Gun Control in the Third Reich : le danger potentiel d’un registre des armes à feu

Stephen Halbrook montre comment l’enregistrement des armes à feu et la nécessité d’avoir un permis pour les posséder furent utilisés par le régime nazi pour désarmer ses opposants.

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Gun Control in the Third Reich : le danger potentiel d’un registre des armes à feu

Publié le 4 avril 2015
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Par Pierre-Guy Veer, depuis le Canada.

gun control in the third reich stephen halbrookS’il faut en croire les médias et nos bien-pensants, l’apocalypse est à nos portes ! Cette fois-ci, ce n’est pas la faustérité mais bien la destruction des données du registre fédéral des armes à feu qui nous détruira tous.

Comme la paranoïa sur la faustérité, celle sur l’enregistrement des armes à feu est sans fondement. Non seulement n’a-t-on jamais prouvé la prévention d’un seul crime grâce à ce registre, mais on oublie que les criminels n’ont que faire de telles lois qui ne finissent par affecter que les honnêtes citoyens.

En clair, non seulement un registre des armes à feu est inutile (et surtout coûteux), mais il est aussi dangereux, fut-il créé par un gouvernement (relativement) démocratique.
L’Allemagne post-Première Guerre mondiale en offre un exemple qui donne froid dans le dos. Stephen Halbrook, une sommité dans la défense du droit de porter les armes, montre comment l’enregistrement des armes à feu et la nécessité d’avoir un permis pour les posséder sous la république de Weimar furent utilisés par le régime nazi pour désarmer ses opposants dans son excellent livre Gun Control in the Third Reich.

Halbrook a utilisé sa formation d’avocat pour fouiller les archives allemandes (et les citer abondamment) pour raconter son histoire. Afin (espérait-on) de contrôler la violence endémique au début des années 20, Weimar a passé une loi draconienne sur les armes à feu « militaires ». On est même entré de force dans les maisons pour s’assurer qu’aucun civil ne possède ces armes. Ce fut un échec car les criminels n’ont que faire des lois, et la violence continua…

Weimar passa une autre loi en 1928 obligeant tous les citoyens à enregistrer leurs armes à la police, l’émettrice des permis. Cette dernière déterminait aussi « l’éligibilité » des demandeurs afin de préserver l’ordre public.

Malheureusement, ces lois n’ont eu pour effet que de restreindre le port d’arme pour les citoyens honnêtes. Les communistes et les nazis, eux, continuaient d’accumuler des armes en toute impunité. Ça se reflétait dans le climat social avec une violence sans cesse grandissante, qui poussait les autorités à resserrer la vis encore plus.

On était rendu à imposer un fardeau de justification pour le port d’armes. On avait également interdit explicitement aux Gitans de porter les armes, le premier ban envers un groupe facilement identifiable. On stipulait même que les armes devaient être rendues sur demande, à défaut de quoi la personne fautive irait en prison.

Au travers de ces tensions toutefois, le ministre de l’Intérieur a lancé un avertissement solennel : ces listes doivent être en lieu sûr afin qu’aucune personne malveillante ne mette les mains dessus… Ce qui arriva quand les nazis prennent le pouvoir en 1933. Ils n’ont eu qu’à utiliser les registres de la république de Weimar pour désarmer leurs opposants politiques, simplement étiquetés « communistes ».

La répression du port d’arme s’accélère après l’incendie du Reichstag en 1934. Désormais, les permis d’arme sont réservés aux personnes à la loyauté incontestée. On a même forcé la centralisation complète des clubs de tirs afin de s’assurer de leur adhérence sans faille au nazisme.

Les personnes non fiables incluaient toutes celles désignées comme telles par les nazis, particulièrement les Juifs. Encore une fois, c’est grâce aux registres de Weimar qu’Hitler a pu désarmer progressivement les Juifs, un Juif armé représentant « un danger ».

Suite au désarmement, il n’a eu besoin que d’un prétexte (que Halbrook affirme être un coup monté) – l’assassinat d’un diplomate nazi par un Juif polonais à l’ambassade de Paris – pour initier la « Nuit de Cristal », où tout ce qui était juif (synagogue, boutiques) fut vandalisé ou brûlé. Dès lors, toutes les armes (y compris les couteaux de cuisine) étaient interdites aux Juifs. Ceci a grandement facilité leur déportation vers les camps de la mort…

Bien sûr, Halbrook se retient bien de comparer les registres d’armes à feu aux États-Unis et en Allemagne nazie. Il conclut son livre en affirmant que le régime nazi montre ce qui peut (et non ce qui va) se passer si un pays enregistre les armes de ses citoyens.

