Quel impact pour les sanctions russes sur l’Europe ?

En représailles aux sanctions qui la visent, la Russie a décidé d’interdire toute importation de produits agricoles européens. Quelles conséquences pour l’Europe ?

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Champs en Lettonie, un des pays les plus concernés par les sanctions russes

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Quel impact pour les sanctions russes sur l’Europe ?

Publié le 10 août 2014
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Un article d’Open Europe.

La Russie a dévoilé récemment les mesures de représailles qu’elle va mettre en oeuvre après les sanctions qui la visent décidées par l’Europe la semaine dernière. La Russie a interdit toute importations de fruits, de légumes, de viande, de poissons ou encore de produits laitiers en provenance de l’Europe (comme des États-Unis, de l’Australie, du Canada et de la Norvège).

Dans quelle mesure cella impactera-t-il l’Europe ?

Echanges commerciaux entre l'UE28 et la Russie (Crédits : Open Europe, tous droits réservés)

Cette synthèse faite par les institutions européennes donnent un aperçu de l’importance des exportations agricoles européennes en Russie : comme le montre le tableau ci-dessus, les exportations agricoles représentent 7% du total des exportations européennes. De ces 7%, 10% sont exportés vers la Russie. Autrement dit, les exportations agricoles vers la Russie représentent 0,7% du total des exportations européennes. Et ce chiffre inclut des produits qui ne sont pas visés par les sanctions russes.

Exportations Européennes en Russie (Crédits Open Europe, tous droits réservés)

Concernant les pays exportateurs, le graphique ci-dessus met en évidence que ce sont les pays baltiques (Lettonie, Lituanie et Estonie) qui seront les plus impactés si l’on regarde en pourcentage du PIB des pays concernés. En valeur absolue, ce sont surtout la Pologne, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Danemark qui paieront le prix des sanctions.

Exportations agricoles vers la Russie en pourcentage du PIB européen (Crédits Open Europe, tous droits réservés)

En quoi cela impactera-t-il la Russie

La conséquence la plus probable des sanctions pour le consommateur russe sera une hausse des prix alimentaires, augmentant encore l’inflation et réduisant les choix. Comme nous l’avons déjà souligné à Open Europe, la Russie importe des produits agricoles mais seulement (en net des exportations) à hauteur de 1,2% de son PIB chaque année, autrement dit quasiment rien par rapport au reste de ses importations.

Commerce Russie (Crédits Open Europe, tous droits réservés)

Cela représente tout de même 13,3% du total de ses importations. Une part non négligeable mais que la Russie peut remplacer avec plusieurs options :

  • Hausse de la production nationale : rien d’impossible vu les terres et les ressources disponibles, ainsi que les moyens dont dispose l’État pour les mobiliser (même si ceux-ci pourraient être affectés négativement par les sanctions visant la Russie). En termes de sécurité alimentaire, cet objectif est depuis longtemps haut dans la liste des priorités nationales.
  • Hausse de la production chez les partenaires commerciaux russes en Europe et en Asie : en réponse à la crise actuelle, la Russie renforce ses liens commerciaux avec ses voisins, en particulier au sein de l’Union Eurasiatique. Certains de ces États ont des secteurs agricoles développés, même s’ils auront sûrement du mal à approvisionner de manière conséquente un pays de la taille de la Russie.
  • Chercher de nouveaux partenaires commerciaux plus lointains : des rumeurs font état de tentatives russes pour sécuriser des accords d’approvisionnement alimentaire en Amérique Latine tandis que, comme toujours ces jours-ci, la Russie va surement essayer de trouver du renfort en Chine. Cela réduirait les tentatives pour augmenter la production agricole nationale mais aiderait à réduire l’impact économique immédiat.

Cela annonce-t-il une guerre commerciale plus large ?

Heureusement, pas pour l’instant. Des deux côtés les sanctions sont très ciblées et spécifiques. Cela dit, il est difficile de voir comment chaque camp pourrait changer facilement de position. Cela renforce les hésitations croissantes des entrepreneurs de chaque pays à faire du commerce entre eux. Cette réduction de facto du commerce entre la Russie et l’Europe sera probablement la conséquence négative la plus importante de l’escalade des sanctions.

Sur le web – Traduction par Alexis Vintray.

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  • Il me semble qu’en Europe, le chiffrage de l’impact doit se faire en termes de désorganisation du marché agricole. Même si l’agriculture n’est qu’une petite part du PIB, il n’y a pas que le PIB dans la vie, la part des contrôleurs aériens dans le PIB du transport est marginale, et pourtant une grève a les effets qu’on sait. Une agriculture désorganisée, des choix à long terme (par exemple vergers) remis en cause et devenus non rentables, tout ça dans une agriculture européenne qui a toujours été source de problèmes, il me semble que la Russie aura réussi à peu de frais à semer une grosse pagaille.

