Live streaming illégal : l’impuissance de l’État face à l’outrecuidance des pirates

Le live streaming est devenu l’un des enjeux de sécurité informatique les plus importants du moment.

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Live streaming illégal : l’impuissance de l’État face à l’outrecuidance des pirates

Publié le 15 novembre 2014
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Par Claire Delage

Live streaming is ready! - OuiShare (Creative Commons)

La Coupe du monde de football au Brésil a entraîné une forte hausse du live streaming audio et vidéo sur Internet – de 60 à 120% durant certains matchs de l’équipe de France et de 18% sur toute la période selon les chiffres de l’eStat’Streaming de Médiamétrie. Et ce qui n’était au départ que la simple apparition d’une nouvelle pratique, illégale certes, semble aujourd’hui s’être transformée en l’espace de quelques mois en l’un des enjeux de sécurité informatique les plus importants du moment.

En termes techniques, le live streaming est la transmission de flux de données en temps réel. Un paquet d’informations arrive sur l’ordinateur et si le débit de réception est supérieur au débit de restitution, la lecture commence. De manière plus compréhensible, lorsqu’un internaute désire voir un match de football par exemple, il lui suffit de se rendre sur un site de live streaming pour le visionner en direct depuis son ordinateur en seulement quelques clics. Un principe simple, au premier abord seulement, dont le succès a entraîné la création d’un gigantesque marché parallèle de live streaming dont l’illégalité n’est finalement plus le principal problème.

Quand le chat n’est pas là, les souris dansent

Il n’aura pas fallu beaucoup de temps pour que hackers et autres pirates du web repèrent le filon et transforment les plateformes de live streaming illégal en l’un des principaux vecteurs de propagation de virus et autres logiciels malveillants. Selon un rapport de l’AISP, une association américaine d’experts en sécurité informatique, les plateformes de live streaming illégal, difficiles à tracer pour les autorités, constituent même un véritable danger – informatique, mais également financier – pour les internautes.

L’étude, intitulée « Illegal Streaming and Cyber Security Risks : a dangerous status quo ? » et mise en ligne le 1er octobre dernier, affirme que 97% des sites de live streaming illégal sont aujourd’hui infectés par des pirates, certains étant créés par les hackers eux-mêmes. Leur business modèle est simple, mais efficace : alors que l’internaute pense regarder tranquillement un match sur son ordinateur, son disque dur, loin d’être inactif, est piraté et ses données – des informations bancaires aux historiques de navigation en passant par les logins et mot de passe – se retrouvent mises à nues. En informatique, on appelle ça un Cheval de Troie. Dans la vraie vie, c’est tout simplement un désastre.

Un pouvoir public complètement dépassé

Et si cette omniprésence des pirates sur les sites de live streaming illégal n’a en soi rien de surprenant, l’impuissance des pouvoirs publics, voire leur absence totale de connaissance en la matière, est, elle, bien plus inquiétante. La Hadopi (Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet) en est le plus parfait exemple. Mise en place en décembre 2009, elle est devenue en à peine 5 ans un sujet plus propice à la plaisanterie qu’à l’inquiétude chez les Français. Et il serait difficile de les en blâmer. Complètement déconnectée de ce qui se passe réellement sur la toile, elle n’a par exemple inclus le streaming dans son programme que fin 2011, se concentrant auparavant uniquement sur le téléchargement en pair à pair.

Une inefficacité qui ne vient pas de nulle part, mais bien des pouvoirs publics qui la dirigent depuis sa création. Rappelons tout de même qu’il y a trois ans, alors qu’il annonçait l’élargissement des compétences de la Hadopi au streaming illégal, Nicolas Sarkozy s’était attiré les foudres des plateformes de streaming légal, Deezer et Dailymotion en tête, en mettant sur le même plan le streaming légal et illégal. Lui, le créateur de cette autorité supposée endiguer le phénomène du streaming, avait montré aux yeux de tous son incompétence totale en la matière devant un parterre de journalistes consternés. Aujourd’hui encore, à écouter François Hollande et autres ministres du Numérique, il est évident qu’aucun de nos dirigeants ne comprend ce qu’il baragouine lorsqu’il est question de cybercriminalité, téléchargement en Pair à pair, streaming et live streaming ne faisant aucune différence pour eux, ni aucun sens d’ailleurs.

