Par Alain Cohen-Dumouchel.
Carte 2D du paysage politique français – cliquez pour agrandir.
Les nouveautés de l’édition 2014
Modification des positionnements des femmes/hommes politiques et philosophes
- L’autoritarisme de Manuel Valls le fait (toujours) descendre vers le dirigisme et la droite.
- Marine Le Pen se déplace largement vers la gauche. Elle occupe une position équilibérale par rapport à son père : plus libérale sur les aspects sociétaux et plus dirigiste sur le plan économique.
- Repositionnement de Berlusconi et de Keynes.
Modification des positionnements des partis politiques français
Mutation impressionnante du Front national qui s’étend considérablement vers la gauche. Le parti rénové par Marine Le Pen fait un grand écart idéologique entre la droite nationale et la droite paternaliste traditionnellement occupée par le gaullisme. Le parti commence même à s’implanter à gauche, sur les terres du populisme socialiste.
Apparition de femmes/hommes politiques et philosophes
François Fillon, Jean François Copé, Alain Juppé, Angela Merkel,
Léon Trotsky, Robert Nozick, Ayn Rand, Kant. John Rawls.
Apparition de partis non représentés sur la précédente carte
Parti radical (membre de l’UDI) injustement oublié sur les précédentes éditions.
L’UDI figure sur la carte des grands partis. Il a une composante légèrement libérale sous l’influence conjuguée du PLD et des nécessités économiques, mais son barycentre reste indéniablement dirigiste, comme celui de tous les grands partis français.
Codes de lecture
Cette carte prétend dessiner le paysage politique français sur deux axes :
- En abscisse, le traditionnel droite-gauche est l’incontournable curseur médiatique du positionnement politique.
- En ordonnée, l’axe libéralisme-étatisme représente la plus ou moins grande étendue du pouvoir de l’État sur la société. Cet axe va du totalitarisme à l’anarchie (il ne s’agit donc pas ici de mesurer la question du pouvoir dans l’État qui serait un axe démocratie-dictature).
Cette représentation montre donc le libéralisme comme une deuxième dimension de la vie politique. Le contraire du libéralisme n’est ni la gauche ni la droite, c’est l’étatisme et le dirigisme.
Bien entendu, les idées politiques ne se limitent pas non plus à cette cartographie en deux dimensions, mais cette représentation est nettement plus précise que le traditionnel positionnement linéaire droite – gauche.
Les positionnements décrits ici sont français. Par exemple, les Verts ou les libéraux allemands occuperaient une place sensiblement différente de leurs homologues français.
Certains partis n’existent plus. Ils sont représentés pour leur positionnement original ou spécifique : c’est le cas de Démocratie libérale, des Gaullistes de gauche, ou d’Alternative Libérale.
Les surfaces représentant les partis ne sont pas proportionnelles à leur poids électoral ou au nombre de leurs adhérents, mais uniquement à leur champ d’action idéologique sur les deux axes droite – gauche et libéralisme – dirigisme.
La présence d’une zone d’exclusion théorique tient au fait qu’une société hautement libérale ne peut être pilotée ni vers la droite ni vers la gauche. Une société libérale d’extrême droite ou d’extrême gauche est par définition impossible. En revanche, plus une société est dirigiste, plus elle peut gouverner au nom des valeurs de droite ou de gauche.
L’axe droite-gauche essaye de respecter le positionnement que se donnent eux-mêmes les partis politiques et leurs membres. Nous ne faisons aucune interprétation ou reclassement sur cet axe. Les philosophes ou hommes politiques antérieurs à l’existence de la droite et de la gauche sont situés à la place qu’on leur attribue généralement sur cet axe.
Pour évaluer une position sur l’axe libéralisme-dirigisme, il est tenu compte à poids égal de la liberté économique et de la liberté sociétale-politique. Cela conduit à des positionnements équilibéraux pour des personnalités en apparence très différentes. C’est voulu et assumé. Le libéralisme économique compense le dirigisme sociétal-politique et réciproquement (voir la note sur le diagramme de Nolan plus bas).
Des personnalités étrangères ou françaises emblématiques ont été situées par rapport à cette carte du ppf (en rouge). Plusieurs grand philosophes politiques sont également représentés (en vert)
De nombreux partis microscopiques ou simplement inconnus du public n’apparaissent pas. Il faut passer par l’épreuve des urnes (ou par la prise de la Bastille) pour être représenté. Il faut également avoir un placement original ou caractéristique.
La légende des deux axes principaux rappelle que le libéralisme a été la première définition de la gauche fin XVIIIe siècle, et une de ses grandes composantes au XIXe siècle avant que le socialisme ne le remplace sur les bancs de la gauche.
