Qui se souvient du 4 juin 1814 ?

Nul ne s’est avisé de commémorer un texte vénérable et pourtant digne d’éloge : la Charte constitutionnelle octroyée le 4 juin 1814 par Louis XVIII.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Charte constitutionnelle du 4 juin 1814 (Crédits : Archives Nationales, image libre de droits)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Qui se souvient du 4 juin 1814 ?

Publié le 24 juin 2014
- A +

Alors que les commémorations du débarquement de 1944 ont pris fin, nul ne s’est avisé de commémorer un texte vénérable et pourtant digne d’éloge : la Charte constitutionnelle octroyée le 4 juin 1814 par Louis XVIII.

Par PABerryer.

Charte_constitutionnelle_du_4_juin_1814
Charte constitutionnelle du 4 juin 1814 conservée aux Archives nationales.

Ce texte a laissé assez peu de souvenirs dans la mémoire des Français, encore moins dans celle des libéraux, c’est un tort, tant il fût essentiel à la construction de la modernité politique ; voici pourquoi.

Contrairement à ce que l’on imagine souvent, c’est sous l’empire de cette Charte qu’est né le parlementarisme en France. Cela n’est pas expressément prévu par le texte à l’origine. En effet, même s’il met en place le régime le plus libéral du continent pour l’époque (plus que l’Angleterre notamment du fait d’un corps électoral plus important), la notion de gouvernement parlementaire n’est pas encore pleinement dégagée. C’est sa mise en pratique, notamment sous la pression du Parti Ultra, qui réclamait un suffrage quasi universel et la liberté de la presse, qui donnera naissance au parlementarisme en France. Naissance non prévue mais quel beau bébé.

Autre apport majeur, la protection des libertés. Contrairement aux textes qui l’ont précédé, à commencer par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et la Constitution de 1791, pour la première fois depuis 25 ans les libertés vont être effectivement protégées. Certes, cela apparaît davantage comme un sacrifice à l’air du temps que comme un engagement de conviction, il n’empêche que le développement des libertés que connaît la Restauration ne sera plus bridé. Quelles sont ces libertés qu’il protège ? La liberté de conscience, d’opinion, la protection de la propriété, l’égalité devant la loi, bref, ce qui permet de fonder un régime moderne. Cette Charte servira d’étendard à ceux qui défendent ces libertés.

Enfin ce texte à un mérite immense, il procède d’une volonté de réconcilier les deux France, l’ancienne et la nouvelle. Les opinions passées ne peuvent porter préjudice et les biens nationaux (dont l’origine relève du vol pur et simple) sont garantis. La paix civile et la concorde sont l’objet même de ce texte. La Restauration est le seul régime que nous avons connu qui a cherché à embrasser la France et tout son passé. Ainsi, de toutes les épurations administratives ayant été ordonnées depuis les débuts de la Révolution jusqu’en 1944, elle a été la moins forte. La plupart des cadres administratifs du régime précédent ont été maintenus en place.

En conclusion, modernité politique, protection des libertés et réconciliation sont l’héritage de la Charte de 1814. Personne ne l’a commémorée. Pas une gerbe de fleur n’a été déposée sur la tombe de Louis, Dix-huitième du nom, qui, en la dix-neuvième année de son règne1, octroya à ses sujets ce texte qui firent d’eux le peuple le plus libre d’Europe.

  1. Conformément aux Lois Fondamentales du Royaume, Louis XVIII est devenu Roi le 8 Juin 1795 après le décès de son neveu, Louis XVII, à la Tour du Temple du fait des mauvais traitements subis tout au long de son incarcération.
Voir les commentaires (8)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (8)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

« Il est à espérer que le temps où il aurait fallu défendre la « liberté de presse », comme l’une des sécurités contre un gouvernement corrompu ou tyrannique est révolu. On peut supposer qu’il est aujourd’hui inutile de défendre l’idée selon laquelle un législatif ou un exécutif, dont les intérêts ne seraient pas identifiés à ceux du peuple, n’est pas autorisé à lui prescrire des opinions, ni à déterminer pour lui les doctrines et les arguments à entendre ».

Ces mots sont ceux de John Stuart Mill, au début du deuxième chapitre de son c... Poursuivre la lecture

Il y a quelque temps, un certain nombre de magnats des médias ont pris le contrôle d’une revue connue pour ses articles parfois polémiques. La rédaction reprochait l’imposition d’une certaine vision du journal par des propriétaires nommant une nouvelle direction à la rédaction. Cette histoire, celle des Cahiers du Cinéma, ne vous fait penser à rien ?

L'arrivée mouvementée à la tête du JDD le 1er août de l'ancien directeur de rédaction de Valeurs actuelles, licencié pour complaisance idéologique, suscite des interrogations. Une partie d... Poursuivre la lecture

Qu’il est doux d’être de gauche. Lorsque vous avez la chance de l’être (ou que vous vous en êtes persuadé, voire que vous l’avez jugé opportun pour votre image ou votre réussite), vous êtes quelqu’un d’ouvert, de tolérant, de généreux, d’accueillant, d’inclusif, de solidaire, d’altruiste, de bienveillant, d’empathique, de compassionnel, de démocrate, et bien sûr toujours la main sur le cœur. N’en jetez plus, j’en oublie certainement.

Mais voilà… Là où le bât blesse, c’est que tout ce qui s’écarte un peu trop de la gauche bon teint est ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles