Une économie finement maîtrisée

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Une économie finement maîtrisée

Publié le 29 mai 2014
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Si la communication officielle du gouvernement et de l’exécutif n’est pas toujours maîtrisée au mieux, il n’en va heureusement pas de même avec les finances du pays qui sont finement pilotées de chicanes conjoncturelles en virages économiques subtilement négociés à la corde. En effet, le paquebot Bercy est dirigé par deux têtes qui ne contiennent qu’un seul cerveau composé de deux hémisphères gauches, celui de Montebourg d’un côté et celui de Sapin… du même.

Avec un tel tandem et dans de pareilles conditions, il n’y a plus besoin de prières ou d’amulettes puisqu’absolument rien n’est plus laissé au hasard ou à la Providence. Avec une ponctualité quasi-helvétique, les résultats s’accumulent et démontrent tous que les réglages du moteur de l’État français sont maintenant optimaux : c’est une déroute chimiquement pure.

montebourg pour toi public

Je pourrai m’attarder sur les chiffres du chômage. Il y aurait fort à dire. Mais ils ne sont que le symptôme, la résultante nécrosée d’une analyse catastrophique par sa bêtise et son inadéquation avec la réalité de la situation économique du pays.

Je préfère regarder le récent rapport de la Cour des Comptes sur les recettes de l’État. Et le terme recette n’a jamais été aussi bien employé tant il ne s’agit plus ici que de cuisine.

C’est d’abord la cuisson des contribuables, portée à feu vif.

De 214,3 milliards d’euros en 2009, les recettes ont été portées à 284 milliards en 2013. Ce qui veut dire que l’État a ponctionné près de 70 milliards d’euros en plus. Évidemment, pour cette somme, on a plus d’écoles, plus d’universités, plus de prisons, plus de routes, de ponts, de lignes haut débit, d’éoliennes et de centrales nucléaires neuves, de TGV qui arrivent à l’heure et de services de police et de gendarmerie efficaces, sans compter sur une armée à la pointe de la technologie.

Ah tiens. Non. Tout se dégrade quand même. Et la croissance du pays n’est, au mieux, qu’atone, et au pire, négative. Ce qui veut donc dire qu’on a dépensé 70 milliards supplémentaires en provenance directe des poches des contribuables pour… du vent (ou, plus précisément, de la « paix sociale » – dont on peine à voir les contours, vu la grogne de plus en plus audible dans le pays). Franche réussite !

C’est ensuite la sale cuisine interne des comptes publics.

Parce qu’à bien regarder les chiffres et les conclusions de la Cour des Comptes, difficile de ne pas voir une sombre cuisine, purement politique, pour justifier les écarts entre les recettes budgétisées et celles effectivement enregistrées. Il apparaît en effet que malgré l’augmentation continue de la ponction fiscale, il manque 14 milliards d’euros dans les caisses par rapport aux prévisions de recettes.

Vous avez bien lu : alors que les impôts ont augmenté de 70 milliards en 5 ans (soit 14 milliards de plus par an), l’année 2013 est trop courte de 14 milliards. Il manque une année complète d’augmentation. Et mine de rien, 14 milliards, ça représente une sacrée quantité de piscines olympiques pleines de pognon gratuit du contribuable, ça, mes petits amis. 14 milliards par ci, 14 milliards par là, et rapidement, on parle d’une jolie somme, vous ne trouvez pas ?

Du reste, le détail fourni par la Cour sur les manques à gagner donnent un éclairage intéressant à la situation économique du pays. C’est en effet l’impôt sur les sociétés (IS) qui encaisse le plus gros écart entre ce qui était attendu et ce qui est effectivement rentré en caisse, en valeur (7 milliards) et en proportion (14,8%). Ceci veut essentiellement dire que ce sont d’abord les entreprises qui dégorgent moins que prévu. En outre, la consommation est moins forte qu’envisagée (3,6% de moins que prévu sur la TVA). Est-ce que ceci ne signifierait pas comme un gros souci au niveau économique général ? Et ce ne sont pas les deux milliards de recette exceptionnelle qui permettent d’améliorer le tableau : les prévisions étaient outrageusement optimistes. La réalité ne pouvait que décevoir.