La gauche libérale (à construire) n’est pas un parti. Elle dessine les frontières de ce que pourrait être une gauche non dirigiste, capable de renouer avec les principes de 1789.
Mise au point
Cette carte n’est PAS un diagramme de Nolan.
La carte 2D du ppf n’a qu’un seul axe représentant la liberté. Elle se distingue donc du diagramme de Nolan qui, avec ses deux axes de liberté, est un contresens libéral, car il entérine l’idée qu’existent plusieurs « sortes » de libertés.
Or, toute la doctrine libérale et le simple bon sens prouvent le contraire. Il y a unicité entre les libertés politiques, sociétales et économiques. Quand on supprime l’une, on supprime forcément les autres. Il peut y avoir un décalage temporel, mais toute libération de l’économie entraîne une libération sociétale et réciproquement, car les contraintes morales ont toujours des conséquences économiques. En d’autres termes, il n’y a pas solution de continuité entre le politique, le sociétal et l’économique. Seul un schéma en triangle (ou approchant) avec un seul axe de liberté peut exprimer la pensée libérale. C’est d’ailleurs la forme recommandée par Hayek.
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Sur le web.
Ca confirme donc que je n’irai pas voter lors des prochaines élections.
Aucune alternative n’est proposée !
Excellent 🙂
Où se positionne les fidèles lecteurs de Contrepoints (hormis citoyen 😉 ) ?
En haut a droite, Citoyen !!!!
J’adore cette carte, merci
Comme tout diagramme de ce type, il est forcément réducteur. SI l’axe vertical est clair: de l’étatisme pur (collectivisme) à la liberté. En revanche l’axe horizontal l’est beuacoup moins. Par exemple, le programme économique de MLP est d’extrême gauche, pas loin de celui de Mélanchon. En revanche, son programme sur l’immigration les met aux antipodes. Par ailleurs, Chirac devrait être nettement à gauche et non à droite (conservateurs), de même que l’ensembble de l’UMP qui est plutôt centre-gauche que centre droit. En fait tout le diagramme (à mon avis) devrait être fortement décalé vers la gauche. Sinon, où mettriez-vous le tea party sur ce diagramme?
Ceci dit, le désert absolu dans le haut du diagramme est bien réel et pas le moindre parti politique ne représente les libéraux.
Oui, il y a une grosse difficulté à placer les entités sur l’axe droite gauche avec des critères idéologiques.
Mais lisez bien les « codes de lecture » :
« L’axe droite-gauche essaye de respecter le positionnement que se donnent eux-mêmes les partis politiques et leurs membres. Nous ne faisons aucune interprétation ou reclassement sur cet axe. »
Autrement dit Chirac ou Marine LP sont placés suivant la position qu’ils s’attribuent, et que le public leur attribue. Par ex. marine MLP qui se dit maintenant « ni de droite ni de gauche » n’est pas pour autant placée au centre car elle est « perçue » comme de droite. La subjectivité est donc bien sur l’axe droite-gauche comme vous le soulignez, mais cet axe essaye pourtant de refléter le plus objectivement possible la perception de l’opinion et les positionnements « stratégiques » des partis et f/hommes politiques. Chirac essayait bien de recueillir ou de conserver les voix des électeurs qui se considèrent à droite.
Bon, et Hitler? (‘tention au point Godwin, hein).
certes mais c’est très insuffisant, meme l’echelle d’etatisme est sujette à caution, on comprend tout libéralon comprends tout collectiviste mais entre les deux on s’y perd.
Pour l’echelle droite gauche , je suis d’accord :ça n’a plus de sens, donc seule les déclarations ‘je suis de gauche » je suis de droite définissent la position relative … mais ça revient aussi à dire que ce n’est guère idéologiquement pertinent.
Droite et gauche sont devenus des concepts vides.
EN fait, il faudrait prendre un nombre de dimensions correspondant à des critères idéologiques distincts .. et variés… suffisants…
il arrive d’ailleurs frequement que des gens se disent degauche ou de droite..mais en désaccord total avec la gauche et la droite telles qu’elles se definissent
Oser faire croire que le distinguo droite/gauche n’existe plus après le million au moins de personnes qui ont défilé contre le mariage gay unanimement voulu par les libéraux centristes ou la gauche progressiste est une jolie plaisanterie. Les enquêtes de l’IFOP montrent à la consternation générale que l’électorat UMP est plus libéral que celui de l’UDI ou du Modem…
Me vanter dans ces conditions une gauche libérale tandis que la gauche s’est vouée corps et âme au marxisme me fait marrer! Mais j’en révérai, ça nous changerait des articles sur contrepoints qui divisent les libéraux qu’ils soient centristes ou conservateurs donc marqués à droite. Penser que le libéralisme n’est ni de gauche ni de droite, j’achète mais les faits dont horriblement têtus comme la propension de la gauche d’organiser la société de manière totalitaire…
Le libéral conservateur que je suis ayant lu quelques autrichiens comme Hayek s’amuse de lire des gens qui se croient de gauche et qui proposent une alternative de gauche au marxisme…. C’est délicatement risible.
