Bitcoin : le point sur l’anonymat

Un petit point sur l’anonymat réel ou supposé des cryptomonnaies, Bitcoin en particulier

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Bitcoin : le point sur l’anonymat

Publié le 20 juin 2014
- A +

Par Ray, du blog France-Bitcoin

 

Une des fausses croyances les plus répandues au sujet de Bitcoin est celle concernant son supposé anonymat. Certes, payer en bitcoins permet généralement une plus grande discrétion qu’un paiement par carte bancaire, mais on est loin de l’anonymat total vantée par la rumeur. Une adresse envoyant des bitcoins peut en effet facilement être reliée à une identité réelle (soit via l’IP de l’ordinateur qui effectue la transaction, soit via l’historique des transactions enregistrées par la blockchain). Par conséquent, Bitcoin est beaucoup moins anonyme que le cash.

En réalité, une des principales caractéristiques de Bitcoin est la transparence du système. Tout le monde peut scruter la blockchain et ainsi observer chacune des transactions qui y sont effectuées. Lorsqu’un échange marchand payé en bitcoins est effectué, le monde entier en est le témoin. Notons au passage que cela constitue une révolution comptable : Bitcoin rend possible la première implémentation de la comptabilité à triple entrée. La comptabilité à double entrée – inventée dans l’Italie de la Renaissance – a permis aux gérants d’avoir confiance en la véracité des comptes de leur entreprise. La comptabilité à triple entrée, quant à elle, permettra à toutes les tierces parties d’avoir confiance dans la véracité des comptes de l’entreprise (jusqu’à présent on faisait appel à des auditeurs pour assurer cette fonction… voilà encore des personnes qui vont être mises au chômage à cause de Satoshi Nakamoto !).

C’est également un système parfait pour les organisations caricatives, qui pourront ainsi démontrer à ceux qui les supportent qu’elles ne gaspillent pas l’argent qui leur est confié, mais l’utilisent bel et bien d’une manière productive. Un système parfait, aussi, pour les États. Imaginez un monde où les contribuables peuvent suivre à la trace l’emploi de chaque centime qui est dépensé par l’État. Nous sommes en droit de penser que ce serait un monde où l’argent public serait utilisé de manière beaucoup plus efficiente…

Seulement voilà, la transparence n’a pas que des avantages. Avez-vous envie que vous parents, votre copine, votre mari, vos amis sachent tous ce que vous achetez ? Avez-vous envie que les services secrets aient un fichier avec votre nom, où se trouve enregistré la totalité de vos dépenses quotidiennes ? On l’imagine sans peine, la transparence peut vite devenir pénible, voire indigne de la condition humaine. Par ailleurs, une entreprise peut avoir le besoin de masquer à ses concurrents certaines transactions ; un État, de financer des opérations secrètes.

Bitcoin (Crédits : Antanacoins, licence Creative Commons)Parallèlement à ces considérations, il est important de comprendre que lors de l’adoption d’une nouvelle monnaie, un effet boule de neige se met en place : plus une monnaie potentielle est liquide, plus les gens vont l’utiliser pour effectuer des échanges marchands, plus le bien va devenir liquide, plus les gens vont l’accepter, etc. Le seul moyen pour une jeune monnaie de remonter son handicap initial de liquidité est de posséder des caractéristiques qui la rendent largement meilleure que les monnaies déjà existantes aux yeux des utilisateurs potentiels. C’est d’ailleurs ce qui se passe actuellement avec Bitcoin, qui rattrape les monnaies à cours forcés : l’euro et le dollar sont beaucoup plus liquides et ont un plus grand effet de réseau que Bitcoin, mais ce dernier a des caractéristiques intrinsèques tellement supérieures par rapport aux monnaies à cours forcés, que l’adoption de Bitcoin va continuer de s’accroître malgré ce handicap initial.

À terme, l’existence de cet effet boule de neige laisse à penser qu’il n’y aura pas la place pour une foultitude de cryptomonnaies différentes, contrairement à ce que laisse à penser le pullulement actuel d’altcoins. Seulement quelques-unes seront dominantes – avec Bitcoin ayant probablement la plus grande importance – car seulement quelques-unes auront un avantage concurrentiel significatif au niveau de leurs qualités intrinsèques, et parviendront, grâce à celles-ci, à atteindre une masse critique d’utilisateurs. Or nous venons de voir qu’il existe un gros marché que Bitcoin ne pourra pas satisfaire : celui des transactions nécessitant l’anonymat, là où la transparence doit laisser la place à l’opacité, pour le bien de tous. S’il l’on admet que les crypto-monnaies sont supérieures aux monnaies-papiers traditionnelles, la conséquence logique est qu’il y a un altcoin qui va occuper la place du roi sur cet important créneau.

Dans le prochain article j’étudierai les différents altcoins qui sont susceptibles de répondre à ce besoin, et peuvent ainsi avoir l’ambition d’exister de manière pérenne à côté de Bitcoin dans le futur.

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  • Ce n’est pas un anonymat, mais un pseudonymat.

    Ceci explique cela.

