Musique : l’exception culturelle frappe encore

Pour soutenir la filière musicale, Aurélie Filippetti réfléchit à un élargissement de l’assiette de taxes existantes.

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Aurélie Filippetti (Crédits Parti Socialiste, licence Creative Commons).jpg

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Musique : l’exception culturelle frappe encore

Publié le 5 février 2014
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Par Alexandre C.

filippetti
Aurélie Filippetti, ministre de la Culture.

 

J’évoquais la semaine dernière la consécration du groupe Daft Punk à la cérémonie des Grammy Awards. Pourtant le secteur musical s’affaiblit d’année en année depuis plus d’une décennie maintenant : les ventes de disques s’effondrent et rien ne parait pouvoir enrayer cette tendance, y compris les succès de Stromae1.

Partant de ce constat, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti – qui, je le rappelle, essayait la semaine dernière de récupérer quelques feuilles de la couronne de lauriers que venait de recevoir Daft Punk – ne pouvait décemment pas rester sans rien faire. Cédant aux appels du pied des maisons de disques, la ministre a fini par sortir de sa réserve, afin de proposer l’ultime solution qui résoudra le problème une bonne fois pour toutes. Elle et son cabinet ont donc phosphoré pour dénicher de nouveaux modes de financement public, destinés à soutenir l’industrie musicale. Plus qu’une idée, cette option est en passe de devenir une réalité.

Dans un premier temps, les éminences grises de la rue de Valois2 avaient pensé réorienter une partie de l’argent public du cinéma ou de la télévision au secteur musical en crise, mais étant donné que ces deux branches ne sont pas, non plus, en bonne santé, cette proposition est retournée dans les cartons du ministère. La deuxième solution, piochée dans le rapport de Pierre Lescure et portée par Mme Filippetti en fin d’année dernière, qui consistait à créer une nouvelle taxe sur les terminaux connectés – box et autres smartphones – avait, on s’en souvient, été recalée dans un contexte fiscal plus que tendu étant donné le nombre de nouveaux impôts que le gouvernement venait déjà d’instaurer pour boucler – difficilement – son budget. Il fallait donc trouver d’urgence une idée pour contenter tout le monde.

img contrepoints009 filippettiIl y a deux jours donc, alors qu’elle donnait une discours au Midem devant les principaux représentants de l’industrie musicale, la ministre a proposé cette fois-ci d’aider le secteur en « élargissant l’assiette des taxes déjà existantes ». Lumineux, brillant même. Plus fort encore, Aurélie Filippetti a ensuite ajouté qu’une telle mesure « n’est pas du tout contradictoire avec l’idée générale d’une baisse de la pression fiscale. Ce sont des taxes affectées, ce ne sont pas de nouveaux impôts, ça fait partie de l’exception culturelle que le président de la République a défendue à Bruxelles. » Cherchez l’erreur : on élargit l’assiette, mais on n’augmente pas la pression fiscale.

L’exception culturelle française. Voilà le mot est lâché. Pour justifier toujours plus de prélèvements pour financer la culture, notre ministre vient tout de suite s’abriter derrière ce bouclier. C’est tellement pratique. Si encore cette exception tenait à peu près debout toute seule, on pourrait se dire que cela en vaut le coup. Mais elle est tellement moribonde qu’ajouter une perfusion d’argent public supplémentaire ne fera que retarder l’inévitable, à savoir une nécessaire restructuration de ce secteur, qui représente tout de même plus de 3% du PIB du pays3, et de son mode de financement.


Sur le web.

  1. D’après les chiffres publiés aujourd’hui et relayés par le journal Le Parisien. Ils sont disponibles à ce lien.
  2. Le siège du ministère de la Culture et de la Communication.
  3. D’après les chiffres officiels.
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  • Ce gouvernement est dingue. Il ne cesse d’augmenter les taxes au nom de leur idéologie à la c.. . En plus, certains parlementaires PS souhaitent maintenant que la CSG ne soit plus déductible du tout de vos revenus… Heureux sont les idiots qui ont cru à la pause fiscale.