Politiquement, cependant, c’était attendu. Nos gouvernants, avec le plus parfait cynisme, s’attendaient évidemment à ce genre d’écart. En effet, pour respecter ses engagements internationaux (et européens notamment), le gouvernement doit présenter un budget prévisionnel dont l’objectif de déficit est exprimé en pourcentage du PIB, objectif lui-même plafonné. Et rien de tel que surestimer les recettes prévisionnelles pour caler cet objectif. Autrement dit, si l’on veut dépenser trop, rien de plus facile : il suffit de prévoir de grosses rentrées, ce qui permet de conserver un déficit raisonnable sur le papier, de dépenser comme prévu, et d’annoncer, plus tard, que les rentrées ont été moins bonnes (et le déficit a explosé, mais à ce moment là, tout le monde s’en fiche éperdument).

D’un autre côté, le fait que la collecte d’impôt continue d’augmenter malgré tout montre que nous ne sommes pas encore arrivés au plus haut de la courbe de Laffer. Autrement dit, il y a encore une marge de progression disponible pour la ponction, et tout indique qu’elle sera testée dans les prochains mois.

le foll salaud de social

Rassurez-vous. Ce constat calamiteux et effrayant n’est absolument pas une raison pour le gouvernement de changer son fusil d’épaule, même s’il a tout l’air d’un balai. On continue donc à prétendre à une illusoire baisse d’impôts, et on charge Le Foll, en bon porte-parlote, d’aller expliquer tout ça, en vrac, au bon peuple, avec comme mission que la prochaine tempête ne soit pas trop visible. Ce qu’il fait avec le brio d’un teckel mouillé coincé dans un container à plastiques recyclables :

« les moindres recettes s’expliquent par plusieurs facteurs : sûrement la croissance, et pour certaines recettes, un contexte économique, peut-être social. »

« Peut-être social ». Ou bien y’aurait des difficultés économiques, aussi. Possible. Ou le temps. Avec cette pluie, ça rend les gens moroses. Allez savoir. Ils nous détraquent la météo avec leur satellites, m’ame Michu. Tout ça.

Parallèlement, on apprend (très discrètement) dans une récente note de Moody’s que la baisse de dotation sur les budgets locaux décidée par l’État risque d’alourdir singulièrement la dette des collectivités territoriales. Certes, « les réformes structurelles envisagées par le gouvernement pour le secteur local pourraient partiellement compenser l’effet de la baisse des dotations sur les budgets locaux. », mais malheureusement, « à ce stade, il n’existe cependant pas de quantification des économies ainsi générées, ni de calendrier pour leur mise en œuvre. » Voilà qui est excellent pour les finances publiques, ça, non ?

Parallèlement, on apprend (là encore, assez discrètement) qu’on va doubler le nombre de bénéficiaires de la CMU (la couverture maladie universelle, qui, pour rappel, est payée par les contribuables et non par la Sécurité Sociale). Voilà qui est génial pour les finances du pays, vous ne trouvez pas ?

Heureusement, pendant que Le Foll dégoise ses conneries, les deux ministres de Bercy sont aux manettes. D’un côté, Sapin est à la cantine et reprend deux fois du dessert. De l’autre, Montebourg s’agite dans son joli bureau et a fermement décidé de s’attaquer au site Booking.com parce que c’est exactement le message qu’avaient besoin d’entendre les Français.

sapin veut du dessert

Pour rappel, la France fait, depuis des années, un déficit conséquent. En 2012, il s’agissait de 98,8 milliards d’euros. En 2013, on a atteint 74,9 milliards d’euros sur 227 milliards de recettes, ce qui veut dire que nos fiers ministres se sont débrouillés pour cramer 32% d’argent en plus que ce dont nous disposions. Pour rien. Pardon, pour « la paix sociale ». Chérissez-la : elle nous coûte de plus en plus cher et se fait de moins en moins visible.

Ce pays est foutu.

