Le baccalauréat : une institution coûteuse qu’il faut réformer

Il est temps de remettre en question non seulement l’architecture globale très coûteuse du baccalauréat, mais également la structure pyramidale inefficiente du ministère de l’Éducation nationale.

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Élèves sortant des épreuves du baccalauréat au Lycée Charles de Gaulle à Caen (Crédits Valenting Mangnan, licence Creative Commons)

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Le baccalauréat : une institution coûteuse qu’il faut réformer

Publié le 16 juin 2014
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Par Nelly Guet.

Eleves sortant des épreuves du baccalauréat au Lycée Charles de Gaulle à Caen (Crédits Valenting Mangnan, licence Creative Commons)
Élèves sortant des épreuves du baccalauréat à Caen

Nous avions eu les fuites de sujets en 2011, cette année, nous avons les grèves… Si seulement elles permettaient de remettre en question non seulement l’architecture globale, très coûteuse, de notre examen national – 1,5 milliard d’euros ! –, mais également la structure pyramidale inefficiente du ministère de l’Éducation nationale et  nous  permettaient d’entamer les réformes structurelles qui s’imposent…

Le taux de réussite au bac général 2013 s’élevait à 91,9 % (+ 2,3 points), à 86,4 % pour le bac technologique (+3,2 points) et à 78,5 % (+0,3 point) pour le bac professionnel.

A priori, de quoi s’en satisfaire ! Le pourcentage de bacheliers dans une génération s’élevait en 1970 à 20 %, en 1985 à 30 %, en 1995 à 60 %, en 2013 à 73 %. Si l’on ne peut que se réjouir de cette progression et de cette démocratisation, il ne faut cependant pas en rester à ce constat chiffré.

Avant de s’interroger sur le devenir de nos bacheliers, comparons deux récents reportages, présentés au JT, et regardés je l’espère par de nombreuses familles françaises.

D’abord le bac au Danemark.

Les élèves disposent de leur ordinateur, peuvent faire des recherches sur Internet ; toute correspondance par mail est bloquée. Ici, on a compris que les Universités et les entreprises ont besoin de jeunes capables de mobiliser les ressources existantes, d’analyser, de réfléchir, de comprendre, de démontrer, d’argumenter, de questionner, de se prendre en charge en exploitant leurs facultés intellectuelles. Autonomie et initiative sont les maîtres mots.

En France, le thème du reportage demeure : « Comment faire mémoriser ? »

Il révèle l’anxiété des candidats et des familles à l’approche de la date fatidique… Peu de différence entre la mémorisation attendue il y a 50 ans et celle de 2014 ! L’autonomie n’est pas à l’ordre du jour, ni son corollaire, la capacité à juger par soi-même, à agir, à choisir en connaissance de cause… Les informations sont dorénavant disponibles à tout moment sur Internet mais nos élèves continuent à être testés sur leur capacité à les retenir au lieu de l’être sur leur capacité à comprendre la complexité du monde et à entrer en interaction avec elle.

Que deviennent nos bacheliers ?

Les mieux informés et les mieux « calibrés » pour la poursuite d’études élitistes à la française ont bien sûr anticipé : ils n’ont attendu ni le diplôme, ni les résultats du troisième trimestre pour assurer leur avenir !

Pour les autres, le taux d’abandon au cours des deux premières années universitaires, notamment parmi les bacheliers appartenant aux catégories socioprofessionnelles défavorisées, est très élevé. Cette discrimination vient s’ajouter à celle qui a eu lieu en amont et a conduit 150000 jeunes à sortir du système éducatif sans qualification.

L’école républicaine est ainsi une nouvelle fois bafouée car l’influence du milieu familial est déterminante et cette influence, en période de crise, ne fait que croître. La France est en effet très mal placée en Europe en ce qui concerne le chômage des jeunes. En septembre 2013, l’Union européenne comptait 5,58 millions de jeunes sans emploi : le taux de chômage des moins de 25 ans atteint 23,5 % dans la zone euro ; il dépasse 26 % en France, 56 % en Espagne et 57 % en Grèce, mais atteint seulement 7,7 % en Allemagne et 8,6 % en Autriche.

