Le corps, bientôt obsolète ?

La technologie et le transhumanisme rendront-ils bientôt notre corps obsolète ?

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Le corps, bientôt obsolète ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 11 août 2014
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Par Julien de Sanctis.

Un article de Trop Libre.

« L’humanité est devenue assez étrangère à elle-même pour réussir à vivre sa propre destruction comme une jouissance esthétique de premier ordre » — Walter Benjamin1

Homme Vitruve (Image libre de droits)En un demi-siècle, la technique est passée d’une logique mécanique et prothétique d’extension externe des capacités humaines à une logique informatique et administrative régissant « les êtres et les choses », selon le mot d’Éric Sadin2. Si, dans le premier cas, nos outils pouvaient être conçus comme le prolongement organique3 d’un corps fini et nécessairement limité, dans le second, la technologie n’obéit plus uniquement à la volonté d’« étendre » le corps mais aussi à celle d’accroître les facultés du cerveau, conçu comme une machine computationnelle. L’informatique opère alors comme une extension cognitive des facultés intellectuelles – et plus particulièrement calculatoires – humaines.

Vitesse de traitement de l’information, infaillibilité, mémoire infiniment extensible et rationalité mathématique sont les nouveaux points cardinaux du développement technologique. L’hybridation entre facultés humaines et artificielles tend à dépasser la seule complémentarité – qui caractérisait déjà notre rapport avec les outils et les machines prothétiques, et ce depuis l’usage du premier silex – pour investir l’espace longtemps sanctuarisé de la décision : « ce qui caractérise les processeurs électroniques, c’est leur capacité à « prendre la main » durant la réalisation d’une opération, à procéder sans intervention humaine dès l’impulsion enclenchée, à la différence de la mécanique, qui ,elle, est toujours dépendante du maintien d’une décision »4. L’assistance dépasse donc le cadre purement physique pour investir les sphères de l’autonomie via le développement de technologies dont le but n’est autre que de reproduire et décupler l’« intelligence » humaine.

Si ces divers constats réactualisent les réflexions sur la célèbre dialectique du maître et de l’esclave hégélienne, ils soulèvent une question anthropologique plus profonde encore : quelle place reste-t-il dans le monde à un Homme dont la technique outrepasse les limites corporelles et intellectuelles au point qu’il se considère lui-même comme un archaïsme quasi indésirable ?

Entre Gaïa et Prométhée : la remise en cause des substrats 

Si la pensée philosophique a longtemps exalté l’autonomie humaine eu égard à ses créations techniques, force est de constater qu’aujourd’hui l’Homme peinerait à s’adapter à un monde dépourvu d’excroissances technologiques. L’existence humaine et son développement sont suspendus à la présence de deux substrats de nature différente. Le premier n’est autre que l’environnement terrestre dont nous avons évoqué l’importance primordiale dans une précédente chronique, et qui structure, de façon a priori, la possibilité humaine dans l’univers. Il peut donc être qualifié de vital (condition nécessaire). Le second, quant à lui, est l’environnement technique que l’Homme s’est constitué et qui caractérise son mode d’existence au sein du substrat précédent. Il s’agit, dans ce cas, d’un support civilisationnel contingent. Faites disparaître le premier et l’homme disparaît avec lui ; effacez le second, et c’est l’Homme tel que nous le connaissons qui s’effacera également.

Le mépris affiché pour le substrat terrestre n’est plus à démontrer. Tout se passe comme si notre haine de la nature renforçait notre fascination pour la technique et vice versa. La nature est ce qui nous enchaine à la condition de simples vivants parmi les vivants (limitation) alors que la technique promet de nous élever au-dessus du règne animal, de satisfaire nos moindres désirs et de nous affranchir des moindres contraintes (illimitation).

Mais voici qu’un troisième substrat existentiel peut faire l’objet d’intervention technique : le corps. Support biologique de la vie humaine, le corps constitue, selon Pierre Musso, un symbole de la société dans laquelle il s’insère5. Ainsi, que devient la corporéité dans une société fascinée par les prouesses technologiques, l’immatérialité, la vitesse et son aboutissement qu’est l’instantanéité, l’exactitude mathématique, etc. ? Le corps n’est plus sanctuarisé, au contraire. Il symbolise notre finitude, dernier bastion de notre honteux enracinement au substrat terrestre et, de ce fait, devient anachronique et indésirable. Un corps meurt, tombe malade. Il connaît les limites de la chair et entrave notre désir, pourtant presque charnel6, de dépassement permanent du joug qu’exerce la nature.