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  • La méthode pour équilibrer les budgets publics est simple : reporter les recettes de l’année précédente à l’euro près puis déduire de ce montant le déficit passé pour déterminer les dépenses prévisionnelles. Inversement, un excédent éventuel, après remboursement de la dette de l’année passée, sera déduit des recettes pour des dépenses prévisionnelles stables. Appliquer la même méthode à l’ensemble des budgets publics, qu’ils soient nationaux, locaux ou sociaux.

    Exemple : avec des recettes à 380 milliards et un déficit de 80 milliards en N, donc des dépenses de 460 milliards, les dépenses N+1 sont limitées à 300 milliards, soit une toute petite amputation d’à peine un tiers.

    Evidemment, compte tenu du laxisme actuel, ça va picoter un peu au début. Il va falloir couper un peu de budget par ici, licencier un peu par là, abandonner telle ou telle mission par ailleurs. Mais ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Et surtout, il n’y a pas le choix, si on veut éviter que la gangrène n’emporte tout le malade.

  • Bonjour
    Je viens de voir une bonne nouvelle !
    Il reste de l’argent sur les retraites car le gouverne ment envisage de baisser les cotisations retraite d’un certains nombre de fonctionnaires 🙁
    Ce pays n’est pas foutu mais archi foutu !
    Cordialement

  • Comment avait-dit un eurodéputé anglo saxons que l’on peut appliquer à nos politiques : « ils vous pendront et ils auront raison ».

  • Bonjour !

    Sans que cela ne change rien au fond du problème (CMU = 2 Md€ par an selon ma calculette ivre), est-ce le nombre de NOUVEAUX bénéficiaires ou le « nombre de bénéficiaires » qui devrait doubler au conditionnel en 2014 ? J’ai du mal à y voir clair.

    Autrement, ce n’est pas nouveau mais c’est devenu dramatique : le budget est préparé et présenté par le gouvernement de manière insincère. Et voté sans enthousiasme par les parlementaires.

    Conclusion : les députés et sénateurs français ne sont même plus capables d’exercer le contrôle qui est à l’origine même du parlementarisme.

    • Dans l’article lié, ce n’est pas clair. On y parle tour à tout de bénéficiaires puis de nouveau bénéficiaires.

      J’ai tendance à considérer que c’est « nouveaux bénéficiaires », mais comme on ne sait pas exactement quelle réalité cela recouvre, difficile de savoir si le nombre total double ou si le delta d’une année à l’autre double…

    • Il n’y a pas qu’une CMU, il y a la B, la C, la D qui sont des complémentaires que chacun de nous finance grace à l’euro que la sécu retient . Par ailleurs l’AME qui soigne gratuitement les clandestins et qui ne devait pas dépasser les 80 millions d’euros selon Jospin coute maintenant 1 milliard d’euros par an et est en constante augmentation puisque le nombre de demandeurs augmente et qu’existe chez nous « l’obligation de soins » ce que toute personne étrangère normalement constituée et qui ne souhaite pas être expulsée sait parfaitement.. Petit rappel, les bénéficiaires de l’AME devaient s’acquitter annuellement d’un forfait exorbitant de 30 euros immédiatement supprimé par Moi Président.
      Hier un millier d’Africains -pour la plupart francophones- sont entrés dans l’enclave espagnole au Maroc et viendront donc sans doute bientot grossir les rangs des « ayant droit » !.

    • 2 milliards, c’est la complémentaire à vu de nez. Pour la base, multipliez par 10 pour obtenir la charge réelle sur les comptes sociaux.

  • « En 2013, on a atteint 74,9 milliards d’euros sur 227 milliards de recettes, ce qui veut dire que nos fiers ministres se sont débrouillés pour cramer 32% d’argent en plus que ce dont nous disposions »

    Tout est résumé.

  • Et encore M.H16, vous êtes gentil, si on compte ce qu’on planque en hors bilan, le deficit serait bien plus important. Or, il arrivera un moment où il faudra assumer tout ça également…

    • Hors bilan = 3000 mrd € si je me souviens bien du rapport Pébereau. Soit 150% de la dette au sens de Maastricht. Essentiellement des engagements de retraite des fonctionnaires.

  • Les recettes 2013, c’est 227 milliards, ou 284?

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