Qu’est-ce qu’une nation ?

Par-delà l’Ukraine et la Crimée, ce qui en vérité est en jeu est la définition même de ce qu’est une nation.

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Qu’est-ce qu’une nation ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 15 mars 2014
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Par Guy Sorman.

L’annexion de la Crimée par la Russie laisse l’Occident perplexe : par-delà quelques gesticulations en Europe et aux États-Unis, le reste du monde garde le silence. Nulle part ne se manifeste un vrai mouvement de solidarité avec l’État ukrainien contre l’amputation de son territoire. La Crimée ayant été rattachée en 1954 à l’Ukraine par une décision arbitraire de Nikita Khrouchtchev et la plupart de ses habitants étant russes, ne devrait-on pas admettre que le retour de la Crimée en Russie est légitime ? Les dirigeants russes de Russie et de Crimée usent de ces arguments historiques et culturels pour désarmer l’opinion publique en Occident : ils semblent y parvenir avec quelque succès. La défense de la Constitution ukrainienne et du Droit international n’est pas un argument qui soulève l’enthousiasme des foules, pas même dans les nations démocratiques. En Occident, nul ne semble disposé à se battre, ni même à courir le moindre risque économique au nom du Droit international. Ce qui est un grand tort et tient en partie à l’ignorance de notre propre histoire.

Ce qui en vérité est en jeu, par-delà l’Ukraine et la Crimée, est la définition même de ce qu’est une nation. Les nations en notre temps, ne peuvent être définies par des frontières naturelles, la race, l’ethnie, ou la culture : les nations ne sont pas naturelles, elles sont contractuelles. Toutes sont nées dans la violence, par la violence : guerres civiles, guerres étrangères, colonisation, décolonisation, soumission des faibles par les forts, des minorités par la majorité ou l’inverse, destruction des cultures locales, exterminations religieuses, tribales. Jusqu’au moment où les peuples recrus de violence, épuisés par leurs combats, décidèrent de déposer les armes pour délimiter des frontières internationales. Traité de Westphalie en 1648, Traité de Versailles en 1919 et enfin la Charte des Nations unies qui fixe des frontières en principe immuables. De même que ce Droit international vise à remplacer toute guerre par la diplomatie, à l’intérieur des nations, la Constitution est le traité de paix qui permet de vivre ensemble non parce que nous sommes tous de la même race, religion, croyance mais parce que nous sommes différents : le principal objet d’une Constitution est de protéger les minorités contre la violence majoritaire.

Cette alliance du Droit international et de la Constitution constitue le plus grand progrès jamais accompli dans l’humanisation de l’histoire, la défaite majeure de la barbarie. C’est sur cette scène que l’on doit restituer l’annexion de la Crimée. Accepter qu’au nom de leur race, langue ou culture, les Russes de Crimée auraient un droit naturel à « retourner » en Russie détruit la nation contractuelle : l’annexion nie le contrat passé avec les États voisins et elle nie le contrat intérieur qui protégeait les nombreux non russes de Crimée. Comment ne pas rappeler ici l’annexion des Sudètes par Adolf Hitler en 1938, sous le prétexte que cette région de la Tchécoslovaquie était en majorité de race allemande ?

Dépassons la Crimée pour constater le regain général de l’argument ethnique, culturel, linguistique dans des nations aussi dispersées que l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Canada, la Chine, l’Irak, Israël… Dans toutes ces nations contractuelles, des mouvements indépendantistes invoquent la race, la religion, la culture et l’histoire. Mais comme l’avait justement écrit Michelet pour la France au dix-neuvième siècle, c’est en oubliant l’histoire et pas en la ressassant que l’on parvient à vivre ensemble, tout en restant différent. Dans toutes ces circonstances où le séparatisme renaît, ce n’est donc pas aux séparatistes qu’il faut donner satisfaction sauf à restaurer la guerre civile comme mode de vie. Ce ne sont pas les nations qu’il convient de réviser mais, si nécessaire, leur Constitution : à réviser pour protéger les minorités et à appliquer pour que cette protection soit incontestable.

Dans le pays le plus diversifié au monde, les États-Unis, nul n’envisage de faire sécession parce que la Constitution contraint et protège ; le même constat vaut pour la Suisse. On nous objectera la création récente, par division, du Kosovo, du Timor oriental et du Sud Soudan. Mais au Kosovo, au Timor oriental et au Soudan, en l’absence de Constitution authentique, les populations locales étaient massacrées par des gouvernements d’occupation sans foi ni loi. Ce n’est pas le cas en Crimée, ce n’est évidemment pas le cas en Catalogne, au Pays Basque, en Écosse ou au Québec. Il n’existe donc aucun parallèle possible entre le Kosovo et la Crimée parce que les Russes de Crimée n’ont jamais été menacés d’extermination par les autorités de Kiev.

