Le raffinage en Europe a-t-il encore des raisons d’exister ?

Pourquoi avoir des raffineries en Europe alors que la production de la Mer du Nord décroît et que la consommation de produits raffinés y est en retrait constant ?

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Raffinerie de pétrole CC Flickr Moïse Marcoux-Chabot

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Le raffinage en Europe a-t-il encore des raisons d’exister ?

Publié le 27 octobre 2014
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Pourquoi avoir des raffineries en Europe alors que la production de la Mer du Nord décroît et que la consommation de produits raffinés y est en retrait constant ? La croissance est en Asie et dans les pays du Golfe, pas en Europe !

Par Aymeric de Villaret

Raffinerie de pétrole CC Flickr Moïse Marcoux-Chabot

Alors n’est-il pas logique d’installer les raffineries proches des lieux de consommation et fermer celles en surcapacité ? Tel est le dilemme régulier auquel sont confrontées toutes les raffineries européennes… Et l’on voit régulièrement les groupes internationaux occidentaux – les majors, comme on les appelle – « recentrer » leur outil de raffinage et même le « réduire » pour certains, l’amont pétrolier étant tellement plus profitable et tellement moins volatil.

Tous les majors européens, notamment BP, Shell, Total, ENI, ont ainsi réduit leurs capacités sur notre continent et s’ils ne l’ont pas plus fait, c’est du fait principalement d’un certain « devoir » vis-à-vis des pays où ils ont leur siège social.

C’est ainsi que lors de la fermeture de la raffinerie des Flandres à Dunkerque en 2010, l’ancien PDG de Total, Christophe de Margerie, s’était engagé à ce que le groupe français ne ferme plus de raffineries avant 2015. C’est à son successeur Patrick Pouyanné que va revenir la rude tâche de continuer la restructuration du raffinage français.

Quand on voit l’évolution des marges de raffinage, leurs niveaux de plus en plus bas, les investissements nécessaires pour répondre aux contraintes environnementales de plus en plus contraignantes, il est difficile de les en blâmer.

Les États producteurs de brut ont compris l’intérêt des pétroliers pour l’amont et leur désintérêt de l’aval. Du coup, ils demandent à tous les pétroliers désireux d’exploiter leurs réserves d’en même temps y créer les infrastructures nécessaires pour la population avec transport, raffinerie etc.   Même si la rentabilité n’est pas aussi bonne que pour un projet amont, il s’agit d’un projet global, seul moyen de « gagner » l’appel d’offres.

En outre, ces nouvelles capacités sont une concurrence accrue pour les « vieilles » raffineries européennes.

Ainsi, il parait difficile de voir comment l’Europe pourra éviter dans les prochaines années la poursuite de la fermeture de raffineries : les demandes des « politiques » ne faisant que les ralentir. En effet, en étant extrême, pourquoi raffiner en Europe du pétrole africain pour un marché non européen ? L’Europe a de moins en moins de pétrole et son marché final est en baisse constante.

Certes de temps en temps, l’on parle de l’âge d’or du raffinage… mais cela ne dure pas… Et les sursauts constatés sont plus une « occasion » pour les investisseurs avisés de « jouer » sur une nouvelle ère possible. Pour ceux-ci, des valeurs « pures » peuvent être d’excellents supports, tels aux États-Unis, Valero ou en Europe Neste Oil…

Attention cependant à ne pas s’y brûler les doigts : la chute du suisse Petroplus en 2011-12 est là pour en rappeler les dangers.

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    • bonjour Monsieur de Villaret , votre personnalité ne m’est pas inconnue , partant j’ai longtemps travaillé pour la société Shell ,soit comme navigant au long-cours sur ses tankers , soit sur ses plateformes « offshore  » et enfin à la raffinerie de Rognac .
      Même si la raison pousse à raffiner sur place ,je ne peux que regretter les installations et le personnel qui en fit les frais sur notre territoire !

  • le raffinage en Europe ne dégage pas assez de marges, il faut absolument en finir avec ce boulet…

  • Vous posez une question intéressante. Ce qui est intéressant c’est qu’en dépit des conditions, y compris une surcapacité qui perdure depuis quelques années, autant d’acteurs sont toujours en activité en Europe. Puis, est-il possible de généraliser sur ce qui attire ou pas les différents acteurs? Vous n’examinez pas la stratégie des compagnies étrangères, ou la situation différente des petites et grandes compagnies, des raffineurs indépendants en comparaison aux grosses compagnies pétrolières. Vous mentionnez Total, mais on peut difficilement parler de Total – et la question de sa présence en France – comme un exemple du secteur. Et comment expliquez vous, en dépit des circonstances du marché, des investissements tels que ceux récents d’Exxon Mobil, qui vient d’inaugurer une unité de coker à Anvers: un investissement d’un milliard de dollar quand-même….

    • Vous avez raison de dire que je n’examine pas tout, mais dans ce papier, j’ai voulu examiner quelques éléments me semblant intéressants
      J’examine Total plus précisément car ce papier est écrit principalement pour des lecteurs français connaissant mieux Total et le marché français.
      Il est clair que l’histoire est similaire pour ENI et le marché italien avec les difficultés du groupe pour restructurer en Italie d’autant que l’Etat est actionnaire et nomme le directeur général.
      Oui les groupes continuent quand même d’investir mais ils le font sur leurs sites les plus profitables tels celui que vous citez pour Exxon à Anvers. De même Total a investi à Gonfreville en France.
      Ma conclusion n’est pas de tout fermer mais d’adapter l’outil au marché avec fermetures de certaines raffineries et modernisation d’autres

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