Drôle de délire ou les dangers du yoga !

La prochaine fois que vous voudrez ouvrir vos chakras, faites gaffe, il y a des expériences parfois curieuses en ce bas monde !

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Sherlock credits GregHausMD (licence creative commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Drôle de délire ou les dangers du yoga !

Publié le 1 novembre 2014
- A +

Par Philippe P.

Sherlock credits GregHausMD (licence creative commons)

Voici deux semaines, je parlais de délire, de la juste appréciation de celui-ci afin de ne pas confondre toutes les productions de la pensée, fussent-elles incohérentes. Ainsi, quand Manuela Delahaye tweete que Margerie, le PDG de Total mort dans un accident d’avion, n’avait qu’à prendre l’autocar comme les pauvres, elle ne délire pas mais fait simplement état d’un manque d’intelligence aggravé par une absence totale d’empathie et d’éducation.

Le délire c’est bien autre chose et je vous ferai grâce de réécrire ce que j’ai publié voici peu. Mon cher patient avait beau se savoir possédé du fait d’hallucinations cénesthésiques, je savais que tel n’était pas le cas. Déjà il avait passé le test de l’eau bénite avec succès et s’il est bien un truc que redoute le démon, c’est l’eau bénite surtout celle de Lourdes vendue en petites bouteilles à l’effigie de la Vierge Marie avec la tête qui sert de bouchon !

Et puis, il n’était pas non plus schizophrène comme l’affirmait la débile de psychiatre qui le suivait au même moment affirmant la preuve que la sélection en médecine a beau être terrible, ce ne sont pas forcément les plus fins qui sortent diplômés. Or la psychiatrie n’étant pas une spécialité médicale, ce n’est pas un job d’ingénieur, et il faut un peu de finesse, déjà pour entrer en contact avec le patient et enfin pour être sûr de son diagnostic. La schizophrénie et les neuroleptiques pour tous sont peut-être une facilité thérapeutique mais franchement ce n’est pas du boulot !

Bon, à force de l’interroger patiemment, il a fini par me dire qu’il avait tenté d’ouvrir ses chakras. Parce que c’est un drôle de numéro mon patient, toujours prompt à suivre les sentiers non balisés de la connaissance, surtout si c’est un peu hermétique. Tandis que moi, pauvre capricorne, j’en suis à construire ma chapelle avec des parpaings, lui sombre scorpion invoque les esprits célestes.

Il m’a aussi dit qu’il avait ressenti une auréole couronner sa tête ! Alors ça c’est rigolo, parce que d’aura à auréole, il y a peu de lettres en plus et que moi, une aura, ça me fait penser à de l’épilepsie. Et même que ces hallucinations cénesthésiques, ça me ferait diablement penser à une épilepsie temporale. Sauf que si on évoque des hallucinations de ce type au cours de crises d’épilepsie, celles-ci ne durent pas six mois. Bref, ça y ressemblait sans vraiment y ressembler.

Comme je suis le bon gars, je voulais bien prendre en compte les explications paranormales de mon cher patient sans pour autant verser dans la possession. De toute manière, il n’en avait pas les signes tels que décrits par l’Église, telles que voyance, glossolalie ou psychokinésie. Non, l’explication devait se trouver à mi-chemin entre une belle explication de capricorne carré ayant les pieds sur terre et celle fournie par mon cher scorpion de patient toujours un peu perché.

Alors j’ai cherché et j’ai trouvé ces liens, celui-ci et celui-là encore. En pratiquant l’ouverture de ses chakras tout seul comme un grand, sans l’assistance d’un maître confirmé, mon cher patient semblait avoir réveillé Kundalini. Ca parait complètement fou de l’écrire mais c’est la seule explication qui vaille et qui regroupe tous les symptômes qu’il a. J’ai beau ne pas être versé ni dans la magie et encore moins dans les pratiques orientales, mais je suis sûr que c’est cela. D’ailleurs la lecture de ces liens lui a parlé.