  • Quand on aura compris que ce n’est pas aux contribuables de financer la culture (hors patrimoine historique), on aura tout compris.

    Le jour ou nos industries musicales et cinématographiques se financeront elles mêmes, alors elles prospéreront car elles s’adapteront à la demande.

    Pour finir sur le sujet de la musique, on a le crowdfunding (je sais pas si il y a un terme plus précis) qui est certainement ce qu’il y a de mieux pour le monde musical. C’est le meilleur moyen de dénicher les artistes qui plairont et qui cartonneront, plutôt que ce soit des producteurs ou un fonctionnaire qui a décidé qu’on pourrait subventionner un tel ou un tel.

  • Nul besoin de lire l’article pour comprendre le mécanisme, « le cercle vertueux des socialistes ».
    Qu’on se rassure, Staline l’avait déjà expérimenté pour des résultats que l’on connaît dans les plans quinquennaux.
    Les récalcitrants musiciens et artistes étant mutés dans les camps ou les asiles psychiatriques. Vous n’avez pas remarqué, tous ces politiques sont toujours entourés de psychanalystes – pour contrer leurs opposants – et de conseillers en communication – pour vendre leur daube avec des discours post Bourdieusiens -.

    Il n’y a donc pas d’opposition à cette politique, dont le mécanisme est le suivant :

    – plus de taxes décrétées
    – plus de fonctionnaires pour les percevoir
    – moins de musiques créées
    – moins de musiciens
    – le montant des dotations aux compositeurs et artistes officiels monte
    – moins de bonne musique
    – la clique de la nomenklatura est contente et se répand dans les médias à leur solde conseillés par des officines de communication qui ont bouffé tout le budget quand il s’agit de payer les salaires des musiciens afin de cacher la misère produite, par un discours officiel pompeux, verbeux et 100 fois plus long que les oeuvres produites

    Je sais, c’est d’un classique.

    On va bouffer de l’Oréliefilipeti jusqu’à la gueule. La seule solution, expérimentée aux USA, est que l’Etat se désengage totalement de l’art – « l’Etat n’entend rien à l’art » (Gustave Courbet) -afin qu’il fleurisse selon un nouveau printemps. Ici, ce sera bientôt (c’est déjà) l’hiver sibérien. Il faudra mettre des lignes Maginot partout, il faudra empêcher l’invasion des sauterelles mondiales qui créent et sont créatives, viendront se repaître de notre peuple avide de nouveautés, que les politiques officielles ne seront jamais capables de nourrir intellectuellement. Il y aura des paraboles, des connexions Internet et des ventes sous le manteau partout vers le monde pendant que nos zélites en seront encore au cocktail-champagne-caviar pour écouter ou regarder le dernier caca produit par « le dernier génie français ».

    Je ne fais que décrire 100 ans d’art officiel sous le communisme et 40 ans du système identique en France. Etonnant que nos zélites ne feront bientôt (ne font déjà plus) travailler en France que les artistes étrangers et les artistes expatriés ayant réussi dans le monde, sous les régimes libéraux. Il y a quelque chose qui cloche, non !

    Destination des oeuvres produites : poubelles de l’histoire. On les conservera dans des débarras poussiéreux, pour une seule raison. Un bidet acheté chez Leroy-Merlin, on peut le jeter à la casse, il n’a pas coûté cher. un bidet créé par un artiste a coûté une fortune. Un caca fait dans un bidet passe à la chasse d’eau. Un caca qui a coûté une fortune doit être conservé. Jusqu’à ce que des plombier ou balayeur incultes des générations futures les mettent à la poubelle pour ce qu’ils sont, des déchets.

  • « D’augmenter les taxes n’est pas contradictoire avec leur baisse. »

    Évidemment, c’est un degré de clarté d’esprit qui échappe à nous autres simples mortels.