Que la Crimée soit russe, ukrainienne ou tatare est d’ailleurs une controverse sans objet véritable : mieux vaut se demander si la Crimée restera ou non une nation contractuelle ou s’en retournera au champ de bataille interethnique qu’elle fut ? Comment expliquer cela avec des termes simples ? Discourir sur le Droit, contre les mythes de la race et de l’Histoire, ne fera pas reculer Poutine le barbare, pas plus que cela dissuadera un Xi Jinping de respecter les Tibétains ou un Assad de ne pas massacrer les Sunnites.


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  • Ce « contrat national » qui lierait les gens entre-eux n’est il pas révisable? Au nom de quoi est il supérieur au fameux « droit aux peuples à disposer d’eux-mêmes »?

    Cela amène bien sûr à ce poser la question de la légitimité des séparatisme régionaux, comme vous l’évoquez!

    Mais il est difficile, dans un monde régit de lois, de se fier à deux règles contradictoires !

  • Ce prétendu contrat est un rapport de forces teinté de messianisme terrestre. Dans l’affaire de la Crimée, le « contrat » est rompu. Par qui? Par des Russes de Simféropol, par des Russes de Moscou, par des Ukrainiens de Lviv, par ceux qui ont travaillé à disloquer l’URSS, la Yougoslavie… ?

  • Certaines personnes que je connais sont opposés à tout séparatisme, au motif que ce n’est pas aux sections de peuples de décider de leur autonomie, mais au peuple tout entier de « libérer » une partie du peuple qui souhaite s’émanciper. En résumé, personne n’a le droit de partir.

    On y retrouve cette conception a-démocratique de la nation, qui consiste à forcer l’unité pour assoir un pouvoir basé sur la démographique et le territoire, qui doivent être le plus large possibles.

    ceci de la bouche de personne « de gauche » qui jurent devant dieu (?) être républicains et démocrates; curieusement, le sens de ces mots est à ce point déformé que la coercition et l’autoritarisme sont désormais des « valeurs républicains » selon la formule consacrée.

    C’est atterrant.

  • Guy Sorman,

    Si votre bonne foi se rapportait à votre érudition, vous seriez le phénix des hôtes de ces pages.

    Les émeutiers Galiciens qui ont combattu place Maidan et démis le président ukrainien ont eu comme premier geste politique de retirer à la langue russe son statut de seconde langue nationale. Comme annonce d’autres joyeusetés à venir.

    Imaginez la majorité germanophone de Suisse imposant la langue allemande aux cantons du sud.

    Vous êtes pathétique de mauvaise foi. Ce que la crise ukrainienne a montré à suffisance, c’est que Lviv et Simferopol ne se ressentent pas comme pouvant partager un destin commun. C’est ce qui fait la substance et l’âme d’une nation. Pas 100 pages de glose constitutionnelle rédigées par des tiers et que personne n’a lues.

    Votre comparaison avec le Kosovo est dégoulinante de bons sentiments humanitaires. Mais hors de propos.
    La comparaison avec l’Ecosse (que vous refusez, sous quel prétexte ?) est bien meilleure.

    Intéressez-vous au Tibet et au SinKiang, Monsieur Sorman, sauf à déplaire à vos clients chinois !

    • Je souscris absolument, Jacques.
      « Accepter qu’au nom de leur race, langue ou culture, les Russes de Crimée auraient un droit naturel […]. Comment ne pas rappeler ici l’annexion des Sudètes par Adolf Hitler en 1938, sous le prétexte que cette région de la Tchécoslovaquie était en majorité de race allemande ?[…] Mais au Kosovo, (…), les populations locales étaient massacrées par des gouvernements d’occupation sans foi ni loi. »
      Sorman, vous vous moquez du monde : les les Russes de Crimée décideront démocratiquement (aujourd’hui), quant au Kosovo, il s’agit du cœur historique de la Serbie et non d’un « gouvernements d’occupation ».

