Par Jacques Henry.
Depuis la mise sur le marché du Valium (Diazepam) en 1963, toute une série de benzodiazépines a vu le jour. Elles sont utilisées pour de nombreuses applications, depuis les troubles du sommeil jusqu’aux crises d’épilepsie en passant par des relaxants musculaires et des antidépresseurs, l’une des principales applications pharmacologiques de cette classe de produits. Les benzodiazépines agissent sur le cerveau par synergie avec le récepteur de l’acide gamma-aminobutyrique (GABA), un important neurotransmetteur qui a pour rôle de réduire l’excitabilité neuronale. Alors que l’on connait très bien les effets négatifs de cette classe de produits sur la mémoire et les facultés cognitives, peu d’études sur le long terme et en fonction de la nature et de la posologie des benzodiazépines prescrites ont été entreprises avec un échantillon suffisamment large pour valider la présence effective d’une relation de cause à effet entre la prise de ces médicaments et l’apparition de démence type maladie d’Alzheimer.
C’est ce genre d’étude qui vient d’être publiée dans le British Medical Journal du 9 septembre. Cette étude réalisée en collaboration entre les Universités de Bordeaux et de Montréal porte sur 1796 personnes diagnostiquées comme souffrant de la maladie d’Alzheimer. Celles-ci ont été comparées à 7184 autres personnes indemnes de cette maladie, toutes originaires de la Province du Québec, sur la période 2000-2009, en regard de l’utilisation ou non de benzodiazépines, de leur nature et des durées de traitement.
Dans cette étude, le premier point important était de classer les personnes étudiées selon les benzodiazépines prescrites, qu’elles soient des anxiolytiques, des relaxants ou des hypnotiques, en fonction de leur temps de persistance dans le sang ou demi-vie, celle-ci pouvant varier de quelques heures, comme le Temazepam, à une semaine comme le Flurazepam.
Le deuxième critère important considéré était la durée des traitements qui ont été homogénéisés à des fins de comparaison en doses journalières prescrites faisant ressortir au moins trois types de traitements sur la durée, 3 mois, de 3 à 6 mois, et plus de 6 mois. Toutes les personnes à qui il n’avait jamais été prescrit une quelconque benzodiazépine ont servi de contrôle. Au cours de l’étude 894 personnes diagnostiquées comme souffrant de la maladie d’Alzheimer sur les 1796 (49,8%) avaient été ou étaient toujours traitées avec des benzodiazépines et 2873, parmi les 7184 servant de contrôles utilisaient des benzodiazépines. Toutes ces personnes étudiées étaient âgées de plus de 66 ans.
Il ressort très clairement de cette étude que, quelle que soit la méthode d’analyse statistique utilisée, la prise de benzodiazépines, quelle que soit également leur nature, augmente significativement le risque d’apparition de la maladie, ce risque augmente linéairement en fonction des doses quotidiennes prescrites et également en fonction des durées de vie des produits dans le sang. Pour des traitements ayant duré plus de 6 mois, le risque est doublé ! Pour les benzodiazépines à longue demi-vie, ce risque est accru de 70%. En moyennant tous les résultats, il ressort que la prise de benzodiazépines, en agrégeant leur nature et la durée de traitement, augmente de 50% le risque d’apparition de la maladie d’Alzheimer.
Reste à trouver une explication à cette découverte carrément alarmante sur des modèles animaux : la seule observation qui a pu être avancée est que l’usage prolongé de benzodiazépines induit une baisse du nombre de récepteurs de l’acide gamma-aminobutyrique du système nerveux central.
Source : British Medical Journal
À lire aussi :
Très intéressant mais, pour ceux qui n’ont que peu de connaissances en pharmacie, quels seraient les noms « commerciaux » de ces substances suspectes ?
tous, on peut vivre à 99% sa vie sans prendre de médicaments, j’ écarte l’ aspirine.
On voit que vous n’avez pas été sujet à une dépression grave.
Ah ben ça vous n’ en savez rien, et n’ en voyez rien non plus docteur.