  • Je rejoins Fraserve.

    De toute façon l’Etat n’a pas à financer la culture, point. Quand on ne produit pas quelque chose de rentable, on s’adapte, ou on coule. Décider que les « artistes » ont le droit, eux, d’être subventionnés par l’argent du contribuable alors qu’ils ne sont pas rentables, c’est les faire jouir d’un privilège exorbitant, et créer une caste d’aristocrates. C’est à peu près la même caste de nobles que celle des journalistes, celle qui peut vivre sans rien produire de recherché sur le marché, mais en pompant l’argent des forces productives du pays. Il faut savoir que 85% des films sont déficitaires en France, les gens qui les produisent ne vivent que grâce aux perfusions d’argent public. Des fonctionnaires de fait, en somme.

    Pas étonnant, donc, que tous les acteurs soient de gauche – à l’exception très notable de Depardieu. Sinon, dès qu’ils sont invités au JT à donner leur opinion sur telle ou telle question sociétale, vous pouvez être sûrs qu’ils vous serviront la même soupe, la même bouillasse intellectuelle bobo-gaucho. Ils servent leurs maîtres, c’est normal après tout, ils sont payés pour ça!

  • Hollande avait annoncé une « pause fiscale ». Il n’a pas annoncé depuis une reprise de l’augmentation de la pression fiscale. Si on joue sur les mots pour augmenter les impôts de façon détournée, c’est qu’on n’est pas d’accord avec le chef de son gouvernement.

    On respecte les directives du gouvernement ou on le quitte ! Il est grand temps que les ministres et les administrations apprennent la rigueur.

    Au revoir Mme Filippetti !

  • Mais ils avaient pas déjà mis en place la taxe à 75 % au dessus d’un million d’euros de revenu, avec ce que gagnent nos meilleurs artistes (Noah, Goldman, et tous leur amis de gauche) il devrait y avoir assez pour subventionner l’édition (de daube) musicale. Ah mais on me dit dans l’oreillette que cette taxe ne touche pas les artistes, c’est ballot!

  • L’industrie musicale française n’intéresse plus beaucoup de français et plus du tout d’étrangers.
    Pourquoi ? Parce que c’est pas terrible.
    Dans ce pays, on confond musique et textes.
    La qualité des textes a baissé, on ne trouve plus de Brassens ou de Brel.
    Et question musique, on se contente d’un accompagnement du texte…
    Il y a des groupes français mondialement connus tels que Daft Punk, Cassius, Phoenix, Air, Tahiti 80, Guetta etc… qui sont quasiment inconnus du public français. Ceux-là font de la musique, ils ont le son.
    Tiens, bizarre, les textes sont en anglais !!
    Pour le reste, ça ressemble à de la musique folklorique.

    Alors, quand est-ce qu’on arrête de subventionner des troubadours de bals et mariages sous le prétexte qu’ils s’expriment en français ?

    • Euh…. Enlèves Guetta, parce que franchement, c’est de la grosse daube. C’est mal fichu au possible, c’est calibré de la même manière que les horreurs type Bieber et compagnie. d’ailleurs il est très connu en France….

      Pour les Daft Punk je suis ok, et il est vrai que des groupes comme Air ou Phoenix font une carrière interessante à l’étranger tout en étant à des années lumières de bouses comme Maé ou M.Pokora en France. Va comprendre….

      Mais je crois que c’est plus une question de politique que de langue.

