Après la marche républicaine, des questions en suspens

Après le bel élan collectif auquel nous avons pu assister, voici une série de questions qui font débat.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Marche républicaine 11 janvier 2014 Paris Chalie Hebdo - Credit AcuaLitté (Creative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Après la marche républicaine, des questions en suspens

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 12 janvier 2015
- A +

Je me réjouis de ce bel élan collectif auquel nous avons pu assister ou participer ces derniers jours. Néanmoins, je poserai ici une série de questions, pour lesquelles je ne prétends pas avoir les réponses. Une base de réflexion, en somme.

Par Johan Rivalland

Marche républicaine 11 janvier 2014 Paris Chalie Hebdo - Credit AcuaLitté (Creative Commons)

Les terribles événements auxquels nous avons assisté ces derniers temps ont donné et continuent de donner lieu à toutes sortes de réactions. Les débats s’enchaînent, des prises de conscience naissent, les élans solidaires se manifestent (et certaines réactions hostiles aussi). Personnellement, j’ai été satisfait de certains échanges que j’ai pu avoir avec des personnes de différents milieux, différentes origines, différentes confessions ou non-religions. Lorsqu’on débat dans la sérénité, le calme, ouvert à l’argumentation de l’autre, il peut en ressortir du positif. Il peut aussi y avoir des enseignements à en tirer.

Je n’entrerai pas, ici, dans des considérations politiques, ni dans du moralisme de bas étage, ce n’est pas l’objet. En revanche, je poserai une série de questions ouvertes qui me taraudent (et ne sont pas forcément nouvelles), et ce sans esprit polémique. Ces questions sont des questions certainement partagées par beaucoup d’autres et dont il conviendrait de débattre. Je n’en pose ici que quelques-unes, qui me viennent spontanément à l’esprit. Il y en aurait certainement bien d’autres.

« Nous sommes en guerre »

La première surprise (si c’en est une) est d’entendre (de la part de nos plus hautes instances) que, ça y est, nous sommes en guerre.

Un air de déjà entendu. Il me semblait me souvenir avoir entendu la même chose en 2001. Une prise de conscience avait eu lieu, nous étions un peu endormis, dans notre bulle, ne nous rendant pas compte de la réalité d’ennemis de notre civilisation qui, eux, étaient déjà en guerre contre nous depuis longtemps. Pourquoi, donc, faire mine de redécouvrir ce que l’on savait déjà ?

L’attitude de déni

rené le honzec après la marche charlie hebdoDans la continuité du point précédent, pourquoi avoir, dans les actes terroristes précédents et récents ayant touché notre territoire national à plusieurs reprises, amoindri l’importance ou la signification de ces actes, arguant un peu trop systématiquement de « problèmes psychologiques » de leurs auteurs, d’actes isolés ou je ne sais quoi d’autre (même si ce pouvait parfois être en partie le cas) ?

Rappelons que le gouvernement Aznar, en Espagne, avait été renversé au cours des élections qui avaient immédiatement suivi les attentats de Madrid du 11 mars 2004, pour avoir menti, sans doute par calcul politique à la veille des élections, sur les véritables commanditaires.

Même si le cas est quelque peu différent et que l’on peut imaginer les raisons pour lesquelles on a eu cette attitude officielle de déni, n’était-on pas là aussi dans une certaine forme de mensonge ?

Et pendant ce temps-là dans le reste du monde ?

Je comprends que nous soyons tous en émoi devant quelque chose qui nous touche au plus près et au cœur de notre société. C’est humain. Mais quid du reste de l’actualité ? Pourquoi ne sait-on plus ce qui se passe ailleurs ? Pourquoi ne consacre-t-on plus, même ne serait-ce que cinq minutes, durant ces quelques jours qui suivent ces événements, à un résumé de ce qui se passe ailleurs dans le monde ?