On doit peut-être se méfier des conclusions des études épidémiologiques, comme on doit se méfier des médocs, comme on doit se méfier de ce que l’ on mange. Tout dépend du côté où l’ on se sent rassuré ou du côté où se trouve nos intérêts.
Pour ma part, je crois à la devise de ma bonne maman: on creuse sa tombe avec ses dents. Et j’ ajouterai que nous avons perdu tout instinct de ce qui est bon ou pas à ingérer. Faites avaler une pilule à un chat et vous comprendrez…
La dépression ça se soigne par l’homéopathie : un traitement sans effet pour une maladie imaginaire.
Imaginaire? Non, le cerveau peut être en dépression par manque de neurotransmetteur, à l’arrêt, et il faut le recharger en urgence.
Les idées noires, les pensées négatives, les angoisses, ce sont des constructions mentales donc du domaine de l’imaginaire. La dépression est une maladie imaginaire.
Une maladie de l’imagination peut-être, mais imaginaire, certainement pas. On voit que vous ne savez pas ce que c’est.
MDR Vous vous êtes relus ?
Une maladie de foie ne serait pas hépathique ?
Voitre imagination vous joue des tours. 😉
On peut l’induire chimiquement, certains médicaments provoquent dépressions et envie suicidaires. Ca n’a rien d’une maladie imaginaire, c’est une pathologie qui dans de nombreux cas s’explique par une surcharge du cerveau qui fini par lâcher. En traitement les symptômes neurologiques ont rétablit un état à peu près normal. Ensuite il faut traiter les problèmes à la source, dans l’environnement ou les névroses.
Tu ne prouves rien : un trouble du sommeil peut être dû à une cause physique ou imaginaire : dans les 2 cas tu prouves simplement qu’on peut le traiter chimiquement mais en aucun cas ça ne te donne l’origine du problème.
Intéressant tout ça, je me demande ce ue onnerait une étude similaire focalisée sur les médicaments anti-cholestérol…
Toujours commencer par se méfier des conclusions trop catégoriques des études épidémiologiques.
Tout à fait d’accord !
En lisant cette étude, on constate qu’il est écrit:
« Whether causal or not, the nature of the link cannot be definitively established », soit
“Qu’elle soit causale ou non, la nature du lien ne peut être définitivement établie »
Cette étude est pourtant relayée dans le monde entier, présentant comme une réalité que les benzodiazépines provoquent la maladie d’Alzheimer.
L’épidémiologie est devenue aujourd’hui une pseudo science alimentant en permanence des peurs qui n’ont pas lieu d’être. Rien n’est pratiquement jamais prouvé, mais tout est présenté comme si cela l’était.
Le pire est que Jacques Henry écrit qu’il profite de sa retraite pour porter un regard critique sur certains aspects de la biologie et de la médecine. Il présente pourtant cette étude comme valide en écrivant : « Il ressort très clairement d’une nouvelle étude que la prise de benzodiazépines augmente significativement l’apparition de la maladie d’Alzheimer. » Est-ce de la malhonnêteté intellectuelle ou de l’incompétence ?
C’est clair… On prescrit des benzodiazépines à des gens en raison d’un trouble reconnu d’origine neurologique. Que ces gens soient plus sujet à développer Alzheimer (un autre trouble neurologique) sans avoir à invoquer les benzodiazépines est hautement probable.
ce composé chimique ralentirait le système nerveux. Cette grave maladie serait une atteinte de la peripherie nerveuse d’après quelque lecture. Si tel était le cas, ce médicament devrait être du marché.