Néanmoins, cet exposé montre bel et bien la futilité d’un registre des armes à feu pour contrôler la violence. C’est particulièrement évident aux États-Unis : si on exclut Chicago, Détroit, Washington et la Nouvelle-Orléans (les villes avec les lois sur le port d’arme les plus restrictives), le pays se place au 4ème rang des pays les moins violents avec les armes sur la planète.

Alors si vous cherchez un excellent argument contre le contrôle des armes à feu, Gun Control in the Third Reich est un ajout essentiel à votre bibliothèque. Vous y verrez la futilité et le danger potentiel d’un registre, mais aussi l’importance essentielle d’être armée pour une population si elle veut rester vivante. Imaginez un peu si le port d’armes avait été plus répandu lors du drame de Polytechnique, ou même de Dawson College… Les tueurs n’auraient jamais pu faire un tel carnage.

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  • Merci ça a l’air passionnant.

    « C’est particulièrement évident aux États-Unis : si on exclut Chicago, Détroit, Washington et la Nouvelle-Orléans (les villes avec les lois sur le port d’arme les plus restrictives), le pays se place au 4ème rang des pays les moins violents avec les armes sur la planète. »

    J’ai déjà entendu ça quelque-part, mais ou est la source ?

  • Mais cela existe déjà en France, mon ami. Ces registre sont tenus pas les préfectures les armes étant soumises a déclaration ou a autorisation.
    Aujourd’hui le pouvoir a plus que jamais peur du peuple.
    Jamais la société française n’a été soumise à autant de tensions depuis le deuxième guerre mondiale. Sauf qu’aujourd’hui ces tensions sont internes entre communautés de français d’origine et de français issus d’autres cultures.

  • jetons un coup d’œil à l’Histoire du contrôle des armes à feu:
    – En 1929, l’Union Soviétique a établie un contrôle des armes à feu. De 1929 à 1953, environ 20 millions de dissidents, incapables de se défendre par eux-mêmes, ont été mis en état d’arrestation et exterminés.
    – En 1911, la Turquie met en place sa loi pour contrôler les armes à feu. De 1915 à 1917, c’est 1,5 million d’Arméniens, incapables de se défendre, qui seront interceptés et exterminés.
    – L’Allemagne imposera un contrôle des armes à feu en 1938 de 1939 à 1945, des millions, incapables de se défendre seront enlevés et exterminés.
    – La Chine en fera autant en 1935 et de 1948 à 1952, 20 millions de dissidents politiques incapables de se défendre seront arrêtés et exterminés.
    Le Guatemala a établi un contrôle des armes à feu en 1964. De 1964 à 1981, 100 000 indiens subiront le même sort.
    – En Ouganda, établira une politique identique en 1970. De 1971 à 1079, 300 000 chrétiens, incapables de se défendre, seront enlevés et exterminés.
    – Au Cambodge, un contrôle des armes à feu fut imposé dès 1956. De 1975 à 1977, un million de personnes « éduquées » incapables de se défendre, seront exterminées. Le tiers de la population cambodgienne.
    Le nombre de personnes qui furent interceptées et exterminées durant le 20e siècle à cause des lois sur le contrôle des armes à feu s’élève à environ 56 millions. http://www.chuckhawks.com/downside_gun_control.htm

    • Cette liste, c’est vraiment l’exemple typique du sophisme appelé « post hoc, ergo propter hoc », ou si quelque chose s’est produit avant, c’est nécessairement la cause de ce qui est arrivé après. En l’occurence, rien, mais alors rien, ne vous permet d’affirmer que ces massacres n’auraient pas eu lieu si les lois de contrôle des armes à feu n’avaient pas été instaurées dans ces pays à ces époques. Et pourtant, vous prétendez que « le nombre de personnes qui furent interceptées et exterminées durant le 20e siècle à cause des lois sur le contrôle des armes à feu s’élève à environ 56 millions. »

      De plus, cette liste, qui circule sur le Net depuis une quinzaine d’années, prend beaucoup de liberté avec l’Histoire, ce que ne rend vraiment pas l’argument convaincant.

      Prenons le cas du Cambodge : « Au Cambodge, un contrôle des armes à feu fut imposé dès 1956. De 1975 à 1977, un million de personnes « éduquées » incapables de se défendre, seront exterminées. Le tiers de la population cambodgienne. »

      Les lois de contrôle des armes à feu datent du protectorat français, et n’ont pas été instaurées en 1956. On estime que le génocide a fait 1,7 millions de morts (Ben Kiernan, The Pol Pot Regime: Race, Power and Genocide in Cambodia under the Khmer Rouge, 1975–1979) sur une population totale de près de 8 millions. Parmi les victimes, environ 700 000 étaient d’origine urbaine (notez bien que d’origine urbaine ne signifie pas “éduqués”), 1 million d’origine rurale (comparez cela à « un million de personnes éduquées […] exterminées. Le tiers de la population cambodgienne »). Dans la société khmère des années ’70, il n’y avait pas du tout de culture des armes, et même la population “éduquée” n’était pas armée individuellement. La rebellion khmère rouge a eu le soutien d’une majorité de la population pendant la première moitié des années ’70 (jusqu’au moment où ils ont pris le pouvoir). Les khmers rouges étaient particulièrement bien organisés et préparés. En trois jours ils ont déplacé la population urbaine et séparés les familles. Dans ce contexte, il est très difficile de croire que quelques individus isolés armés auraient pu opposer une quelconque résistance face à une milice bien déterminés. Ils auraient simplement été liquidés plus vite.

