Ron Paul sur la jalousie sociale

La jalousie sociale est une des forces motrices de la politique de redistribution alors que c’est, à raison, une pulsion condamnée par tous.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Liberty Defined

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ron Paul sur la jalousie sociale

Publié le 28 décembre 2013
- A +

Par Ron Paul.

Un extrait du livre Liberty Definedtraduit par Thierry Falissard.

Liberty DefinedL’envie, la jalousie sociale, est une forme douloureuse de sensibilité au bien-être d’autrui. Elle est généralement associée au désir de mettre fin à ce bonheur par différents moyens. Aussi est-elle pire que la simple jalousie, qui consiste à désirer ce que possède autrui. La jalousie sociale, par dépit et par haine, cherche à déposséder autrui de ce qu’il a ; elle est motivée par un désir de destruction. C’est une émotion extrêmement nocive, qui ne peut procurer de bonheur personnel et qui cause forcément un préjudice à la société. Laisser libre cours à la jalousie sociale ne parvient qu’à satisfaire une sorte de soif à souhaiter du mal à autrui. Toutes les religions du monde condamnent cette pulsion. L’envie est l’un des sept péchés capitaux ; nous apprenons à nos enfants à ne pas la ressentir. Rien de bon ne peut en émaner.

Je soulève la question dans notre contexte politique, car la jalousie sociale est une des forces motrices de la politique de redistribution des États-Unis ; ce sentiment et cette motivation s’étalent tous les jours dans les éditoriaux des journaux. C’est le motif secret qui anime les attaques incessantes contre les riches chaque jour à Washington, ville dont la population comprend quelques-unes des personnes les plus aisées de tout le pays. Le sentiment à l’œuvre derrière les attaques contre les riches (ceux qui le sont devenus honnêtement), le sentiment que ces attaques cherchent à susciter au sein de la population, c’est la jalousie sociale.

On l’appelle parfois le « monstre aux yeux verts »1. Beaucoup de traditions religieuses ont donné des charmes et des méthodes pour la conjurer. C’est parce que les envieux ne reculent devant rien pour atteindre leur but de nuire à ceux qui réussissent, même si ce faisant ils se nuisent à eux-mêmes. Les politiques motivées par la jalousie sociale, comme l’impôt sur le revenu à taux progressif ou l’impôt sur les successions, ne bénéficient pas à la société. Ils recueillent sans doute moins de fonds qu’avec une taxation qui serait faible et favorable à la production globale. Mais de telles politiques ne ratent pas leur but, qui est de nuire à ceux qui sont riches et qui ont du succès.

La pratique privée de la jalousie sociale a des conséquences dangereuses pour la société. Les gens ont peur de conduire une belle voiture ou de vivre dans une belle maison, parce que de tels comportements peuvent susciter des représailles. Il en est de même pour la politique mise en œuvre par  l’État. Des politiques qui reposent sur la jalousie sociale découragent l’accumulation de richesses, punissent le succès, et conduisent les gens à se détourner de grandes ambitions. Les personnes qui auraient pu chercher à devenir riches y réfléchissent à deux fois, sachant très bien que la force de la loi les guette pour écraser leur succès.

La haine est toujours nocive pour l’âme, mais haïr une personne ou une catégorie de personnes parce qu’elles ont bien réussi est encore plus nocif. Et c’est précisément la finalité des politiques destinées uniquement à punir les gens qui gagnent de l’argent ou qui ont un niveau de vie élevé. Il en est ainsi depuis très longtemps. Cela me frappe comme une forme d’immoralité institutionnalisée. Dans des conditions idéales, notre législation devrait nous conduire à donner le meilleur de nous-mêmes, en faisant toujours appel aux plus hautes motivations de notre nature. Tandis que des politiques qui nuisent aux gens uniquement parce que ce sont des gagnants font appel à nos plus bas instincts.

Il est assez difficile pour les gens d’être confrontés au succès, surtout dans un contexte de marché où la rentabilité découle de qualités supérieures comme l’anticipation, la prudence ou le bon sens. Nous devrions apprendre à fêter le succès ou, comme le disaient les philosophes antiques, apprendre à nous inspirer du succès d’autrui. Nous devrions essayer de copier le succès, pas de le punir. C’est la façon de faire américaine, et c’est l’une des principales raisons de la richesse et du succès des citoyens de ce pays.

Il en est de même en politique internationale. Nous n’avons pas à être le numéro un ni à considérer chaque pays qui réussit (pensez à la Chine) comme une menace avec laquelle il faudrait se colleter bec et ongles. Dans une véritable économie de marché, le gain ne s’effectue aux dépens de personne. Nous pouvons gagner tous ensemble, à condition de garder à distance le monstre aux yeux verts.