      • La comparaison avec l’Ecosse est intéressante: les Ecossais se sont mis d’accord sur un referendum avec le pouvoir central et sur une durée raisonnable dans un pays où le scrutin sera vraisemblablement propre. En, Crimée, un nouveau 1er minsitre issu d’une formation qui représente 5% du parlement criméen décide unilatéralement d’un référendum au 30 mars, avancé au 15 mars avec des militaires qui patrouillent pour éviter que des journalistes ou des observateurs un peu trop regardant ne puissent donner un avis sur le déroulement du scrutin, alors logiquement boycotté par les non-russes (40-45% de la population de crimée).

        • « scrutin logiquement boycotté par les non-russes », attendons les résultats.
          Attention au terme ‘non-russes’ car les Tatars exclus tout le monde en Crimée est plus ou moins Russe; même si pour certains, l’association russe-communiste reste prégnant. Demain, on en saura plus, quoique, en France, les médias (subventionnés) sont peu crédibles …

      • Démocratiquement ? Faut arrêter de boire, même si le sentiment majoritaire était déjà pro-russe avant les événements.
        la Crmée est un Etat mort-né comme le Kosovo. Hors la base navale il n’y a rien, le pays n’est pas solvable.
        Mais ça permet de bomber le torse.

        • La Crimée ne sera jamais la RFA.

          Mais c’est une région industrialisée, et au potentiel touristique considérable.
          À l’époque soviétique c’était le lieu de villégiature balnéaire par excellence.

          Le Kosovo existe, grâce aux bombes étasuniennes et à la bienveillance de l’UE.
          La Crimée russe, elle, ne servira pas de base au crime organisé.

  • en dehors d’etre des alléas de l’histoire, les nations sont des unités de langues, de cultures et de monnaie.

  • « les Russes de Crimée n’ont jamais été menacés d’extermination par les autorités de Kiev. » … certes mais l’inverse n’est pas forcément vrai: les Ukrainiens et les Tatars seront vraisemblablement discriminés (voire pire, comme on l’a vu dans le passé), bien qu’ils soient 40% de la population, quand la Crimée sera officiellement russe.

  • @ René de Sévérac

     » Sorman, vous vous moquez du monde : les les Russes de Crimée décideront démocratiquement (aujourd’hui),  »

    Si on peut appeler cela un choix démocratique.

    http://www.leparisien.fr/international/crimee-au-referendum-de-dimanche-on-pourra-voter-oui-ou-oui-14-03-2014-3673015.php

    @ Jaques Cartier,

     » Intéressez-vous au Tibet et au SinKiang, Monsieur Sorman, sauf à déplaire à vos clients chinois !  »

    Je ne sais pas vraiment si vous accusez Sorman de se foutre du Tibet pour ne pas déplaire au gouvernement chinois. Si c’est le cas, vous vous trompez lourdement sur lui. Lisez son ouvrage  » l’année du coq  » un vrai plaidoyer pour les dissidents chinois surtout libéraux et pour les minorités persécutés par le régime de Pékin.

    • Peut-être le mot « démocratique » n’est-t-il pas traduisible en russe.
      En toute hypothèse, le « oui » à la Russie face au « oui » à l’Ukraine », on verra demain.
      Ce qui est sûr, c’est que (à très peu près) l’Irlande à battu la France !

    • Autant pour moi. Je n’ai à l’évidence pas lu « l’année du coq ».

      L’union soviétique avait la main beaucoup moins lourde avec ses « minorités » que la Chine. Combien de géorgiens, juifs, arméniens, ouzbèques dans les instances dirigeantes ? Et on a bien vu lors de son éclatement que le pouvoir était bien resté dans les mains des élites locales.

      La Russie post URSS reste une mosaïque de peuples. Seuls les peuples guerriers et rebelles (tchétchènes …) souffrent vraiment.

      L’anti-russisme primaire est à la mode en Occident. Guy Sorman se conforme excellemment à cette mode. Sous couvert d’originalité et d’idées généreuses il déforme et abuse la réalité pour promouvoir un agenda multiculturaliste où les nations doivent disparaître au profit d’un machin sans âme et sans identité.

      L’identité russe est très forte, et n’a pas vocation à disparaître. Même en Crimée. N’en déplaise aux bien pensants stipendiés.

  • La constitution d’une nation est-elle d’ordre interne ou opposable aux autres nations ? J’ai tendance à penser qu’elle est d’ordre interne, et donc, que je n’ai pas à en tenir compte dans ma réflexion au sujet de toute nation dont je ne fais pas partie.