  • jusqu’à présent on faisait appel à des auditeurs pour assurer cette fonction… voilà encore des personnes qui vont être mises au chômage à cause de Satoshi Nakamoto !

    Restons modeste SVP.
    L’audit ne se limite pas à contrôler la comptabilité!

  • « Dans le prochain article j’étudierai les différents altcoins »; je parie sur le Darkcoin 😉

  • Ne pas généraliser quand même.
    Oui, toutes les transactions sont visibles, avec les clés publiques de leurs émetteurs et de leurs bénéficiaires, et il est relativement simple de remonter des clés publiques à l’identité de leurs possesseurs.
    Mais il est aussi relativement facile d’entraver cette « réidentification », ce qui rend alors nécessaire une véritable enquête de police par des experts.

  • Le nombre de monnaies! J’avais jamais réalisé qu’il y en avait autant…

    Et ça consomme combien tout ça?

  • La Banque de France vous explique que c’est anonyme et un paradis des mafieux. Est-ce une règle? Est-ce que ça signifie qu’un fonctionnaire n’a pas le droit de retrouver un utilisateur de bitcoin? Si oui, j’en connais qui ont du souci à se faire :

    Le Bitcoin, la monnaie idéale pour les activités illégales ? Oui et non. Après quatre mois d’enquête, la douane française a arrêté un trafiquant de drogue qui se faisait payer en Bitcoins.

    La méthode est on ne peut plus simple. Les douaniers ont simplement commandé une petite quantité d’amphétamine au trafiquant présumé, payé en Bitcoins. Ils ont ensuite remonté la piste grâce à des recoupements informatiques.

    L’homme a été arrêté le 21 décembre chez lui, où 300 grammes d’amphétamines ont été retrouvés, indique aujourd’hui la Direction nationale du Renseignement et des Enquêtes douanières (DNRED) au Figaro. Il faut noter que l’arrestation n’a été possible que grâce aux bitcoins.

    En effet, la loi française interdit aux douaniers d’acheter aux trafiquants de la drogue ou des contrefaçons avec des devises ayant cours légal. C’est d’autant plus efficace que de plus en plus de personnes peu scrupuleuses utilisent cette monnaie réputée discrète, note la DNRED.

    Une nouvelle qui a d’ailleurs été évoquée par la commission des finances du Sénat qui se réunissait ce matin pour parler des monnaies virtuelles. Un premier pas vers leur encadrement qui s’est malheureusement soldé par plus de questions que de réponses. Si nous sommes encore loin d’une législation, il est en tout cas certain que la monnaie est sortie de l’ombre.

    http://www.journaldugeek.com/2014/01/15/trafiquant-arrete-bitcoins/

    Une enquête s’impose : pourquoi la douane n’a pas respecté l’autorité de la Banque de France? Est-ce qu’ils avaient reçu le mémo?

    • La Banque de France vous explique que c’est anonyme et un paradis des mafieux. Est-ce une règle? Est-ce que ça signifie qu’un fonctionnaire n’a pas le droit de retrouver un utilisateur de bitcoin? Si oui, j’en connais qui ont du souci à se faire :

      Le Bitcoin, la monnaie idéale pour les activités illégales ? Oui et non. Après quatre mois d’enquête, la douane française a arrêté un trafiquant de drogue qui se faisait payer en Bitcoins.

      La méthode est on ne peut plus simple. Les douaniers ont simplement commandé une petite quantité d’amphétamine au trafiquant présumé, payé en Bitcoins. Ils ont ensuite remonté la piste grâce à des recoupements informatiques.

      L’homme a été arrêté le 21 décembre chez lui, où 300 grammes d’amphétamines ont été retrouvés, indique aujourd’hui la Direction nationale du Renseignement et des Enquêtes douanières (DNRED) au Figaro. Il faut noter que l’arrestation n’a été possible que grâce aux bitcoins.

      En effet, la loi française interdit aux douaniers d’acheter aux trafiquants de la drogue ou des contrefaçons avec des devises ayant cours légal. C’est d’autant plus efficace que de plus en plus de personnes peu scrupuleuses utilisent cette monnaie réputée discrète, note la DNRED.

      Une nouvelle qui a d’ailleurs été évoquée par la commission des finances du Sénat qui se réunissait ce matin pour parler des monnaies virtuelles. Un premier pas vers leur encadrement qui s’est malheureusement soldé par plus de questions que de réponses. Si nous sommes encore loin d’une législation, il est en tout cas certain que la monnaie est sortie de l’ombre.

      http://www.journaldugeek.com/2014/01/15/trafiquant-arrete-bitcoins/

      Une enquête s’impose : pourquoi la douane n’a pas respecté l’autorité de la Banque de France? Est-ce qu’ils avaient reçu le mémo?

    • D’un coté cela facilite le travail aux douaniers.
      De l’autre, ceux qui attendent le client à la frontière qui aurait plus de 10’000 EUR en billets (faut être con…), eh bien ceux là sont pomme avec le bitcoin.
      Plus besoin de valises pleines de billet !!! C’est du passé ❗
      Et comme ils ne fouillent pas encore les portables …

  • Les commentaires sont fermés.

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