Augmenter l’humain7

« Les technologies sont vouées à libérer l’homme des contraintes corporelles, qu’elles soient biologiques ou culturelles. Elles ne sont plus uniquement perçues comme extérieures au corps, mais comme venant s’y substituer, le transformer en instrument plus efficace, éliminer des fonctions inutiles, etc. »8. Notre quête immémoriale d’affranchissement a atteint le seuil de l’incarnation. Il existe plusieurs pistes d’« amélioration » de l’Homme par l’Homme. Augmenter l’humain peut à la fois être synonyme de réparation (corriger, par exemple, un défaut d’audition via des implants cochléaires) ou d’amélioration (permettre, avec ces implants, d’entendre des sons que l’audition humaine normale ne peut discerner). Dans tous les cas, le corps est conçu comme une matière plastique, une structure de base vouée à être modifiée ou transcendée.

Mais augmenter l’humain, n’est-ce pas, en définitive, un moyen de le dépasser ? Les apôtres transhumanistes de la convergence NBIC9 promettent d’offrir à l’Homme une existence sans douleur ni mort tout en développant l’acuité de nos sens et de notre cerveau. Les technosciences sont alors perçues comme les nouvelles bienfaitrices de l’humanité. De quelle humanité parle-t-on ? La question reste en suspens. Toutefois, n’oublions pas que l’humanisme occidental moderne appelle à la domination de la nature par la science et les techniques sans pour autant se laisser dominer par elles. Contrairement aux transhumanistes, les humanistes acceptent la dépendance de l’Homme à l’égard de son corps.

« L’obsolescence de l’homme »10

Si l’hybridation sociale Homme/machine tend déjà à rendre la figure humaine obsolète par la capacité croissante des techniques informatiques à agir à notre place dans l’indétermination (dépassement du simple automatisme), on peut se demander si l’intégration des technologies au corps ne consacre pas la victoire de la « honte prométhéenne »11 diagnostiquée par Günther Anders, au profit d’une disparition progressive de l’Homme.


Sur le web

  1. L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique
  2. E. Sadin, L’humanité augmentée. L’administration numérique du monde, Éditions l’Échappée, 2013, p.24.
  3. G. Canguilhem, La connaissance de la vie, Vrin, 2008.
  4. E. Sadin, ibid, p.46
  5. P. Musso, « Le technocorps, symbole de la société technicienne », in B. Munier (dir.), Technocorps. La sociologie du corps à l’épreuve des nouvelles technologies, François Bourin, 2014.
  6. Le corps est le média originel de notre rapport au monde. En tant que tel, il conditionne notre faculté de désirer, d’accomplir et de progresser. Sensations, émotions et intellection, aussi contradictoires soient-elles, se répondent les unes aux autres pour permettre l’émergence d’une conscience.
  7. Il est entendu que ces analyses concernent l’Homme de la civilisation occidentale dominante (et non supérieure).
  8. D. Le Breton, « L’adieu au corps : vers homo silicium », in B. Munier (dir.), Technocorps. La sociologie du corps à l’épreuve des nouvelles technologies, François Bourin, 2014.
  9. Perspective scientifique pour certains, tendance marketing pour d’autres, la convergence NBIC désigne l’interconnexion des nanotechnologies, biotechnologies, de l’informatique et des sciences cognitives.
  10. G. Anders, L’obsolescence de l’homme, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, 2002.
  11. Honte du créateur face à la perfection de ses créatures.
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  • Sans doute certains vont me prendre pour un horrible réac, mais cette histoire de transhumanisme ne me plaît guère.

    • Les problèmes des implants neuros, c’est que certains pourraient altérer les capacités d’un individu plus que ce qu’il aurait consenti.
      Que faire si cela permet de prendre le contrôle d’un individu, de « prendre » des informations du cerveau d’un utilisateur sans qu’il le sache ?

      On pourrait me rétorquer que c’est comme quand un individu décide de fumer, il devient dépendant, mais il était libre de commencer, et qu’il devait être informé des risques, par ses parents, amis, etc. Fondamentalement le problème ne change pas de nature, de degré.