    Par ailleurs, le droit international doit-il s’appliquer de manière absolue dans l’évolution géographique d’une nation ? Je n’en suis pas certain. Nous avons suffisamment d’exemples contemporains d’évolutions géographiques de nations ou de tendances lourdes vers une évolution géographique pour en douter. En effet le droit international va tendre à préserver la situation telle qu’elle est, donc d’en empêcher l’évolution. Et nous savons par expérience que bloquer le couvercle d’une marmite n’est pas une excellente chose.

    L’évolution géographique des nations me semble être une constante dans l’histoire et nous constatons que l’évolution pacifique des frontières d’une nation ne relève pas de la majorité des cas. De tête on peut lister un certain nombre de nations dont les frontières ont évolué depuis un siècle :
    En Europe, l’Allemagne, la Pologne, la Tchécoslovaquie à plusieurs reprises, la Yougoslavie à plusieurs reprises, La Hongrie, La Roumanie, …
    En Asie, les frontières sont restées assez stables. Le Timor, Singapour, les Corées, l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh ont été touchés par ces mouvements
    Le Moyen-Orient a considérablement évolué et les mouvements d’Israël n’en représentent qu’une partie.
    L’Afrique a été touchée par bon nombre de mouvements, alors que l’OUA essaie désespérément de conserver des frontières taillées à la hache par les colonisateurs. Le Soudan, l’Algérie, la région des Lacs ont vu évoluer les périmètres de leurs nations. Le nombre de problèmes potentiels reste très important; nous venons de voir cela pour le Mali et la République centrafricaine. Dans beaucoup de pays, le chaudron est toujours sur le feu, et je serais surpris que nous n’assistions pas à de nouvelles évolutions dans les années à venir.
    L’ex-URSS est un problème assez considérable, mais peut-elle être considérée comme une nation ?
    Les Amériques ont fait preuve d’une grande stabilité au cours du dernier siècle.

    Il est exact de dire que l’évolution géographique des nations s’est principalement faite par la violence. Je crains qu’il en reste de même à l’avenir. Je ne vois pas bien quel mécanisme pourrait l’empêcher. Contrairement à ce que vous écrivez, je n’ai vraiment pas le sentiment que la barbarie ait essuyé une défaite majeure. Ce serait souhaitable, mais je crois que les nations devront continuer à évoluer et que l’opposition à ce fait suscitera bien des désordres.

    La notion de droit naturel me semble très suspecte. Par ailleurs les contrats que vous évoquez sont trop souvent implicites et engagent trop souvent des populations qui n’ont vraiment pas le sentiment d’avoir passé de tels contrats. Vous dites bien que la décision de Nikita Khrouchtchev était arbitraire : il n’empêche que vous la considérez comme valide.

    Vous parlez à juste titre des Sudètes qui ont servi de prétexte à l’état nazi pour continuer leur expansion. N’oublions pas que les Tchèques ont parfaitement compris la petite leçon et qu’en 1945 ils ont expulsés tout ce qui pouvait ressembler à un allemand sans faiblesse excessive. Ils ont donc défendu par la force leur concept de la nation tchèque en éliminant le problème; rien de bien constitutionnel là-dedans !

    Je ne sais pas très bien ce qu’est une nation. Vous avez raison, me semble-t-il, en écrivant que le concept de nation est indépendant des concepts de religion, de race, de culture ou d’histoire. En tout cas, il semblent être insuffisants à définir le concept de nation. Je crois que la nation est un concept auquel chacun adhère pour des raisons diverses. Mon grand-père, alsacien né allemand a fait ses études à Berlin, fait la guerre de 14 du coté allemand, est devenu français en 18 avec beaucoup de satisfaction et s’est sans aucun doute senti français jusqu’à la fin de ses jours. C’est donc que la France l’attirait plus que l’Allemagne. Il serait intéressant de savoir quelle est la proportion de français qui se sente plus attirés par la France que par d’autres nations. La nation française est-elle attirante ? Si tel n’est pas le cas et que cela dure un peu trop, nous irons inéluctablement vers des problèmes de rectification de frontières. Pensons à certains corses, certains basques, certains bretons… Je ne fais pas de différence entre une rectification de frontières acquise par la violence et un statuquo préservé par une violence de même nature. Le Pays Basque n’a pas été d’un calme serein pendant les cinquante dernières années et je ne sais pas ce qu’il en sera des autres exemples que vous donnez : la Catalogne, l’Ecosse ou le Québec. L’Irlande du Nord est également un cas intéressant, est risque de le redevenir de façon assez brulante maintenant qu’on envisage une indépendance écossaise…

    • le problème des sudètes n’est rien en comparaison d’un autre que l’on a vite oublié: la prusse orientale, allemande depuis 8 siècle et vidé de ses habitants germanophones dans l’hiver 44 – 45. il est vrai que durant les quelques années de guerres à l’est, les allemands avaient massacrés tout ce qu’ils pouvaient de l’autre coté du niemen… ou est la constitution qui dans les années 50 a dit aux russes, de la rendre à la RDA ?

      comme disait staline: le vatican, combien de division ?

