Déculottée municipale à Paris : les 3 erreurs de NKM

Paris reste dans les mains de la gauche par défaut. Anne Hidalgo peut remercier la droite et le centre de leurs erreurs stratégiques.

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Nathalie Kosciusko-Morizet NKM en campagne à Paris (Crédits Nathalie Kosciusko-Morizet, licence Creative Commons)

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Déculottée municipale à Paris : les 3 erreurs de NKM

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 10 avril 2014
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Par Aurélien Véron.

NKM

La défaite de Nathalie Kosciusko-Morizet à Paris apparaît limitée avec la prise du 9e arrondissement. Il s’agit pourtant bien d’un échec lourd avec 44,06% des voix contre 53,34% pour Anne Hidalgo. « Échec collectif » comme l’a rappelé Pierre-Yves Bournazel, tête de liste NKM dans le 18e.

J’y vois trois raisons : entretien des divisions, poids prépondérant des appareils de parti et faiblesse du projet. Paris reste donc dans les mains de la gauche par défaut. Anne Hidalgo peut remercier la droite et le centre de leurs erreurs stratégiques.

1. Beigbeder, Delsol, les divisions de trop

Loin de rassembler, Nathalie Kosciusko-Morizet a engendré des divisions inutiles qui lui ont coûté cher. Entre les deux tours, la tentative ratée de sortir Franck Margain de la liste du 12e arrondissement sans le prévenir a révélé un réel amateurisme dans les basses manœuvres.

En décembre déjà, l’éviction de l’entrepreneur Charles Beigbeder avait déclenché une première salve de critiques contre sa gestion chaotique des listes parisiennes. Le retrait de l’investiture d’Hélène Delsol dans le 2e arrondissement à trois semaines du scrutin, incompréhensible pour le commun des électeurs, a aussi ajouté à la confusion.

Les profils sacrifiés dans des conditions chaque fois douteuses étaient tous des candidats de conviction. Leur rejet constituait une condamnation implicite de leurs valeurs, de leur vision. Il a par conséquent choqué la partie de l’électorat parisien qui partageait leur sensibilité respective bien au-delà des arrondissements concernés. Ces incidents ont renvoyé l’image d’un désordre général contrastant avec l’image des troupes en ordre de marche d’Anne Hidalgo.

2. Les alliances et les parachutages

Nathalie Kosciusko-Morizet a aussi imposé des figures issues de l’UMP, de l’UDI et du Modem sans ancrage local ni mérite au lieu de jouer des dynamiques de proximité. Seule la combinaison des deux aurait pu emporter des mairies acquises par défaut à la gauche.

Au lieu de cela, elle a préféré attaquer Anne Hidalgo sur des enjeux exclusivement partisans et nationaux, privant ainsi la droite et le centre de leurs atouts sur le terrain. Les scores d’indépendants bien ancrés, notamment dans le 2e arrondissement où Hélène Delsol a reçu 11% des voix, confirment le gâchis monumental qui, au final, a servi la gauche. Le 2e arrondissement aurait pu envisager la bascule à droite comme l’a frôlé le 4e arrondissement.

Mais la confusion née du retournement aussi soudain que tardif de Nathalie Kosciusko-Morizet a brisé l’élan d’une équipe qui bénéficiait d’une bonne image et s’est retrouvée brutalement coupée en deux face à des électeurs perdus. Cet enlisement du premier tour n’a pas permis un rebond suffisant au second tour de la liste « officielle » malgré le retrait de la liste Delsol « par élégance » entre les deux tours. Cette situation également vécue dans d’autres arrondissements parisiens a renforcé le sentiment de déconnexion entre les partis traditionnels et les citoyens.

3. Pas de thème de campagne

Enfin, Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas fait rêver. Face à un camp retranché à gauche, elle n’a pas produit un projet suffisamment ambitieux et clair. Les Parisiens se sentent créatifs, centraux et ouverts sur le monde. Ils attendaient une baisse de la pression fiscale, une ville plus créative que muséifiée, plus ouverte à l’esprit d’entreprise que figée comme Paris le devient, avec un flux constant d’entreprises quittant la capitale pour la petite ceinture, plus accueillante.

La candidate de la droite et du centre a beaucoup tardé à prononcer le mot « entreprise » et à admettre la nécessité d’une baisse de la fiscalité locale. Qui pouvait la prendre au sérieux devant un tel manque d’enthousiasme ? Elle ne s’est pas non plus exposée sur les transports individuels comme les VTC et les taxis aux quotas trop restreints.

Personne n’a retenu de thème majeur dans cette campagne insipide. Anne Hidalgo, à défaut de promouvoir une vision, s’appuyait sur un bilan. Nathalie Kiosciusko-Morizet ne bénéficiait pas de cet atout et devait mener une offensive des idées. Résultat, Anne Hidalgo lui souffle un camouflet et sauve l’honneur de la gauche en France en conservant Paris malgré la déferlante bleue.

Le plus inquiétant, c’est que Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas su s’affranchir des barons qui ressortent de la vague bleue plus renforcés que jamais. Ils continueront donc à mener la danse à Paris, bridant l’émergence de nouveaux talents à droite et au centre dans la capitale. Ils restent les vrais patrons de la droite parisienne face auxquels Nathalie Kosciusko-Morizet devra bien se tenir. Sauf à retourner à Longjumeau.


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  • Je pense que le souci majeur de la droite dans cette campagne a été le fait que ses barons ne voulaient pas prendre le risque de briguer la mairie mais que cela ne les a pas empêcher de s’en mêler quand NKM y est allé à leur place.

