L’académie de Créteil va-t-elle brader le concours de professeur des écoles ?

L’Éducation Nationale est-elle en train d’officialiser un recrutement au rabais des professeurs pour l’Académie de Créteil ?

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Une salle de classe dans une école (Crédits : Conseil Général du Val-de-Marne, licence CC-BY-NC-ND 2.0), via Flickr.

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L’académie de Créteil va-t-elle brader le concours de professeur des écoles ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 1 mars 2015
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Un article de la Fondation pour l’école

Classe école Credit Conseil Général du Val-de-Marne (Creative Commons)
Classe école Credit Conseil Général du Val-de-Marne (Creative Commons)

 

Le 19 novembre dernier, Najat Vallaud-Belkacem, annonçait son plan triennal de neuf mesures pour les écoles de Seine-Saint-Denis. La quatrième mesure prévoyait l’ouverture d’un concours supplémentaire pour l’académie de Créteil.

L’arrêté du 6 janvier 2015 autorise donc au titre de l’année 2015 l’ouverture d’une session supplémentaire du concours externe de recrutement de professeur des écoles stagiaire pour l’académie de Créteil. Le nombre de postes offerts est fixé à 500.

Voici la justification qu’en donne le ministère sur son site :

« Malgré l’augmentation du nombre de candidats au concours externe, de nombreux postes sont encore occupés par des contractuels dans l’académie de Créteil. Or, constat a été fait les années précédentes que des candidats de grande qualité n’avaient pas été recrutés dans des académies très sélectives (Bordeaux, Toulouse par exemple) et que ces candidats auraient pu souhaiter concourir une deuxième fois dans une autre académie.

C’est pourquoi, possibilité va leur être offerte de participer à un concours exceptionnel pour l’académie de Créteil. Ce concours aura les mêmes exigences que le concours habituel (mêmes épreuves écrites et orales). Les épreuves écrites d’admissibilité auront lieu les 19 et 20 mai dans différents centres sur le territoire national (écrits délocalisés) et les épreuves orales d’admission du 3 au 10 juillet. Les inscriptions à ce concours supplémentaire s’effectueront du mardi 3 février 2015 à partir de 12 heures au mardi 3 mars 2015 à 17 heures par Internet. Les épreuves d’admissibilité auront lieu le 19 et le 20 mai 2015. Les épreuves d’admission auront lieu à partir du 3 juillet 2015. L’arrêté précisant l’ensemble des conditions du concours est disponible ici. »

Qu’est-ce que cela signifie ?

L’Académie de Créteil avait défrayé la chronique en recrutant des professeurs sans concours via l’ANPE. Manquant toujours de professeurs, elle décide à présent de les recruter par concours. Mais comme elle sait qu’elle n’y parviendra pas davantage que l’an dernier dans le cadre du concours normal (de nombreuses places étaient restées vacantes alors que la moyenne d’admission était descendue au-dessous de 5/20), cette académie va ouvrir un deuxième concours pour recruter parmi tous ceux qui ont échoué au concours dans le reste de la France. Ces professeurs recrutés auront à l’évidence un niveau inférieur à ceux recrutés par le concours normal en place pour la France entière. Ainsi cette politique officialise un recrutement au rabais des professeurs de l’Académie de Créteil. Pourtant, ces professeurs auront le même statut que les autres professeurs, ceux qui ont été recrutés par le concours plus sélectif. Au fil des mutations, ils iront ainsi faire baisser le niveau de l’ensemble de la fonction publique enseignante à l’échelle française. C’est la valeur du concours en général qui sera discréditée, sans compter celle de la fonction publique d’enseignement. Était-ce le but recherché ?

Il serait temps de se demander pourquoi on ne trouve plus assez de bons candidats qui souhaitent devenir professeurs des écoles à l’Éducation nationale ? Seule une réponse honnête à cette question permettra de mettre en place une réponse pertinente et responsable.


Sur le web.