    •  » en asie, les frontières sont restés assez stables  »

      encore un exemple qui invalide les théories multiculturaliste de  » sort ! man  » . lorsque la péninsule indienne acquit son indépendance à la fin des années 40, la partition du pays entre indous et musulmans fut trés rapide et meurtrière. les indiens ont du oublier la  » constitution  » qui disaient aux différentes religions qu’ils devaient s’accepter les un les autres.

  • Le problème n’est pas le principe du rattachement de la Crimée à la Russie, mais la manière : présence d’une armée étrangère, référendum douteux et précipité, non-négociation avec les autorités (effectives mais pas forcément constitutionnelles) d’Ukraine, menace sur les droits des minorités non russophone de Crimée…

    Tout ceci n’à absolument rien à voir avec la situation en Ecosse ou au Quebec.

    • La parallèle avec l’Autriche en 38 est intéressant. L’annexion y a eu lieu juste avant un referendum organisé de longue date. Une fois annexée, un autre référendum assez semblable à celui de Crimée (très rapide et entouré d’hommes en armes) a donné 99.75% au oui pour l’Anschluss.
      Dans les 2 cas, un referendum organisé en bonne et due forme avait de grandes chances de l’emporter (contrairement au Quebec 2002 ou Ecosse 2014). Pourquoi une telle rapidité et une telle option militaire dans les deux cas ? Hitler voulait tester l’Europe. Que cherche Poutine ?

      • Sauf qu’en Autriche il n’ont le résultat n’a pas été diffusé et que l’Autriche n’était menacé par personne et c’était une surprise.

        La Crimée avait prévenu: s’il y avait coup d’Etat la Crimée République autonome ne serait plus tenu au gouvernement illégitime.

    • N’importe quoi.

      Les forces Russes ont fait une manœuvre prévus de longue date et n’ont fait qu’approvisionner des milices local qui ont pris les armes suites au coup d’Etat.

      En Ukraine Kiev n’a de contrôle que près de 300Km après la frontière, aucun rapport avec eux donc puisque le parlement de l’Est et du Sud ont proclamé qu’il était du devoir de tout patriote de lutter pour gouvernement légitime et donc contre Kiev.

      Kiev ne traîne pas par contre pour lancer presque tout les jours des attaques vers l’Est et le Sud, l’urgence était là.

  • Appartenir à une nation, si c’est bien de cela qu’il s’agit, c’est pour moi savoir converser avec les morts. La nation ce sont les « monuments aux morts » communaux, des stèles, des croix au carrefours des chemins, les ex-voto dans les églises, des plaques au mur en ville. La nation avant tout se ressent.
    Il n’est pas sûr que les nouveaux promus la ressentent.
    Parmi eux, beaucoup sont insensibles – ça ne leur parle pas, disent-ils – et se satisfont d’une nationalité administrative, garante d’avantages précis et porteuse d’inconvénients auxquels il vaut mieux échapper.

    A voir la masse d’intrants dans la « nation » il n’est pas difficile de comprendre que sa régénération naturelle s’accompagne d’une mutation prononcée et que rien ne nous assure de la pérennité d’un quelconque contrat social dont la définition devient assez scabreuse vu les clauses léonines qu’il emporte.

    L’Etat-nation est né ici sous la contrainte ; celle-ci s’assouplissant et le ressenti s’estompant, il peut se désagréger. Dans certains départements c’est déjà fait. Certaines régions sont prêtes à se passer de l’échelon national. A se projeter dans l’avenir, on peut buter sur le concept de nation.

  • Article plein de mauvaise foi, il y a des sécessionismes bien et d’autres moins bien. A oublier. Prendre la constitution comme la table des 10 commandements c’est ridicule, même en URSS il y avait une constitution, et je n’ai jamais signé pour une constitution. Les frontières ont toujours bougé et continueront à bouger, nous ne sommes pas à la fin du monde.
    Et puis le point godwin avec la référence aux sudètes, franchement. Et la défense des Etats-Unis, ce pays qui fit la guerre pour son indépendance.
    C’est très très faible.