      Parce que cette technique porte les germes d’un réel nouvel esclavage, peut-être plus effroyable que l’ancien, détruire le consentement et la résistance à l’oppression, de telles technologies aux mains d’un État dévoyé pourrait être funeste, c’est le rêve de tout les oppresseurs, réduire l’Homme en un rouage obéissant.

      Ça me rappelle terriblement José Delgado…
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Jos%C3%A9_Delgado

      « We need a program of psychosurgery for political control of our society. The purpose is physical control of the mind. Everyone who deviates from the given norm can be surgically mutilated.
      –1974 Congressional Testimony of Dr. Jose Delgado

      « The individual may think that the most important reality is his own existence, but this is only his personal point of view. This lacks historical perspective. Man does not have the right to develop his own mind. This kind of liberal orientation has great appeal. We must electronically control the brain. Someday armies and generals will be controlled by electric stimulation of the brain. »
      –Dr. Jose Delgado, Director of Neuropsychiatry Yale University Medical School Congressional Record, No. 26, Vol. 118 February 24, 1974

      • Erratum : « Fondamentalement le problème ne change pas de nature, *mais* de degré. »

      • Exact. Il pourrait dangereux de laisser ça entre les mains des gouvernements. Ceci dit, un tel projet me semble difficile à mener à bien. Il présuppose que le gouvernement va être seul à agir (c’est à dire que personne ne va travailler à ces technologies à côté, ni proposer de produit concurrent, ni même tester le matos de son côté) que tout le monde va s’équiper de ce produit, mais en plus, vous négligez totalement le coût de l’infrastructure.

        Mettre en place et maintenir une telle machine serait incroyablement cher, cela demanderait des milliers d’hommes travaillant dessus en permanence, un nombre considérable d’analystes pour traiter les données (même avec un système expert, ou une intelligence artificielle de toute façon imprévisible, car pour rappel, une vraie IA est un système capable d’apprendre, et de prendre des décisions non prévues par ses concepteurs… m’étonnerait que des gens assoiffés de pouvoir laissent un tel pouvoir (justement) entre les mains d’un système qu’ils ne contrôlent par définition qu’en partie au mieux).

        Au-delà de ça, câbler les gens pour les contrôler c’est bien beau, le problème étant qu’il faut bien contrôler les puces, ce qui veut dire qu’il faut pouvoir communiquer avec ces puces. Sans fil qui plus est. Autrement dit, le politique qui s’amuse à faire ça va se retrouver avec un vrai problème, dans la mesure ou, en fin de compte, il met une armée bien docile et obéissante entre les mains du premier hacker qui pourra cracker ces puces. Imaginez: toute la stratégie de contrôle de la population à la merci de n’importe quel développeur ou même techos motivé! Une intervention extérieure sur un patch et tout le monde retrouve son libre arbitre!

        Et que se passerait-il si des gens sortent des zones de couvertures?

        Pour en revenir à l’infra, on sait que les dictatures sont ce qui se fait de pire en terme de gestion et de production de ressources. Je me demande combien d’années (mois?) il pourrait maintenir une telle structure avant que tout s’écroule.

        Pour aller plus loin, interdire se genre de technologies n’est de toute façon pas une bonne manière d’empêcher se genre de problème, car on sait bien que même si on interdit, cela n’empêchera pas le gouvernement (ou l’armée) de bosser la-dessus dans son coin (ou n’importe quelle agence gouvernementale qu’on voudra). Tout simplement, ce sont eux qui font respecter les interdictions!

        Par contre on est sûr qu’ils seront les seuls à les détenir.

        Il faut au contraire s’arranger pour que ces technos soient le plus diffusées possibles, qu’un maximum de structures de toute tailles développent leurs produits (la concurrence faisant baisser les marges, et mettant une vraie menace sur la tête de l’agent économique qui allouerait mal ses ressources). Ainsi il devient bien plus dur d’assumer les coûts d’un projet tel que celui dont vous parlez, et aussi bien plus dur de le diffuser à une partie significative de la population.

        Vous voulez empêcher ce genre de problème d’arriver? Ou de prendre une ampleur significative? Empêchez les collusions entre état et entreprises, et laissez faire!