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  • Le concours de professeur des écoles est académique, à la différence du CAPES, par exemple, qui est national.
    Les affectations qui suivent sont donc régionales et il n’y a pas de mutations nationales pour cette catégorie, donc le risque de contagion est très faible, en revanche celui de concentration est très élevé !
    Maintenant rêver qu’ un candidat toulousain ira se faire recruter à Créteil, il n’y a que NVB pour faire semblant d’y croire.
    Enfin trois questions :
    – Pourquoi le niveau est-il partout meilleur que dans cette académie ?
    – Qui ce faible niveau finira t-il par favoriser dans cette académie et quelles en seront les conséquences ?
    – Sachant que Paris est plus proche de Créteil que Bordeaux et que son concours très séléctif fait beaucoup de recalés, pourquoi ceux-là ne se ruent-ils pas dans cette zone déficitaire ?

    • Il y a bien des mutations pour les enseignants du premier degré. Faut arrêter de raconter n’importe quoi.

  • Je me pose la même question que Monge: toulouse–Créteil??
    Pour répondre à vos 3 questions: academie avec des conditions d’enseignement tres difficiles, une pression de la société énorme, une mauvaise image de cette academie et une fois que vous y êtes, dur dur d’en sortir pour une autre académie. Ça fait bcp au total. Maintenant vu qu’en primaire on diminue le temps avec les instits on peut se demander qui les garde ensuite ou sur le tps de midi? Disons que j’imagine dans 10 ans, une homogénéité entre ces différents tps, histoire de ne pas perturber les enfants.

  • c’est tout a fait normal de faire ce choix , le salaire actuel des profs correspond a la qualification d’une femme de ménage alors , embauchons des femmes de ménage ou bien virons tous les inutiles de l’EN et augmentons les salaires .

    • Bonjour Monsieur . Je pense que vous exagérez ! les profs sont des fonctionnaires de catégorie A ( les mieux payés ). Ils terminent leur carrière à prés de 3000 euros par mois avec les primes ( voir leur grille indiciaire consultable sur le site de la fonction publique . Je voudrais bien savoir quelle femme de ménage gagne cette somme !!! elles sont rémunérées au smic ,1140 euros net par mois !

      • Ma femme professeur certifie pendant 36 bans ayant eu une lauréate au concours général dont les élèves avait de magnifiques notes au bac est loin du compte :
        PRIORITÉ AUX SYNDIQUÉS, CE QU’ELLE A TOUJOURS REFUSÉ l
        Les syndicats n’ont aucune compétence pour juger leurs collègues, vu que ce sont les moins aptes à enseigner
        Le Che d’établissement, les résultats dans là matière. La ponctualité, la présence….. Au regard du calcul combien ai–je de jours de congés de séminaires Bourdieuesques.

      • 3000€/mois en fin de carrière c’est loin d’être élevé pour des catégories A… Un catégorie A « autre » commence généralement à plus de 2000€ net en début de carrière, voir bien plus que 2000.

        Les profs sont mal payés, c’est un fait, personne n’a envie de faire un boulot mal payé, mal considéré, et en plus dans un environnement pourri. Donc l’Académie de Créteil n’arrive pas à recruter.

        • J’ajoute que je connais quelques professeurs, tous arrondissent les fins de mois via Acadomia, des voyages linguistiques privés, ou d’autres moyens. Cumuler deux boulots est rarement l’apanage des grands bourgeois !

        • Bonjour ! je ne suis pas d’accord avec vous ! en général les profs se marient dans le même milieu social , et souvent madame est prof aussi ( Madame est rarement femme au foyer ! ) ! Cela fait donc 6000 euros par mois par foyer fiscal ! En plus vous dites qu’ils arrondissent encore leurs fins de mois par diverses prestations privées , ils n’en ont donc jamais assez ? Je suis désolé , mais si avec plus de 6000 euros par mois ils n’y arrivent pas , ils n’y arriveront jamais ! vous vous rendez compte ? 72000 euros par an par foyer ! moi je trouve que les profs ne sont vraiment pas à plaindre !
          Cumuler 2 boulots pour un couple de profs ( pas de smicards qui eux sont obligés pour survivre ) démontre simplement qu’ils n’en ont jamais assez et une tendance à la cupidité ! Mais enfin , vous vous rendez compte du pouvoir d »achat d’un couple qui gagne 6000 euros ou êtes-vous déconnecté de la réalité de millions de français ?

          • Ben non, individuellement 3000 € primes comprises quand on est catégorie A, c’est moins que la plupart des cadres de la fonction publique. Qui eux aussi se marient entre eux… Et 3000, c’est les quelques années de fin de carrière. Quand les autres atteignent se niveau quand ils sont dans leur trentaine. Et comparés à nos voisins les profs sont effectivement peu payés.

            Les profs sont mal payés, c’est un fait que personne ne conteste.

            • Ah si il y a des gens qui le conteste. A tort ou à raison, personne ne peut le dire, le marché est totalement vérolé puisque l’état fixe le prix et les quantités demandé, après quoi la qualité s’ajuste plus ou moins bien.
              En pratique il y a des profs qui se barrent à la première occasion, et d’autre qu’il faudrait payé bien cher pour qu’ils l’envisagent tellement ils sont à l’aise dans le système. Et toutes les variations entre les deux.

          • Un prof des écoles ne gagne pas 3000 euros en fin de carrière… Il convient d’en retrancher 500! Enfin bon, nous ne sommes pas à un cliché près. Nous n’arriverons jamais à vous convaincre. J’en connais des propres à rien mais ce n’est pas mon cas. Lorsque je lis vos aimables commentaires, j’ai envie de m’inspirer de votre « fonctionnaire modèle ». Je serai moins fatiguée et je profiterai mieux de mon temps. Je ne passerai plus une grande partie de mes vacances à préparer ma classe. Même après de longues années, on continue à changer nos déroulement de classe. Parce qu’apprendre la même poésie, lire les mêmes livres, utiliser le même manuel de mathématiques ou d’histoire : c’est ****** à mourir! Sur mes deux semaines de vacances (soit 16 jours), j’ai passé 9 jours à travailler. Vous aurez toujours raison!

          • un ramassis de lieux communs!

            • Je ne parle pas de Léna , qui dit juste, mais plutôt de devillié qui, parle sans savoir. En effet, un ramassis de lieux communs!

    • Tout à fait d’accord, le nivellement par la base a commencé avec le collège unique. Le gâteau a été coupép en part de plus en plus petites.
      Les énarques n’avaient pas besoin de gens très instruits pour faire leur cuisine. Eux-mêmes ne méritaient pas, ces merveilleux instituteurs qui nous avaient si bien enseigné. Ils avaient dans leur équipe de grands magiciens comme Bourdieu et sa clique
      Les instituteurs actuels sont là pour faire du prosélytisme afin de construire le véritable paradis marxiste. Leur salaire de femme de ménage est suffisant

      • Salaire mensuel net minimum Après 30 ans de carrière 2 639 €

        • Une rémunération plutôt correcte, le smic étant à 1130 euros ^^

        • C’est un très bon salaire , surtout avec 4 mois de vacances par an …n’oublions pas non plus que 150000 élèves sortent du système scolaire , annuellement , sans diplomes !!!

          • Très bon salaire et très bonnes vacances, mais visiblement pas suffisant pour attirer des candidats partout…
            Ha, fichue liberté de choisir son travail !!!

        • J’ai 34 ans de métier comme professeur des écoles et je touche net 2413 euros au dernier échelon. Pour gagner plus, il faut passer au hors-classe : peu d’élus sauf chez les délégués syndicaux …

  • « Il serait temps de se demander pourquoi on ne trouve plus assez de bons candidats qui souhaitent devenir professeurs des écoles à l’Éducation nationale ? Seule une réponse honnête à cette question permettra de mettre en place une réponse pertinente et responsable. »
    Et pourquoi donc ?

    • Par manque de reconnaissance. En tout cas pour moi. J’ai été prof (dans le secondaire) un an avant de démissionner.

      Le travail est dur au quotidien, votre hiérarchie est fermée à toute suggestion et défends les élèves plutôt que les profs en cas de conflit « pour éviter de faire des vagues ». Au yeux du reste du monde, vous êtes un privilégié qui a plein de vacances et bosse 3h par jour, ce qui fait qu’au final, vous finissez par ne plus voir que des profs et que vous vous fermez de la société.

      Actuellement, je ne gagne rien, je monte ma boite difficilement (mais hors de France alors ça va), mais j’ai des clients satisfait qui ne tarissent pas d’éloge sur mes produits, un avenir plein de promesses… Je suis heureux.

