Par Damien Theillier.
Tous les témoignages sont unanimes, Leonard Liggio était une véritable bibliothèque vivante. Mais au-delà de son érudition il fut également l’un des personnages les plus respectés de ces trente dernières années au sein du mouvement international pour la liberté. Il est mort le 14 octobre 2014, à l’âge de 81 ans.
Leonard P. Liggio était d’abord un historien américain, né le 5 juillet 1933 dans le Bronx. Dans les années 1950, encore étudiant, il a appartenu à un petit groupe de jeunes libéraux classiques radicaux, avec Ralph Raico et George Reisman. Un groupe créé par Murray Rothbard et appelé le Cercle Bastiat. Ensemble, ils fréquentèrent le séminaire de Ludwig von Mises à New-York et les conférences de la Fondation pour l’éducation économique (FEE) organisées par Leonard Read.
Murray Rothbard s’intéressait tout particulièrement aux contributions des auteurs français au libéralisme classique : J.-B. Say, Cantillon, Turgot, Condillac, Ch. Dunoyer Ch. Comte et Frédéric Bastiat. Au milieu des années 60, il encourage Leonard à étudier le travail de Charles Dunoyer (1786-1863), le co-fondateur en 1814, avec Charles Comte, de la revue Le Censeur. À cette fin, il lui présente le grand livre de Charles Dunoyer : La Liberté du Travail (1845). En 1977, Leonard Liggio publiera une étude magistrale et unique : “Charles Dunoyer and French Classical Liberalism” dans le Journal of Libertarian Studies.
Leonard Liggio, dans ce texte traduit par Kevin Brookes et édité par l’Institut Coppet, restitue avec force les débats intellectuels de cette époque charnière de l’histoire politique française. Il éclaire notamment les points de divergences entre d’une part l’école française du libéralisme qui fonde sa défense de la liberté sur des bases déontologiques et sur le droit naturel, à partir d’une vision optimiste de l’homme (perfectibilité humaine), et de l’autre l’école anglaise, incarnée entre autre par Godwin, qui théorise une version utilitariste du libéralisme avec une vision pessimiste de l’homme. Par ailleurs, il restitue l’affrontement intellectuel entre les industrialistes Saint-simoniens, précurseurs du socialisme moderne, et les industrialistes libéraux qui, dans la lignée de Say, se font les avocats du développement de l’industrie, des technologies, par la libre-entreprise et le respect des lois économiques.
Leonard Liggio aura consacré toute sa vie à la promotion des idées de liberté et de responsabilité dans les instituts de recherche qu’il a largement contribué à créer aux États-Unis. Ces think tanks sont les fournisseurs d’une pensée créatrice et indépendante sur les problèmes contemporains de politique publique. Ancien président de l’Institute for Humane Studies à l’université George Mason à Fairfax en Virginie, il était depuis 1994 Vice-Président de l’Atlas Economic Research Foundation à Washington DC. Il fut également président de la Société du Mont-Pèlerin de 2002 à 2004. On trouvera le détail de sa biographie sur un site web qui lui est consacré.
—
Laisser un commentaire
Créer un compte