Le projet de Tim Draper de découper la Californie, un des plus grands États des États-Unis en six États indépendants fait la Une cet été. Au-delà des arguments avancés au nom d’une meilleure gestion et d’une démocratie plus directe se cache la volonté de faire de la Silicon Valley un État indépendant.
Alice Liogier
Un article de Trop Libre
Tim Draper, un puissant investisseur de la Sillicon Valley a proposé de soumettre au scrutin de 2016 le découpage de la Californie en six États indépendants. Si cette nouvelle fait la une des journaux californiens, elle reste pour beaucoup semblable à une blague.
Officiellement, les motifs affichés pour ce découpage en six États mettent en avant tous les arguments classiques en faveur de la déconcentration des pouvoirs et d’un État moins imposant. Un État trop grand (la Californie est un des trois États les plus grands et peuplé des États-Unis) éloigne les citoyens de la démocratie et est surtout inefficace. La Californie est un État très divers dans sa culture, mais aussi dans son tissu économique tandis que le Nord est soutenu par la dynamique de la Silicon Valley, le Sud reste plus en retrait économiquement. Selon Tim Draper donc, plus un État est grand, peuplé, hétérogène économiquement et socialement, plus il est inefficace et éloigné des citoyens et doit par conséquent se recomposer.
Les démocrates californiens, opposants de ce projet de réforme de grande ampleur, mettent en avant, au contraire, les nombreux coûts d’un tel redécoupage et les risques qu’il pourrait entraîner.
La plupart des réactions relèvent en fait de l’incrédulité. Désunir le Golden State, qui a pour beaucoup, son identité et son unité est un projet totalement impossible, farfelu.
Avant d’être proposée en tant que projet de loi, cette proposition a dû réunir un certain nombre de signature comme le prévoit la loi. Tim Draper a annoncé que c’est chose faite depuis le 15 juillet. Fin de la blague.
Mais quelles sont les réelles motivations de cet investisseur ?
Les arguments classiques d’un État trop imposant, loin de ses citoyens, comme une machine énorme et incontrôlable sont bien sûr principalement mis en avant par l’investisseur car ce sont eux qui pourraient convaincre le plus de Californiens.
Derrière cela, à peine dissimulée, se cache en fait la volonté grandissante chez beaucoup d’investisseurs et d’entrepreneurs à la Silicon Valley de voir cette région allant de la baie de San Francisco à San José indépendante. Véritable berceau des technologies et des startups les plus influentes du monde entier, la Silicon Valley se met donc à rêver de devenir un État indépendant. Même s’il est difficile d’imaginer à quoi un État indépendant tel que la Silicon Valley pourrait ressembler, il faut tout de même rappeler que sa puissance économique est non négligeable et fait rayonner la Californie.
Avant que le drapeau américain ne s’enrichisse de nouvelles étoiles, la route est encore longue. Il faudrait déjà qu’elle soit approuvée pour les électeurs en 2016 et enfin que le Congrès américain l’accepte…
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Sur le web.
La Californie n’est pas seulement le plus peuplé des États, elle l’est de très, très loin.
La scinder en 6 serait effectivement une excellente chose.
Les institutions le prévoient et il y a des précédents.
Les libéraux devraient y être favorables car cela diviserait le pouvoir.
Et c’est sa fascination du pouvoir qui conduira la gauche à se battre jusqu’à la mort pour l’empêcher.
L’argument des économies d’échelles est évidemment creux.
Comme compromis, les États fédérés sont-ils libres de se doter eux-mêmes d’une structure fédérale ?
Voilà qui serait prometteur…
On peut rêver aussi de l’indépendance du Texas :
http://www.texassecede.com/
La dernière tentative sérieuse d’indépendance de certains états américains par rapport au pouvoir fédéral s’est finie en guerre civile. Cela dit, la question la plus récurrente envoyée à la Maison Blanche est “comment faire pour prendre notre indépendance”, ce qui en dit long sur le ras-le-bol de beaucoup d’Américains vis-à-vis de Washington.
Le cas de la Silicon Valley, comme celui de Chicago qui veut couper les ponts avec le reste de l’Illinois, sont néanmoins des dossiers à suivre de très près.
Il me semble qu’il n’est nullement question de sortir des USA.
Sachant que la Californie n’envoie au Sénat que des démocrates depuis plus de 30 ans, c’est un projet qui les avantagerait beaucoup, sauf gerrymandering subtil.
Sachant que la Californie n’envoie au Sénat que des démocrates depuis plus de 30 ans, scinder l’Etat en 6 n’aiderait il pas potentiellement les democrates a depasser la majorité qualifiée? Sauf si le decoupage suggéré est en fait un gerrymandering qui ne dirait pas son nom.
Possible, mais cela ne serait pas illégitime pour autant.
En outre, 2 sénateurs démocrates sur 2 c’est une chose, 12 sur 12 c’est une autre paire de manches …
a) seuil actuel 67 sur 100 ; à atteindre avec X (autres sénateurs) + 2 californiens, atteint si X = 65
b) seuil hypothétique 73 sur 110 ; à atteindre avec X (autres sénateurs) + Y nouveaux californiens, atteint si X+Y = 73, et si X est toujours identique qu’en a) il faut Y = 8
En d’autre termes, atteindre la majorité des 2/3 n’est plus facile pour les démocrates que si ils ramassent 9 sièges sur les 12 nouveaux. Avec 8 sur 12 ça ne change absolument rien. Avec 7 ou moins c’est plus dur.
Sans oublier que les sénateurs sont des monstres politiques autonomes, avec une faible discipline de parti (Cf. le récent cas Lieberman)
Pardon pour vos calculs mais par majo qualifiée je pensais a 60, seuil pour dépasser le filibuster.
Lors de l’adhésion du Texas, il a été explicitement prévu qu’il pouvait se scinder en 5 états distincts qui seraient admis dans l’Union ; toutefois aucun projet de ce genre n’a jamais été sérieusement envisagé.
La diminution du nombre de communes est une excellente chose.
IL faut approuver cela, car si on supprime les département et qu’on fait de grandes régions, il faudra créer un échelon local pour plus puissant.
Regrouper les communes permettra de compenser la perte des départements, la France est le pays qui compte le plus de communes.
Ne pourrait on pas les regrouper pour mettre en commun les compétences (écoles, transports publics, police, gendarmerie…) ?