Finalement, alors que la France est le pays qui compte le plus de Start-ups en Europe, la plupart concentrées sur le numérique, il est affligeant de voir le peu de connaissances qu’ont les membres du Gouvernement sur ce sujet. Une absence de compréhension globale de ce milieu qui se ressent forcément sur les lois votées et leur efficacité. Et alors que ce cercle vicieux – dans lequel la stagnation des autorités se fera toujours dépasser par l’innovation constante des pirates – ne semble pas prêt de s’arrêter, ce sont les internautes qui en pâtissent le plus, ceci, en toute méconnaissance des faits bien évidemment.

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  • ne soyez pas inquiet , lorsque internet sera aussi indispensable que l’eau , l’état saura faire ce qu’il faut , pour l’instant il laisse goutter aux fruits défendus , juste assez pour piquer la curiosité et une fois accro…

  • En quoi est-ce le problème du gouvernement ? Comme ils ont une capacité crânienne limitée et du mal à y caser le simple fonctionnement correct des prérogatives régaliennes, je préférerais qu’ils ne l’encombrent pas avec les histoires d’internet et qu’ils laissent les internautes mettre au point seuls des défenses contre les pirates.

    • en quoi cela le concerne ?
      l’état contrôle : l’énergie , l’eau , les transports , les medias , l’éducation , les communications..internet est un réseau communicant et donc il s’en octroie le contrôle ..normal

  • L’auteur de l’article fait de la pub pour sa boite de sécurité ou de la propagande pour que l’état vienne encore plus fourrer ses gros doigts boudinés dans l’internet?

  • On ne peut pas soutenir le piratage et être libéral, voler les entreprises n’est pas de la liberté..c’est un délit !
    Ou alors vous êtes communistes et pensez que le piratage est un moyen de détruire le capitalisme en asséchant les profits des entreprises, dans ce cas ça aurait du sens.

    Je suis pour la liberté, mais pas la liberté de causer du tort.

    • on ne vole personne qui ne veuille pas être volé , le numérique a fait exploser les marges des entreprises en ouvrant leur marché a des milliards de personnes au lieu de millions ..mais au risque de se faire pirater , si ils persistent c’est que le piratage est anodin , la chasse aux pirates ne concerne donc que les médiocres et les parasites du système audio visuel.

    • Les entreprises ont un usufruit sur la propriété inaliénable des auteurs. Je suis d’accord pour que l’état prenne des mesures pour que, par exemple, Monsieur Dupont ne puisse pas prétendre avoir tourné un film qui l’a été par Monsieur Durand. Mais que celui qui a signé avec M. Durand un contrat léonin pour la distribution commerciale de son film se débrouille, tant que les termes de ce contrat-là sont respectés, ça n’est pas à l’état de veiller à la place du distributeur à ses profits.

      • C’est vrai, mais le problème c’est qu’on ouvre les grosses vannes du droit positif autour du droit d’auteur, et la potentielle pression de l’esprit monopoleur.

    • la définition libérale du vol c’est la privation de l’usage d’un bien qu’on a librement obtenu. Si quelqu’un pirate mon « œuvre de l’esprit » qui a un cout marginal de production/reproduction nul, non seulement je n’ai rien perdu, je n’ai pas été privé de l’usage de mon bien (sauf s’il s’en prétend auteur, le coquin) mais au contraire j’y ai gagné (en diffusion, célébrité, impact social etc.). Ça me fait marrer les artistes « contre le piratage » mais pour leur médiatisation.

      Le seul vol qui est présent à l’heure actuelle c’est celui que le monopole légal donné à certaines œuvres de l’esprit (mais pas à d’autres, allez comprendre pourquoi) permet aux « artistes » contre les « consommateurs » qui se font spolier (en fait de moins en moins : grâce au piratage il y a enfin concurrence, donc enfin possibilité de prix libres… et il tend de fait vers zéro, ce qui montre l’utilité réelle attribuée en moyenne par les utilisateurs).