C’est une « carte » en 2D.
Dans la réalité la vraie carte en 3D est un cylindre debout dont la génératrice est l’axe des « Libertés ».
Mais la remarque est pertinente au sens où droite et gauche ne sont plus qu’une convention dialectique.
Tiens, François Hollande n’existe même pas dans son propre parti. Etonnant. Où placeriez vous David Cameron ?
oups, je ne l’avais pas vu. Au temps pour moi.
Intéressant mais suis surpris de la position de Chirac et de Juppé. Pour moi, ils sont fondamentalement de gauche alors qu’ils sont officiellement de droite. Ce classement tient sans doute compte que de l’étiquette officielle, et c’est un peu dommage
Rocla, ce doit être un problème de parallaxe 😉
Chirac plus Etatiste que Marine Le Pen et autant que Mélenchon -_-
Je veux bien qu’on le considère comme étant étatiste mais ya des limites quand meme ^^
Mon équipe de chercheurs a retracé l’origine et l’évolution du paysage politique français :
L’ensemble est comique mais je ne suis pas sûr que le libéral avec la tronçonneuse soit très valorisant pour un indécis.
Oui, d’autant plus qu’il a l’air un peu méchant pour un libéral. Et il manque l’explosif pour traiter la souche, sinon sa repousse. 😉
*ça repousse.
Je suis assez sceptique quant au positionnement de l’UDI par rapport à l’axe libéralisme ou je ne les ai pas entendus …
Et où placez-vous Corinne Lepage ?
Avec Rousseau
Que sont donc ces cartes où des Chavez et des Berlusconi sont présents, mais aucune personnalité politique allemande, Cohn-Bendit étant européen avant toute chose.
Un autre axe horizontal apparaît pertinent : « capitaux publics » (à gauche) vs « capitaux privés » (à droite). Intitulé autrement : « capitalisme d’Etat, copinage et monopoles, manipulations monétaires » vs « capitalisme privé, concurrence, neutralité monétaire ». Cet axe permet de positionner aisément les diverses dictatures et pseudo-démocraties (des « capitalistes » chinois aux « capitalistes » français en passant par les « capitalistes » qataris ou russes) en effaçant l’illusion de la couleur politique dont ils s’affublent.
« La carte 2D du ppf n’a qu’un seul axe représentant la liberté. Elle se distingue donc du diagramme de Nolan qui, avec ses deux axes de liberté, est un contresens libéral car il entérine l’idée qu’il y a plusieurs « sortes » de libertés. »
Le diagramme de Nolan décompose les libertés. Il ne signifie pas qu’il existe plusieurs sortes de libertés.
Si je comprends bien, l’antienne contre le libéralisme, le néo-libéralisme ou l’ultra-libéralisme ne s’adresse à personne qui ne soit déjà à la retraite ou au cimetière.
On désigne un ennemi absent, ça fait courageux mais c’est uniquement populiste.
« mais toute libération de l’économie entraine une libération sociétale et, réciproquement » : une société libre libre doit avoir un minimum de contraintes sans quoi les abus et autres excès ne peuvent conduire qu’à l’effet inverse.
La liberté économique est certes indispensable mais elle doit être encadrée .
Aussi l’objectif n’est pas une économie totalement débridée mais de trouver le bon cadre : tout comme l’individualisme d’ailleurs qui peut s’avérer désastreux ou excellent suivant le contexte ou il peut évoluer.
La solution à nos problèmes, réside sans nul doute , à la prise de conscience que, ce que l’ on appelle communément intelligence n’en est pas.
Pierre Rabhi en 2002, fait une précampagne présidentielle où il obtient 184 parrainages d’élus et qui donne naissance au Mouvement “Appel pour une insurrection des consciences” (MAPIC)11.Le mouvement Colibri, n’apparait pas non plus, pourtant ces mouvements représente une alternative des plus profondément novatrice prenant en compte la globalité de la problématique humaine au deçà des clivages engendrer par une pensée conditionnée.