Par Jean-Baptiste Noé
Tant de fois nous avons été dans ces jardins potagers où l’on cultive les légumes et les simples. Ici, au musée de Cluny, dans le 5ème arrondissement de Paris. Un peu à l’écart des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain, on se plonge dans les temps médiévaux, on découvre des variétés insoupçonnées de menthe, des plantes médicinales qui nous apprennent leur nom et leur visage. Là-bas, en Bourgogne, au château d’Arcelot, au cœur d’un domaine du XVIIIe siècle, où l’on croit retrouver les charmes des perruques et des dentelles. On respire l’air d’avant la Révolution, non par nostalgie, mais par esprit de modernité. Il y a toutes les plantes que l’on connaît : l’ail, la moutarde, la sarriette, l’épinard, la verveine, et toutes celles que l’on ne connaît pas, et dont le jardinier, bien fier, nous énonce les noms doctement : baselle blanche, lyciet, scorsonère, chayotte. Et dans son coin, le fidèle serpolet, sur lequel le grand cuisinier Marc Veyrat a bâti son nom et sa légende. Après son terrible accident de ski où il manqua de mourir (2006), est survenu l’incendie de son restaurant (2015). Mais le petit serpolet offre toujours ses fleurs violettes.
Ces plantes du potager ont des noms, des couleurs et des arômes. Difficile pour un livre de retranscrire ces derniers. Mais les couleurs s’illustrent de façon magnifique. Si le vert est majoritaire, on le découvre dans toute une multitude de gammes et de variétés qui le rendent toujours nouveau et perpétuel. On y découvre surtout le rouge, le jaune, les subtiles nuances du violet, et même le bleu et l’orange. Les légumes quittent leurs atours secondaires pour se montrer indispensables dans la cuisine.
Ce grand guide des plantes potagères n’est pas exhaustif, mais il présente toutefois l’essentiel des plantes que l’on peut trouver dans un potager, du moins celles qui sont le plus faciles à cultiver et le plus utiles à planter : pour faire des sauces, pour accompagner des plats, pour parfumer. L’annuaire est précédé d’une histoire générale des légumes. Ensuite, chaque plante présentée a sa notice, avec ses caractéristiques botaniques, son histoire, sa culture, son utilisation. En quelques mots simples nous est donné l’essentiel. C’est le guide de voyage de ceux qui veulent préparer leur excursion au jardin, ou bien de ceux qui veulent pouvoir aller sur les marchés sans paraître trop ignorants. On le prend comme un vade-mecum, un bréviaire du gastronome en bottes boueuses. Et si l’on n’a pas de jardin, déjà on y voyage. On se mêle, on se fixe, entre les courges musquées et le cresson alénois.
Pourquoi trouve-t-on toujours un peu de notre enfance dans les potagers ? Peut-être parce qu’ils nous ramènent à ce que nous avons de plus pur, de plus essentiel : ce lien avec notre terre, cette aspiration aux voyages et au dépaysement, ce rêve de pouvoir bâtir des royaumes fantasmagoriques. La marjolaine nous replonge dans nos hivers et nos maladies infantiles, l’anis dans les chaleurs torrides de l’été, et la mûre à l’émerveillement des balades en forêt, quand on découvre ses fruits au détour d’un sentier. Le potager à cette vertu médicinale de nous ancrer au ciel et de nous transporter sur les mers de notre imaginaire.
- Valérie Garnaud d’Ersu, Odile Koenig, Grand guide des plantes potagères, Delachaux et Niestlé, avril 2015, 320 pages.
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Sur le web.
» le potager » a » cette vertu médicinale de nous encrer au ciel et de nous transporter sur les mers de notre imaginaire »
c’est d’autant plus vrai que les plantes que l’on y trouve viennent souvent des quatre continents. vive la mondialisation …
anti gros minet bonjour,
Le rêve n’est pas interdit. A l’instant je me trouvais dans mes vignes à ebourgeonner.
Au bout de cette parcelle de vignes un pré entouré de bois planté d’acacias. Des beignets de fleurs d’acacias. Hum les papilles ! arrosé de miel d’acacia ou de sirop d’érables. C’est un délice. Pas besoin d’aller au bout du monde pour bien manger…….
Allez bonne fin de journée et à un de ces jours.
le robinia pseudoacacia , communément appelé acacia , est originaire de l’est des USA … introduit en france au début du 17ième siècle, il s’est » rapidement » naturalisé et étendu à la france entière ( probablement pas avant le 19ième ) ou les ruraux ont appris à apprécier son bois dur et durable pour faire notamment des piquet de clôture et des échalas … ou des haies vives qui poussent plus vite que celle de par cheu nous. mais la patrie du robinier en europe, c’est incontestablement la hongrie : 200.000 hectares dans ce petit pays. entre le miel , le bois et la vente de graines, sa part dans le PIB , est non négligeable.
il est également trés présent en chine , ou il a même été sélectionné pour servir de fourrage , avec des feuilles de un mètre de long.
merci, ce que je ne comprends pas est qu’en France, le situationniste économique prends une place considérable. Lorsque je regarde tous ces espaces en chôme, c’est du gaspillage. Si nous avions des dirigeants ou plutôt des décideurs conscients que l’agriculture apporte de la nourriture au peuple, nous pourrions faire des choses interessantes.
Si nous continuons à nous glandouiller nous allons crever de faim.
» lorsque je regarde tous ces espaces en chôme … »
c’est normal , la production française est petit à petit évincée par la production étrangère …
Je viens de cueillir ces belles grappes de fleurs d’acacias sans AOC, un odorant arbuste d’épinette vinette à côté m’a envoûté.