  1.  Ce Green-Eyed Monster est une expression anglaise, issue probablement de l’Othello de Shakespeare : « Oh ! prenez garde, monseigneur, à la jalousie ! C’est le monstre aux yeux verts qui produit l’aliment dont il se nourrit ! » (acte III, scène 3).
Voir les commentaires (21)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (21)
  • Bien dit, c’est et ça toujours été la seule motivation des socialistes, la jalousie et un désir de destruction. Il suffit de les écouter parler, pas besoin de dire quoi que ce soit,

    Mais je sens que le trollomètre va faire beaucoup de bruit, je vais sûrement devoir changer l’aiguille.

  • lz socialisme c’est de la jalousie habillée de rhétorique.

  • Le pape Léon XIII écrivait déja : « les socialistes rendent les pauvres jaloux des riches »

    • Et le pape François que dit-il ?

      • Lui aussi semble penser que s’il n’y avait plus de riches, la jalousie s’éteindrait d’elle-même. Moi je pense que s’il n’y avait plus de pauvres, ça marcherait aussi, et que ça n’est pas parce que c’est difficile qu’on doit y renoncer.

      • Plus personne ne sait ce que dit le sous-pape du socialisme, François, mais il y a une certitude : ce « minable » (citation) ne fera jamais de miracle.

      • On s’en fout.
        Ce gars ne représente que lui-même, et n’est qu’un avatar religieux de la famille Kirchner, pas la plus démocratique qui soit et qui fait souffrir les pauvres en créant une inflation massive en Argentine.
        Ce gars ferait mieux de parler religion, parce que niveau économie c’est un ignare complet.

  • « Les politiques motivées par la jalousie sociale, comme l’impôt sur le revenu à taux progressif ou l’impôt sur les successions »
    L’absence d’impôt sur les succession n’est il pas en somme un sorte de redistribution de richesse, à une échelle moindre, vers des personnes n’ayant rien à voir avec ladite richesse ? N’est ce pas un socialisme communautaire?

    « Les gens ont peur de conduire une belle voiture ou de vivre dans une belle maison, parce que de tels comportements peuvent susciter des représailles »
    Ou peut être parce que les gens n’en n’ont pas les moyens, ou peut être parce que le matérialisme se dissipe peu à peu…

    Enfin bref, tout n’est pas blanc ou noir.

    • L’impôt n’est certainement pas la bonne manière de « corriger » ce qui se passe mal dans les successions. Chacun doit pouvoir faire ce qu’il veut de ce qu’il a gagné, y-compris au moment de son décès. S’il fait un mauvais choix, en léguant ses biens à qui ne les mérite pas, la réalité se chargera de les répartir auprès de plus habiles en quelques années ou décennies. Bien entendu, il faut aussi donner le droit de déshériter. La taxation des successions est aussi une aberration en matière d’efficacité : l’état est certainement moins apte à faire fructifier les biens que ceux que le défunt choisit, et d’ailleurs plus il y a de biens, et plus c’est signe que le défunt avait du discernement.

      • « Chacun doit pouvoir faire ce qu’il veut de ce qu’il a gagné, y-compris au moment de son décès »

        Et ainsi accompagner le principe de reproduction sociale.

        • La France est le pays où le plus de riches sont des héritiers et la mobilité sociale la plus faible. Or on ne peut pas dire que les droits de succession y soient faibles ! Peut-être que le principe de reproduction sociale ne fonctionne pas comme vous le pensez. Ceci étant, on s’en fout que les fils et filles de soient riches, pourvu que ceux qui le méritent puissent le devenir — et ce n’est pas la redistribution qui le permettra…

        • Les impôts de succession sont/étaient anticipés par les patrimoines moyens et gros. Cela n’empêche aucunement la « reproduction » sociale.
          Cette anticipation se faisait en partie à travers l’assurance vie qui n’était pas taxée en succession (mais stérilisait une partie du patrimoine en dette d’état) et par la donation anticipée(et taxée).
          Maintenant que cette échappatoire disparait petit à petit, par la taxation et aux risques liés au dettes d’état, le capitalisme familial disparait au profit du capitalisme financier international, pour qui la rentabilité de l’investissement sera très supérieure à celle obtenue par un résident fiscal français.
          A l’exception des très gros patrimoine, la « reproduction » sociale va disparaitre. Le seul « capital » qui vaille à l’heure actuelle est celui obtenu par les fonctionnaires et assimilés au détriment du reste de la société et la, le copinage et la reproduction sociale se fait en hors taxe!

  • Exactement mon sentiment : on devrait faire recopier cet article 100 fois par tout le monde !

    Il est clair qu’appauvrir les riches n’enrichira jamais les pauvres.

    Qu’au contraire, ces riches tirent toute l’économie vers le haut, et sont donc un bienfait.