Notre objectif est donc limpide !

Le taux d’étudiants diplômés à bac+5 était de 27 % en 2010. Pour respecter nos engagements européens, il doit passer à 50 %.

Dans les statistiques présentées en France, on comptabilise parmi les diplômés de l’enseignement supérieur, les BTS, DUT, Bac+2, ce qui permet de sauver la face et d’affirmer que nous sommes parmi les plus performants en Europe, au lieu d’expliquer que le processus de Bologne a conduit à la création en 2010 de l’Espace européen de l’enseignement supérieur, qui place les systèmes nationaux diversifiés dans un cadre commun et fait de la licence, en France, à Bac+3, le premier grade universitaire, menant au master à Bac+5.

Chacun sait que nous manquons d’ingénieurs, qu’il nous faut des diplômées et diplômés à Bac +5, principalement dans les disciplines scientifiques et technologiques, pour relever les défis présents et à venir, qu’il nous faut aussi des étudiants tellement épanouis dans leur scolarité qu’ils n’imaginent pas pouvoir se priver d’une formation tout au long de leur vie !

Est-ce le cas ?

À 15 ans, le pourcentage d’élèves français qui sont dans des écoles où l’importance du « développement social et émotionnel » – mission première de l’éducation – est reconnue, est le plus faible de tous les pays de l’OCDE. Le pourcentage de jeunes Français se sentant bien à l’école est seulement de 47,4 % contre une moyenne de 81,3 % pour l’OCDE. C’est le taux le plus faible de tous les pays de l’OCDE.

Ceci n’alerte pas les parents français qui continuent à penser que la mission de l’école est avant tout la transmission de connaissances. Ils ne sont pas davantage alertés par le nombre très faible d’élèves très performants – deux fois et demi moins élevé que celui des pays ayant les meilleurs scores dans PISA.

Et tout le monde se console avec le baccalauréat, à moins que ce ne soit, cette année, avec le foot !

Ces parents français mal informés ont rarement reçu, de la part des enseignants et des journalistes « spécialisés », les explications nécessaires sur la formation et l’évaluation par compétences, et sur :

  • le Socle commun européen de connaissances et de compétences (2005)
  • le Cadre Commun Européen de Références pour les Langues (connu depuis 2000, en vigueur depuis 2007),
  • le brevet informatique (B2I) (2001),
  • la réforme du lycée (2010) instituant l’individualisation des parcours,

Sinon, ils exigeraient des certifications reconnues au plan international !

Sortons nos enfants de la passivité, du bachotage, voire de la tricherie aux examens, montrons leur la voie de la responsabilité individuelle et collective ! Faisons d’eux des citoyens compétents, actifs, convaincus de la nécessité de se former tout au long de la vie !

Les diplômes et concours à la française qui servaient de passeport à vie ne sont plus valides. Préparons l’avenir des jeunes générations en leur permettant de faire leurs choix et de les assumer. Inspirons nous des pays dont nous envions les réussites sur le plan éducatif.

Et surtout ne confions pas une énième mission aussi impossible qu’inutile à un spécialiste du système scolaire, en prétendant être à la recherche d’un consensus. L’heure est grave, il est urgent d’agir ! D’autres pays l’ont fait avant nous !

Pour ce faire, les cinq mesures que j’ai décrites dans le livre que je viens de publier, Virage européen ou mirage républicain ? Quel avenir voulons-nous ?, permettront d’adapter l’institution scolaire aux besoins du XXIe siècle. Évaluons ensemble, partageons autant que possible entre toutes les parties prenantes – élèves, parents, enseignants, professionnels – un leadership équilibré et créateur ; effaçons la dichotomie enseignement-vie scolaire ; réorganisons à l’aune de ce qu’elle est en Europe la formation initiale et continue pour tous les enseignants et chefs d’établissement ; enfin, impliquons les entreprises dès la formation initiale – au plus jeune âge – des élèves.