    • c’est de la musique de bobo !

      sur le terrain, l’ensignement de la musique est en fort déclin:

      dans le monde rural, depuis de 19ième siècle, les fanfares étaient trés nombreuses, souvent une dans chaque village. les sociétaires ayant de l’expérience et un bon niveau prenaient en charge les jeunes, en leur donnant des cours. ils étaient payé de la main à la main pour cela, ce qui faisait peu de frais, mème les famille avec peu de ressource pouvaient avoir des enfants qui savaient jouer de la musique, la fanfare prettant un instrument…
      depuis l’instauration du mitterandisme, donner des cours de cette manière, est considèrer comme du travail au noir. les amendes pouvant etre dissuasive, les trésoriers des petites fanfares de village ont petit à petit pris peur, pas envie d’aller en prison… seuls les grosses sociétés de bourgade ( plusieurs milliers d’habitants ) qui se font subventionner par la municipalité ou le conseil général, on eu les moyens de créer une  » école de musique  » avec proffs proffessionalisés et dument déclarés. les autres ont arreté petit à petit aprés avoir mangé le restant de la  » caisse  » dans des cotisations patronales inutiles…

      on ne crachera jamais assez sur la tombe à mitterand…

  • « Cherchez l’erreur : on élargit l’assiette, mais on n’augmente pas la pression fiscale. »

    Ce n’est pas nécessairement une erreur: si une taxe ou un impot est mieux réparti, il peut rapporter plus en pesant moins sur une majorité.

    Cependant, encore faut il y réfléchir suffisamment au préalable. ce qui ne sera surement pas fait. Et puis la musique… Pour quoi faire? Que des daubes genre Christophe Maé puisse s’acheter un nouveau coupé? La musique comme pas mal d’autres milieux du même type, est le royaume des copinages.
    Qu’ils aillent bosser pour avoir de l’argent. Je crois que ces gens sont déjà suffisamment soutenus par leurs propres confrères, quand on voit certains « artistes » ô combien médiocres, sauvés grâce à leur ultra médiatisation, le matraquage télévisuel qui nous les impose dans le paysage….

    Et tout ça pour entendre un guignol brailler péniblement sur trois accords mal grattés, des textes gauchistes bien-pensants (enfin quand les textes ont une signification du moins, ce qui n’est pas toujours le cas).

  • Selon un compositeur Jarre la musique est taxée à 20% tva alors que le ciné par ex est au bareme mini
    Ici vous avez une vision réductrice de la musiq à part @yeneral qui donne un exemple des fanfares
    La variété ! faudrait – il dissiper ce malentendu et écrire MusiqueS ?
    Pour @ fraserve ( sur un autre post ) je pense que la suppression de Ravel de son Encyclo est une omission involontaire .
    Pour les paroles et l’ interprétation de chansons évidemment Brel  » les vieux  » c’ est un plus que du talent .

  • le parti taxsosialiste a encore frappé , encore une profession subventionné artificiellement ,
    liberté égalité fraternité sont juste bon a orner le fronton des mairies
    les intermittent du spectacle , les taxis , les chemineaux, les dockers , les pharmaciens ,
    les journalistes , les députés , les sénateurs, les profiteurs de l’électricité subventionné
    et tous les cochons de payeurs pour financer det assistanats

  • Histoire d’énerver un peu plus, pour votre information, la France est championne du monde en matière de mesures fiscales culturelles, avec plus de 60 mesures recensées contre moins de 25 pour la Chine, deuxième et petite joueuse. Voyez en effet la page 2 de cette étude d’Ernst & Young publiée fin 2011 : http://www.forum-avignon.org/sites/default/files/editeur/EY_International_tax_survey_on_tax_policies_in_the_cultural_sector_2011.pdf

  • À propos de culture, d’argent et de taxes culturelles, voici pour les lecteurs de Contrepoints, le lien avec le pamphlet « balzacien » de Roberto Gac « Les rentrées littéraires et Mme Filippetti, Ministre de la Culture et romancière », publié par Sens Public :
    http://www.sens-public.org/spip.php?article1054

    Roberto Gac rappelle, entre autres, le conflit d’intérêts flagrant qui existe entre la fonction ministérielle de Mme Filippetti et sa qualité de romancière éditée et payée par le groupe Lagardère, propriétaire de Stock….

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