Créer des entreprises qui soient des arbres et pas des buissons ?

La véritable cause de la faible croissance de nos entreprises est qu’elles sont rachitiques depuis la naissance.

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Créer des entreprises qui soient des arbres et pas des buissons ?

Publié le 6 février 2014
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Par Bernard Zimmern.
Un article d’Emploi-2017.

arton231-1f619Un des thèmes favoris des organismes d’État qui vivent d’argent public, comme Oséo ou CDC Entreprises, maintenant la BPI, est que nous produisons assez d’entreprises mais qu’elles ne grossissent pas suffisamment. D’où pour ces organismes une raison d’exister : fournir les capitaux qui manqueraient à ces petites entreprises pour grossir.

Cette politique opère depuis plus de 20 ans puisque la BDPME ou l’ANVAR qui précédaient Oséo existaient depuis les années 1990 et, si leur action avait réussi, cela se verrait. À chaque fois qu’un audit externe peut être réalisé comme nous l’avons fait par exemple pour les incitations ANVAR et qu’il ne s’agit pas d’une étude d’autosatisfaction à usage des parlementaires qui votent leurs budgets, il se vérifie ce que le bon sens suffit à prévoir : le mal n’est pas dans le manque de fonds.

Dès que l’on atteint les niveaux de financement qu’assure l’ex-BDPME, on tombe sur des financements que couvre le capital-investissement et il y a suffisamment de fonds disponibles. Les sommes collectées par le capital-investissement français sont du même ordre de grandeur que ceux des Britanniques et de toutes manières, ces fonds traversent les frontières, les fonds américains du « venture-capital » étant largement présents en France ; s’il y avait des opportunités béantes, ils s’y jetteraient.

img contrepoints019 centrepreneuriatLa véritable cause de la faible croissance de nos entreprises est qu’elles sont rachitiques depuis la naissance comme le montre le graphique ci-dessous où il est clair que nous manquons d’entreprises dans toutes les tailles de façon uniforme.

Elles sont rachitiques car elles naissent rachitiques, faute d’argent pour grossir rapidement. Quel contraste avec les États-Unis où, comme le remarque une étude de la Kauffman Foundation du 10 mai 2013 (The Constant : Companies That Matter), se créent chaque année, à partir des 550.000 entreprises nouvelles, 125 à 250 entreprises qui atteignent rapidement 100 millions de $ de chiffre d’affaires. Dont une vingtaine qui sont des entreprises technologiques.

Que le trou se fasse au départ et pas dans la croissance est d’ailleurs visible dans ces chiffres. Quand on parle de 550.000 entreprises créées aux États-Unis, il s’agit d’entreprises naissant avec salariés. Pour la France, le même chiffre était de 40.000 avant la crise et il est tombé depuis à 33.000. Nous ne sommes visiblement pas dans le rapport des populations, pas plus que nous n’étions dans les rapports d’emplois à la création lorsque nous écrivions il y a quelques jours que nous créons seulement 40.000 emplois dans les entreprises de 1 à 5 salariés contre 820.000 aux États-Unis. Le compte n’y est pas.

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Source : Irdeme

 

Avec 5 000 ETI, la France en compte deux fois moins que l’Allemagne et le Royaume-Uni. Mais, le décalage ne s’observe pas seulement sur cette classe de taille. La France est encore davantage distancée dans le domaine des très grandes entreprises (> 5 000 salariés), par l’Allemagne certes, mais aussi par le Royaume-Uni1 dont la population et le PIB sont similaires à ceux de la France. Cette différence structurelle a une incidence directe sur l’emploi dans les différents pays. D’après une première estimation, le handicap dans les grandes entreprises serait de 4 millions d’emplois marchands par rapport au Royaume-Uni.


Sur le web.

  1. L’écart est tellement énorme que l’IRDEME a été examiner les entreprises de plus de 5.000 salariés une par une.
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  • D’après l’INSEE, en 2012 il y avait en France 2400000 entreprises sans salarié. De 1 à 9, on tombe à 980000. De 10 à 49, 170000. Et au-dessus, moins de 35000 avec toujours ces effets de seuil (source : http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?ref_id=NATTEF09203).
    Un cas ne fait pas une généralité, mais je connais un chef d’entreprise qui refuse absolument de dépasser les 9 salariés : trop de complications s’ajoutent, trop de risques. Et pour ceux qui ont franchi le cap la même chose se produit à 49 salariés. Ce n’est pas OSEO ou la BPI qui vont y changer quoi que ce soit…

    • Il en est de même pour les entreprises sans salariés: combien seraient prêt à employer si le risque n’était pas si grand à cause du coût énorme, et, dans une moindre mesure de la rigidité.

  • La culture capitaliste n’est pas le même: un entrepreneur américain accepte plus facilement de voir des externes rentrer dans le capital, en France c’est pas du tout le cas, les entrepreneurs aiment bien garder la main sur tout et tout le temps. Faire venir un cadre expérimenté comme l’a fait Google par le passé ne passera (presque) jamais dans l’esprit d’un entrepreneur français.

    • Un entrepreneur américain a l’espoir de s’enrichir. Un français ne peut enrichir que l’état et va vouloir compenser en égo ce qu’il perd en profit.

  • Les PME françaises sont des bonzais par la faute du terrain qui est trop pauvre, asseché par les prélèvements obligatoires et très petitement arrosé.

  • On passe notre temps à courir après la trésorerie pour payer les charges et à gérer des évolutions réglementaires aussi pléthoriques que conduisent et souvent contradictoires.
    L’image du bonsaï est bonne pour le ratiboisage régulier qui empêche la croissance mais il n’illustre pas le sol mouvant. Dans les zones où le sol n’est pas stable on ne construit pas grand ni haut.

  • J’ai eu envie de ma facepalmer hier devant une reportage sur ce genre de prêts a des entreprises naissantes. Bah oui, pour qu’il y ait des entreprises, il faut nécessairement qu’elles puissent s’endetter dès le départ! Voilà qui va les sauver!

    D’un autre coté, pourquoi etre obligé de partir avec 10 000€ minimum dans la besace? Certaines entreprises le nécessitent certes (notamment si achat de machines et locaux il y a). Mais franchement, il y a des centaines de milliers de sociétés qui pourraient parfaitement démarrer avec une poignée de fonds propres apportés par le gérant. Mais en vérité, si il y a besoin d’une telle amorce, c’est surtout pour compenser la fiscalité, les réglementations, etc… En espérant que quand l’argent prêté sera épuisé, l’entreprise ait les reins suffisamment solides. Ce qui est rarement le cas.

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Les auteurs : Miruna Radu-Lefebvre est Professeur en Entrepreneuriat à Audencia. Raina Homai est Research Analyst à Audencia.

 

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