Il se trouve qu’une fillette de dix ans (!!), au Nigeria, s’est vue poser une ceinture d’explosifs autour de la taille, dont le détonateur a été actionné, faisant 19 morts sur un marché. N’est-ce pas au moins aussi choquant ? Est-ce si banal et anecdotique (et surtout loin de chez nous) pour qu’on n’évoque même pas cette monstruosité, digne de figurer dans toute bonne argumentation face à ceux qui se disent du côté des terroristes ici et susceptibles de basculer dans le camp des fanatiques ?

Une liberté d’expression à géométrie variable

Parmi les débats urgents (et perpétuels sur le présent site, qui peut s’en honorer), celui de la définition de la liberté d’expression. On entre ici dans un débat particulièrement délicat et difficile. Trop souvent, on a le sentiment que cette liberté est à géométrie variable. Et il faut prendre garde à ce que l’on peut dire. Le manque de clarté ou de cohérence sur le sujet peut mettre à mal la cohésion que l’on recherche au sein de la société.

Si je reprends certaines idées que j’ai pu entendre ces temps-ci (et il faut veiller à être cohérent là-dessus si on entend vivre en bonne harmonie), certains vont faire le parallèle entre la mise en cause de la liberté d’expression du journaliste-polémiste Éric Zemmour (qu’on approuve ou désapprouve ses idées, là n’est pas la question) et celle des personnalités de Charlie Hebdo ou d’autres (souvent de gauche ou d’extrême gauche, mais aussi de droite, considérées comme faisant partie des « bien-pensants »). De la même manière, j’ai bien entendu que, en d’autres lieux, certains posent la question, de même, de la liberté d’expression d’un Dieudonné (là encore, quoi que l’on puisse en penser personnellement), mise en parallèle avec des journaux comme celui dont il est question.

Sans donner raison ni aux uns ni aux autres, prenons simplement garde à être bien cohérents dans la définition de la liberté d’expression. Où commence-t-elle, où s’arrête-telle ? Gardons-nous de toute impression dangereuse qui peut être donnée d’une liberté d’expression qui serait à géométrie variable. C’est par là même que l’on risque de diviser, de susciter l’incompréhension, la cacophonie, l’hostilité.

L’appel à l’unité nationale

J’étais ravi d’entendre les appels, dès les premières heures des événements, à l’unité nationale. Je n’en attendais d’ailleurs pas moins. Et tout semblait bien se passer, jusqu’à ce que certains esprits croient bon de commencer à établir des exceptions. Encore une fois, quoi que l’on pense de tel ou tel parti politique ou de telle personnalité, était-ce le moment de mettre à mal cette cohésion (devenue même internationale) en excluant des personnes ou des groupes ? N’était-ce pas tout simplement ridicule et inopportun en un tel moment ?

Gageons que certains sauront s’en souvenir et s’emparer de l’occasion pour retomber, très bientôt, dans l’utilisation politicienne, là où il aurait convenu de cesser de parler de politique et prendre un peu de hauteur.

Gare aussi au soufflet qui retombe et à « l’enthousiasme éphémère ». Souhaitons que l’idée de cohésion nationale (et internationale) demeure, que l’on ne retombe pas trop vite dans nos travers quotidiens.

La question des prisons

Pour finir, et ne pas multiplier les débats (car, je le répète, il y en aurait certainement bien d’autres), quid de la question des prisons ? On en parle depuis si longtemps… Mais qu’est-ce qui est fait, concrètement, pour essayer d’endiguer ce phénomène d’enrôlement, de fanatisation dont on sait qu’il se produit chaque jour dans nos prisons, où l’endoctrinement est pratiqué de manière évidente ?

Tente-t-on, à défaut de pouvoir construire suffisamment rapidement de nouvelles prisons ou de trouver d’autres solutions, quelles qu’elles soient (et là encore, quoi qu’on en pense), de réorganiser, à moyens constants, immédiatement, ces prisons de manière à tenter d’endiguer ou tout au moins réduire ce fléau ? Il est, certes, bien plus facile de poser la question que d’y répondre. Mais j’aimerais savoir ce qui est fait, où en sont les réflexions et les solutions envisagées sur le sujet (pas théoriquement, pas dans le cadre de projets de plus grande ampleur et qui ne verront pas forcément le jour, mais concrètement, plus immédiatement) ? Le savez-vous ? Moi pas.