        Là encore, l’interdiction donnerait un faux sentiment de sécurité, et scellerai nôtre destin.

        C’est comme tout, des problèmes apparaîtront forcément en même temps que ces technos, qu’il faudra résoudre. En interdisant, on s’assurerait simplement que ces problèmes ne seront pas résolus. Car empêcher ces technos d’apparaître deviendra impossible à plus ou moins brève échéance.

        L’idée n’est pas de chercher à empêcher ces technos de tomber entre de mauvaises mains ( ce qui est impossible, voyez l’exemple des armes à feu), mais de s’assurer qu’elles se trouvent aussi dans les bonnes.

        • Ah non je n’ai pas dit qu’il fallait interdire, justement il faut faire des recherches, et si possible trouver des gardes fous, etc. je suis juste plus que méfiant de quelque chose qui peut altérer mon for intérieur.
          (Qui pourrait m’inciter à consommer certains produits, avec des portes dérobées, non consenties préalablement, etc.)

          Pour moi la technique est relativement neutre, bien que certaines décuplent potentiellement les capacités de nuisances de certains individus, entités, corporations, État…

          Votre réponse est bonne, elle nuance la capacité de nuire, avec la conséquente logistique requise, bien que je pense qu’il ne faut pas sous-estimer la capacité de nuisance de certains groupes, l’URSS avait des moyens importants de coercitions, et le progrès va vite, baisse les coûts, augmente l’autonomie, et réduit le nombre nécessaire d’individus pour effectuer des tâches, permettant théoriquement une plus grande soutenabilité du socialisme, voir un point de non-retour… (on pourrait me rétorquer que le progrès, la concurrence augmente aussi le pouvoir individuel du plus grand nombre.)

          Les dictatures des pays pauvres n’ont pas les moyens d’user de méthodes aussi sophistiqués, et elles n’en ont pas le besoin, par contre les pays riches qui petit à petit sombrent dans l’autoritarisme et le « tittytainment » ont encore des moyens conséquents pour imposer progressivement de tels systèmes, en contrepartie d’aides sociales, pour la sécurité, etc.

          Bref il ne faut pas que cela tombe dans les mains de monopoleur, surtout celui de la violence légitime.

  • Fred,

    Je vous comprends parfaitement. Le transhumanisme est dangereux car il transforme l homme en un être hybride. Le but ultime du transhumanisme est d implanter une copie numérique de l esprit sur un support informatisé.
    Le mythe de Frankeinstein est sur le point de se réaliser.

    Fred, a mes yeux, le transhumanisme est une abomination gnostique…

    • Sans compter que cette théorie vise avant tout à réduire nos libertés en nous contrôlant via les machines.

      Ceci est absolument terrifiant. Les pires dictatures ou certaines organisations non gouvernementales pourraient ainsi utiliser la technologie la plus perfectionnée qu’il soit pour vous formater intellectuellement et contrôler votre corps dans leur intérêt propre.

      Il ne faut donc pas s’ étonner que certains socialistes comme Atalli ou des gourous de secte comme Raël soient proches des thèses transhumanistes.

      • J’ai répondu plus haut. Mais je doute de la faisabilité du projet. Sauf si ces technos sont interdites, auquel cas on peut dire sans peur de se tromper que ça arrivera nécessairement. La peur nous fait souvent prendre de mauvaises décisions. Et chez ceux qui veulent interdire par principe, je n’ai que rarement vu autre chose que de la peur. Par exemple, quand on appuie son argumentation sur le plus mauvais scénario possible, c’est qu’on a peur. Et en général on se prend le retour de bâton, à moyen terme.

    • le transhumanisme ou le human enhancement ( surtout cognitif) vient de la culture wasps protesto-libérale plutôt libertarienne ( Singularity University, Google)
      Probablement le nouveau rêve d’Icare transatlantique

      Mais ils ne l’imposent à personne
      tu es libre de refuser de vivre plus longtemps
      tu es libre de refuser un implant neurocognitif
      tu es libre de ne pas augmenter tes capacités
      tu es libre de ne pas hacker tes défauts pour vivre plus intensément ou sereinement ou autre
      Bref comme certains ancêtres ont été libre de ne pas aller chercher plus au de la du continent de l’émergence de l’humanoïde.