  • N’importe quoi, on parle de droit international. Il n’y a pas de droit international autre que la volonté géostratégique des puissance en jeu.

    Une nation n’est tenue que par la volonté de vivre ensemble que dans certains cas elle se soit forgée sur une volonté de paix après la guerre, peu importe.

    Ce qu’il se joue ici c’est la peur du pouvoir en place de voir éclater le socle de leur pouvoir illégitime. On voit que peu à peu, le socle du vivre ensemble se délite partout à mesure que les territoires refusent de payer plus avant pour la corruption d’une petite élite d’incompétents autoproclamée.

    On le voit bien de partout. L’ARgument qui dit que l’autodétermination est interdite sous un ordre constitutionnel. Mais le contrat constitutionnel a été brisé par les pouvoirs en place. L’esprit de nos constitution est précisemment d’éviter à une minorité de tenir tous les pouvoirs. Elles ont lamentablement faillies, on voit partout que la loi est vendue ou utilisée pour servir les intérêts de quelques minables qui l’ont détournée pour se maintenir, ont gaspillé les richesses de leur parents, la leur et celle de leurs enfants pour se maintenir.

    Il n’y a point de constitution. les pouvoirs sont illégitimes. Les territoires sont en réalité libres aujourd’hui de s’autodéterminer. Et puis ça fonctionne mieux à petite échelle. le droit de secession pour une communauté doit être reconnu. Il constitue le meilleur rempart contre le pillage organisé par une poignée qui a confisqué nos institutions pour se maintenir. une poignée de nuisibles à la vue courte dont le corps même consiste à ne vivre qu’aux crochets de ceux qui créent et qui vivent. ces gens là auraient du rester de bons employés, sous fifres au service des vrais créateurs de valeur. Ce ne fut pas le cas, ils ont mené le monde à la ruine et c’est tout.

  • Décidément, M. Sorman raconte n’importe quoi.

    Si les nations sont « nées dans la violence », elles ne sont pas « contractuelles ». Que les deux phrases disant ces choses opposées se jouxtent ne rend que plus visible la contradiction. Ou alors on est en pleine novlangue rendant inintelligible le propos. Et elles ne deviennent pas contractuelles une fois qu’on baisse les armes. A la place on baisse les armes parce que le vainqueur a gagné (les armes restant prêtes à l’emploi pour s’assurer que les vaincus ne se rebellent pas). Ce genre de « paix » n’a rien à voir avec des contrats. Pour rester sérieux, voir par ici: http://mises.org/document/1850/Nations-by-Consent-Decomposing-the-NationState

    Par ailleurs, il confond nation et Etat. Et balaie d’un revers de main les revendications nationales, dans un sens plus authentique du mot « nation » (ethno-culturel), qui seraient facteur de guerre civile. Mais il a beau vouloir oublier l’histoire, les sentiments d’appartenance et les différences ethno-culturelles existent. Partant, l’Etat institutionnalisant des conflits entre sujets (par nature, l’Etat implique des redistributions forcées, que ce soit via l’impot, des réglementations ou la politique monétaire), le cocktail est spécialement explosif lorsqu’un Etat est « multinational » puisque des gens de groupes différents sont intégrés de force dans une même structure politique et que les uns vont à tort ou à raison être vus comme dominant les autres par ce biais. Ce que manque de voir Sorman donc est que l’Etat multi-culturel/national est un facteur de guerre civile et que la correspondance des frontières étatiques avec les groupe nationaux est par contraste facteur de paix. Cf. http://www.hanshoppe.com/wp-content/uploads/publications/nationalism_chronicles.pdf

    Quant aux considérations légales, faut arrêter de se moquer du monde. Est-on censé croire par exemple que le renversement du gouvernement ukrainien était compatible avec leur constitution? Comment se fait-il que Sorman n’est pas trouvé à y redire du coup? Quant au droit international, le principe d’auto-détermination n’en fait il pas partie (entre autres principes en contradiction les uns avec les autres) auquel cas la défense à tout prix de l’intégrité de l’Ukraine tombe à l’eau?

  • Chacun devait pouvoir circuler comme il le souhaite. Ces histoires de nations et de frontières appartiennent un peu au passé, non ? Que chacun puisse aller et venir et tout le monde sera gagnant puisque ce sont les meilleurs qui pourront exprimer leurs talents afin de tirer l’ensemble vers le haut !

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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