Pour conclure

La liberté d’expression, telle qu’on la conçoit ou l’observe en pratique, peut parfois attiser les haines. À chacun, il me semble, de faire appel au bon sens pour rester dans la juste mesure (qui n’est, certes, pas facile à délimiter), ne pas blesser, ne pas susciter de réactions d’incompréhension et d’injustice, de déséquilibre (et de ne jamais répondre par la violence).

Nous avons la chance de vivre dans l’un des endroits du monde où la liberté d’expression, fragile par nature, demeure l’un des fondements de notre société. Il faut continuer coûte que coûte à la défendre. À observer beaucoup d’autres lieux, ce n’est pas toujours la chose la mieux partagée. Et, ici-même, les limites de la liberté (pas seulement d’expression) ne sont pas toujours très claires.

C’est un sujet difficile. Mais il m’apparait que cette forme de liberté ne pourra être d’autant mieux défendue que si l’on cherche à favoriser au maximum la connaissance, la réflexion, le développement du libre-arbitre. Face à cela, l’exaltation, très souvent fondée sur la propagande, la manipulation, l’endoctrinement et… l’ignorance. L’éducation joue un grand rôle, on ne le répétera jamais assez. Il faut éviter l’enfermement, le repli sur soi, le communautarisme, et favoriser l’échange, l’écoute, le débat, la réflexion.

Trop souvent on a le sentiment de l’évidence, de ce qui va de soi. Ce qui conduit trop souvent au malentendu, à l’incompréhension, aux amalgames, à la haine. L’explication, la répétition, la connaissance, la confrontation des idées, l’écoute, la patience, le non-rejet, voilà les éléments de base sur lesquels on doit s’appuyer si l’on entend éviter que ne se développent les extrémismes ou fanatismes quels qu’ils soient. Encore des mots qui peuvent sembler creux… et pourtant. Il faut des mots, mais aussi des actes. À chacun d’en être conscient et d’y participer.

Voir les commentaires (19)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (19)
  • Très bel article (attention au « soufflé » plutôt que « soufflet »). on parle beaucoup de la lerté d’expression, mais il serait intéressant qu’un vrai débat s’ouvre sur la liberté en général : les politiciens la sapent à longueur d’année, de manière certes moins spectaculaire, mais ils la sapent quand même. On a vite oublié qu’en début de semaine, Macron a encouragé les jeunes à devenir milliardaires et cela a suscité un tollé à gauche, et beaucoup de circonspection à droite. Si les Kouachi et autres Coulibaly avaient eu d’autres opportunités offertes par notre société, peut-être auraient-ils été patrons plutôt qu’assassins.

  • Tout d’abord vous parlez de pays en guerre et de terrorisme… en effet pour moi vous n’utilisez pas la bonne sémantique, et vous le faites comme le font nos chers politiques et journalistes.
    Si 17 morts et 3 Kalashnikofs font une guerre dans un pays de 60 MIllions de personnes, alors comment appeler ce qui se passe en Syrie, Afganistan, Palestine,… Quand un jeune collégien américain tue 100 de ses camarades d’écoles, on ne le catalogue pas de « terroriste » et ne sont pas en guerre,… il est juste fou. (je n’irais pas plus loin sur le mot terrorisme, le précédent article ou s’exprime Alain Madelin le fait mieux que moi)