      la volonté de puissance, la curiosité ( voire derrière la montagne) et d’augmentation est par essence le moteur de l’odyssée humaine

      Il y aura toujours des septiques qui critiqueront ( c’est leur droit, ils l’ont fait pour les premières migrations néolithiques, pour Gutenberg, pour l’industrialisation, pour le numérique et maintenant pour le transhumanisme et l’émergence de la singularité a travers les NBIC) MAIS comme souvent ( hélas) notre monde latin ne se satisfait pas de la critique et d’assumer la responsabilité de son choix, il veut que tout le monde soit comme lui

      la critique type de ce courant surtout en France ( a voir le déchaînement d’ARTE sur le transhumanisme) est une vision totalitaire idéologique quasi communiste ( avec un anti-américanisme sous jacent) Tu n’aime pas le transhumanisme, Tu sors ta diatribe anti- trans-humaniste ( pseudo philosophie a deux balles sur l’allienement et la déperdition du lien et du sens humain) et Tu voudrais que personne n’en profite

      Joli exemple de liberté

      Max Weber avait Raison

      • Rien ne nous indique que le transhimanisme soit utilisé à mauvais escient dans certains cas.

        Mais bon, manifestement, certains libertariens qui lavent plus blanc que blanc n’aiment les sceptiques et les critiques.

        Ceci en dit long sur leur niveau de tolérance.

        • Je voulais dire que rien ne nous indique que le transhumanisme ne serait pas utilisé à mauvais escient.

          • Rien ne nous indique que les couteaux ne serait pas utilisé à mauvais escient.
            Il faut donc interdire les couteaux.

            Rien ne nous indique qu’Internet ne serait pas utilisé à mauvais escient.
            Il faut donc interdire Internet.

            Tu vois mieux le problème ?

            Tu ne crois pas au transhumanisme, trouve ça révulsant, contre-nature, etc… ? Ne le fais pas, mais laisse moi libre de mon choix.

            L’attitude intolérante ici, c’est bien la tienne qui veut interdire quelque chose parce que ça ne te plaît pas et accuse d’intolérance celui qui te répond que tu es libre de ton choix et que tu dois laisser les autres être libre des leurs.

            • Je te mets au défi de m’indiquer où je parle d’interdiction. Je dis seulement que je suis sceptique quant à cette évolution, qui veut transformer l’humanité selon les techniques.

              Tu réagis tel un religieux intégriste, c’est à dire sans discernement aucun.

              Est-il donc interdit d’émettre des doutes ?

              Si oui, alors le libéralisme selon tes critères serait vite synonyme de totalitarisme idéologique.

      • Dans les fait, le transhumanisme pourrait s’imposer mécaniquement à tout le monde, car les personnes n’ayant pas choisi d’avoir des implants auront du mal à percer sur le marché du travail face à ceux qui les ont reçu.
        Cependant, pour que le gouvernement ou une organisation privé (voire même une personne seule) puisse nous formater intellectuellement, il faudrait que nos implants puissent être piraté, c’est-à-dire qu’il soit relié à internet; il faudrait être bête pour choisir ce genre d’implant, non ?
        Le risque est là que nous ne puissions savoir s’ils sont reliés à internet ou non.

  • En étant plus pragmatique, quid de la population dont une partie des organes commencent à devenir un handicap ? Ce n’est pas de l’hybridation, un membre artificiel ne change pas l’Homme…

