Les Aventures de Jonathan Gullible

Les Aventures de Jonathan Gullible propose une véritable synthèse entre Les voyages de Gulliver de Jonathan Swift et Atlas Shruggled d’Ayn Rand.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Jonathan Gullible

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les Aventures de Jonathan Gullible

Publié le 1 août 2014
- A +

Par Nicolas Beyls.

Jonathan GullibleKen Schoolland, auteur libéral et professeur d’économie et de science politique à l’Université d’Hawaii, offre avec ce roman, traduit par Jacques de Guenin et paru aux éditions Tatamis, une synthèse entre Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift (la référence est explicite) et Atlas Shrugged d’Ayn Rand (dont le héros John Galt partage les mêmes initiales).

D’abord publié aux États-Unis en 1981, puis traduit en 44 langues, ce best-seller au ton léger se livre à une critique imagée des travers de l’intervention publique et conte une philosophie de la liberté.

Les Aventures de Jonathan Gullible débutent par un topos propre à la littérature enfantine. Le jeune héros, habitant d’une contrée relativement libre, est surpris par une vigoureuse tempête alors qu’il s’était imprudemment éloigné du rivage et se retrouve, après avoir longuement dérivé, sur une île exotique, qu’il cherche aussitôt à découvrir. Sa surprise est grande lorsqu’il découvre une présence humaine : de vigoureux bûcherons, abattant des arbres à l’aide de gourdins, viennent d’arrêter une femme qui, pour s’être servie d’une hache, se voit accusée de menacer ainsi leur emploi.

Jonathan vient en fait de débarquer sur l’île de Corrumpo, véritable enfer étatiste dirigé par un Conseil de Seigneurs élus grâce à des pratiques clientélistes. Notre héros, de nature naïve comme son nom l’indique si bien, découvre lors de son périple les méfaits de l’interventionnisme. L’auteur recourt souvent au comique de l’absurde. Le Code des Impôts de Corrumpo prévoit par exemple, afin de mettre fin aux différences de taille, une taxe proportionnelle à la taille des habitants : un grand nombre de gens se mettent alors à circuler dans la rue en marchant sur les genoux voire en rampant ! Ken Schoolland parvient à employer la caricature pour mieux dénoncer l’absurdité des impôts, des réglementations et des décisions politiques qui nous accablent.

Ce roman remplit un rôle didactique : il favorise la compréhension des principaux mécanismes économiques à partir d’exemples simples. Milton Friedman a d’ailleurs constaté que cet « ouvrage imaginatif et très utile » permettait de présenter « les principes économiques de base d’une manière simple et intelligible ». Jonathan Gullible constate ainsi que le contrôle des loyers à Corrumpo a favorisé la dégradation voire l’abandon des immeubles. Cela rappellera au lecteur français les conséquences désastreuses de loi ALUR sur le marché immobilier. On retrouve un Seigneur Ponzi qui met en place un Caisson de Répartition afin d’assurer une solidarité entre jeunes et vieux, mais qui se vide à vue d’œil : jolie pyramide ! On rencontre aussi Monsieur Georges, l’ancêtre de nos « patent trolls », qui a racheté grâce à la complicité des Seigneurs un brevet sur l’idée d’un inventeur décédé, appelée « métalaiguisésurunmanche », en fait la hache.

L’auteur est, par ailleurs, un fin connaisseur de la pensée libérale : la référence à Frédéric Bastiat est explicite lorsque le héros est invité à signer une pétition visant à interdire le soleil. En effet, sa lumière et la chaleur, gratuits, représenteraient une concurrence redoutable pour l’industrie des bougies et des manteaux !

Ce roman est surtout un vibrant plaidoyer « en creux » en faveur d’une philosophie de la liberté, fondée sur le principe de non-agression, la responsabilité individuelle et le droit de propriété. Dans sa conclusion, l’auteur prône la liberté de disposer de son corps, le recours à l’échange mutuellement consenti et le droit à la légitime défense. Il condamne logiquement le meurtre, la réduction en esclavage et le vol, qu’ils soient réalisés par de simples individus ou par des hommes de l’État investis de l’autorité. Ken Schoolland place ainsi la liberté de choix et le refus de la coercition comme fondements d’une société libre, dans laquelle on ne pourra recourir à la force pour imposer sa vision du monde.

Ken Schoolland, Les aventures de Jonathan Gullible : Une odyssée de la liberté, Tatamis, 2011, 253 pages.

Sur le web

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

C’est la question que tout le monde se pose :

les associations de consommateurs qui soupçonnent les producteurs, mais aussi les grandes surfaces de s’enrichir en période de crise ; les producteurs, intermédiaires et distributeurs qui ne cessent de se réunir au moins mensuellement pour ajuster le taux ; la classe politique qui se partage entre ceux qui pensent que le pouvoir fait tout pour sauvegarder le pouvoir d’achat (par exemple en contrôlant les prix des produits de première nécessité) ; ceux qui se révoltent contre les politiques fi... Poursuivre la lecture

Le libertarien Javier Milei a été élu président de l'Argentine le 19 novembre, avec 55,7 % des voix. Mais les choses ne seront pas faciles pour Milei.

Le 24 novembre, quelques jours après l'élection, j'ai rencontré Nicolás Emma, responsable de la section de Buenos Aires du parti de Javier Milei, au siège du parti dans la capitale argentine. Plusieurs autres organisateurs du parti étaient également présents, notamment Gustavo Federico et Facundo Ozan Carranza. Au cours des conversations avec ces personnes et d'autres personnalités du pa... Poursuivre la lecture

Dans un article précédent, j’ai montré que l’immigration libre était un point du programme des libéraux français classiques, et que pour marcher dans leurs pas, il nous fallait penser les contours de cette politique, plutôt que la rejeter.

J’examinerai aujourd’hui le principe de l’assimilation, pour voir s'il peut être reconnu par le libéralisme.

 

Le droit d’être minoritaire

C’est un principe fondamental du libéralisme que le respect des opinions et des actions inoffensives des minorités, et de tout ce qui peut être... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles