Taxis : l’exemple de la concurrence des taxis gabonais

Un Français raconte comment il a vécu la libre concurrence des taxis au Gabon.

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Circulation à Libreville (Gabon) (Crédits huguesn Creative Commons)

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Taxis : l’exemple de la concurrence des taxis gabonais

Publié le 26 avril 2014
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Par Nicolas Fabre.

Circulation à Libreville (Gabon) (Crédits huguesn Creative Commons)Alors que le gouvernement se soumet aux revendications des taxis à l’encontre des VTC (voir le dossier spécial de Contrepoints), j’essaye d’apporter ici un exemple de vraie concurrence : les taxis gabonais. Voilà de quel modèle aurait dû s’inspirer Thomas Thévenoud – qui n’aime pas la concurrence – pour son rapport plutôt indignant.

Dans le cadre de mes études je suis parti au Gabon pour un mois. J’ai donc quitté la France en plein débat entre Taxis et VTC. Et c’est à Libreville que j’ai pu observer une troisième voie. Celle d’un marché autorégulé, dynamique et très concurrentiel.

Pour devenir chauffeur de taxi au Gabon, il ne faut aucune licence. Juste une voiture – et encore nullement soumise à des normes ridicules. Beaucoup de taxis circulent en ville. Il est donc aisé d’en arrêter un. De plus les véhicules ne sont pas équipés de compteurs. Le prix ne se fixe pas avec les paramètres opaques qu’usent nos taxis Français, mais à la course.

Rentrons dans le vif du sujet. Dans quelle mesure le marché gabonais est-il plus concurrentiel qu’en France ?

Comme dit auparavant, il n’y a pas de compteurs dans les taxis. Ainsi le processus se fait de manière très simple. Le passager arrête le taxi et propose un prix pour aller d’un endroit A à un endroit B. C’est-à-dire que si vous voulez voyager rapidement vous proposez un prix élevé et la chance que le chauffeur accepte est sensiblement augmentée. A contrario si vous n’êtes pas pressé, ou alors s’il vous reste peu de deniers, vous proposez un tarif moins élevé. Limitant ainsi vos chances que le chauffeur accepte. Il y a de nombreux taxis qui circulent ainsi que beaucoup de personnes qui ne voyagent que par ce moyen. Donc imaginez la dynamique du marché : énormément d’offreurs et de demandeurs pour un service.

De plus les taxis prennent plusieurs personnes à la fois. C’est-à-dire que quand vous montez dans le véhicule, soyez certain que le chauffeur s’arrêtera plus loin pour prendre d’autres passagers, qui vont le plus souvent dans votre direction. Augmentant ainsi la rentabilité du voyage pour le conducteur.

Ce qui est encore plus intéressant est la façon dont s’est autorégulé le marché. Le prix a vraiment un rôle d’indicateur. C’est-à-dire que chauffeurs comme passagers connaissent à peu près le prix des trajets. Et l’État n’a pas à intervenir pour régulariser et réglementer. Le marché libre le fait seul.

À titre d’exemple une course d’une quinzaine de minutes se chiffre approximativement à 2000 francs CFA, soit 3 euros. La circulation à Libreville est certes chaotique donc ces 15 minutes seront passées pour moitié dans les bouchons. Mais en comparaison avec la France, cela fait sourire ou pleurer, au choix.

Il existe par ailleurs quelques variables qui font osciller le prix. Notamment le nombre de places demandées. En fonction du nombre de passagers les prix augmentent mais sont vraiment dégressifs. Pour illustration quand je faisais le trajet maison-travail, tout seul, la course d’une quinzaine de minutes me coûtait 1500 francs CFA  (2 euros 20) mais quand nous faisions ce même trajet à deux, le prix augmentait uniquement de 500 Francs CFA. Passant de 1500 à 2000 Francs. Soit 3 euros.

Autre variable : la voiture. Dans un pays où il fait très chaud, un véhicule climatisé est très prisé. Ce type de voitures se repère facilement car elles roulent fenêtres fermées. Donc si vous en arrêtez une, faites une offre plus généreuse. Autrement votre voisin qui a, lui aussi envie de fraîcheur proposera un meilleur offre, et à lui le confort.

Enfin il faut savoir que chauffeur de taxis est un travail convoité tant il est bien rémunéré. À peu près 55.000 francs CFA par jour. Soit 85 euros. Le salaire moyen étant de 350 euros par mois au Gabon.

C’est donc avec plaisir que j’ai observé et admiré la concurrence du marché des taxis au Gabon. Alors que les chauffeurs de taxis français – qui n’aiment pas la concurrence – ne viennent pas nous enfumer avec la « concurrence déloyale des VTC ». Ils ne connaissent pas la concurrence et se plaignent quand on dénonce leur extorsion généralisée. Pour finir, je ne pourrai décrire le plaisir que cela fait de voyager avec un chauffeur souriant, qui s’intéresse à vous et qui ne se plaint pas à tous les feux de ses conditions de travail… à comparer avec la soupe désagréable que beaucoup de nos chauffeurs français aiment nous servir. Même s’il ne faut pas généraliser, c’est tentant pour ce cas précis.

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  • Effectivement d’autres pays proposent d’autres alternatives…Je me souviens qu’en Thaïlande, le taxi est gratuit pour le passager.Le chauffeur est rétribué par le(s) magasin(s) ou hôtel(s) dans lesquels vous vous faites déposer.Par contre si vous ne connaissez pas l’adresse précise et que vous demandez par exemple à aller chez un bijoutier ou un coiffeur, le chauffeur de taxi vous amène chez celui qui lui verse la meilleure « com ».
    Le fait que les chauffeurs de taxi français s’accrochent et défendent leur boulot, est dû principalement au prix de la licence, lui même causé par leur nombre limité (par l’état). Pour pouvoir mettre à plat le dossier : l’état devrait rembourser ou racheter toutes les licences existantes au prorata du prix, de l’amortissement etc…puis supprimer toutes celles-ci, cesser le « numerus clausus » et relancer une profession moins encadrée, moins taxée et plus concurrentielle..

    • « l’état devrait rembourser ou racheter toutes les licences existantes au prorata du prix, de l’amortissement etc…puis supprimer toutes celles-ci, cesser le « numerus clausus » et relancer une profession moins encadrée, moins taxée et plus concurrentielle.. »
      >> Pas du tout. Il faut arrêter avec cela : les taxis qui ont acheté leur licence au prix savaient PERTINEMMENT que le système finirait par changer, et donc que le risque était élevé. Ils ont choisi de prendre le risque ? Tant pis pour eux, comme n’importe qui qui achète une action au sommet de la bulle !

      Donc il n’y a rien à faire de compliqué : juste émettre les licences à qui les demande. Ni plus, ni moins. Et le marché secondaire des licences reviendra au prix d’émission initial, c’est-à-dire un prix nul.

      Il n’y a pas d’autres solution libérale, toutes les autres visant à faire payer le contribuable pour solutionner un problème qui a massivement bénéficié à la corporation ! Faire racheter par l’Etat au prix fort (je rappelle que quasiment les licences dans toutes les villes sont actuellement au plus haut historique !), c’est vraiment subventionner au maximum le corporatisme, et c’est juste scandaleux…

    • Le problème des licences en France,c ‘est que c’est un système schizophrène. Parce que au final, vous avez des chauffeurs qui gueulent parce que eux ils sont obligés de payer une licence très chère, mais d’un autre coté, ils sont totalement contre le fait d’enlever la licence, puisque de fait ça ouvrirait à le marché à la concurrence….
      D’un coté ça les fait chier de payer, d’un autre coté ils savent qu’ils s’achètent ainsi le droit de ne pas avoir de concurrents…

    • Le taxi n’est pas gratuit en Thaïlande. J’ignore sur qui vous êtes tombé, mais vous payez votre course, comme partout ailleurs, que ce soit un taxi voiture ou un tuk-tuk.

  • Ce que vous nous décrivez là ne diffère guère des VTC+covoiturage. Le problème en France, c’est la transition vers ce système : d’une part, nos autorités y voient une perte d’une parcelle de leur pouvoir de régulation, d’autre part les taxis disposent d’un pouvoir de nuisance fort et sont coincés par l’investissement pour leur plaque qu’ils ont payée très cher (au détriment d’investissements utiles au client) et qu’ils se voient perdre sans avoir pu l’amortir. C’est cette transition qu’il faut travailler, hélas je n’ai pas l’impression que le rapport la considère.

    • Les taxis ont mis tant d’argent dans leurs licences qu’ils ne peuvent pas se munir d’un terminal carte bleue!

      Dans sa forme actuelle le taxi est mort, détrôné par les avancées technologiques qui rendent ce métier obsolète. GPS, Portable, etc..

      • Ben les taxis ont mis tant d’argent dans la licence justement pour ne pas avoir à s’embêter avec les histoires de carte bleue (qui ne se limitent pas au seul terminal, d’ailleurs). Je n’aime pas les taxis, mais je comprends qu’ils aient la rage de s’être faits avoir en achetant leur licence.
        Et le taxi a l’air loin d’être mort à Londres, New York, Libreville ou autres.

  • TAXIS FRANÇAIS ? ils vont payer très cher leur attitude d’aujourd’hui quand les premiers véhicules robots vont leur piquer leur job !!!

  • Très bon commentaire, M. Mengwang, qui correspond tout à fait à ce que je connais de l’Afrique (Madagascar, Tchad, Sénégal) plus toute l’Afrique francophone par mes cousins Bretons sur 50 ans, .Entre autres, les gendarmes entre Diégo et Sakaramy rackettant le taxi-brousse dans lequel j’étais le seul petit Blanc (Madagascar) des « amendes » pour essuie-glace non réglementaire, discutées et payées cash (Tchad), ou du permis de conduire « confisqué », remplacé aussitôt par un autre , « tamponné » par un autre commissariat( Sénégal). L’exemple des taxis gabonais ressort plus de la jungle que du libéralisme.

  • Un mois de recul pour se faire une idée d’un système et le comparer à un autre … Ça me paraît un peu juste.
    Le taxis gabonais sont des cercueils roulants ! Depuis que je suis à LBV, je ne compte plus les accidents mortels avec ce type de transport dont un à fait huit morts (dans la même voiture homologuée pour 5 personnes !).
    Vive la libre concurrence : des véhicules pourris, non assurés et des chauffeurs qui au mieux ont acheté leurs permis (et ce n’est pas une image). Plus une course à l’argent (pour essayer de vivre car en effet, taximan est loin d’être une réussite sociale) qui leur fait prendre des risques inconsidérés quotidiennement.
    Je ne dis pas qu’il ne faut rien changer en France, mais de grâce, tout sauf le modèle Africain !

    • Bonjour Florent,

      Merci pour votre commentaire pertinent.

      Je suis encore à LBV et si vous le désirez nous pouvons nous rencontrer pour discuter de tout ça.
      Ce serait avec un réel plaisir.

      En tout cas je vous souhaite une bonne journée.
      Nicolas F

  • Bonjour,

    Je suis pour le moins surpris qu’on puisse établir une comparaison entre les taxis gabonais et les taxis français sans parler de l’investissement financier nécessaire pour avoir l’autorisation de pratiquer la profession de taxi dans les 2 pays.
    Pour obtenir une licence taxi en France, il est nécessaire de débourser plus de 250 000 euros, soit plus de 170 millions de francs CFA. Une honte absolue, j’en conviens, d’autant plus que cette somme n’est pas demandée aux VTC qui font effectivement concurrence aux taxis. Il y a donc 2 poids 2 mesures qui ne placent pas tout le monde sur un même pied d’égalité.
    Si on en croit vos commentaires, il vaut mieux monter dans un taxi gabonais que français. Sur le plan économique cela ne fait aucun doute car les taxis français sont hors de prix. Mais dans l’ensemble, ce sont les taxis européens qui sont hors de prix.
    Pour en revenir aux taxis gabonais, conduits pour la plupart par des ressortissants étrangers, il faut tout de même rappeler que ces taxis sont souvent dans un état lamentable. Cardans et amortisseurs foutus, freins et direction défaillants, et violation en permanence du code de la route qui font de ces taxis de véritables « trompe la mort ». Il est important de dire que la très grande majorité des taxis gabonais est responsable des principaux accidents qui surviennent à Libreville. Les chauffeurs n’ont aucune idée du code de la route pour la bonne et simple raison qu’ils ont acheté leur permis de conduire en soudoyant les autorités locales. Et les pires sont les taxis que l’on appelle « clandos ». Pour eux, les rues de Libreville, c’est la jungle à l’état pur. Les taxis français ne sont peut-être pas tous aimables, mais vous roulez au moins en parfaite sécurité et vous ne vous posez pas la question de savoir si vous serez en bonne santé à la fin de la course.