Pourquoi tant de personnes sont elles atteinte par cette maladie ?
d’avance merci
« Pourquoi tant de personnes sont elles atteinte par cette maladie ? »
J’ai personnellement deux hypothèses compatibles entre elles:
– la maladie d’Alzheimer est un diabète acquis particulier au cerveau, donc sa prévalence a explosé comme celle du diabète de type 2, entre autres choses à cause des recommendations nutritionnelles officielles:
http://www.contrepoints.org/2014/07/25/174591-alzheimer-le-diabete-de-type-3
http://www.contrepoints.org/2013/02/06/113904-manger-bouger-12-ans-dechec-constant-des-politiques-publiques-de-prevention
– la molécule de cholestérol permet normalement de combattre certains effets du vieillissement dans les cellules nerveuses, mais des années de traitement aux statines réduisent cet effet protecteur. Dans les études statistiques, on voit que ceux qui ont eu beaucoup de cholestérol et donc ont été les plus susceptibles d’avoir été traités avec ces médicaments, finissent par développer plus souvent la maladie vingt à trente ans plus tard, une fois que ce taux de cholestérol est retombé.
Je pense donc que c’est une conjonction d’effets causals et aggravants en plus d’une espérance de vie allongée, qui est à l’œuvre.
je me rappelle lors d’une visite à un proche dans une maison de retraite, un responsable m’avait confié ceci :
des résidents étaient arrivés bien et au contact des résidents atteints s’étaient progressivement dégradés.
Cette confidence a généré chez moi des tas d’interrogation au fil du temps
Etait-ce au contact des autres résidents, ou bien du fait d’être plongés dans le même environnement ? C’est une question pertinente…
Apprenons donc à entretenir.notre mémoire’ à respirer, à gérer notre stress et oublions ces médicaments
Lexomil, Tranxène, Valium, temesta…
Certes, comme le souligne un participant, ces substances peuvent être utiles dans le cas de dépression grave. Mais elles sont le plus souvent utilisées comme simple aide à vivre et à dormir.
Et aussi comme drogues, prise en même temps que de l’alcool. il faut savoir que ces substances multiplient les effets de l’alcool sur l’organisme.
Alcool plus antidépresseur, mélange détonnant très dangereux, parce qu’il n’y a pas besoin de beaucoup d’alcool pour un effet euphorisant, et donc qu’on ne se rend pas compte qu’on devient alcoolique.
Activités spécifiques des benzodiazépines:
1) Anti-épileptiques (arrêtent ou empêchent la survenue de crises d’épilepsie)
2) Anti-névralgiques (bloquent certaines douleurs périphériques ou centrales liées à l’altération de structures neurologiques – nerfs périphériques, voies nerveuses sensitives)
3) Myorelaxantes (diminuent les contractures musculaires, utiles dans le traitement du tétanos par exemple)
4) anxiolytiques (effet anti-anxiété et anti-angoisse)
5) somnifères (favorisent le sommeil) et anesthésiques
Surement pas anti-dépressives (et même susceptibles de décompenser certains états pré-dépressifs)
Vous avez raison, mais quand la dépression résulte d’une trop grande charge permanente d’angoisse les anxiolytiques sont associés aux antidépresseurs.
Le genre d’études où les biais de recrutements sont nombreux mais pas forcément faciles à détecter. Le diagnostic de maladie d’Alzheimer est en général assez facile mais quand il est trop tard et extrêmement difficile au moment où cela serait très utile, c’est-à-dire souvent plusieurs années avant les premiers signes réellement détectables. En plus entre les formes purement dégénératives (dépôts de protéines bêta-amyloïdes en excès) et les formes mixtes (dégâts vasculaires associés à l’hypertension artérielle par exemple), le diagnostic est quasi-impossible ou simplement suspecté. Les formes intriquées avec d’autres pathologies (polycarences type Korsakoff; alcoolisme; dénutritions;…) sont aussi complexes à différencier. Il est probable que cette maladie multifactorielle commence de nombreuses années avant (5-10 voire 20 ans avant? suivant les cas).
