Otages : Payer la rançon ou pas ? Le désaccord franco-américain

Suite à l’exécution du journaliste américain James Foley, les républicains accusent la France de favoriser les prises d’otage en payant les rançons.

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Otages : Payer la rançon ou pas ? Le désaccord franco-américain

Publié le 31 août 2014
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Par Guy Sorman

 

Après l’exécution du journaliste américain James Foley par les islamistes syriens, le 19 août, le gouvernement américain a rappelé que, par principe, il ne versait jamais de rançon aux ravisseurs et que l’envisager encourageait les enlèvements. Plusieurs parlementaires républicains et des journalistes de Fox News ont accusé la France de favoriser la prise d’otages parce qu’elle payait toujours une rançon pour la libération de ses concitoyens.

À l’appui de cet argument, on fait observer du côté américain que les otages français sont les plus nombreux aux mains des islamistes. Et il est exact que les États-Unis ne payent jamais et que la France paye toujours ! Lorsque Ronald Reagan parvint à la Maison Blanche en 1981 et obtint la libération des otages de l’ambassade américaine à Téhéran, il fut accusé d’avoir payé alors que Jimmy Carter aurait refusé. Mais cette mise en cause de Reagan fut plutôt politicienne, aucune preuve n’ayant jamais été apportée.

La controverse franco-américaine a véritablement commencé en 1985, avec l’enlèvement à Beyrouth de deux diplomates et deux journalistes français, dont Jean-Paul Kauffmann. Ceux-ci restèrent otages du Hezbollah, agissant sur ordre de l’Iran, pendant trois ans. Enlevés sous un gouvernement socialiste, ils furent libérés sous un gouvernement « chiraquien ». Celui-ci a toujours nié avoir payé, mais plusieurs enquêteurs ont retrouvé le cheminement de fonds secrets par l’intermédiaire d’une banque libanaise, basée à Paris, la Banque de Participation et de Placement. Les otages libérés, cette banque disparut mystérieusement, effaçant toute trace de transaction.

Plus récemment, c’est avec mollesse que François Hollande et Laurent Fabius ont démenti le versement de rançons aux islamistes du Mali : mais de source non vérifiable, on estime à un million d’euros la somme payée par otage libéré. Pour le journaliste américain James Foley, les islamistes auraient demandé neuf millions de dollars.

Entre « réalisme français » et « idéalisme américain », il est difficile d’arbitrer. La vérité est également difficile à prouver. Mais les circuits sont connus : Présidents et Ministres disposent de fonds secrets en liquide, globalement approuvés par les Parlements, et les gouvernements utilisent aussi le système des rétro-commissions sur les ventes d’armes pour « défrayer » les intermédiaires.

Le plus regrettable dans ces affaires tragiques est le manque de concertation entre la France et les États-Unis, aggravé par le total manque de confiance entre François Hollande et Barack Obama.


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  • personne de sérieux ne peut nier que payer les rancons alimentent la prise d’otages. d’ailleurs, les ravisseurs visent surtout des gens dont ils savent que le pays paye une rancon. le paiement des rancon est devenu l’une des plus grandes sources de financement du terrorisme.

    • C’est facile de dire çà. C’est vrai que payer les rançons incitent à davantage prendre des otages.
      Sauf que si on ne paye pas, ils vont tuer les otages pour montrer leur détermination.
      D’ailleurs, cela ne m’étonnerait pas de trouver un commentaire qui dise que l’Etat n’a pas à payer de rançons car c’est aux individus de la payer (la famille)
      Sauf qu’ils faut que vous sortiez de votre monde de bisounours libéraux et que vous compreniez que les familles d’otages n’ont pas tous les moyens de payer la rançon.
      Vous voulez faire quoi ? Les laisser crever, c’est sûr, c’est facile de dire çà quand on a pas un proche qui s’est fait enlever.

      • non, il faut essayer de les secourir par exemple en envoyant les forces spéciales les libérer mais il ne faut pas payer car payer et grace à l’argent, les terroristes achèteront des armes et tueront encore plus de personne. en quoi la vie d’une seule personne en vaut plus que la vie de plusieurs personnes ?? car c’est cela l’équation.

      • sans vouloir vous offensez si les alliés pdt la seconde guerre mondiale avait eu votre mentalité on aurait perdu

        • @ jacques

          Mais peut-être que la personne qui sera mise à mort aurait pu devenir le père d’un inventeur qui aurait pu sauver des millions de vies. Il n’est pas possible de savoir ce qui est réellement l’intérêt de l’humanité à partir d’hypothèses sur un avenir inconnu.

          Mais ce qui est sûr, c’est que la prise d’otages ne fonctionne que tant qu’elle est rare, plus elle se développera, moins on trouvera de fonds pour payer.

          De même, les chances de l’axe de maintenir sous son contrôle toute la planète étaient nulles, tous les empires coloniaux ont fini par s’écrouler.

          •  » la personne qui sera mise à mort aurait pu devenir le père d’un inventeur qui aurait pu sauver des millions de vies » c’est très hautement improbable …..on peut dire la meme chose peut etre que les armes acheté grace à la rancon servira à tuer le père d’un inventeur qui aurait pu sauver des millions de vies

          • « Mais ce qui est sûr, c’est que la prise d’otages ne fonctionne que tant qu’elle est rare, plus elle se développera, moins on trouvera de fonds pour payer. » n’importe quoi. regardez l’exemple de l’amérique du sud. où la prise d’otage s’est multiplié et est devenu monnaie courante. des petits malfrats se sont lancé dans la prise d’otages qui visent un peu près n’importe qui.

            • @ jacques

              Je ne crois pas que beaucoup d’êtres humains soient le résultat d’une forte probabilité.

              Quant à l’Amérique du Sud, si la prise d’otage s’est généralisée, on ne payera de fortes sommes certainement que pour les otages fortunés… Si un million de français y étaient détenus, la France ne pourrait assurément pas payer un million pour la libération de chaque otage.

      • Que viennent faire ici les « bisounours libéraux »? Quel rapport?
        Et comment ignorer que ces libérations avec un président qui vient accueillir les ex otages à la descente des avions est un très mauvais signe d’encouragement qui appuis sur « l’importance de nos otages à nos yeux humanistes ».
        Ensuite je suis d’accord que si j’étais un otage, je serai pour le paiement d’une rançon :-), mais ce qui est bon pour une personne ne l’est pas forcément pour la communauté, c’est tout le problème.

        • @ Gilles

          D’un point de vue libéral, seul l’intérêt individuel doit être pris en compte. C’est le collectivisme qui fait passer l’intérêt de la communauté avant celui de l’individu.

          L’intérêt de la communauté doit être la somme des expressions individuelles et non la décision arbitraire d’un représentant… 

  • les otages francais ont été libérés comme par hasard chaque fois qu’hollande était en difficulté sur la scène intérieure ( l’affaire avec son conseiller, cahuzac,….).

  • Je ne vois pas pourquoi je devrais payer une rançon pour un journaliste à qui je n’ai rien demandé.
    C’est à son employeur qui l’a envoyé là bas de payer.
    Concernant le journaliste américain on s’en fou, c’est leur problème.
    Si vous allez dans ces pays c’est à vos risques et périls, il me semble que c’est l’administration qui vous dit ça? Alors pourquoi payer une rançon pour un journaliste.
    Qu’ils voient ça avec leurs employeurs.

    • Vous vous rendez compte que votre commentaire est cruel. Est ce que vous avez un cœur ?
      Il est du devoir d’une nation de venir en aide à l’un de ses compatriotes. Il est tout à fait normal que des journalistes aillent dans un pays en guerre, vous croyez qu’ils font quoi là bas ? Du tourisme ? Qu’ils se dorlotent les pieds ?
      Vous faites parti de ces individus nombrilistes, individualistes qui ne pensent qu’à eux. Vous vivez confortablement dans vote petit monde libéral et vous vous dites  » Qu’est ce que j’en ai à foutre que quelqu’un se fasse enlever ? Qu’il crève, je le connais pas, j’en ai rien à foutre »
      Je suis prête à parier que si c’était un de vos proches, vous vous battriez pour que l’Etat paie la rançon.

      • dans la vie, il faut avoir une vision un peu plus globale que la votre (surtout quand on dirige un pays). payer les rancons alimentent la prise d’otages. les ravisseurs visent surtout des gens dont ils savent que le pays paye une rancon. le paiement des rancon est devenu l’une des plus grandes sources de financement du terrorisme. alors oui l’état doit tout faire pour secourir les otages mais surement pas en payant la rancon. et puis tout faire pour traduire en juste les ravisseurs (ou les tuer si les traduire en justice est impossible).

      • @ Choqué

        Et pourquoi l’Etat affecterait cet argent pour sauver cette personne qui a pris un risque en connaissance de cause, alors qu’il aurait pu l’utiliser pour en sauver 10 autres qui crèvent de faim ailleurs et qui n’y peuvent strictement rien?

        Voilà pourquoi, c’est de toute manière immorale, si c’est l’Etat qui paye, car il paye en utilisant l’argent de personnes qui ne sont pas d’accord avec cette utilisation-là. C’est à ceux qui déboursent, de choisir quelle cause, ils veulent soutenir.

  • PAYER TUE.

    Mais comment voulez-vous que des socialistes de gauche ou de droite comprennent cela quand ils ne comprennent même pas la loi de l’offre et de la demande, puisqu’il s’agit bien de cela encore ici : pas d’argent, pas d’otages.

  • Non, il n’est pas difficile d’arbitrer. Payer revient à collaborer avec des terroristes. C’est donc parfaitement immoral.

    • Vous diriez cela si c’était l’un de vos proche qui était enlevé ?

      • @ Jeff84

        Payer n’est pas immoral, si c’est vous qui choisissez d’utiliser votre argent pour soutenir quelqu’un que vous ne voulez pas voir mourir. Mais cela devrait rester un choix privé, ce qui est immoral, c’est lorsque c’est l’Etat qui impose un choix avec votre argent (payer ou pas payer), et bien évidemment l’action de ces ravisseurs.

  • qu’ouie je ? dumou et le prix nobel de la guerre ne se font pas confiance ? trés étonnant , quand on voit la rapidité avec laquelle dumou s’agenouille devant l’autre pour un oui ou pour un non ; j’eusse cru que ces deux là s’entendaient pourtant à merveille pour fabriquer le chemin qui nous mènent droit au chaos ;

  • Monsieur Sorman ne se mouille pas . Comme d’hab !

    faut-il payer , oui ou non ?

    • @ petitjean

      Le vrai problème est surtout que tant dans le cas américain que français, ce ne sont pas ceux qui déboursent l’argent qui ont le droit de décider. Si certains veulent payer, cela devrait être leur droit, de même si certains ne veulent pas payer.

  • Je comprends pourquoi aucun journaliste ne s’aventure en Seine-Saint-Denis !

  • Flinguer les méchants et napalmer leurs complices. Ainsi, lorsque nos Forces spéciales ont échoué à récupérer l’agent français retenu en otage dans ce village somalien, il aurait fallu détruire le village complice, ce qui aurait donner à réfléchir aux futurs complices de prise d’otage. Mais ce n’est pas politiquement correct. Pourquoi Hissen Habré est-il toujours en vie, après ce qu’il a fait au commandant Galopin?

  • L’Etat n’a pas à jouer le rôle d’une assuyrance pour les journalistes. S’ils prennent des risques, leur employeur doit payer une prime d’assurance à sa compagnie préférée.

  • Sinon il y a la méthode russe à Beyrouth par exemple : capturer le neveu de leader de l’organisation terroriste, envoyer quelques parties anatomiques au Hezbollah avec des photos d’autres membres de la famille.
    Bilan : otages russes relâchés au bout de quelques jours alors que les otages occidentaux sont soient morts soient restés prisonniers plus d’un an en moyenne. Aucun enlèvement d’officiels russes pendant 20 ans.
    C’est certes un peu plus barbare mais la rationalité et la discussion n’ont jamais été des solutions avec les groupes terroristes.

    Demandez-vous également pourquoi les pirates somaliens fuient les pavillons russes comme la peste. Après avoir capturé et livré des pirates pour qu’ils soient jugés, ils les ont retrouvé dans une prise d’otages quelques mois plus tard. Changement de politique : pas de prisonniers.

    Les russes me semblent beaucoup plus crédibles concernant le non-versement de rançon que les américains ou les français.
    Condamner sur CNN et donner quelques bifferons pour libérer des otages ça paye toujours en politique intérieure. Mais les conséquences néfastes seront toujours pour les suivants.

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Faut-il vraiment verser une rançon pour délivrer des prisonniers, aidant ainsi financièrement des terroristes en lutte contre nous ? La question est vieille comme le monde.

Elle s’est de nouveau posée avec la libération de Sophie Pétronin. Officiellement cette otage a été libérée ainsi que deux autres Occidentaux et le chef de l’opposition malienne dans le cadre d’un échange de prisonniers, mais il paraît qu’une rançon a été versée en plus.

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