Parce que j’ai lu depuis, je me suis documenté, le yoga est multiple et il n’y a pas que celui pratiqué par des mémères dans des gymnases pour conserver leur souplesse ou pour mincir. Il y a d’autres formes bien plus mystiques destinées à se connecter à l’univers et recourant à des pratiques moins connues. Bon, moi je suis tellement terre-à-terre que si je pratiquais cela, en fait de Kundalini, ce grand serptent terrible chargé d’énergie, serait plutôt un ver de terre ou un orvet. Mais chez certains, bien plus réceptifs, dont l’énergie psychique est redoutable, il semblerait que la possibilité existe de provoquer des modifications cérébrales.

Comment ? Je n’en sais rien même si je suppose que cela doit se passer au niveau du gyrus cingulaire. Je ne suis pas neurologue alors je ne pourrais pas vous en dire beaucoup plus mais bon, sans doute que certaines pratiques agissent d’une manière inconnue sur la structure du cerveau créant parfois des effets dévastateurs, un peu comme si l’on s’auto-droguait tout seul comme un grand à coups de mantras. Remarquez, c’est moins cher que l’héro ou la MDMA mais les effets semblent terribles si j’en crois mon patient se disant habité par une présence depuis six mois. C’est le bad trip assuré pour pas un rond.

Alors comme mon patient n’avait absolument aucune confiance en sa psychiatre qui l’avait diagnostiqué schizophrène paranoïde à tort, il m’a demandé des adresses. Et dans mon réseau, j’avais fort heureusement deux psychiatres assez âgés mais suffisamment expérimentés pour ne pas faire de diagnostics au démonte-pneu et pour avoir connu absolument tout ce que l’esprit humain est capable de proposer comme trucs un peu fous.

Pour bien faire, il a consulté les deux. Les deux ont confirmé avoir déjà connu par le passé de jeunes abrutis ayant fait joujou avec ces pratiques orientales et ayant eu les mêmes désagréments que mon patient. Le premier psychiatre a considéré que les neuroleptiques étaient inutiles et a recommandé une hospitalisation pour le sevrer et éventuellement trouver une autre molécule plus efficace. Mon patient est donc rentré à l’hôpital où on l’a juste gardé deux jours avant qu’il ne décide d’en partir parce qu’on voulait lui troquer ses neuroleptiques contre… d’autres neuroleptiques. Se jugeant toujours aussi incompris par un jeune psychiatre hospitalier qu’il ne jugeait pas très malin selon ses dires, il a signé une décharge et zou, dehors !

Il a donc préféré poursuivre avec le second psychiatre qui lui, ne préconise rien de spécial si ce n’est de retrouver une vie plus équilibrée et le cas échéant de traiter son anxiété durant quelques temps. Il lui recommandera aussi un spécialiste de ces questions afin d’agir au mieux.

Voilà, une bonne chose de réglée. C’est vraiment étonnant tout ça. C’est vraiment le dernier truc auquel j’aurais pensé. Mais que voulez-vous à l’instar de Sherlock Holmes (qui aurait mérité d’être capricorne), une fois qu’on a éliminé l’impossible, ce qui reste aussi improbable que ce soit doit être la vérité. C’est sans doute par là que pèchent bon nombre de praticiens qui veulent à tout prix faire cadrer un diagnostic avec leur représentation du monde.

Parce que si à moi, quelqu’un venait me parler de chakras et de kundalini ou de que sais-je encore, j’aurais du mal à le croire, tant je suis un pauvre mec ancré dans le sol. Mais que voulez-vous, ma pratique clinique m’a mis en contact avec tellement de gens différents de moi et pourtant crédibles que je reste persuadé que si j’ai une représentation du monde qui m’est propre, d’autres ont la leur tout aussi valable.

Bref, tout ceci pour vous dire que la prochaine fois que vous voudrez ouvrir vos chakras, faites gaffe, il y a des expériences parfois curieuses en ce bas monde !

« … un fait hors de l’ordinaire est plutôt un indice qu’un embarras. » — Arthur Conan Doyle, Une étude en rouge.