  • Est-on au point sur la question de la maintenance de tous ces appareillages hautement technologiques ?
    Si on compare avec les ordinateurs personnels qu’il faut mettre à jour régulièrement, protéger des attaques malveillantes et remplacer tous les quatre matins pour un modèle plus récent, on n’a pas fini de rigoler.
    Tant que la technologie reste externe à nos corps, nous n’en sommes pas absolument captifs. On peut revenir au boulier pour faire nos calculs. Ou se remettre à lire une carte au lieu d’exécuter docilement les instructions de la voix de synthèse du gps.
    Ce qui effraie le plus, c’est l’idée que nous acceptons collectivement de plus en plus de nous délester d’une partie de notre pouvoir d’agir sur le monde (non pas dominer la nature, ni la posséder: agir consciemment au sein de la nature) en le délégant aux machines, que nous sommes encore loin de pouvoir doter de capacités suffisantes de discernement.
    On se met volontairement en situation de locked in syndrom collectif, non ?
    L’humain, c’est une mécanique mais pas que.
    Le cerveau est un super calculateur mais pas que.
    Si on se limite à la logique mécaniste pour interagir avec le monde, on passe à côté de la possibilité de ressentir et faire l’expérience du monde malgré, malgré et grâce à, nos limites, notre biologie, notre métabolisme.
    Je ne pense pas qu’il soit inutile d’améliorer les conditions de vie de personnes malades ou handicapées en leur offrant l’assistance de systèmes relevant du transhumain.
    Mais je repense à ce film, Gattaca, qui décrit une société où les personnes nées de façon naturelle, sans recours au génie génétique, sont reléguées aux tâches subalternes, humiliées, traitées en parasites par les membres de l’élite bien née.
    Je suis libre de refuser un implant cognitif?
    Libre comment ?
    Si c’est à cause de mon pouvoir d’achat insuffisant, ce n’est pas cela être libre.
    Si mon absence d’implant cognitif me rend ininsérable dans le monde du travail par rapport aux autres candidats, alors ce n’est pas librement que j’accepte l’implant, c’est par nécessité adaptative.
    La technologie est utilisée là pour apporter un avantage adaptatif à certains individus, qui ne transmettront pas cet avantage à l’espèce entière grâce à leurs gènes, mais le garderont pour eux-mêmes afin de rester en position de domination.
    Et le problème de la maintenance ou de la mise à jour pose des questions plus délicates que celle des ordinateurs ou des automobiles, à mon sens.
    La question du piratage, de l’espionnage, du contrôle à distance, de la contrefaçon, de l’obsolescence devient cruciale et, j’imagine, particulièrement coûteuse à régler si l’on tient à respecter les libertés individuelles, le droit en général et la propriété privée.
    Serait-il possible de se trouver dans la situation où mon corps m’appartiendrait, mais pas les données que l’on peut extraire des implants qui sont logés dans mon crâne ?
    Pourrait on hacker lesdits implants et y stocker des données à mon insu, m’exposant le cas échéant à tout un tas de complications auprès des autorités ?
    En cas de dysfonctionnement, devrais-je me rendre auprès d’un spécialiste agréé qui sera libre de pratiquer des prix excessifs, car en position dominante abusive ou de monopole pur et simple ?
    L’human enhencement sera-t-il un droit social ? Pourra-t-on être déchu de son droit à l’human enhencement et condamné à vivre inadapté à un monde de plus en plus technologisé?
    Pourra-t-on conserver un niveau de vie satisfaisant si l’on fait le choix du non transhumain ?

    • Bienvenue a Gattaca
      Ou plus récemment la série H+ sont des
      références intéressantes car a mon humble avis elles montrnte le pouvoir adaptatif du cinéma ou tout autre moyen culturel a anticiper la peur et les attentes du public
      Effectivement le cerveau humain appréhende l inconnu et le futur par un biais adaptatif darwinien plutôt pessimiste et angoissant

      Vaut mieux parier sur un inconnu hostile que sur un inconnu bienveillant
      C est une stratégie évolutionniste utile dans la jungle

      Hollywood a instinctivement compris ça et vend toujours du futurisme apocalyptique
      Si en plus elle rajoute un peu de complotisme dans la complexité du monde, elle trouve écoute et donc audience dans la majorité des gens ( Dan Brown et compagnie)

      Et ça sa tombe pas dans l oreille d un sourd chez nos amis républicains complotistes et technophobes

      C est probablement ce genre de biais cognitif ou limite humaine que le transhumanisme essaye de juguler
      ( pour l’instant que des hypothèses )

      Bien sur, que l homme augmenté risque de mettre de la pression de sélection sur celui qui a choisi de ne pas le faire.
      Et ça ne sera pas une histoire de coût inaccessible( qui sera forcément un coût faible car compétitif comme la telephonie ou l IT ou le transport aérien)
      Je rappelle qu au départ toutes ces techolohird étaient élitistes et pour les riches.

