Qu’est-ce que le capitalisme libéral ou de laissez-faire ?

C’est avant tout un système moral. Explications.

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Qu’est-ce que le capitalisme libéral ou de laissez-faire ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 19 mars 2015
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Par Marius-Joseph Marchetti.

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J’en donnerais une portée philosophique, car c’est avant tout de cette portée que découle la liberté d’entreprendre et l’économie de marché. Le capitalisme, le vrai, celui dans lequel l’État n’interfère pas, car il n’existe pas ou est strictement minimum (au sens où il n’assume que la gestion de la police, armée et justice dans le but de protéger ce que nous appelons les « droits naturels ») est un système de droits de propriété légitime, c’est-à-dire que ces droits de propriété n’ont pas été acquis par le vol et la rapine (impôts, subvention, quantitative easing, et autres instruments mortifères dont l’État a le don). Le bien-être produit par le capitalisme est la résultante de la liberté qu’il autorise via le respect des droits de propriété. L’absence de violence est l’un de ses effets. Nous recherchons avant tout la liberté de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui avec ce que nous possédons. Le reste suit.

Oui, le capitalisme est un système moral avant d’être un système économique, contrairement à ce que l’on pourrait penser. D’ailleurs, si un individu crée de la richesse par son seul esprit et par des contrats librement consentis avec autrui, il ne nuit à personne, au contraire. À l’inverse, si son enrichissement est obtenu par des faveurs du bras armé de l’État, alors il nuit à autrui.

Les lois de la jungle sont l’expression de la loi du plus fort. Or, la seule manière d’obtenir « l’autorisation » d’exploiter autrui, c’est de s’offrir les faveurs du pouvoir politique. C’est l’État qui est à l’origine de cette lutte pour les privilèges ; pour citer Bastiat « l’État, c’est cette grande fiction à travers laquelle tout le monde essaie de vivre aux dépens de tout le monde ».

Le capitalisme libéral reconnaît à chacun, à chaque individu le droit de faire ce qu’il souhaite de sa liberté, pourvu qu’il n’attente aux droits de personne. Un capitaliste, d’un point de vue moral, n’est pas celui qui cherche à amasser de l’argent jusqu’à aller le voler chez son voisin. Le capitaliste est l’homme qui défend un système de droits de propriété légitimes, qui n’ont pas été acquis par la rapine, mais par le travail et la mise en œuvre de processus productifs volontaires et souhaités, donc source certaine de richesse et non de vol. Il défend les droits de propriété relevant d’accords librement consentis à distance de l’État et ses privilégiés. Peut-on, dans ce cas-là, dire par exemple d’un Pierre Gattaz qu’il est capitaliste ? D’un Martin Bouygues ? D’une Laurence Parisot ? Bien entendu que non.

Dans un monde où la contrainte serait bannie, ils seraient les premiers à s’en mordre les doigts.

Dans un monde sans contrainte, on ne vit pas de subventions, de fonds de syndicats ou de concurrence bridée pour son bénéfice personnel. Dans un monde où l’usage de contrainte est banni, on ne vit pas du vol mais de la capacité de son esprit à voir et accepter le réel. On vit de la capacité à produire ce que les gens souhaitent.

 

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  • De même que le sexe,le capitalisme est inhérent à la nature humaine,et à la société.Il y a sans doute plusieurs formes de capitalisme selon que les sociétés,la société civilisée ayant ses lois,encadre les libertés,celle d’entreprendre en particulier,qui commence avec le droit de propriété,en lui laissant ou non une certaine marge de liberté.Naturellement le capitalisme ou processus d’échanges basé sur la propriété,est libéral et a besoin d’une certaine liberté définie par des lois justes.
    La liberté est naturelle,la société aussi,la loi,également si on veut mais en opposition avec la nature,tout cela étant logique.
    Tout le long de l’Ancien Régime,la liberté d’entreprendre fut réglementée de façon très serrée,ceci non par l’Etat,mais par la société elle-même.Ce n’était pas le socialisme,mais le corporatisme.Les lois et coutumes étaient sévères pour le capitalisme et l’entreprise,qui ont toujours existé depuis les origines..Enfin,cela fonctionnait quoique pas au mieux.
    Ce que les économistes conseillèrent au Roi fut de créer un autre régime,basé sur le « laissez faire,laissez aller »,qui n’ a rien à voir avec les critiques de la bien-pensance,mais signifie laissez les gens prendre leurs responsabilités,entreprendre légalement,et fabriquer à leurs frais, puis laissez les produits et les marchandises circuler sans y mettre autant de restrictions que les corporations.
    Dire que c’est là un projet incluant une morale,est une excellente formule.