      On pourrait faire la même analyse pour les autres exemples repris dans la liste. Analyse que visiblement vous n’avez pas faite !

  • Le droit pour le simple citoyen de posséder et de porter des armes avait été reconnu autant par la Common Law britannique que par le droit révolutionnaire français. Il a toujours marqué la distinction entre l’homme libre et l’esclave[1]. Une loi de Virginie de 1779 (ch. 51), typique des lois sudistes de l’époque, l’exprime a contrario :
    « Un esclave ne peut avoir en sa possession ni transporter quelque arme que ce soit, si ce n’est avec des ordres écrits de son maître ou employeur, ou en sa compagnie[2]. »
    Que les gens acceptent — que dis-je? réclament — d’être traités ainsi par le Prince confirme ce que disait Georges Ripert: « L’homme vivant sous la servitude des lois prend sans s’en douter une âme d’esclave[3]. »
    1. Voir Pierre Lemieux, Le droit de porter des armes, Paris, Belles-Lettres, 1993.
    2. « No slaves shall keep any arms whatever, nor pass, unless with written orders from his master or employer, or in his company, with arms from one place to another. » (A Bill Concerning Slaves, reproduit dans The Essential Jefferson, sous la direction de Albert Fried, Collier Books, 1963, p. 140). [Retour au texte]
    3. Georges Ripert, Le Déclin du Droit, Paris, LGDJ, 1949.

  • Anecdote utile à l’intention de l’auteur, qui vient comme moi du Québec. Dans l’histoire de la Nouvelle-France, il y a un événement similaire majeur. Lors de la colonisation de l’Amérique du Nord, les hollandais et les anglais vendaient librement des armes aux populations amérindiennes, qui pouvaient ainsi se protéger des groupes leur étant hostiles. Le roi de France, lui, craignant de perdre le contrôle, interdisait sous peine de mort aux marchands français de faire la même chose. Les populations huronnes, qui étaient alors sous territoire français, se sont retrouvés désarmés face aux iroquois, qui en ont profité pour les massacrer. Les colons français se sont alors retrouvés isolés sur l’île de Montréal contre des iroquois motivés à les anéantir. C’est alors que, dans sa grande sagesse, le roi de France a envoyé le régiment de Carignan pour les sauver. Toute cette histoire n’aurait jamais eu lieu si les français avaient fait la même chose que les anglais et les hollandais.

    • Merci de ce cours d’histoire. « Étonnement » on ne nous enseigne pas pourquoi ni comment les Iroquois en étaient arrivés à massacrer Montréal

      • Il y a deux écoles tout aussi naïve les unes que les autres. Selon une, les iroquois étaient manipulés par les anglais pour nous détruire. Ensuite, selon l’autre, les amérindiens étaient un peuple moralement supérieur, égalitaire, écologique, puis les français sont arrivés avec leur capitalisme, puis ont déclenché leur colère.

  • Il y a un peu de cela avec l’échange automatique sur les comptes bancaires. Plus de secret.
    On peut très bien vous spolier puisqu’il suffit de vous saisir, sous n’importe quel prétexte, ce n’est pas ce qui manquera.

  • C est quand même incroyable que cet article cite des sources qui disent l exacte inverse de son propos!!!!

    Lisez le lien fourni avec le mot Chicago jusqu’au bout…

    http://www.rgj.com/story/news/2014/09/28/fact-checker-black-black-killing-claims-examined/16184309/

  • il faut savoir que pendant longtemps, le droit de porter une arme était considéré comme une liberté que possédait tous citoyens: http://www.pierrelemieux.org/artdroit.html ce droit état tellement naturel et fondamental qu’il n’a pas été inscrit dans la déclaration des droits de l’homme. le droit de porter des armes était un droit élémentaire que possédait tout citoyen

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Né en 1905, disparu en 1983, Raymond Aron a méthodiquement analysé les mutations des sociétés modernes en leur consacrant plus de trente livres. Pendant plus de trente ans il est descendu presque quotidiennement dans l’arène pour participer aux grands combats qui dans le bruit et la fureur de l’histoire ont divisé le monde au temps de la guerre froide.

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