Dans ce contexte, alors que les signes cliniques même les plus subtils ne sont pas encore détectables, les patients ressentent des difficultés de fonctionnement dans leur vie de tous les jours. Ne peuvent prendre un verre de vin sans se retrouver lourdement gênés pour suivre une discussion en famille, ce qui est très désagréable et les amènent à éviter ces prises (certaines études notamment bordelaises avaient émis l’hypothèse du bénéfice de très petites doses de vin par rapport à l’abstinence complète – biais de recrutement?). On sait aussi que les dépressions chroniques sont des éléments qui favorisent la survenue de démences de type Alzheimer. Sont-elles des démences d’Alzheimer débutantes dont les premiers signes infra-cliniques font souffrir les patients? (Difficultés à s’adapter à de nouvelles techniques? concurrence avec des sujets plus jeunes…). En tout cas, elles favorisent les médications anxiolytiques, la situation étant souvent angoissante (associations en plus à des déstructurations du sommeil > somnifères). A partir de là, où est l’oeuf et où est la poule? Les progrès de la biologie, de la génétique et des imageries fonctionnelles devraient progressivement nous aider. Pour la conclusion retenue, nous demanderons un supplément d’enquêtes…
Merci pour toutes ces précisions et informations précieuses. Elles me confortent dans ma méfiance envers les études épidémiologiques dont la conception, pour la plupart d’entre elles, ne peut aboutir qu’à des conclusions suggérant d’approfondir par d’autres voies la possibilité de relations causales.
Et le facteur génétique qu’on oublie.
En matière de génétique, il y a:
-La prédisposition
-L’élément déclenchant.
Quand on fait des études sur de possibles éléments déclenchants, on ne tient pas compte des éventuelles prédispositions.
Merci pour votre commentaire. Je me suis donné comme règle de ne pas intervenir quand Contrepoints publie un des billets de mon blog. Il apparait que la maladie d’Alzheimer a toujours existé. Je vous raconte ici une histoire vécue dans mon enfance. Je suis né dans un petit hameau perdu dans la campagne et dans les fermes environnantes cohabitaient plusieurs générations. Je parle des années 50. Quand un « vieux » n’était plus capable de nourrir les poules ou les cochons on le laissait tout simplement dépérir en lui donnant comme seule consolation quotidienne un litre de vin et un morceau de pain. Il m’est arrivé de côtoyer des vielles dames gardant leurs chèvres qui parlant patois me prenaient sous leur protection le temps d’un après-midi dans les buissons et les herbes hautes de ma campagne natale. Un jour une de ces vieilles dames très dignes n’est plus venue garder les chèvres avec ses amies. Elle ne pouvait tout simplement plus retrouver le chemin de sa maison vers les collines pour y conduire les chèvres. Elle avait été soumise au même régime. La maladie d’Alzheimer n’est donc pas une maladie moderne, elle a probablement toujours existé. Ceci étant, je ne fais que commenter des articles scientifiques objectivement et il m’arrive parfois d’ajouter quelques commentaires. Le plus souvent je reçois les articles des auteurs sur ma demande et quand dans un billet de mon blog je tente une interprétation différente, il m’arrive de recevoir des messages des auteurs de ces articles qui me félicitent de mon objectivité et de la précision de mon analyse.
Je trouve que les réactions décrites s’éloignent du sujet
De quoi parle t’on ?
Est ce utile pour le patient ?
On est en plein dans le sujet. On critique la méthodologie et les conclusions d’une étude dont on nous dit qu’elles seraient bine établies alors que ce n’est pas le cas. On doit se méfier de conclusions mal établies.
Donc des médicaments plus dangereux qu’utiles.
Tout ce qui est utile est potentiellement dangereux.
Le danger vient d’une mauvaise utilisation.
Si vous n’en avez pas besoin, oui;
si vous en avez besoin, non…
J’ai plutôt l’impression que l’on a une corrélation entre la maladie d’Alzheimer et la dépression, nan ?
L’un étant la suite logique de l’autre.
Avec le même genre d’étude épidémiologique on en déduirait que les gens ayant subi une chimio meurt statistiquement avant les autres.
La seule solution pour discriminer serait de faire prendre le type de benzodiazépines en cause à des gens qui n’en ont pas besoin.
» Il apparaît que la maladie d’Alzheimer a toujours existé. »
Bien sûr, on disait simplement: « il est gaga ».
Mais l’espérance de vie ayant fortement augmenté, il y en a de plus en plus (comme d’autres pathologies d’ailleurs, dont on ne percevait pas l’importance parce que les gens mourraient avant d’en être atteints).