    Parce que,dans le capitalisme libéral qui en découle, qui n’est pas une liberté débridée,les lois existent toujours,sociales et morales,mais,au lieu que les entrepreneurs et capitalistes,y soient soumis d’avance a priori,c’est leur responsabilité à posteriori qui est mise en jeu.

    Une sorte de « Aime et fais ce que tu veux », mais ç condition d’ en accepter les conséquences et le jugement ensuite ! L’efficacité,ici,va de pair avec la moralité et les lois.

    Très judicieux ce rapprochement libéralisme économique et morale !

  • Belle tentative, mais non …

    Le capitalisme n’est absolument pas le libéralisme économique : il peut exister un capitalisme absolument abject qui bafoue entièrement les droits naturels.

    La notion de ‘capital’ n’est en aucun cas une valeur libérale : c’est un regard vers le passé, un sophisme qui tente d’expliquer de façon rationnelle trois éléments complétement subjectifs tournés vers le futur : le potentiel de création de valeur, le risque et la valorisation.

    Le capitalisme repose entièrement sur l’Etat qui est indispensable pour protéger par la loi, la force et la justice ce sophisme rationaliste qu’est la propriété légale.

    L’Etat, sous l’égide du capitalisme devient un monstre obscur, dès lors qu’il devient un acteur économique, acteur très particulier, qui s’est octroyé toute une série de privilèges, privilèges qu’il a d’ailleurs redistribués aux acteurs économiques pour créer ce que l’on appelle le capitalisme de connivence, qui n’est rien d’autre qu’un socialisme : une utopie basée sur le droit et non sur la liberté et la responsabilité.

    Le libéralisme consiste à faire le lien entre les gens, en les mettant d’accord, par la raison et non par la force.

    Le rôle de l’Etat dans le libéralisme est d’aider les gens à parler le même langage, à mettre en place des unités de mesure et de référence qui aident à bâtir le futur. La monnaie est un de ces éléments, l’Encyclopédie en est un autre, les unités de mesures ont sont d’autres … ces choses sont neutres, absolument vierges de toute morale, comme la nature est vierge de toute morale : la morale vient de l’Humain, pas du système politique.

    Alors oui, vous avez raison : le capitalisme est comme tout socialisme : moral et moralisateur

    • Le terme de « capitalisme » est une fausse construction de Marx,avec le isme évoquant le parti politique qu’il ne peut être,et comme une suite au mot « capitaliste » désignant les gens qui ont un peu d’argent de côté ! Toute propriété est un capital,si elle est échangeable.
      En fait,en tant qu’ensemble,et tel qu’analysé par Marx, le mot ne peut désigner rien d’autre que le marché,l’économie en général.Capitalisme = Economie !
      Ce qui tendait donc à faire croire qu’il existait ou pouvait exister une autre forme d’économie qu’on allait présenter…Alors qu’il n’en existe aucune autre.
      Du point de vue purement technique,c’est l’échange,Depuis toujours. Ni moral,ni immoral,il est un fait naturel. La manière de l’exercer a pu,elle,être plus ou moins paisible ou violente.Sa première forme fut le vol,(la propriété de Proudhon !)puis la violence,puis quand la civilisation commença,plus au moins autoritaire,en se perfectionnant peu à peu,chaque étape s’opposant à la suivante.
      La dernière mouture est le capitalisme libéral.Le plus civilisé de tous les précédents.Et donc,effectivement le plus moral en sa méthode d’échange.
      Sa qualité morale réside dans le fait et la pratique d’une liberté qui implique la responsabilité,puisque jugée,(dans la réussite ou l’échec,comme su point de vue judiciaire) a posteriori.
      L’a priori étant la caractéristique de tous les systèmes non libéraux.
      Le capitalisme libéral,dernière phase de l’histoire économique,étant donc,non en tant que capitalisme en soi,échange,mais en tant que libéral,la conception et la pratique les plus morales,inséparable de la civilisation.
      J’en suis d’accord,et je trouve la formule excellente !On met toujours l’accent sur l’efficacité du libéralisme économique, en passant trop vite sur la moralité,au sens moderne et civilisé,de son principe !

