilisée. Il est inutile de rappeler que vider régulièrement l’historique du navigateur n’a aucun effet sur l’historique global de recherche détenu par Google et stocké sur ses serveurs.

Toutefois, depuis janvier 2015, Google a rendu disponible le téléchargement de l’historique de recherche et son effacement partiel ou total. L’opération est particulièrement simple :

Il suffit de suivre le lien suivant  https://history.google.com, de se connecter à son compte puis  de cliquer sur le bouton d’engrenage en haut à droite de la page qui offre alors 4 sous-menus :

  • 1- Paramètres,
  • 2- Télécharger,
  • 3- Aide,
  • 4- Supprimer des éléments.

Si vous ne cherchez qu’à nettoyer l’historique des recherches, il suffit de choisir le quatrième menu puis de sélectionner la période de suppression : de l’heure passée, de la journée passée, de la semaine passée, des quatre dernières semaines, ou depuis toujours. Le « Depuis toujours » laisse entendre que l’historique des recherches est supprimé depuis la date d’activation du compte mais qu’en est-t-il réellement ? L’utilisateur n’a en effet aucune assurance que son historique n’a pas fait l’objet d’une archive non accessible stockée quelque part chez Google… D’autre part, l’historique de navigation associé à l’IP de la machine utilisée n’est pas concerné par cette fonctionnalité.  Pourtant, l’intérêt d’un tel nettoyage existe bien. Il réside essentiellement dans la minimisation du risque de collecte des données de recherche réalisé à partir d’un piratage du compte personnel. C’est un  argument important car si les requêtes personnelles sont parlantes pour Google, elle le sont aussi pour une cellule de hacking dans le cadre d’une opération de Ransomware ou d’ingénierie sociale ciblée en phase de pré-attaque. Moralité : Nettoyons régulièrement notre historique de recherche car il peut être hacké et servir à des fins malveillantes.

On peut aussi souhaiter conserver son historique de requêtes, le consulter et le télécharger. Dans ce cas, l’opération est très simple. Il suffit de choisir l’option 2-Télécharger. Google prépare alors généreusement un fichier d’archive zip contenant l’ensemble des recherches. C’est l’occasion d’observer l’étendue de sa projection algorithmique googlienne à travers les questions posées au moteur. Sur une longue période, on retrouve la chronologie des événements qui ont suscité des requêtes. Le volume des requêtes révèle aussi notre degré de dépendance à Google et la place qu’il occupe désormais dans nos mécanismes cognitifs.

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  • La différence entre une entreprise comme Google et L’Etat ? Google est obligé de satisfaire ses consommateurs s’il veut continuer à exister, pas l’Etat qui a les moyens d’exister même si le consentement général lui fait défaut.

  • Ce qu’il y a d’extraordinaire c’est que ce sont les même qui exigent le droit à l ‘ oublie sur Google et le fichage généralisé par l’ état au nom de la lutte contre le terrorisme.

  • on se tire une balle dans le pied a supprimant la mémoire google , la mémoire est le seul intérêt de l’informatique , c’est de l’intelligence en barrette…mais les gogos se font piéger par les politiques, les politiques aiment les peuples sans mémoire et sans racines

    • Bonjour reactitude
      L’important c’est le choix, avec google j’ai le choix, avec les politiques, non.

      • Quel choix ?

        – le choix de leur rendre service en purgeant leurs fichiers journaux alors qu’ils conservent précieusement l’agrégation qu’ils on fait des données en croisant les journaux avec toute autre source possible d’iinformation ?
        – le choix d’utiliser un autre service moins bon d’une autre société qui fait exactement la même chose (mais peut-être de façon moins efficace) ?

        Pour moi, la seule solution pour garder un minimum d’espoir de sécurité est de ne transmettre en aucun cas mes noms et adresses en dehors des sociétés de VPC, en espérant qu’ils ne revendent pas et ne se font pas pirater leurs fichiers, de ne pas utiliser Gmail mais un fournisseur indépendant et d’espérer que mon FAI ne divulgera pas mes coordonnées à d’autres que l’état (ce qui est déja beaucoup mais inévitable).

        Pour ce cacher de l’état … good luck ! C’est très faisable (vu le nombre de malfaisant qui sévissent sur Internet), mais vu ce que cela demande en infrastructure et en contraintes, il faut vraiment avoir quelque chose à cacher ou être parano.

        • ce n’est pas TON choix mais le choix vers lequel ON veut que tu ailles .
          tout cela nous mène vers MOINS d’internet par la peur de se faire espionner, comme si on avait une importance individuelle alors que la force est dans le collectif et la force du collectif est la GRANDE peur des états

    • La mémoire et l’intelligence sont deux choses bien distinctes, même en barrettes ou en barre (à propos de barre, avec quoi les hommes pensent-ils ?)

  • Pub : http://www.uselilo.org/
    (moteur de recherche ne collectant pas de données, mais donnant les mêmes résultats que G..)

  • Peu prennent le temps et font confiance. Hélas.

  • « de se connecter à son compte »
    Vous voudriez nous faire croire que celui qui n’a jamais ouvert de compte chez eux ne voit pas son historique de recherches archivé ?

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