Nous parviendrons ainsi à modifier notre système d’évaluation, à supprimer les vestiges du temps passé, à opter pour un baccalauréat, qui assure des perspectives de réussite dans l’enseignement supérieur, non seulement en France mais en Europe et dans le monde.

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  • Le bac n’est que l’aboutissement logique d’un enseignement des bases de nos connaissances. La réforme du bac passe donc par la réforme de l’enseignement. Celui-ci étant nul actuellement, le bac est devenu obsolète et complètement stupide, d’où les perles savoureuses mais tellement éhontées que l’on trouve dans les copies des « bacheliers ».
    Même en 1968, date des « évènements » où le bac a été passé en « catastrophe », ce diplôme valait encore quelque chose et sanctionnait des connaissances que les lycéens d’aujourd’hui n’ont plus.
    Et ne rapportons pas toujours tout à l’argent. Le bac a ou devrait avoir une valeur intellectuelle et humaine qui dépasse le coût matériel.

    • Il n’est pas certain que les élèves aient moins de connaissances aujourd’hui qu’hier. C’est plutôt dans la complaisance de la notation que le bac a perdu de la valeur comme porte d’entrée dans les études supérieures. Plutôt que le bac, chaque filière supérieure aurait avantage à instaurer un examen d’entrée spécifique, au lieu de s’épuiser à éliminer les mauvais éléments en première, deuxième et troisième années d’études, perte de temps précieux pour les établissements comme pour les étudiants. Un examen non discriminant ne sert à rien. Le bac ne fait pas exception.

      • Si, si… Pour enseigner à « l’élite » de ces bacheliers depuis une bonne dizaine d’années, je peux vous garantir que même les meilleurs savent de moins en moins de chose et surtout de moins en moins comment les utiliser. Ils sont de plus en plus bourrés d’informations disparates qui s’évaporent donc très vite, alors qu’autrefois les connaissances étaient liées et donc conservées et utilisées plus simplement.

        Visiblement on ne démontre plus et on n’apprend plus les démonstrations de théorèmes. Résultat les étudiants les connaissent un temps, puis ça disparaît, et surtout ils ne peuvent pas s’en servir pour apprendre plus.

        In fine, après un gonflement du stock de connaissances immédiates (mais avec une baisse de niveau concomitante) sur les années 90, on a depuis la baisse de niveau général ET de connaissances. Même parmi les meilleurs. Totalement effrayant.

        Cela dit, le bac ne veut plus rien dire mais on en a 80% par classe d’âge. Visiblement le but c’est d’arriver à la même chose pour les « bac +5 ». Bref, je crains que dans 15 ans les titulaires d’un M2 aient un niveau inférieur à celui d’un bachelier d’il y 20 ans. Niveau ET connaissances, à quelques bribes ici et là, faisant « brillant », près.

        • « Bref, je crains que dans 15 ans les titulaires d’un M2 aient un niveau inférieur à celui d’un bachelier d’il y 20 ans. »

          Et comme mon père me disait que son brevet d’études valait un niveau bac (des années 80), il avait un finalement un master de dans 15 ans ! 😉

  •  » Peu de différence entre la mémorisation attendue il y a 50 ans et celle de 2014 ! L’autonomie n’est pas à l’ordre du jour, ni son corollaire, la capacité à juger par soi-même, à agir, à choisir en connaissance de cause…  » : c’est absolument faux !
    Vous n’avez qu’a vous pencher sur les sujets de sciences par exemple pour le constater. Les épreuves n’ont absolument rien à voir avec ce qu’elles étaient il y a seulement quelques années. Ce n’est pas la restitutions de connaissances qui est évaluée, très minoritaire, mais la capacité à argumenter, à analyser et à raisonner à partir de documents, ces compétences du socle commun justement.
    Il y a eu une évolution assez radicale des méthodes d’enseignement depuis Darcos, c’est dommage de l’ignorer et de continuer à véhiculer ces clichés.

    • Regardez les interviews de ce jour des bacheliers, avant l’épreuve de philo : « j’ai peur d’avoir oublié! ».. etc..
      Sur l’enseignement des sciences, vous verrez, si vous lisez mon livre, que j’ai organisé pendant plusieurs années, des séminaires européens sur ce sujet (par ex. avec Pierre Lena sur « la main à la pâte ») et même à l’Esen, avec enseignants, chefs d’établissements, inspecteurs et partenaires extérieurs : bien sûr que les choses évoluent, mais pas au rythme où elles devraient.. bien trop lentement par rapport aux autres pays où je travaillle aussi. Quant à Xavier Darcos, vous lirez dans ma chronique sur les ministres que j’ai rencontrés entre 1996 à 2014, leur action, voire leur inaction, et notamment, en ce qui concerne les sciences, qu’il n’a pas été au RV européen, qui aurait pu faire « bouger les lignes ».

      • Oublié des références, peut être ! mais pas le raisonnement nécessaire à une dissertation, enfin !

        Il en est de même pour les sciences. Aujourd’hui tout l’enseignement s’articule autour des méthodes et des pratiques, moins sur les contenus. Les professeurs ne sont plus les transmetteurs exclusifs de savoirs, disponibles ailleurs, la réflexion a été faite depuis longtemps !

        Vous ne pouvez pas dire que la recherche d’autonomie n’est pas un objectif : c’est au cœur des priorités, comme le raisonnement et l’argumentation etc…

        Quant à Darcos, je ne parle pas du bonhomme , mais de la mise en place du socle commun.

        Maintenant, il n’y a pas consensus sur le sujet, deux visions s’opposent , entre, globalement les tenants d’un enseignement axé sur les contenus, et les défenseurs d’un enseignement en direction des objectifs du socle commun.

        Il ne faut pas confondre programmes, donc la volonté politique, avec la réalité des sphères technocratiques et du terrain…

  • Combien de temps a attendre pour vivre ces changements….

  • Cela fait longtemps que l’éducation nationale n’apprend plus à apprendre. Autrefois des parents y pourvoyaient, mais plus maintenant, ils n’ont plus le temps, plus le goût ou pas la compétence, pourtant de simple bon sens. Dans les années 90, sans Internet, je disait à ma fille de chercher une définition dans l’encyclopédie que nous avions à la maison. Je me suis alors aperçu qu’elle ne savait pas chercher. Je lui ai dit de commencer pas ouvrir le Thésaurus, qu’est-ce que c’est me dit-elle ! Déjà dans les années 90 on n’enseignait pas comment apprendre par soi-même. Alors aujourd’hui ! Encore plus grave, si cela est possible. Je constate que les enfants en maternelle sont toujours aussi avides d’apprendre. Je constate aussi que leurs enseignants sont souvent aussi compétents qu’intéressés à bien remplir leur mission. Alors pourquoi cela dégénère-t-il progressivement de la primaire à la fin du secondaire ? Au secours, la France sombre ! Lisez « Les lettres béninoises » de Nicolas Baverez, c’est un prophète ! Malheureusement !

  • Autonomie ! Voilà un grand mot qui sonne bien et que j’ai entendu pendant toute la scolarité de mes enfants.
    Autonomie, ils n’ont que ça à la bouche à l’EN avec la participation. Une vaste fumisterie. Dans la réalité des faits, les élèves sont formatés et doivent se conformer au moule de l’EN.

    Ce qui me fait bien marrer aussi c’est l’idée que les élèves doivent aller chercher l’information par eux-mêmes sur Internet ! La belle histoire quand on voit toutes les conneries qu’on peut trouver sur Internet et le temps qu’on peut y passer en pure perte !

    Et la mémorisation qui ne sert plus à rien ! La belle histoire. Vous auriez confiance ne votre médecin s’il vous disait que la mémorisation, il s’en tape ?
    Et comment devient-on ingénieur quand on a pas mémorisé ses cours de maths, de physique, de chimie ?
    On va sur Internet faire des recherches à chaque instant ?
    La mémorisation est une clé de l’intelligence sinon on se contente de réinventé l’eau chaude à chaque instant.

    Quant à l’idée de se former toute sa vie, j’ai eu l’éducation à l’ancienne, avec mémorisation et n’en déplaise à l’auteur de l’article  » se former tout au long de sa vie  » est pour moi une évidence.
    Qui est assez crétin pour soutenir l’inverse ? Je n’en ai aucune idée car je n’ai personnellement JAMAIS rencontré quelqu’un pour soutenir qu’il ne fallait pas se former tout au long de sa vie.

    La France forme jusqu’à présent parmi les meilleurs ingénieurs du monde. En médecine, nous sommes aussi à la pointe. Je ne vois pas pourquoi nous devrions jeter tout ça à la poubelle à cause dees petits Danois qui vont sur Internet pendant leurs exams. C’est très mignon mais bon. Faut aller un peu plus loin que ça. Internet n’est qu’un outil avec des possibilités merveilleuses mais aussi avec de graves inconvénients. Les jeunes n’ont besoin de personne pour savoir utiliser Internet. En particulier pour faire du copier coller, sans comprendre un traître mot.

    • Trouvez-moi UNE personne qui parle d’autonomie à l’Education Nationale ! S’ils n’ont que ce mot à la bouche c’est pour ne pas en vouloir. Qui a dit que la mémoire ne servait à rien sûrement pas l’auteur du livre. Il me semble, mais peut-être me trompe-je, que ce livre ne devrait pas être mis entre les mains de personnes qui ne savent pas lire. Quant au modèle Danois, bien évidemment il faut s’en méfier puisqu’il produit de bons résultats !

      • Eh bien mon cher Monsieur, des personnes qui parlent d’autonomie à l’EN, je n’ai entendu que cela depuis que mes enfants sont petits. Tous les ans et tous les profs. Je suis d’accord avec vous sur le fait que tout est fait au contraire pour que les élèves n’aient pas la moindre autonomie. Comme d’habitude dans l’EN, il faut toujours savoir que les mots sont piégés et que la réalité est toujours exactement à l’inverse de ce qui est annoncé.
        Quant aux résultats, les meilleurs ne sont pas au Danemark mais à Shanghai ou à Singapour.

        Quant à vos réflexions sur le fait que je ne sais pas lire, je peux vous retourner le compliment.
        Elle écrit bien cette phrase-là non ? Ouvrez vos yeux :  » Peu de différence entre la mémorisation attendue il y a 50 ans et celle de 2014 !  »
        Comme si la mémorisation était une question de date !!! C’est idiot. Ou alors il faut qu’elle explique un peu mieux ce qu’elle veut dire. Mais là franchement, sans plus de détail, c’est très con.

        Et si l’auteur veut qu’on lise son livre, qu’elle s’exprime un peu mieux que par du blabla digne de l’EN.
        Il n’y a pas un seul argument dans son texte.
        Dire qu’au Danemark, les étudiants ont droit à Internet n’est pas un argument en soi.
        On peut très bien imaginer que les étudiants français aient droit aussi à internet pendant les exams. Et alors ??? Seront-ils mieux formés pour autant ?
        Des arguments pas des fadaises. Voilà ce qu’on veut.
        Mais si vous aimez les fadaises, libre à vous cher Monsieur.

        • Vous ne croyez pas si bien dire! Je suis invitée à Shanghai par le Ministère de l’Education chinois à présenter ces pratiques européennes dont il est question dans mon livre, après en avoir déjà dévoilé certains aspects, aux côtés d’experts et praticiens venus de plusieurs continents, à Pékin, l’année dernière. La semaine prochaine, j’interviens dans une Université hongroise. Les parents français qui s’opposent, comme vous, à ces nouvelles conceptions sont malheureusement majoritaires : ils sont tout simplement très mal informés et le plus souvent se réfèrent uniquement à leur expérience personnelle. N’hésitez pas à lire mon livre : je l’ai écrit principalement à l’intention des parents français. Regardez notamment les questions que se posent les parents allemands. Ce pourrait vous être utile.

          • Contrairement à ce que vous dites, je ne m’oppose à aucune nouvelle conception à condition qu’elles soient décrites. Mais où sont donc vos nouvelles conceptions ? Je ne les vois écrites nulle part dans votre article. Je vois juste des bons sentiments. Il se peut que votre livre soit mieux mais là, dans l’article, beaucoup de mots et pas beaucoup d’idées. Franchement, je n’accroche pas. Vous auriez dû donner des exemples plus concrets.
            Les petits Danois avec Internet aux exams, cela ne me paraît pas convaincant. S’il suffisait de laisser Internet en accès libre aux examens pour faire une formation digne de ce nom aux élèves et étudiants, cela se saurait.

            • La conception d’une formation et d’une évaluation par compétences saute aux yeux si l’on regarde de près le Socle commun européen de connaissances et de compétences (2005) et le Cadre Commun Européen de Références pour les Langues (2000). Malheureusement les parents français ont peu entendu parler de cette « révolution culturelle ». Pour ma part, en tant que chef d’établissement, j’ai jugé cette communication primordiale. Les parents d’élèves ont eu les documents entre les mains et ont pu participer à des séances de travail sur la mise en oeuvre.

              Tant qu’aux « idées » que vous n’avez pas trouvées, ce sont des pratiques observées et à mettre en place en France. Dans les autres pays, on passe à l’action : Autoévaluation de l’établissement par toutes les parties prenantes – élèves, parents, enseignants, professionnels -, leadership et mesure des résultats, suppression de la dichotomie Enseignement-Vie scolaire, formation « européenne » initiale et continue de tous les enseignants et chefs d’établissement, implication des entreprises dans la formation initiale. Les détails sont dans mon livre ; je suis également à votre disposition pour un exposé d’une heure.

        • Internet, et l’accès aux ressources pour tous, est la réalisation 2.0 du projet encyclopédique des humanistes. C’est la plus grande révolution culturelle de l’humanité, depuis l’invention de l’imprimerie.
          Et Jimmy Wales en est certainement la personnalité la plus importante depuis Diderot et d’Alembert.

          Des conneries sur internet ? il n’y en a pas dans les livres ?

          Je crois que les derniers scandales sur les fraudes scientifiques, et les déclarations du dernier Nobel de physiologie, Randy Schekman, écorche quelque peu le sérieux supposé inaltérable des publications scientifiques, aussi prestigieuses soient-elles, comme Nature…

          Au moins Internet permet de croiser rapidement des sources dans la pluralité.

          • Je partage votre analyse : L’élève qui recherche sur internet plusieurs sources d’informations, sur un sujet donné et est capable de « croiser ces informations dans leur pluralité », n’est pas dans le « copié-collé », tant redouté par enseignants et parents français. C’est exactement ce que le bref reportage (DK) illustrait.

  • La seule réforme (qui rendrait aussi l’affaire moins couteuse) qui pourrait « sauver le bac » c’est de le rendre à ceux à qui il appartient théoriquement : les universités.

    Le bac est le premier titre du supérieur et c’est pour ça que les jury sont présidés par un universitaire (qui en général s’en tape, dit amen à tout, et prie pour qu’on le lâche au plus vite… ). Rendons-le aux universités et qu’il redevienne une certification de la capacité à étudier dans une matière donnée à l’université. Que les facultés de telle ou telle discipline décident du programme, du niveau etc. dans cette discipline.

    Et qu’on cesse ce mythe du « diplôme national avec organisation nationale ». Que je sache, la licence ou le master sont des diplômes nationaux et chaque fac organise comme elle le souhaite (dans le respect de grandes règles générales) ses examens et attribue les titres en conséquence. Qu’on fasse de même pour le bac. Et idéalement qu’on revienne à ce que faisaient les universités au moyen âge : études gratuites et ouvertes à toutes, mais examens et diplômes payants. C’est un retour que l’on observe déjà dans beaucoup de MOOC et certainement une très bonne chose.