    Globalement d’accord sur le reste, sauf sur l’ambiance de votre texte, ou il serait « normal » de dire « jesuischarlie » (je n’ai jamais vu autant de schizophrène en France, je trouve cela plus grave que 3,5 millions de personnes ne se souviennent plus de leur prénom) et normal de manifester. Excusez moi, mais je n’ai pas attendu Charlie Hebdo pour découvrir que la liberté et la liberté d’expression était bafouée chaque jour, mon combat est vieux et donc je n’ai pas plus a sortir aujourd’hui qu’hier (ou personne n’était la pour le faire). Et c’est justement le fond du problème, c’est parceque les gens ne sont pas sortis avant pour s’exprimer contre les censures diverses et variés que la situation est telle aujourd’hui. C’est parcequ’il y a un 2 poids 2 mesures en France sur la liberté que des mecs endoctrinés ont assasinés, c’est parceque la liberté d’expression n’est pas praticable, que peu de journaux osent blaguer sur 2 religions et maintenant sur une orientation sexuel, particulièrement et donc que le peu qui le font sont montrés du doigts,… Tuer 3 dessinateurs ne pouvait arriver qu’en France, le seul pays qui n’ose plus, qui ne dit plus rien sans avoir peur de se faire tuer, ou plus important finalement sans avoir peur qu’un ministre puisse activer un verrou qui contestera 16 juges indépendants juste pour parfaire son image et passer en perte et fracas toutes les libertés (Valls/Dieudonné). C’est parceque les 3,5 millions présumés de manifestants n’ont pas manifester contre le fait de mettre un type en prison, qui avait l’INTENTION de se rendre en Syrie, pendant 3 ans ou il a été endoctriné et donc qui s’est dit que puisqu’il ne pouvait pas aller défendre ses valeurs en Syrie, il le ferait en France… bref ce sont tous ces combats passés qui l’aurait fallu mener, qui n’ont jamais été mené qui conduise a notre situation. Donc non « jenesuispasCharlie » et je suis pas fan des manifestations à la mode, j’ai des valeurs, et faire mumuse le week-end à gambader avec des inconnus n’est pas une de mes plus grande passion.

    • Cher(e) monsieur ou madame,

      D’un point de vue purement factuel, vous noterez que je ne me suis pas prononcé sur la dénomination « Je suis Charlie », ni sur ce que je peux penser de ce journal.
      Comme vous, je n’ai pas non plus attendu ces jours-ci pour découvrir certaines choses concernant la question de la liberté et j’ai eu, ne serait-ce que sur site, différentes occasions d’en discuter.
      Pour ce qui est de la dénomination « guerre », je ne parle pas spécifiquement de la France.
      Pour le reste, si mon article se veut mesuré, c’est à dessein. C’est un choix personnel auquel on peut, ou pas, adhérer.
      Cela dit, merci pour votre réaction et l’intérêt que vous avez pu manifester pour ce petit texte spontané.
      Cordialement.

  • Charlie hebdo combattait. Il combattait l’obscurantisme. Les gens d’en face le savent, c’est pourquoi ils ont téléguidés leurs terroristes.

    Sortir de la mesure, se permettre absolument tout en matière d’expression est nécessaire pour montrer la bêtise de certains.

    • Oula déjà il va falloir revoir vos classiques et vos définitions.
      Charlie Hebdo était le journal qui a viré injustement Siné pour le censurer, et voulait interdire le FN… donc pratiquer l’obscurantisme par définition, vu qu’il voulait restreindre l’expression de certains.
      L’obscurentisme c’est par exemple la loi gayssot qui rend impossible la révision de l’histoire, c’est en effet certains fanatiques qui ne veulent pas que les jeunes filles ne puissent acceder à l’école,… mais certainement pas les combats de CHarlie Hebdo qui était basé sur la mode du buzz tendance, et un peu de provocation rien de plus, ils voulaient censurer c’est tout, c’était leur seul combat.
      Charlie Hebdo était lu par 3 clampins, clairement ils combattaient rien du tout, ils n’avaient pas de lecteurs. Ils ont été pris pour cible uniquement car a un moment de l’histoire, en surfant sur les modes et les buzz, sont tombés sur un buzz enrichissant pour eux, et donc par conséquent ont continuer, rien de plus, ils n’avaient plus de combats depuis bien longtemps, je dirais approximativement depuis qu’ils s’appelaient Charlie Hebdo et plus Hara kiri…

      Après oui il y a besoin d’une liberté d’expression absolu, mais faire de Charlie Hebdo le symbole c’est juste une blague, ca serait comme nommer Valls ministre de la liberté ou Dieudonné ami des juifs…

  • Ne soyons pas dupe, ce « je suis charlie » est un nouveau « touche pas à mon pote » pour permettre au politiquement correct de reprendre du poil de la bête et étouffer la réalité de la guerre civile.
    http://www.mauvaisenouvelle.fr/?article=monde-charlie-entre-dans-la-guerre-civile-mondiale–497

    • Tout à fait.
      Dans le 06 c’est le Front de Gauche (via « Ensemble! ») qui était à la manœuvre et imprimait les fameux papiers « JeSuisCharlie ».