  • Il y a t il quelqu’un pour informer la ministre et sa haute administration, que depuis longtemps les provinciaux tentaient le concours des académies parisiennes, après plusieurs echecs dans leurs régions!

    Les recalés de province, avec 12 oun12, 5 , se retrouvaient mêmes en tête des résultats et pouvaient mieux choisir leurs atterrissage.

    Mais concours accessible avec un master, donc 23 ans minimum + 2 echecs en province = 25 ans et déjà bcp de persévérance ou déjà plus le choix.
    Et à 25 ans, on est plus aussi libre qu’à 20 ans! Age ideal d’un recrutement à bac +2, en vu dune formation par alternance jusqu’au diplôme admistrativemnt décidé comme pertinent

  • Il serait temps de se demander pourquoi on ne trouve plus assez de bons candidats qui souhaitent devenir professeurs des écoles à l’Éducation nationale ?
    C’est vrai ça, pourquoi???

  • La question qu’on se pose en lisant l’article : qu’aurait-il fallu faire pour combler les postes manquants dans l’académie de Créteil ?

  • Pour qua il recruten pas an paulogne ou aus portugalle come den le battiman.

  • Nationaliser le concours comme pour les professeurs du secondaire et la question sera réglée!

    • Ben voyons! Y’aura encore moins de candidats tout simplement. La plupart des candidats ne veulent pas enseigner dans la banlieue parisienne au meme tarif qu’ailleurs.

    • Peut-être que jouer au bonneteau des postes est la bonne solution… En fait ça me paraît logique, surtout si l’on facilite par la suite le départ des professeurs.

      Pourquoi ne le fait-on pas ? Je ne connais pas suffisamment l’EN pour avancer une réponse, mais si quelqu’un a une explication ça m’intéresserait de l’entendre.

    • Vous connaissez une seule entreprise privée qui a nationalisé son recrutement?

  • « Il serait temps de se demander pourquoi on ne trouve plus de bons candidats »,
    Justement, il est depuis quelques temps interdit de se poser les -vraies- bonnes questions et encore plus de donner les vraies bonnes réponses bien que TOUT LE MONDE LES CONNAISSE.

  • Franchement qui se soucie de la Seine-Saint-Denis ?

    Hum ?

    Bac, notes, gommettes de couleur… le nivellement par le bas est une constante et une nécessité (pour dissimuler des réalités dérangeantes), depuis des décennies.

    Alors, baisser le niveau du recrutement est dès lors une évidence

    Pourquoi s’en offusquer maintenant ?

    Vous avez vu les « élèves » à Bobigny ? Livry-Gargan ? Bondy ?

    Dénoncer aujourd’hui cette situation relève de l’hypocrisie la plus totale.

    Vous avez voulu des ghettos ethniques, où l’on ne parle pas français, où l’on vit sa « propre » culture… eh bien il est normal que les « bons » profs fuient et qu’il n’y ait plus que des « femmes de ménage » pour accepter d’aller « enseigner » dans ces territoires, et que donc le niveau de recrutement doive baisser.

    J’adore les cris de vierge effarouchée… de ceux qui ont mis leurs enfants à l’école Alsacienne, qui ont voté UMPS depuis 30 ans, et qui maintenant font la fine bouche sur une conséquence, répétons-le, parfaitement normale et rationnelle.

    Le niveau de recrutement doit baisser. A baissé. Et continuera de baisser.

  • Les fameux « hussard noirs » dont on nous rabat les oreilles étaient recrutés au niveau certificat d’études primaires, et prenaient leurs fonctions dès18 ans après une courte période en « école normale » qui leur décernaient les brevets d’aptitude nécessaires.
    Aujourd’hui on écrit sans rire que « le niveau de recrutement master est désormais incontournable » et le prof des école aura presque 25 ans quand il entrera en service.

    Ainsi le scandale ce n’est pas que l’Ed nat recrute au rabais, c’est qu’elle FORME au rabais. Le mammouth n’est même foutu de former des élèves au niveau des futurs profs dont il a besoin, et il leur décerne le bac alors qu’il ne les trouve lui-même pas apte à exercer au niveau certificat d’étude primaire !

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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