Depuis le début du mois d’octobre, la Commission européenne souhaitait attirer l’attention de la France sur l’état de son budget prévisionnel pour 2015. Entre déficit trop élevé et manque patent de réformes structurelles, le projet de loi de finances du gouvernement risquait ainsi d’être retoqué. Toutefois, Bruxelles est semble-t-il prête à accepter la nouvelle version du texte, fondamentalement pas si différente de l’ancienne.
Par Pierre Duriez.
À défaut de posséder une épée tranchante, la Commission européenne remplit assurément bien son rôle de Damoclès. Il aura ainsi suffi d’une lettre adressée par Jyrki Katainen, commissaire finlandais aux affaires économiques, et quelques remontrances en bonne et due forme de la part de Bruxelles, pour inciter Paris à revoir son projet de loi de finances pour 2015. Et par là -même satisfaire les instances de l’Union européenne (UE), alors qu’une très platonique algarade avait éclatée entre le gouvernement français et la Commission. Celle-ci lui intimait de trouver quelque 8 milliards d’euros d’économies, alors que son déficit structurel dépassait encore la barre des 3% maastrichtiens.
Un vent de rigueur inespéré souffle de nouveau sur l’UE
Le gouvernement italien, lui aussi, a eu droit à sa lettre expédiée depuis Bruxelles, si bien que, depuis, M. Katainen est affublé du sobriquet de « père la rigueur » par certains observateurs. Pour les défenseurs de l’orthodoxie, le Finlandais – qui laissera le portefeuille des affaires économiques au Français Pierre Moscovici le 1er novembre prochain – serait perçu comme la fine lame qui manque à cette UE, jugée trop peu contraignante. Il est d’ailleurs cocasse d’imaginer ce dialogue franco-européen dans un an, avec l’ancien ministre français de l’Économie à la baguette. Ce dernier se fendrait-il alors d’un cahier de remontrances à la manière de Jyrki Katainen ? Rien n’est moins sûr ; M. Moscovici ne se permettrait pas d’accabler l’économie d’un pays, qu’il n’a lui-même pas su redresser.
Afin d’éviter pareille situation, Jean-Claude Jüncker, futur président de la Commission européenne, a d’ores et déjà choisi de nommer M. Katainen au poste de vice-président chargé de l’emploi et de l’investissement. Bien plus qu’un titre honorifique, l’ancien commissaire à l’économie chapeautera ainsi son successeur, responsable selon quelques voix européennes du dérapage de la France. La mise sous tutelle, ni plus ni moins, de l’ancien locataire de Bercy, était d’ailleurs la condition sine qua non pour que la France puisse truster ce poste. Si la volonté rigoriste de la nouvelle équipe de Bruxelles est ainsi clairement affichée, il convient de reconnaître que, dans les couloirs de la Commission, la confiance ne règne pas.
« Les mesures annoncées par Paris ont donné satisfaction »
Et ce à juste titre. La France repousse depuis trop longtemps le respect du pacte de stabilité et de croissance, alors qu’initialement le déficit structurel pour 2015 était évalué à 4,3%. C’était sans compter, cependant, l’atout magique sorti de la manche du ministre des Finances, Michel Sapin, lundi dernier. Celui-ci vient en effet d’apporter quelques « précisions » et « mesures nouvelles » qui devraient permettre de réduire comme par enchantement le déficit public de 3,6 milliards d’euros. M. Sapin d’alléguer certaines « bonnes nouvelles » à l’appui de ces précisions, comme la baisse des taux d’intérêt qui allège le coût de la dette, ou les mesures fructueuses concernant la lutte contre la fraude fiscale.
Rien de bien structurel dans tout ça, par conséquent. La Commission européenne, qui espérait pourtant la semaine dernière 8 milliards d’économies, semble même se contenter de moins de la moitié. C’est en tout cas ce qu’espère le ministre des Finances, qui, comme son homologue de l’économie Emmanuel Macron il y a quelques jours, est certain que Bruxelles finira par accepter le budget prévisionnel de la France. Et on voit mal comment il pourrait en être autrement, tandis qu’une source européenne se félicitait d’avoir « désamorcé la crise », les mesures annoncées par Paris ayant « donné satisfaction ».
Tantôt virulente, tantôt compréhensive à l’égard des réfractaires qui esquissent un semblant de bon vouloir, telle est donc l’attitude de l’UE au cours du présent épisode budgétaire. Il était pourtant écrit d’avance que Bruxelles finirait pas flancher devant les revendications – et les efforts ô combien drastiques – des membres de la zone euro, France en tête. Souhaiter ardemment un soupçon de rigueur mais se contenter de quelques réformes conjoncturelles, c’est faire preuve, au mieux, d’une pédagogie angélique, au pire, d’une pusillanimité inquiétante.
Les marchés sont fébriles actuellement, c’est pourquoi on ne se risque pas de taper trop fort sur un pays comme la France qui risquerait alors de déstabiliser la zone euro. On va se contenter de lui faire les gros yeux et cette dernière de faire comme si elle avait compris.
Rien ne va changer.
Ni pédagogie angélique, ni pusillanimité inquiétante… simplement un théâtre, le traditionnel jeu “bad cop good god” destiné à donner le change, alors que le projet et l’idéologie sous jacents sont très clairs : sauver l’Euro, et donc le Système, “whatever it takes”.
C’est aussi simple que cela.
Il convient de rappeler la célèbre phrase de Juncker : “quand ça devient sérieux, il faut mentir”.
Et Juncker et tous ses complices mentent très bien.
Ne tombez donc pas dans le panneau.
Toute l’UE, et la zone Euro, ne sont plus qu’un gigantesque Potemkine. Mettre en difficulté la France ou l’Italie c’est mettre en danger le projet fédéraliste mortifère des bruxellois.
Et rétrospectivement, cela permet de comprendre le calme de Sans-Dent.
Hollande peut dormir sur ses 2 oreilles.
La France sera soutenue à bout de bras, par la BCE et Bruxelles.
Il n’y a pas d’alternative aux yeux de l’appareil bruxellois.
L’année prochaine, rincez répétez, on continuera de nous dire que l’Allemagne fait les yeux noirs, que le budget de la France est limite, et on continuera à envoyer des… lettres.