    • In fine, c’est le client qui paye les 250 000 € ! qui d’autre? et si c’est si cher, c’est que ça rapporte gros, très gros, autrement dit les taxis parisiens sont les plus chers du monde, parce qu’ils veulent se gaver le plus au monde, non ?

    • Bonjour Phemga,

      Tout d’abord merci de votre commentaire intéressant et constructif.

      Ma réponse va être très subjective et je comprend bien qu’elle ne fasse pas l’unanimité.
      Selon les chiffres officiels du ministère le nombre d’accident au Gabon en 2011 s’est élevé à 1828, causant ainsi 125 morts.
      Je ne vais pas entrer dans la guerre des chiffres et faire la comparaison avec la France. Le débat serait stérile.

      Mais ce que je voudrai dire c’est que je me suis sentis en sécurité dans les taxis Gabonais. Pour une raison notamment c’est qu’ils ne conduisent pas vite et qu’ils respectent « les principes primaires du code de la route », à savoir le clignotant. De plus ils klaxonnent beaucoup pour prévenir leurs pairs qu’ils arrivent.
      Un réel ordre s’est crée dans le désordre. Je ne pensais pas que l’anarchie pouvait s’opérer sur la route mais j’ai eu en quelques sortes tord. En fait les Gabonais eux même ont établi des principes. Un véhicule coutant cher, ils ne prennent pas le risque de faire n’importe quoi. Je me répète mais je me suis sentis en sécurité dans les taxis Gabonais.

      Après c’est sur, je vous l’accorde, on peut déplorer le manque de normes sur les véhicules. Personnellement je n’ai pas trouvé que ces derniers étaient si terribles que ça. Mais après suivant les règles de concurrence, si un véhicule vous paraît en trop mauvais état, alors ne l’arrêtez pas !

      Pour finir j’aimerai vous faire une confidence. A mon avis ce n’est pas les taxis qui pensent que la route est à eux, mais les forces de l’ordre. J’ai failli me faire faucher une fois pour le moment, c’était un véhicule de la police qui roulait à vive allure dans une rue. Ils se croient tout permis car si jamais il arrivait un drame l’affaire serait étouffée.

      Non vraiment, même si ma réponse peut paraître très subjective je maintiens l’affirmation qui dit que nos taxis doivent s’inspirer de ceux du Gabon.

      Je vous remercie encore de votre remarque et vous souhaite une excellente journée.

  • Bonjour à tous, je viens de lire avec intérêt cet article sur les taxis Librevillois. Je suis expatrié au Gabon depuis 4 ans et, en effet, je confirme ce qui est relaté par l’auteur. Mon commentaire a pour but de rajouter qu’il y a des milliers de taxis circulant dans Libreville et sa périphérie parce que les transports en commun sont complètement défaillants. Il y a bien de temps temps des tentatives de l’état de remettre en service des bus mais pour des raisons hors sujet l’affaire finit par capoter.
    Une grande partie de la population Gabonaise n’a pas les moyens de s’acheter un véhicule personnel, alors ces taxis, ici, c’est une nécessité absolue.
    Il m’est arrivé de prendre le taxi en France et c’est vrai que la note est salée………..Exemple: aéroport de Nantes Atlantique / Ancenis, pour 43km, 130 euros en tarif de nuit………..

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