      • Marx à la suite de Smith à théorisé l’économie d’une façon morale : le capital permet le profit (profit, profiter) – c’est une façon très narcissique de considérer l’échange : il y a forcement un gagnant et un perdant dans la notion de profit.

        Toute cette philosophie vient d’une stipulation : l’homme est mauvais et comme vous le soulignez : la propriété c’est le vol : le droit naturel de propriété est une infamie morale qu’il faut détruire.

        Le libéralisme est à l’opposé complet de cela : l’échange est gagnant-gagnant et l’ordre naturel n’est ni bon ni mauvais, mais nécessaire à l’épanouissement de l’Homme.

        Il en va de l’échange comme pour le reste, cette phrase de Locke reste extraordinairement explicite : « On peut employer tant d’avis et de raison que l’on voudra, pour contribuer au salut de son frère ; mais on doit s’interdire toute violence et toute contrainte : rien ne doit se faire ici par autorité »

        Il en est de même pour l’économie : rien ne doit se faire par autorité, y compris par autorité morale.

        Comme vous le dites : les constructivismes jugent à priori et constatent a posteriori, alors que les libéraux jugent à posteriori et évaluent à priori.

        Tout constructiviste, tout narcissique est en permanence persuadé qu’on le juge …

  • « Nous recherchons avant tout la liberté de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui avec ce que nous possédons. Le reste suit. »

    Non, justement, le reste ne suit pas. Donc la jolie thèse s’effondre d’elle-même.

    • Si ! l’économie suit le principe de la liberté,le plus favorable à la production pour le bien de la société !

  • « Nous recherchons avant tout la liberté de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ».
    Et qui décide de la frontière entre mes intérêts et ceux d’autrui?
    La force, ou plutôt la violence, fût-elle juridique (et, aujourd’hui, judiciaire).

    • Ben ! Autrui,évidemment !
      Qui compare ses besoins et les propositions qu’il reçoit !
      La liberté de chacun s’arrêtant où commence celle des autres.

  • « …si un individu crée de la richesse par son seul esprit et par des contrats librement consentis avec autrui… »
    Toute la question est dans le « librement consenti ».
    Il faut n’avoir jamais été salarié pour croire qu’un contrat de travail est « librement consenti ».

    • Evidemment qu’il est libre !
      Quand vous achetez un produit,vous êtes libre !

      • « Quand vous achetez un produit,vous êtes libre ! »

        Si l’individu était réellement libre d’acheter un produit, le système libéral n’aurait nullement besoin de reposer, ni sur la publicité, qui suscite le désir d’acheter le produit, ni sur les organismes de crédit, qui permettent de se le procurer, ni sur l’obsolescence programmée qui obligent à renouveler l’achat.

        • N’aurait besoin, n’aurait besoin …
          1 la pub sert d’abord à renseigner. Evidemment que si on ignore un produit,on en aura pas le désir.Et à montrer.Si les femmes ne se montraient pas, on ne saurait même pas qu’elles existent!

          2 les organismes de crédit ne font donc que permettre d’un désir,donc d’une décision
          3 l’obsolescence programmée a pour but de produire à meilleur marché,ce que la majorité préfère,pour permettre au plus grand nombre d’acheter.(et éventuellement de faire place au progrès technique qui est la marotte générale ).

          La pub qui suscite le désir …MDR Vous n’êtes pas capable de retenir un désir ?
          Quitte à emprunter et à vous endetter pour le satisfaire ?
          Entre la pub qui suscite le désir et l’obsolescence programmée qui vous permet d’acheter,il faudrait savoir.

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