      Cependant, le fait que ce vol soit constitué et nuisible ne change rien au fait qu’aujourd’hui « pirater » est illégal, de même que consommer de la drogue. Ce sont des choses qui ne sont pas moralement répréhensibles mais interdites par la loi. Et s’il faut changer la loi pour une société plus libre, pour être un bon libéral il faut aussi la respecter…

      Maintenant, oui, on oublie trop souvent une autre catégorie de gens vivant grassement de ces monopoles légaux et totalement artificiels imposés au mitan du XVIII par un magnifique « capitalisme de connivence », les vendeurs de « sécurité et protection », les flics de l’information à la petite semaine… Qui sont en plus, en général, des spécialistes des ventes de drapeau anti-girafes en Scandinavie…

      • Pour détailler sur les « autres » non protégés…. Pensez à tous vos enseignants à qui vous ne payez jamais de droits d’auteur et dont vous utilisez pourtant l’enseignement à tous moment. Pensez aux chercheurs (en général ils payent pour pouvoir diffuser/publier leurs idées… pourtant souvent largement plus utiles et créatrices de valeur que les films ou les musiquette contemporaines, quel paradoxe).

        Vous croyez vraiment que « les artistes » sont plus importants et que ce qu’ils apportent vaux plus que toutes ces œuvres de l’esprit en libre accès et libre diffusion ? Le seul point demandé est (le plus souvent) de respecter le nom de l’auteur.

    • Outre les questions du bien fondé de la propriété intellectuelle et le fait de savoir si il est réellement possible d’empêcher le piratage par les particuliers, toutes ces médiatisations contre le piratage ou la contrefaçon puent le capitalisme de connivence.

      Et en ce qui me concerne, quand on veut me bourrer le crâne avec de l’écologie, du social ou la défense des intérêts corporatistes, comme si c’était le plus grand enjeu pour l’humanité et mon avenir personnel, je deviens très vite sourd et réfractaire.

  • Je suis d’accord su le principe mais pas sur certains points. La plupart des sites de streaming illégaux sont infetctés par des pirates? Faux , certaines statistioques sortent et sont élévés en bannière plus pour effrayer le pelerin qu’autre chose.

    Néanmoins le numerique demande de reconsidérer beaucoup de choses et pour l’instant peu de politiques s’en posent réelement la question. Quid des oeuvres qui sont posté sur youtube ou autre? Quid des statuts des nouveaux métiers qui apparaissent comme streamer et créateur de contenu video sur internet? Je pourrais en tartiner trois pages que je n’en serais pas à la moitié.

    L’article a un bon fond mais ca sent un peu trop la pub pour les grands majors qui restent et veulent rester sur leurs anciennes pratiques tel des dragons qui restent sur leur tresor et crient quand on approche en débit de la numerisation.

  • On est qu’au debut …

    Au fur et a mesure que les gens auront de bon debits en emission grace au VDSL et fibre optique, ces pratiques vont litteralement exploser … tant mieux!

  • beau sujet pour les libéraux.
    le problème est:
    la révolution technologique de internet, crée des activités mais en bouscule d’autres acquises avant internet.
    alors question libéral;
    fallait-il empêcher internet d’exister?
    ou les entreprises concernées doivent trouver un modèle économique différent?
    il y a bien longtemps qu’il n’y a plus de machine à vapeur sur les rails; et pourtant le tgv existe; cela s’appelle l’adaptation;

  • Je trouve l’appellation « pirate » un peu abusive. En effet nous payons des taxes dans tous les sens pour payer des entreprises qui n’arrivent pas à monétiser correctement (ou plus exactement qui trouvent, on ne sait pas trop sur quel critère, qu’elles ne gagnent pas suffisamment d’argent) leur activité, et qui se retrouvent même à bénéficier de crédits d’impôts. Désormais nous payons une redevance télé même quand on n’en a pas le support matériel.
    Qu’est-ce que la télévision de toutes façons ? La diffusion était autrefois très coûteuse et les fréquences utilisées par l’industrie audiovisuelle n’étaient pas superposables, ce qui donnait du sens à l’instauration d’une autorité de contrôle et la distribution de licence. Désormais on paye (ça n’a rien de gratuit) un abonnement à un FAI et du matériel qui, s’il n’est pas donné, est supportable individuellement. La diffusion à partir d’une source n’altère plus en rien la diffusion d’une autre. La licence de diffusion n’a plus aucun sens, la concurrence se fait naturellement. Certes nous avons été habitués à ce que l’exploitation d’un conflit d’intérêt soit un modèle économique comme un autre. Mais désormais la concurrence doit se faire normalement pour la diffusion entre ceux chez qui on achète du réseau, et pour le contenu entre ceux qui le produisent. Si TF1, par exemple, arrêtait de se contenter de retransmettre des images d’un match de foot, pour faire vivre aux spectateurs une véritable expérience (on a vraiment l’impression à l’heure actuelle qu’ils n’aiment pas le foot), je pense que ce serait très bon pour eux : ils en ont les moyens.