  • Le rédacteur oublie la création d’un nouvel acteur, le marché noir.
    Les produits européens se vendent par leur qualité et leur sûreté. Une partie importante des consommateurs russes solvables ne se rabattra pas sur l’agro-alimentaire russe ou chinois. Par contre des agricultures comme l’australienne, la néo-zélandaise, l’argentine ont un boulevard devant elles à condition de construire la logistique.
    Reste à prendre en compte une déprime générale causée par la récession économique et la fuite des capitaux qui pèse déjà. Peu d’impact en revanche sur l’agriculture européenne occidentale.

  • il risque d’y avoir une escalade des sanctions venues de part et d’autres ; tu me sanctionnes , j’en fais autant ; tu me ressanctionne , je te rend la monnaie de la pièce etc etc etc ; en définitive , tout le monde sera perdant ; et les populations vont trinquer comme d’hab ;pas les autres la haut ;

  • Juste en passant: ces « sanctions » ne seraient elles pas non plus une conséquence des pertes faramineuses de l’Etat russe qui a perdu énormément d’argent depuis le début du conflit ukrainien?

    Parce que bon, les russes on les connait, ils aiment bien faire croire qu’ils l’ont fait exprès quand ça leur pète à la tronche. Si le bateau coule c’est pas a cause d’un trou dans la coque, c’est parce qu’ils veulent en faire un sous marin!
    La Russie risque d’avoir un bilan très très mauvais cette année, ils feront l’économie des importations de produits « de luxe », ça améliorera les chiffres…

    • Ca ne tient pas. La « récession » russe est tout à fait dans les normes européennes, ils ont du gaz et autres matières premières et ça n’est pas par pauvreté qu’ils donnent un tour de vis, mais pour emm… leurs adversaires. Les plus grands soutiens de l’Ukraine sont les pays baltes et la Pologne, et comme par hasard ce sont eux qui seront les plus touchés. La politique agricole est la plus grosse épine dans le pied de l’UE. Alors les sanctions ne sont pas une manière de prétendre organiser une situation qui se serait produite de toute façon, mais bien un choix raisonné, pas plus que les grèves d’Air France et de la SNCF au moment des départs en vacances n’ont pour but que les stewards et cheminots n’augmentent la durée des leurs.

      • oui, donc en mettant la pression sur la Pologne et les pays Baltes , ils vont les forcer à demander encore du fric à l’UE , ou alors à aller proposer leurs surplus à l’ouest , pas cher , donc à faire chuter les cours , donc à ruiner des producteurs de l’ouest , donc …. en cascade gros dégâts un peu partout avec un minimum d’efforts.

  • concernant l’agriculture européenne, ces sanctions arrivent aux mauvais moment car le cour des céréales , notamment du mais est trés déprimé, et la fievre aphteuse en algérie à obligé à fermer le commerce animal avec ce pays traditionellement acheteur. d’autant plus que les campagnes vont trés mal : beaucoup de fermes sont trés endettées à cause des mises aux normes, des agrandissements, des investissements qui ce sont fait quand on a dit aux paysans il y a quelques années en arrière qu’à cause du peack oil, les prix des produits agricoles allaient etre définitivement à la hausse …

  • Ce sont les échanges, le commerce, le respect, l’intégrité qui ont apporté paix et prospérité où que ce soit dans le monde et à n’importe quelle époque.

    Les guerres commerciales, politiques, religieuses ou autres n’ont toujours apporté que ruines, morts, désolation, misère quels que soient les belligérants.

    Sauf pour ceux qui manigancent tout cela dans le monde en sabrant le champagne, à l’abri, en remplissent leurs caisses avec nos poches, qu’ils appellent intérêt général, solidarité, effort de guerre and cie, évidemment sans nous demander notre avis, pendant que des inconnus (nos enfants) s’entretuent.

    Cela dit et sans prendre parti pour quoi que ce soit (quand ce ne sont pas les uns, ce sont les autres), je ne vois pas pourquoi certains pourraient prendre des sanctions mais par contre condamner ceux qui font pareil. De là, logiquement une escalade qui mène à la ruine.

    • Cela dit et sans prendre parti pour QUI que ce soit.

    • D’ailleurs, la Russie réagit de manière très soft. A l’époque des concombres tueurs, ils avaient déjà appliquées une mesure d’interdiction sans dommage.
      Là, on peut penser aussi à une mesure de bonne diplomatie, envers des pays pro-russes (biélorusse…)

  • Mangez des pommes il risque de faire froid cet hiver. N’oubliez pas le gaz on importe plus de 40%.

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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