    Après, soyons réalistes, les implantations électorales de HLM de la dernière mandature ne jouait pas non plus en faveur de la droite. La classe moyenne a massivement quitté Paris chassé par les prix stratosphériques. Ceux qui restent se font souvent acheter par des privilèges de HLM ou de crèche dont ils se sentent redevables. Je rappelle aussi que Delanoë a embauché l’équivalent de 1% de la population de Paris (20 000 personnes avec les précaires) sur sa mandature, ce qui est loin d’être négligeable quand on cible un peu les populations ! Le tout acheté à crédit bien entendu. Avec le passage à 30% de HLM qui sera mis en oeuvre avec zèle par Hidalgo dans les arrondissements ne la soutenant aps, sa réélection est quasi garantie.

  • Quel avantage par rapport aux sortants y-aurait-il eu à changer de pastèque ?

    http://www.contrepoints.org/2011/07/31/37653-le-coup-de-chaud-de-nkm

  • Et ça change QUOI, que ce soit Hidalgo plutôt que NKM ???????????????? Y’a une différence ???????????

    Franchement, qu’est-ce qu’on en a à foutre ????????

    Moi, suis un libéral. Alors, c’est pas compliqué, hein : UMP = UDI = PS = FN, quoi que puisse en dire M. VERON…

  • Pour ceux qui veulent habiter Paris, le pb n°1 c’est le coût du logement, dû à sa rareté. La droite n’a pas su expliquer à l’opinion ce mécanisme économique et depuis Chirac a fabriqué du logement social. La gauche en promet davantage et prend logiquement le dessus dans l’électorat parisien.

    Le rôle des libéraux serait d’expliquer qu’un logement social à Paris est à la fois un luxe, une rente, une injustice et une gabegie !
    – le français moyen et sa famille ne peut plus se loger à Paris depuis des décennies, c’est un luxe qui lui est inaccessible.
    – le bénéficiaire d’un bail social empoche durablement un avantage que les autres éligibles ne reçoivent pas, c’est une loterie, avec des passe-droits politique
    – le coût du foncier supérieur au foncier en banlieue, rend le logement social parisien plus cher
    – l’Etat gaspille ses ressources foncières à Paris pour du logement social plus coûteux au lieu de se désendetter ! Ou d’investir plus à propos : Universités, Justice…
    – la Ville de Paris gaspille ses ressources fiscales, accroît ses taxes et réduit l’activité
    – la thèse de la mixité sociale régit le marché du logement alors que son utilité n’a jamais été démontrée. Ses nuisances au contraire l’ont été : rencherissement du coût du logement, insolvabilité voire irresponsabilité pécunière de certains locataire, insécurité.

    On a suivi l’épopée des mousquetaires libéraux à l’assaut de la capitale. Paris libéré du socialisme = pari impossible ! Delano-Hidalgopolis est fondé sur une rente. Une rente de capitale d’Etat.

    • La rente immorale est financée par la dette. Quand sera venu le moment de payer, quand la mairie sera en faillite, la musique électorale changera, surtout pour ceux qui bénéficient des passe-droits des politiciens. Alors, les parasites se dévoreront entre eux. Ca ne sera pas beau à voir (quoique…)

      • Dies Irae
        Le jour du mur la dette, il n’est pas sûr que les politiciens ne choisissent pas la fuite en avant, sous la pression de groupes biens organisés. De ce point de vue les libéraux ou libertariens sont à la ramasse. Ils ne pourront que déplorer les mesures spoliatrices et liberticides prises à chaud. Les groupes professionnels conscients de leur intérêt aux politiques libérales sont minoritaires dans la population, et surtout ne bénéficient pas encore du soutien des gens qu’ils font vivre : salariés, fonctionnaires… Mais ceci pourrait changer grâce à une pédagogie bien menée, comme celle de Denis Payre avec Nous Citoyens !
        (un concurrent du PLD !)
        Le jour où le salarié du privé aura pris conscience de l’intérêt pour lui-même des libertés économiques sa « conscience de classe » libérale aura remplacé sa « conscience de classe » prolétaire. Pas de classe sans conscience de classe disait Marx. Cette « classe » libérale une fois émergée on voit bien qu’elle regroupe toute la population active sur le marché des biens et services et celui du travail. Les fonctionnaires privilégiant leur métier à leur statut la rejoindront. Seul les rentiers de la sphère publique feront de la résistance ! Reste à savoir dans quel ordre opérer les réformes, d’où l’utilité d’avoir plusieurs partis libéraux et qu’ils débattent.

  • AlainLIb
    À « UMP = UDI = PS = FN » tu peux rajouter = PLD 😉

  • Cela me fait quand même doucement rigoler de voir Aurélien Véron, président d’un Parti Libéral Démocrate qui doit tourner à 0,5% des suffrages exprimés à Paris, asséner une leçon de stratégie électorale à NKM, qui était la candidate de l’UMP…

  • Je parle en tant qu’électeur parisien :

    J’ai été très perturbé non seulement pas les manipulations politiciennes de NKM (j’ai eu l’impression qu’elle improvisait sa stratégie), mais surtout pas la justification (très certainement bidon) d’homophobie utilisée. Cela veut dire que NKM est prête à traîner dans le boue absolument n’importe qui, soutiens politiques compris.

  • Il est difficile de comprendre où NKM se situe sur l’échiquier politique. Elle s’est complètement fourvoyée avec les écolos/bobos ( absurdités réchauffement et autre transition énergétique) et a même dit qu’elle pourrait voter socialiste ( si risque FN) . Finalement il est logique que les électeurs n’aient pas fait la distinction avec la candidate socialo/écolo.

  •  » nikoumouk … t’auras des reebooks !!

  • Paris suit le destin des grandes villes : elle se transforme en « donut », avec un centre tout pourri peuplé de pauvres et de gauchistes.

  • Les commentaires sont fermés.

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