      En sus, on pouvait lire la prose des cocos (subventions à la presse, anti-loi-Macron, vivre-ensemble, blabla…)

    • Tout à fait d’accord. J’ai fait référence à Revel, ici-même et ailleurs, en parlant de la « Grande Parade » des faux-culs. Ceux qui ont lu l’ouvrage, parfaitement d’actualité, auront très probabement fait le même rapprochement.

  • La différence est que l’un des frères a bien été condamné à moins de 2ans, et qu’il est sorti à pied du tribunal, avec obligation de pointer au commissariat ; la loi en vigueur ne prévoyant pas de prison pour des condamnations de moins de 2 ans.
    Qui sont donc ces associations, dont les membres ont défilé pendant les évènements, sur tous les medias, pour nous expliquer, qu’il avait était influencé durant son incarcération, suite à sa condamnation ?? Et que la prison, n’est pas la solution..Bla, bla, bla…bla, bla, Bla…
    Alors que ce Monsieur est reparti à pied du tribunal…

    • Et le tueur de Vincennes était sorti de prison en décembre 2014, après un an d’incarcération pour une peine qui était de cinq ans!
      On comprend pourquoi la Garde des « Sots » pouvait, pendant la manif, arborer un très large sourire avec ses copains qui avaient réussi un coup magistral d’enfumage de l’opinion publique.

  • Merci pour votre article et votre réflexion mais il me semble qu’il y a aussi une question très importante que la France et les français doivent poser et tenter d’y répondre. C’est autour de la mutation qu’a subie la société française. Il me semble crucial de prendre conscience que 10% de la population française est de confession musulmane dont certaines valeurs heurtent certaines valeurs de la république (la liberté d’expression notamment). Le but ultime étant de coexister ensemble autour de la fraternité, la liberté et l’égalité, il serait nécessaire d’ajuster les libertés pour ne pas heurter telle ou telle partie de la société. Faire imposer à tout le monde un paquet tout fait de valeurs conduit à la marginalisation de certains et crée des sociétés conflictuelles au sein d’une même société. C’est les détails banals de tous les jours qui radicalisent certains et on a beau tué 3 terroristes, 10 naitront en voyant les tirs contre les mosquées passer inaperçus, Dieudonné censuré ou encore les drapeaux d’Israël (symbole de crimes contre l’humanité) danser au cœur d’une manifestation pour les valeurs de la France républicaine et humaine.

    • Comme 10% de la population française est de confession musulmane, il faudrait « ajuster les libertés » . Vaste programme ! et intéressant aveu, très révélateur d’une conception à géométrie variable de la liberté.
      Mais Madame, la liberté ne s’ajuste pas plus qu’elle ne se divise ; on est libre où on ne l’est pas.
      Ajuster, dans ce domaine, et par définition, c’est supprimer.
      Quand ça commence, comme en 1936 en Allemagne, on ne sait jamais où ça s’arrête. Si par malheur les politiques suivaient votre suggestion, vous en souffririez bien vite autant que nous tous.
      Si vous n’aimez pas Charlie, ne l’achetez pas.
      Si la France d’aujourd’hui c’est trop de libertés pour vous, n’exercez pas les libertés qui vous déplaisent, mais ne demandez pas qu’on les enlève aux autres.
      Il leur a fallu des générations pour les conquérir (et depuis elles se restreignent déjà comme une peau de chagrin !), ce n’est pas pour se les voir enlever aujourd’hui sous les exigences d’une minorité.

      • ¨Si vous n’aimez pas Charlie, ne l’achetez pas.¨ J’espère que vous ne le pensez pas vraiment sinon c’est une manière bien superficielle de traiter les problèmes. Malheureusement je ne suis pas les six millions de musulmans français ( je ne suis même pas l’une d’eux, ni musulmane ni française ) je ne pourrais rien résoudre donc en boycottant Charlie. Ce qui a démarré en 1936 bien avant la persécution et la suppression des libertés c’est la stigmatisation des uns et la division de la société et ça me semble bien en voie maintenant. Ce que je voulais dire par ajuster, c’est respecter les uns et les autres, le but ultime de toute valeur ou vertu étant d’assurer la bonne coexistence de tous. Si ça ne résumait qu’à moi, je suis pour toutes les libertés de façon absolue et indivisible car c’est ce qui assure l’évolution de la personne, de la société et de l’humanité entière et l’histoire de la mort de Galilée en disant ce qui heurtait les croyances de l’époque a toujours eu son empreinte en moi. Malheureusement encore ça ne tient pas qu’à moi ni à vous d’ailleurs. Il se démontre que les valeurs conservatrices (étroites) de l’Islam sont en position de vaincre les valeurs de la liberté et de la république ( les terroristes sont français, nés en France, allés aux écoles françaises). Et c’est ce qui m’a amenée à me poser la question de la mutation de la société vu son échec assuré à contenir et à façonner ses enfants autour de ses valeurs les plus chères.
        D’autre part, j’aimerais attirer votre attention sur l’existence de lois punissant tout propos ou acte antisémite et la censure de Dieudonné notamment pour vous ce n’est pas de la liberté d’expression ajustée? Soyez au moins cohérent dans vos propos et dissociez ce qui est de vos croyances des vérités générales balancées. Si vous avez un semblant de regret pour les crimes contre les juifs, la leçon à tirer est généralisable à toute secte ou appartenance.
        Finalement, pour commenter cette phrase que vous m’avez adressée : ¨Si la France d’aujourd’hui c’est trop de libertés pour vous, n’exercez pas les libertés qui vous déplaisent, mais ne demandez pas qu’on les enlève aux autres.¨ Il n’y a jamais trop de liberté pour un esprit honnête et avant de parler liberté, il faudrait voir tout le monde du même œil sinon c’est un discours hypocrite qu’on mène.
        J’aurais aimé que vous dissociez mon commentaire de ma personne, car il m’a semblé que c’était un débat d’idées. Et s’obstiner à nier des faits écrits par le sang d’innocents journalistes, policiers et citoyens n’aidera guère la cause de la liberté et de la France qui a était toujours grande à mes yeux et aux yeux du monde entier.

        • Rien que sur le début : Eh bien non, ce n’est pas une manière superficielle de traiter le problème ; c’est même l’essentiel du débat : si on n’aime pas la manifestation d’une opinion, on n’a que le droit de s’en détourner, pas celui de la réglementer par tel ou tel « ajustement », dont vous savez aussi bien que moi que cela voudrait dire : loi restrictive.
          Et pour le reste, merci de dire qu’il n’y a jamais trop de liberté. Donc de renoncer finalement à  » l’ajuster »…
          Merci de bien vouloir me relire, aussi : je ne l’ai écrit que dans une parenthèse rapide, mais je suis le premier à dire que la liberté a déjà été rognée par des lois. J’y inclus, puisque vous semblez souhaiter les points sur les « i » à ce sujet, la panoplie disons « anti-Dieudonné » (mais elle existait avant lui), contre-productive pour ceux qu’elle prétend protéger. N’y ajoutons pas des lois de même nature au nom de la sensibilité de tel ou tel groupe. Tout le monde en pâtira.

          • Enlevons donc ces lois et que tout le monde sache une bonne fois pour toute que la France est le pays de la liberté d’expression dans ses états les plus absolus (car je comprends que vous pensez, comme moi d’ailleurs, qu’il n’y a pas de liberté autre que l’absolue) et que l’état français arrête de privilégier telle ou telle communauté par des hommages, des mesures de sécurité, des lois, des médias et des reportages tragiques sur les menaces des juifs de partir en Israël. Si on adhère à une liberté absolue, il faut qu’on soit honnête et cohérent. Si on ne l’est pas et ce qui est le cas, soit on le devient soit on continue sur le chemin de l’ajustement. A part ça, on parle pour ne rien dire et on donne 36000 raisons à des jeunes défavorisés et bornés de se radicaliser. Et si on le comprend pas en tournant cette page, une autre s’écrira tôt ou tard.