Sur le web.

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)
  • Eh oui, Syndrome de la Kundalinî, pour les curieux : http://en.wikipedia.org/wiki/Kundalini_syndrome

  • Votre article est un tissu de mensonges éhontés !! On se croirait au Moyen-âge !!! D’ailleurs, vous faites usage d’un langage à la fois scientifique ( enfin, emprunté à la science, ou à la psychologie ) , d’une espèce d’humour , comme quelqu’un qui rit pour se donner du courage… Alors que OUI , vous le premier, vous nagez dans le délire total !!!! Je ne sais pas, moi, on se croirait au café du coin, quoi !!!
    Sachez tout de même une chose : les schizo et les maniaco-dépressifs sont persuadés de ce qu’ils disent, et qu’ils arrivent même à berner leur entourage, du moins, dans un premier temps ! Parce que pour eux, c’est vrai ! Ils sont DANS leur réalité. Je connaissais quelqu’un qui avait travaillé dans un ministère et qui, quand il a pété un cable, est même parvenue à nous faire croire au complot organisé contre lui ! Ils puisent , pour alimenter leur délires, sur des faits divers, des histoires vraies, ou du moins étranges, et ensuite, se les approprient, persuadés que eux aussi sont la proie d’un complot.
    Les délires mystiques sont monnaie-courante chez ces personnes. Nombreux se disent possédés par les démons ou le diable. et la seule chose de vrai, c’est qu’ils sont possédés par leur propre mythomanie, ça c’est sûr !
    quant au yoga, il n’est pas dangereux…sauf pour les psychotiques, pour qui les expériences de visualisations et de concentrations donneront des visons, des obscessions, et des hallucinations en tous genre. C’est tout . Mais plutôt que le dire avec ce style racoleur, sensationnaliste, vous devriez plutôt mettre en garde les gens sur leur propres limites !! Que si ils ont tendance à s’imaginer des tas de trucs, c’est pas pour eux ! et que, parfois, on peut tomber sur des manipulateur dans le yoga. Surtout les faibles et les vulnérables . alors, reprenez-vous, et arrêtez ce mélange de vocabulaire pseudo-scientifique, familier, sensationnaliste et racoleur. Pas de panique, là : la pilule passera toute seule !!!

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Vincent Martin, Université de Bordeaux et Christophe Gauld, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. 

 

« Bonjour Monsieur. Je vous en prie, installez-vous. Alors… comment allez-vous depuis la dernière fois ? »

Et si, dans quelques années, cette phrase anodine n’était plus prononcée par un psychiatre en chair et en os mais par une IA, une Intelligence artificielle ? Avec la résurgence récente de la psychiatrie dans le débat public, notamment en raison de la crise sanitaire, l’idée de proposer des systèmes de suivi d... Poursuivre la lecture

Par h16.

Quand on vit dans un paradis, où les opportunités se multiplient, où la vie est à la fois sereine, paisible et remplie de ces bonheurs simples qui lui donnent un sens inné de complétude, où chaque minute est un jeu, chaque relation un plaisir renouvelé (dans le respect des gestes barrières et de la distanciation sociale, n'oublions pas), où la liberté, l'égalité et la fraternité sont totales et garanties, il est assez mal venu d'émettre une critique, aussi argumentée soit-elle.

En fait, il est plus que mal venu,... Poursuivre la lecture

Par Sabine Sultan Danino.

L’arrêt rendu par la chambre criminelle de la Cour de cassation le 14 avril 2021 a suscité indignation et incompréhension : il n’y aura pas de procès dans l’affaire Sarah Halimi.

https://www.youtube.com/watch?v=FWS6_R2NxNQ

La plus haute juridiction de l’ordre judiciaire a rejeté le pourvoi formé par la famille de Mme Halimi contre la décision rendue en 2019 par la cour d’appel de Paris, qui avait déclaré l’auteur irresponsable pénalement sur la base de trois expertises, selon lesquelles il avait... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles