Pour que la renaissance de l’Afrique devienne réalité

La primauté du droit, des institutions qui fonctionnent, la stabilité macroéconomique ou un régime fiscal juste et efficace sont les ingrédients sans lesquels une croissance durable et inclusive serait impossible.

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Pour que la renaissance de l’Afrique devienne réalité

Publié le 18 juin 2014
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Par Horst Köhler. 

Un article de Libre Afrique.

AfriqueUn bel avenir pour l’humanité dépend en grande partie de celui de l’Afrique, lequel dépend en grande partie de la capacité de ce continent à offrir des emplois et des perspectives à sa population de jeunes en pleine croissance. L’avenir des emplois dans cette région dépendra fortement d’un secteur privé sain, prospère et inclusif.

Permettez-moi de souligner trois points que je crois nécessaires pour que le slogan, souvent utilisé de « Africa Rising » (renaissance de l’Afrique) ne reste pas un vœu pieux. Je voudrais parler de la responsabilité et de la réussite, car le succès n’est pas tant le produit de la chance, mais le résultat de l’effort et de la prise de responsabilité.

Premier point : il est encourageant que de plus en plus de dirigeants africains dans la politique et le monde des affaires soutiennent qu’il est de leur propre responsabilité de créer un climat dans lequel le secteur privé peut prospérer. La transformation de l’Afrique ne peut venir que de l’intérieur. La primauté du droit, des institutions qui fonctionnent, la stabilité macroéconomique ou un régime fiscal juste et efficace sont les ingrédients sans lesquels une croissance durable et inclusive serait impossible. Personne ne sait mieux que le milieu des affaires combien la confiance est importante, et il est de la responsabilité de chaque nation africaine de renforcer la confiance et le respect de ses institutions, sinon, il sera difficile d’attirer des investissements viables.

Le bon type d’investissements est celui qui fait avancer un pays dans son ensemble. Des investissements qui créent des emplois, qui font monter l’Afrique dans l’échelle de la valeur ajoutée, qui apportent les infrastructures, l’éducation, les soins de santé, et, enfin, la prospérité pour tous dans le pays. Il est de la responsabilité de la classe politique africaine de créer les conditions nécessaires et suffisantes pour ces investissements privés et publics.

Dire que la réussite de l’Afrique est entre les mains des Africains ne signifie pas que nous devrions occulter la responsabilité de la communauté internationale à œuvrer pour un environnement mondial favorable, d’où le second point.

Vous êtes certainement tous fatigués d’entendre le vieux dicton selon lequel ce dont l’Afrique a besoin, c’est de commerce, pas d’aide. Pourtant, le système commercial international est encore loin d’être favorable au développement et l’effort nécessaires à la création d’un environnement commercial véritablement inclusif n’est pas encore fait. Les pays industrialisés poursuivent leurs propres intérêts, mais ils doivent se rendre compte que, dans le long terme, ils ont tout à gagner s’ils permettent à l’Afrique de se tenir debout économiquement sur ses propres pieds, et nous avons tous beaucoup à perdre si elle ne le fait pas.

Donc, pour ceux qui négocient le traité sur le commerce et l’investissement transatlantique entre les États-Unis et l’Union européenne, c’est certes une bonne idée, mais pas si c’est au détriment du commerce et de l’investissement en Afrique ! Concernant l’Afrique, je soutiens fermement les efforts oeuvrant pour une zone de libre-échange panafricaine et pour une plus grande intégration régionale. J’espère vivement que l’Europe trouve un moyen de refléter adéquatement ces priorités africaines dans sa propre position sur les relations commerciales entre l’Europe et l’Afrique.

Quand l’on parle de la responsabilité des leaders mondiaux et des politiques africains, on ne peut éluder la question des flux de capitaux illicites qui privent l’Afrique d’environ 50 milliards de dollars chaque année. Cette hémorragie doit être stoppée, et le meilleur moyen pour y arriver est la lutte contre la corruption et l’élaboration de codes fiscaux nationaux clairs et équitables.

Troisièmement : l’entreprise a besoin de liberté, mais la liberté implique aussi la responsabilité. Une entreprise ne peut pas réussir dans une société qui échoue. Notre feuille de route en Allemagne montre que, en particulier les petites et moyennes entreprises ont une culture d’entreprise qui adopte une perspective inclusive et à long terme. Ils savent que seule une force de travail bien formée et motivée sera en mesure de générer des profits durables, et que l’entreprise est plus saine si elle est enracinée dans des communautés locales saines. Ceci, à son tour, permet à la classe moyenne de se développer, ce qui est un point d’ancrage de stabilisation pour la société dans son ensemble. Nous avons vu dans la crise actuelle en Europe que les entreprises socialement responsables et localement enracinées sont une force, pas une faiblesse.

Dans la première rencontre entre les entrepreneurs africains et allemands que j’ai présidée (il y a deux ans à Cadenabbia en Italie), il est devenu évident que les compétences sont essentielles à la croissance durable et la création d’emplois en Afrique. C’est pourquoi je souligne constamment l’importance pour le gouvernement et les entreprises allemands à partager avec leurs homologues africains leur expérience positive en matière d’éducation et de la formation technique et professionnelle.

Une entreprise responsable, c’est aussi celle qui participe au processus politique. L’achat du système politique (ce n’est pas un danger spécifique à l’Afrique) ne fera que le corrompre, et tout système politique corrompu peut être utilisé pour le bénéfice de quelques-uns, et aucune société ne sera en mesure de s’épanouir au sein d’un tel système. Lors de la réunion à Cadenabbia, l’un des entrepreneurs africains a exprimé sa préoccupation au sujet du financement des partis politiques dans les nouvelles démocraties africaines qui demeure toujours un problème. Il a demandé des conseils sur des lois pour un financement transparent. Pour moi, il était encourageant de constater que ce point a été relevé au sein de la communauté des affaires en Afrique.

Je suis heureux que de plus en plus d’Allemands découvrent les vastes opportunités d’affaires qu’offre l’Afrique, et en particulier l’Afrique de l’Est. J’ai appris à connaître plusieurs entrepreneurs africains, je suis sûr que leurs pairs allemands peuvent apprendre beaucoup d’eux, apprendre à avoir accès à l’un des futurs marchés les plus dynamiques.

Horst Köhler, ancien président de la Confédération à la Business Dialogue Afrique de l’Est-Allemagne, Nairobi, Kenya – Article initialement publié en anglais par African Executive. Traduction réalisée par Libre Afrique.

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