  • Pourquoi punir juste l’apologie du terrorisme ? Pourquoi ne pas AUSSI punir l’apologie des autres crimes graves du Code Pénal, à savoir meurtre / viol / acte de barbarie ?
    > Pourquoi, donc, ne pas punir l’apologie de toutes les autres infractions ? Quelle est la différence ? La gravité de l’infraction ? Qui l’apprécie ? C’est à partir du moment où quelqu’un meurt ? Au moins le mort est plus là pour entendre ça. Pour prendre l’exemple de Charb il avait l’air bien résigné face à la mort, par exemple… Comme j’ai dit à une américaine : J’le vois bien faire une blague de sa propre mort. Une blague qui pourrait même sous un certain angle être considérés comme une apologie « humoristique » de la même façon qu’ils ont fait des blagues sur les missiles balancés sur les talibans et tout.
    >> Pourquoi est-ce qu’on a le droit de dire « Bien fait pour les frères Kouachi » comme tout le monde le fait alors que, ben merde quoi, c’est triste pour leur famille. On pourrait même sous un certain angle considérer que c’est PIRE : Reprenons Charb. Il est mort en martyr et en héros de la liberté et de l’humour. Ses proches, au-delà de la tristesse immense de l’avoir perdu, doivent être non seulement très fiers de lui, mais en plus ils ont le soutien de tout un pays. Tandis que les frères Kouachi, leurs proches, tout le monde s’en fout. « Oui mais c’était des terroristes » Oui mais leurs proches non ! Et non seulement ils ont vu leurs fils, leurs frères, leurs cousins, leurs amis tuer des gens, être poursuivis par les flics, mais en plus se faire buter. Les parents Kouachi doivent être dévastés moralement. Autant les Kouachi étaient des salauds terroristes, autant les parents sont totalement innocents. ‘Faut penser à leurs proches. Pourquoi on a le droit de se réjouir de leur mort ?
    >>> « La liberté c’est bien mais ‘faut pas en abuser » : Merde c’est exactement mon point de vue. Manuel Valls est en train d’abuser la liberté, il en fait une tournante sauvage avec tous ses potes du gouvernement et des milliers de gens applaudissent. La loi anti-terroriste passée y a quelques semaines, on en parle ?
    >>>> « La liberté commence là où se termine celle des autres » Exactement mon point de vue.
    >>>>> Après ce qui me chagrine c’est le point de vue de « l’amalgame », ouip. On est en train de faire passer en correctionnelle des dizaines, peut-être des centaines de musulmans (pour la plupart) qui se sont réjouis de l’attentat. Pourquoi se sont-ils réjouis ? Parce qu’ils n’ont pas supporté que Charlie caricature leur Prophète. Donc ce qu’on est en train de faire : On envoie les muslims au tribunal, et on met des flics devant les écoles juives. Hmmm… Je me trompe peut-être mais actuellement je pense qu’il y a beaucoup plus de mosquées attaquées que de synagogue. Si on décide de protéger les écoles juives, la cohérence même ce serait de mettre l’armée devant les mosquées. Mais apparemment non, ça va, ça va aller, ça. J’ai hâte de voir les gens d’extrême-droite faire donc le bel amalgame « Regardez moi ces salauds d’arabe qui méritent bien d’aller en taule », et les musulmans faire « Non mais OK, c’est nous qui nous faisons attaquer et la France va protéger les juifs, c’est quoi ce bordel, la France suce trop Israël + les français sont des islamophobes ». Pendant ce temps les juifs partent en Israël et les musulmans s’en prennent plein la gueule. Y a pas comme un problème dans l’ensemble du raisonnement ?
    Et ça me sidère que je passe pour un connard juste parce que je dis qu’on devrait être moins chiant avec les cons qui disent n’importe quoi, et qu’on devrait lâcher du lest parce que c’est précisément ce genre de débordements infâmes provoqués par le gouvernements et cautionnés par les citoyens qu’on en arrive à des situations complètement délirantes du style de l’attentat d’il y a quelques jours.
    C’est JUSTEMENT grâce à votre raisonnement « La liberté d’expression c’est bien mais faut pas blesser les autres » que des gens ont tenté de censurer Charlie Hebdo. Son ancêtre, Hara-Kiri, avait été interdit parce qu’ils avaient une blague sur la mort de De Gaulle. J’suis fatigué de paraître pour un extrémiste alors que je suis le plus modéré d’entre vous, j’suis fatigué de paraître pour un fils de pute alors que mon seul combat c’est non seulement ma liberté mais aussi la vôtre, parce que vous fermez consciencieusement les yeux sur le fait que vos arguments, un jour, on vous les mettra dans la tronche pour vous faire taire, pour vous priver d’un peu de votre propriété, ou de liberté d’agir.
    Non, la liberté d’expression ne devrait pas souffrir de plus de limite que lorsqu’il y a un préjudice certain et réel sur quelqu’un. Pas de préjudice, pas d’atteinte. À censurer l’expression, c’est la conscience qu’on veut modeler.
    Même chose pour la propriété, et pour tout le reste.