    Mais il est dans la nature mesquine et stupide des gens de vouloir toujours tuer les poules aux oeufs d’or …

  • On peut tirer de cette jalousie sociale une force poditive.
    On peut envier celui qui réussit, mais plutôt que de le déposseder et au final n’avoir toujours rien, on doit souhaiter avoir autant de succès et de réussite que celui qu’on jalouse.

  • « comme le disaient les philosophes antiques, apprendre à nous inspirer du succès d’autrui »

    Ceux-là même qui affichaient un grand mépris envers ceux qui couraient après l’enrichissement.

    • L’un n’empêche pas l’autre…
      succès n’est pas synonyme d’enrichissement (au sens pécuniaire) et mépriser ne signifie pas jalouser.

      Aujourd’hui, la mode n’est pas à la condamnation des riches parce qu’ils sont riches, mais parce que les autres estiment ne pas l’être assez. C’est le principe de la jalousie.

      Les inégalités sociales sont bien moindre aujourd’hui qu’à d’autres époques et, pourtant, on passe son temps à nous dire qu’elles s’accentuent…

      Le phénomène psychologique sous-jacent est assez simple : « comme je ne parviens pas à atteindre les objectifs que je me suis fixé, je ferais tout mon possible pour que personne d’autre n’y parvienne ».

      • Les philosophes sont restés dans l’histoire. Les nombreux autres, ceux qui se sont enrichis, faisaient partie des peuples heureux qui n’en ont pas.

  • C’est à cause de texte comme ça que je prend pas Ron Paul au sérieux. Comment peut on condamner l’envie ou la jalousie? La haine la rage bref tout un sentiment peu fréquentable sont à l’origine de fortune. C’est une très bonne chose. Ca peut être des gens méprisé par leurs famille leurs amis, mal nés ect… C’est très bien d’avoir faim. Ce qui est étrange c’est d’être pauvre et de ne pas le sentir.

    De plus toutes les entreprises qui font du lobbying pro ceci contre cela. Qui tentent au maximum de tordre la vérité dans leurs sens, personne ne les condamne pour ça, pourtant elle le font dans le but explicite de d’empêché d’autre de gagner de l’argent.

    De plus si les religions condamne la jalousie et l’envie c’est pour inviter les gens à se tourner vers le spirituel et se détacher du monde réel(et donc du business en général). Ce qui me semble très compatible avec les thèses du Pape mais pas avec le libéralisme.

    • « se détacher du monde réel » ?

      Vous vous rappelez, frères, notre labeur et nos fatigues: c’est en travaillant nuit et jour, pour n’être à charge à personne d’entre vous, que nous vous avons prêché l’Evangile de Dieu.
      1ère épitre de Saint Paul apôtre aux Thessaloniciens

      St Paul était donc un prédicateur libéral !

      • Les papes invitent régulièrement à se détourner du « materialisme » qui pour l’homme de la rue consite à se lever le matin(Dimanche compris) et d’essayer de gagner un peu plus d’argent(le mec est un peu greedy).
        Je vois pas trop en quoi c’est libéral, mais ça à le mérite d’exister.

  • Je crois qu’il n’a jamais été écrit de meilleur livre sur ce sujet de la « jalousie destructrice », en réalité l’Envie, que celui-ci : http://www.amazon.fr/LEnvie-Une-histoire-du-mal/dp/2251440720

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Voici un ouvrage que j’ai acheté à sa sortie en France en 1995, et vers lequel je renvoie depuis longtemps au fil de mes articles. Il était temps que je me décide à en faire une présentation, comme il le mérite.

L’envie est un sentiment éprouvé par de nombreuses espèces vivantes, mais particulièrement marqué chez l’être humain. Présent à la fois dans la littérature, la philosophie, la psychologie, la religion, et beaucoup d’autres domaines qui ne font que retranscrire un phénomène ancré dans toutes les civilisations et époques de l’hum... Poursuivre la lecture

Par Tom G. Palmer.

Des gouvernements décrits comme populistes sont aujourd’hui au pouvoir en Pologne, en Hongrie, au Mexique et en Turquie. L'Italie et la Grèce sont gouvernées par des coalitions populistes multipartites, tandis que des populistes de gauche ou de droite sont les partenaires de gouvernements de coalition de sept autres pays de l'Union européenne. L’effondrement du Venezuela a été provoqué par la politique confiscatoire d'un gouvernement populiste. Le président du Brésil est un populiste déclaré. Et la prise en main du p... Poursuivre la lecture

Par Jean Kircher.

L’incendie de Notre-Dame a révélé un autre aspect de l’incurie des médias : le mépris des petits patrons ! En effet toute la presse s’est empressée de dénoncer photos à l’appui le soupçon d’incompétence de l’entrepreneur Le Bras en charge de l’installation de l’échafaudage du monument. Personne n’a cherché à savoir précisément d’où venait le déclenchement de l’incendie : c’était clairement de la responsabilité de l’entrepreneur.

Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles