Par Patrick Smets
Récemment, La Libre Belgique m’a fait l’honneur de publier ma carte blanche “Les fraudeurs, boucs émissaires d’un système moribond”. Plus encore que la publication du texte, ce sont les commentaires qui m’ont fait plaisir. Au-delà des habituels esprits chagrins qui n’ont pas manqué de nous rappeler que les impôts servaient à construire les routes (#lol), la plupart des participants au débat insistaient sur le plaisir de lire un article différent de l’habitude. Il ne s’agissait pas pour eux de savoir si j’avais raison ou tort. Juste de profiter de la bouffée d’air frais apportée par la perspective libertarienne.
Je pense qu’il y a une leçon à tirer de ces commentaires. Autant il est difficile de faire changer quelqu’un d’opinion, autant il est facile d’affirmer notre simple existence.
La plupart des gens sont extrêmement accrochés à leurs opinions. Pour quelqu’un dont les parents ont toujours représenté le socialisme comme une merveille, accepter de sortir du schéma pro-PS signifie quelque part devoir reconnaître que ses parents étaient, si pas des imbéciles, des naïfs. Même face au meilleur argument, ce genre de considération psychologique est d’un poids considérable. Et que dire de ceux dont le salaire est directement lié à l’intervention étatique ? Peut-on réellement espérer d’un homme, fort de sa bonne conscience, qu’il endosse le costume du brigand ? Rentrer dans le débat est le plus souvent inutile. Le prix à payer par l’adversaire pour changer d’opinion est trop élevé pour espérer pouvoir le dépasser par de simples arguments rationnels. Remarquons d’ailleurs que la plupart des débats politiques sont parfaitement stéréotypés et sans espoir de voir un participant changer d’opinion. Qui imagine Laurette Onkelinx ou Charles Michel découvrir les bienfaits de la liberté sur un plateau de télé ? Le show n’est pas là pour convaincre mais pour affirmer une identité.
De même, notre communication doit servir principalement à affirmer notre existence. En Belgique comme ailleurs, de nombreuses personnes comprennent que le système étatique court à sa perte et que la liberté ressort du simple bon sens. Mais elles ne savent pas que leurs idées ont un nom. Chacun de son côté vit sa vie, s’imaginant seul au monde. La simple affirmation de notre existence nous permettra de réunir ces âmes éparses. D’autres nous rejoindront pour le simple plaisir d’un débat revivifié. Et puis, tant d’autres enfin, seront bloqués dans leurs ritournelles idéologiques par notre simple existence.
Plus que de chercher à convaincre qui que soit, cherchons à faire reconnaître notre existence. La simple acceptation du fait que nous sommes là, que nous sommes des gens ordinaires, et que nous sommes prêts à défendre nos idées, est déjà un pas extraordinaire vers l’accomplissement de notre programme. Pour asseoir son pouvoir, le système actuel a besoin de mettre en scène l’unanimité du consentement à l’ordre politique. Notre seule présence rompt cette illusion. Notre seule visibilité met en danger tout leur système.
Face à eux, nous sommes révolutionnaires simplement parce que nous sommes.
Oui et oui, alléluia !
Témoignage d’une certaine fraicheur, volontairement je pense, tout est y est vrai. Le libéralisme est exposé dans son idée par des hommes qui dès lors sont égaux en tous points d’autres hommes, dont seuls les points de vues sont différents.
Plaire, car convaincre relève de la même logique, est une quête sans fin, par opposition, ne pas déplaire est un acte plus modeste mais beaucoup plus fédérateur, rassembleur.
Le libéralisme se prend souvent les pieds dans le tapis de ses contradictions et elles sont légions, ce que vous relevez est un des points essentiels, en effet, s’il est vain et inutile de convaincre, il est par contre essentiel d’exposer ses idées avec conviction afin qu’elles soient ainsi reconnues et acceptées, avec pour autre effet de ne laisser aucune place à l’interprétation.
Exister est une chose, être accepté en est une autre, convaincre est une utopie.
Sinon pas de manif liberale en vue … ? Histoire de pas laisser la rue aux Marxistes fr …
Désolé, j’ai piscine.
On vous comprend les gars, un vrai libéral, c’est un être supérieur, un vrai couillu, un qui en a, il n’y a qu’à vous lire.
Hmm un libéral c’est surtout quelqu’un qui se préoccupe de son bien être, donc un libéral qui se fait chier à sortir dans la rue c’est qu’il en a vraiment gros sur la patate … Y a qu’à voir 1789 …
Je trouve votre billet très juste, merci!
“D’autres nous rejoindront pour le simple plaisir d’un débat revivifié.”
+1
On attend aussi de la fraicheur sur les plateaux télés français… franchement quelle personnalité politique oserait mettre sa carrière en péril et exposer ses idées libérales?
Trop peu je crois..le seul moyen de percer reste l’arrivée dans les débats outre atlantique de Rand Paul.
“La plupart des gens sont extrêmement accrochés à leurs opinions. ”
En particulier certains libertariens.