    •  » « La liberté commence là où se termine celle des autres » Exactement mon point de vue.  »
      Le principe libéral est assez différent, il dit que la liberté s’arrête là où commence celle des autres. Avec votre formulation, vous donnez des verges pour vous faire battre, parce que les autres vont chercher à s’étendre au détriment de votre liberté.

  • Pour le communautarisme
    peut on dire que , pour citer un ancien com (@ minitax ) » Le poison est dans la dose ?  » en fait ça dépend mon opinion est que oui il y a des communautés peu compatibles et donc plus la dose augmente plus le sujet souffre

    Non ça ne dépend pas d’ un dosage ! non ? sans blague ! alors vous comprenez il y a là l’ obscurantisme propre bien pensant
    celui du pouvoir politique français depuis + de 40 ans et de sa pretrise médiatique ( y compris Charlie

  • Est-ce que l’on sait, sur le plan international, si au Texas il y a eu des défilés ou des rassemblements de solidarité avec « je suis charlie » ?

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
6
Sauvegarder cet article

 

 

Le 12 décembre dernier s’est tenue une nouvelle édition de l’Assemblée des Idées, un cycle de débats bimestriel organisé à la Galerie des Fêtes de l’Hôtel de Lassay, résidence officielle de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui préside également cette série de colloques.

Après le logement, le rôle de la France à l’international, l’intelligence artificielle ou encore la morale, la chambre basse a accueilli plusieurs dirigeants de médias pour débattre du pluralisme et de l’indépendance ... Poursuivre la lecture

À New York comme au Parlement belge, je rencontre de plus en plus d’interlocuteurs qui se disent convaincus que l’islamisation de Bruxelles — et de Londres, ajoutent-ils fréquemment — est désormais inéluctable et n’est plus qu’une question de temps. C’est un pronostic qui paraît audible, mais qui mérite plus que des nuances.

Commençons par relever, sans nous perdre dans les chiffres, que la progression de la population musulmane, à Bruxelles, est aussi massive que fulgurante. Depuis cinquante ans, le nombre de musulmans ne cesse de cro... Poursuivre la lecture

Le système de protection sociale français se caractérise par une grande et excessive générosité à l'égard des immigrés. Les récents débats sur la loi immigration, qui a abordé plusieurs volets tels que le travail, l’intégration, l’éloignement ou encore l’asile, ont mis en lumière la difficile recherche de consensus sur la question.

Parmi eux figuraient des propositions telles que la révision de l'aide médicale d'État (AME), la régulation des sans-papiers dans les métiers en tension, le durcissement du regroupement familial et de l’accè... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles