Par Ernst S. Hemignwe.
J’ai failli avaler mon café de travers l’autre jour. Alors que la Belgique est déjà le deuxième pays en terme de coût salarial (41,2 € / heure contre une moyenne Union Européenne de 23,9 €…), alors qu’on nous bassine que « les entreprises sont des partenaires », que « le pays a besoin de ses entreprises et de ses emplois… » voilà que notre gouvernement Wallon nous ressort une vieille taxe : la taxe sur l’outillage.
La taxe sur l’outillage… le travail était déjà cher, si on taxe l’outillage en prime, notre niveau de compétitivité va encore se détériorer. Mais, peut-être cela part-il d’une bonne intention ? Voyons voir de plus près.
La Règle
Elle n’est pas très compliquée mais pas encore très claire. Toute entreprise qui acquiert du matériel à partir de janvier 2015 sera imposée sur ces machines à partir de 2020. Alors, doit-on comprendre que le Gouvernement Wallon taxera l’obsolescence des machines ou qu’il exonère les 5 premières années et taxera tout le monde à partir de 2020 ? Ce n’est pas très clair aujourd’hui. Il semblerait que ce soit la première solution qui prévale.
Imaginons donc que la Région Wallonne décide de cette taxation progressive sur l’obsolescence du matériel… L’idée est d’imposer d’office mais d’offrir une exonération de 80% la 6ème année, exonération dégressive vers 20% la 9ème année et puis, ce sera plein pot… si si, je vous ai dit que c’est simple. Ça l’est. Comparé aux autres horreurs absurdes qu’ils nous ont déjà inventées, c’est simple.
La motivation
L’idée est d’inciter les entreprises à recommencer à investir entre la 5ème et la 10ème année de l’investissement quand l’exonération devient dégressive. L’idée pourrait être vue comme généreuse, génératrice de consommation, de relance et d’investissement dans des outils plus performants, incitant à l’innovation… sauf que c’est une idiotie sortie de la tête de politiciens ou fonctionnaires n’ayant aucune connaissance de la réalité économique.
Une mauvaise idée…
En réalité, on touche la à la totale incompréhension et méconnaissance du politique face au monde économique et entrepreneurial. C’est simple, ils n’ont rien compris et n’y connaissent absolument rien.
Le principe ? Mauvais et pervers
Parce que, comme dit en préambule, on va encore enchérir le coût du travail. Parce que le principe même d’un exonération est une chose qui me dépasse totalement. C’est quoi ? Faire croire qu’on nous fait un « cadeau ». C’est le voleur qui voudrait un merci pour n’avoir volé que la moitié de la maison… (oui, désolé pour la comparaison absurde, mais vous saisissez l’idée.) Parce que soit on taxe, soit on ne taxe pas, mais on ne fait pas croire à de pseudo cadeaux. Surtout que la logique derrière est perverse. Plus tard, on ne créera pas de nouvelle taxe…on limitera simplement un peu plus l’exonération. Tout est une affaire de communication.
La logique ? À côté de la plaque
- Parce que l’outillage a déjà été taxé de multiple fois… Il a été taxé lors de sa production, par la taxation du travail nécessaire à le produire. Il a été taxé à la vente pour la plus-value générée : TVA. Taxé sur le bénéfice généré : ISOC.
- Parce que, si cet outillage n’a pas été taxé à la production et à la vente car produit à l’étranger, taxer à l’usage ne fera qu’inciter à faire sortir de l’argent du pays pour acheter à l’étranger. Ce n’est pas la Wallonie qu’on relance. C’est la Wallonie qu’on saigne et l’étranger qu’on relance. La majorité de nos machines sont allemandes ou italiennes.
- Parce que, considérer arbitrairement du matériel de 5 à 10 ans comme obsolète, c’est méconnaître les outils de production. Qu’amorti-t-on encore en 5 ans ou moins ? Une voiture, le matériel informatique (et encore, on pourrait parler des mainframes…), les GSM… Le reste du matériel ? A priori, quand on investit des montants de plusieurs centaines de milliers d’euros, on espère avoir une machine qui tiendra plus de dix ans, ou qu’on pourra mettre à jour régulièrement sans devoir ré-investir entièrement dans une nouvelle machine.
- Parce que, comme pour la création d’emploi et l’engagement de personnel, l’achat de matériel est la résultante d’un besoin de l’entreprise, de la croissance de l’entreprise. On n’achète pas pour des raisons fiscales, on achète pour des raisons économiques.
- Parce que l’innovation comme l’emploi ne se décrète pas. On fait de la R&D, on innove, ensuite, s’il y a nécessité, on investira dans de nouvelles machines. Mais ce n’est pas un décret qui va définir à quel moment il est opportun d’investir.
- Parce que le rôle de la fiscalité, outre de maintenir une solidarité est aussi d’inciter… juste qu’ici en matière d’incitation, on incite surtout les entreprises à quitter définitivement ce pays.
En bref, cette taxe sur l’outillage a TOUT d’une mauvaise idée. Ce n’est même pas une « fausse bonne idée », c’est une idée idiote qui méconnaît le monde de l’entreprise. Qui ne servira qu’à alimenter les caisses de la Région, à alimenter la production étrangère, à renchérir le coût de notre travail qui n’était déjà pas compétitif.
Parfois je me demande si le but n’est pas de tuer toute entreprise privée dans ce pays…
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Si on taxait les idées débiles, les politiciens francophones dormiraient sous des ponts.
Je sens qu’à Bercy on va être furieux de ne pas avoir été capables d’inventer cette aberration et de s’être fait griller par des Belges.
… par les Belges ? Non : par les Wallons car les Flamands, eux, non seulement ont supprimé toutes les taxes sur l’outillage depuis plusieurs années, et de plus suppriment toutes les taxes locales sur l’outillage qui existeraient encore.
Oui, mais vous avez remarqué que dans les histoires belges en France, les Belges parlent français, donc ce doivent être des Wallons.
Bientot en France….. hélas…
Ça rappelle la bonne vieille taxe professionnelle.
Bonjour
Parfois …….
cette phrase n’est pas juste : la juste est :Le socialisme REFUSE toutes entreprise privés qui pour lui est une entorse à son pouvoir dominant .
Donc pour eux cette taxe est logique
De toute évidence l’illisibilité du texte risque d’inspirer nos technocrates de Bercy …mauvaises nouvelle pour les Wallons mais » ergo propter hoc « peut-être pour les Français !
Comme beaucoup de Wallons, j’habite à moins de 5 kilomètres de la densément peuplée « frontière linguistique », sorte de version occidentale et civilisée de la frontière entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Bénéficier des lois flamandes pour son entreprise tout en ayant l’immense satisfaction de participer à la très humanitaire campagne « starve the beast » vis-à-vis de la parasitocratie wallonne en faillite est donc très loin d’exiger un effort surhumain !
font un concours de taxes débiles avec les soces français?
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