    • D’accord avec vous. Le bac doit être un examen d’aptitude à étudier une ou des matières données à l’université.

  • Les 1,5 milliards ne correspondent à rien, car le chiffrage des pertes de cours n’est pas réellement lié à une perte financière (laquelle serait de 2000 millions d’euros dixit le Ministère).
    On pourrait d’ailleurs pousser le bouchon un peu plus loin en constatant que les élèves de terminale n France ont une des années les plus lourdes qui soient, pour si peu… ce qui signifie que si on récupérait les heures libérées par un bac allégé, ce ne serait que pour mieux les gaspiller !
    Le gaspillage existe néanmoins car la durée débilitante de cette épreuve empiète sr les BTS, en leur faisant perdre au moins deux semaines (en première année et seconde année), ce que peu d’observateurs savent.

    • Bah si le ministère évalue à 2000 millions d’euros (donc 2 milliards en français) c’est une deuxième approximation qui montre que de toutes façons, ça nous coute très cher et ça ne sert plus à rien. Le niveau de selectivité de l’affaire tendant vers 0, il faut de toutes façons qu’une autre sélection soit opérée. Sur dossiers dans les IUT et autres, par l’échec dans les universités, par des quasi concours/examens d’entrés dans certaines « petites » écoles, voire dans les entreprises.

      Bref, ça coute, de l’argent, du temps, de la désorganisation, et ça n’apporte que très peu. Tout en entretenant une insatisfaction générale, les gamins d’aujourd’hui s’imaginant que munis d’un bac avec mention ils sont forcément promis à de brillantes études ou à un poste passionnant, ne réalisant pas qu’avoir le bac avec mention très bien, depuis les années 2010, est plus simple que d’avoir le bac tout court à la fin des années 80… Pour ne rien dire des années 60/70 ou avant.

  • Bien que je sois en accord avec certains de vos propos, je préfère me concentrer sur les points de désaccords pour permettre d’amorcer une discussion.
    On ne peut opposer comme vous le faites mémorisation et analyse et résolution d’un problème. Il est vrai qu’aujourd’hui la mémoire externe (via les outils informatiques et de communication) est plus importante et plus facilement disponible qu’il y a quelques décennies (où la seule était les livres) mais cela ne signifie pas que le travail de mémorisation doit être abandonné. (a) L’accès rapide à l’information, la mémorisation permettra toujours un gain de temps. (b) Disposer d’un background, d’une grille de lecture est nécessaire pour comprendre, analyser, contrôler, mettre en perspective l’information qu’on va aller chercher ou le problème qu’on va devoir résoudre. Or cela ne peut s’acquérir que par la mémorisation d’un certain nombre de données. (c) Mémoriser une information permet de mieux la traiter lorsqu’on la convoque que si on doit la traiter tout en la découvrant. Si j’ose employer un terme de cuisine, par la mémorisation, il y a une « marinade » consciente ou inconsciente qui se fait qui explique ce meilleur traitement. Je tiens à signaler qu’en classe préparatoire scientifique, le travail de mémorisation attendu n’est pas négligeable et sans doute bien plus important que ce qui est demandé pour le Bac. Et pourtant c’est bien de ces clases que sortent les ingénieurs dont nous avons besoin. Ceci posé, je vous rejoins sur le fait qu’on ne peut se satisfaire de la mémorisation, c’est une base sur laquelle on peut construire des épreuves de résolution de problèmes, d’études de cas, qui mobiliseront une partie de leurs connaissances mémorisées mais également leur capacité à exploiter de nouvelles informations, à les mettre en perspective avec leurs connaissances acquises et à argumenter.
    Un détail pour finir. Il est exagéré et caricatural de prétendre qu’il y a peu de différence entre ce qui est attendu aujourd’hui et il y a 50 ans. L’épreuve d’histoire-géo en est tout de même un exemple : on se fiche aujourd’hui de savoir combien de tonnes de charbon exportait l’Allemagne en 1964 !

  • En matière d’éducation, tout le monde à plein d’idée géniales sur le papier. Platon, Rousseau, Merrieux et les autres connards du même acabit, par exemple.
    Seulement, dans tous ces idées géniales, 98 sur 100 se révéleront en pratique parfaitement débiles, et 2 parfaitement opposées, incompatibles, marcheront excellemment dans certains contextes, pour certains élèves (mais pas d’autres).
    Et on ne pourra le savoir qu’en les testant pour de bon, ces idées, et pendant longtemps, assez longtemps pour que même les plus obtus finissent par reconnaitre la réalité.
    Par conséquent,
    +1 Franz le 16 juin 2014 à 16 h 02 min
    Le salut ne peut résider que dans la diversité, une vraie diversité sous la forme d’examen différents organisés par des institutions différentes avec des programmes différents, pas sous la forme d’une foultitude d’options plus délirantes les unes que les autres censées toutes se valoir pour accéder à l’université (bac option randonnée … O_o ) .

    Dans un pays fonctionnant correctement, Mme Guet, votre livre ne serait pas basé sur vos réflexions intellectuelles, et il ne viserait pas à faire évoluer l’institution, le mammouth ; il serait basé sur votre expérience concrète du succès de l’application de vos idées dans votre établissement depuis 20 ou 10 ans, et il viserait plus modestement à multiplier les établissements fonctionnant comme le vôtre , sans que cela empêche d’autres établissement de fonctionner autrement, avec d’autres objectifs ou d’autres méthodes pour les atteindre. Il y aurait des écoles Guet comme il y a des écoles Freynet ou Montessori.
    Mais ce n’est pas ce que vous faites. Et ce n’est principalement pas de votre faute, mais de celle l’organisation militariste, centralisée, de l’enseignement français. De sorte que seuls des cinglés fanatiques comme Diwan par exemple sont assez de motivés pour franchir l’obstacle.
    C’est un signe, parmi d’autre, de la maladie française.

    • Vous avez raison. Je me garde bien d’en rester aux idées! Le livre relate des pratiques. Pendant 22 ans, j’ai toujours essayé d »essaimer »; en tant que coresponsable d’associations de chefs d’établissement européens, j’ai organisé des formations à tous les niveaux : auprès d’enseignants, de chefs d’établissement, de personnels vie scolaire, de parents, d’entreprises, etc… et non pas en parlant théorie mais en mettant à disposition les outils utilisés dans mon établissement et dans d’autres, élaborés au niveau européen.. Une goutte d’eau dans un océan : comme vous l’avez observé, le système ne permet pas de diffuser à large échelle. Je décris dans le livre comment certains lobbies s’y opposent, et comment les ministres successifs finissent par céder.

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Par Nelly Guet.

Pourquoi une telle agressivité suscitée par l’abandon des épreuves communes ? un petit changement, en apparence, qui provoque un réel tollé. Objet du débat : la suppression des épreuves communes en 2022 signifie que 40 % de la note finale du nouveau baccalauréat reposeraient sur le contrôle continu et porteraient sur les disciplines du tronc commun.

Pas de changement pour les 60 % restants (le grand oral, la philosophie, les épreuves anticipées de français, les enseignements de spécialité) préparant l’élève à sa ... Poursuivre la lecture

Par Adnan Valibhay.

... D’où l’importance de l’école au cœur du régime républicain. C’est à elle qu’il revient de briser ce cercle, de produire cette auto-institution, d’être la matrice qui engendre en permanence  des républicains pour faire la République. République préservée, république pure, république hors du temps au sein de la République réelle, l’école doit opérer ce miracle de l’engendrement par lequel l’enfant, dépouillé de toutes ses attaches pré-républicaines, va s’élever jusqu’à devenir le citoyen, sujet autonome. C’est bie... Poursuivre la lecture

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