  • L’état ne devrait pas s’occuper de la sécurité de l’internet, car tout les outils nécessaires pour sont les mêmes que ceux qui permettent la surveillance des citoyens ou la censure des informations.

    Être libéral, c’est aussi se méfier de l’état.

  • Il y a pas mal de confusions dans cet article.
    Qu’il y ai des virus sur les serveurs de streaming, oui autant et pas plus que sur tous les sites qui proposent des « gratuitement des services volés »… Comment limiter le risque? Passez par la recherche google, car au moment d’indexer un site, google fait une analyse anti-virus et si il en trouve il flague le site d’une superbe page rouge d’alerte (le second cauchemar du eCommerce après la désindexation).
    Sinon on ne pirate pas votre PC avec un cheval de Troie pour vous piquer vos info de carte bancaire, d’ailleurs vos info de carte bancaire n’ont aucune raison technique d’être stockées sur votre PC, elle peuvent dans certains cas, être sur les serveurs des commerçants ou ceux des entreprises de paiement en ligne. Ces serveurs de paiement sont soumis à des règles renforcées de contrôles (cf norme PCI-DSS).
    En fait un cheval de Troie permet de transformer votre PC en PC zombie. Un PC zombie peut servir de passerelle de rebond, pour cacher sa véritable IP… Tout pirate qui sait faire son boulot utilise plusieurs PC zombies entre lui et la machine qu’il vise pour avoir le temps de couper la trace si il tombe sur quelqu’un qui le détecte et tente de remonter à la source. Des PC zombie, ça sert aussi à faire une attaque DDOS, chaque PC zombi fait une petite part du boulot sans que son utilisateur légitime ne s’en rende compte.
    Après si vous respecter les consignes de sécurité de base que l’on trouve un peu partout, il est difficile pour le tout venant de pirater votre machine. Pour un vrai professionnel de l’informatique un peu motivé ou pour les agences gouvernementales, c’est pas plus difficile que de vous piquer votre voiture, en forçant la serrure pour l’un et en appelant la fourrière pour l’autre…. ;o)
    Pour finir, l’administration fait un excellent boulot en se qui concerne la sécurité informatique car elle (l’anssi) se contente de faire la collecte, validation et diffusion de l’information…. il n’y a rien de plus à faire de ce coté, pour la simple raison que ceux qui sont réellement compétent dans ce domaine n’auront jamais idée de se faire embaucher dans une administration… On signe dans une administration pour la sécurité de l’emploi et les horaire fixes, dans l’informatique les « vrai bons » ont tendance à démissionner pour un rien et surtout on ne compte pas nos heures…

  • Complétement d’accord avec MrBait: effrayer le quidam avec la sécurité de son poste !!! Y a mieux comme manœuvre pour empêcher les internautes de regarder la ligue des champions par le streaming.
    Il existe des anti-virus et des pare-feux tout à fait efficaces pour contrer ces attaques.

    Et vous avez tout à fait raison: nos politiques ne connaissent rien à la technique du WEB et pondent des lois inefficaces et coutent encore plus chères à leurs contribualbles ! y a qu’à voir l’ARJEL …..

    • Un anti-virus ne vous protège que des attaques connues et un pare-feu ne vous protège pas contre un « Cheval de Troie » !

      Mon conseil : utilisez 2 ordinateurs, un pour surfer dans les taudis et un pour vous connecter à votre banque ou votre messagerie, car même si vous vous y connaissez en informatique, les pirates et l’état seront toujours plus forts que vous dans le domaine du piratage …

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