      Mais faut il interdire l augmentation pour ne pas perturber celui qui n en veut pas

      Faut il interdire la consommation pour ne pas mettre de la pression a celui qui veut la décroissance

      Faut il empêcher l amélioration esthétique pour ne pas mettre de la pression sur le moche

      Faut t il freiner la richesse pour ne pas frustrer les pays pauvres ( Piketty )

      Et ainsi de suite

      A savoir que ça reste un débat pseudo philosophique sur lequel nous avons peu de prise car le transhumanisme viendra plutôt de la silicon valley et des de l Asie pacifique ( le Japon++++) et non pas des startup de la creuse
      Donc nous avons peu de moyen de décider

      Mais nous aurons un état bienveillant et très éthique et a l instar des loi anti Uber ,anti Amazon ,anti Netflix ,antiRbnb et anti je ne sais quoi , nous aurons grâce a notre humanisme
      débordant et nos références « Gattacacienne’ des députés qui vont nous intedire tous ça

      Nous trouverons peut être comme alliés tous les religeux extrémistes et surtout ceux de la fameuse religion de la paix 😉 pour nous soutenir dans notre quête universelle de la protection de l ideal humain
      Et nous continuerons a illuminer le monde par notre philosophie philosophante

      Bref ce pays est foutu

      • Pardo, vous avez mal compris Gattaca.
        Le personnage qui souffre le plus de sa condition est celui de Jerome, entièrement programmé par le génie génétique pour être numéro un en tout. Par caprice autant que par depit après une défaite sportive, il s’alcoolise, provoque un accident de la route et finit hémiplégique. Pour tromper son ennui, et son désespoir, il accepte de prêter son nom à un homme « naturel » qui rêve de participer au programme spatial mais se cogne au plafond de verre qui l’empêche de progresser malgré ses qualités.
        Je ne crois pas que le film nous mette en garde contre une société trop technologique, il nous parle du monde actuel et de la société de contrôle, il nous montre que le progrès technologique ne fait pas de nous des hommes meilleurs. Jerome fini par se suicider quand il apprend que sa doublure est sélectionnée pour le programme spatial et rend son existence inutile malgré sa supériorité d’homme parfait.
        Aucun personnage du film ne dit ou ne fait quoi que ce soit pour renverser ce système, au contraire, la technologie est un élément du décor (si on compare à Matrix, point de révolution fomentée à Gattaca).
        Ce film serait même plutôt pro-technologie à mon sens.

        • J’ajoute au sujet de Gattaca, que c’est le sous-homme Vincent, né à l’ancienne et faisant donc partie des « in-valid », qui augmente par procuration les capacités de Jerome, devenu invalide pour de vrai en prenant son identité et en réalisant l’exploit de supplanter ses collègues préformatés dans tous les domaines afin de réaliser son rêve d’étoiles.
          La force de Vincent ne réside pas dans ses capacités artificiellement sélectionnées pour le rendre conforme à un idéal qui lui préexisterait, mais dans son obstination et sa volonté propre. Il ne doit qu’à lui-même sa réussite exceptionnelle et déclare à son frère Anton (un « valid ») dans une des scènes clés du film qu’il a gagné le défi de le battre à la nage parce qu’il avait jeté toutes ses forces dans la course, sans se ménager pour le trajet du retour.
          Goût du risque, dépassement physique et intellectuel, effort, responsabilité individuelle, audace de contourner des lois liberticides…. Mais ma parole, ce Vincent est un vrai libéral!

  • Après le silex puis la machine à vapeur, la Communauté selon Bastiat poursuit ses progrès.
    Et elle continuera tant qu’il y aura de la liberté.

    « Reconnaissant à la terre, aux agents naturels, aux instruments de travail, ce qui est incontestablement en eux: le don d’engendrer l’Utilité, je me suis efforcé de leur arracher ce qui leur a été faussement attribué: la faculté de créer de la Valeur, faculté qui n’appartient qu’aux Services que les hommes échangent entre eux.

    Cette rectification si simple, en même temps qu’elle raffermira la propriété en lui restituant son véritable caractère, révélera à la science un fait prodigieux, et, si je ne me trompe, par elle encore inaperçu, le fait d’une Communauté réelle, essentielle, progressive, résultat providentiel de tout ordre social qui a pour régime la Liberté, et dont l’évidente destination est de conduire, comme des frères, tous les hommes, de l’Égalité primitive, celle du dénuement et de l’ignorance, vers l’Égalité finale dans la possession du bien-être et de la vérité. »

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