Ce régime d’incertitude qui tue l’économie française

Pour la première fois de la 5e république, une majorité de Français veut baisser ou simplifier la fiscalité.

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Ce régime d’incertitude qui tue l’économie française

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 24 novembre 2013
- A +

Par Bernard Martoïa.

Fiscalité Impôts TaxesFace à la fronde fiscale qui s’étale en France, le Premier ministre a proposé un « bing bang fiscal » pour remettre à plat notre fiscalité.

Rares sont les politiciens qui ne se contredisent pas, le Premier ministre en tête, puisqu’il déclara, le 12 juin 2012,sur la chaîne de télévision BFM qu’il n’y aurait pas de « bing bang fiscal » et il ajouta : « Ce que nous allons faire, c’est la progressivité de l’impôt. »  C’est exactement ce que son gouvernement a fait avec la tranche d’impôt sur le revenu à 75% pour les revenus de plus d’un million d’euros par an avec les conséquences négatives et prévisibles que votre serviteur a mentionnées en début d’année.

Plus sérieux que cette volte-face qui n’engage que ceux qui croient encore à la parole d’un élu de la nation est le sondage sur le site du Point. « La remise à plat du système fiscal doit-elle surtout servir à ? » Les journalistes ont offert aux internautes de voter pour l’une des quatre réponses suivantes.

Voici le résultat de ce sondage

  • 1° le simplifier, plus personne n’y comprend rien.  32.8%
  • 2° Fusionner la CSG et l’impôt sur le revenu pour augmenter leur progressivité  16.7%
  • 3° Faire baisser les impôts 38.6%
  • 4° Augmenter la compétitivité des entreprises 11.9%

Quelle leçon en tirer ?

Une note d’espoir, pour nous libéraux de la première heure, car la majorité des votants veulent réduire les dépenses publiques (du jamais vu sous la Ve République !), suivie d’une simplification de la fiscalité (flat tax sous-jacente avec élimination de toutes les niches fiscales que nous proposons depuis des lustres) et d’augmenter la compétitivité des entreprises (les Français commencent à réaliser que la richesse d’une nation provient des entreprises et non pas des embauches de fonctionnaires.)

En revanche, on devine une grande inquiétude pour certains dans la deuxième question relative à la fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu pour augmenter leur progressivité. Cette question, sans doute téléguidée par Matignon, masque le désarroi de la classe politique française à l’idée de la fin du monopole de la Sécurité sociale qu’elle ne veut toujours pas reconnaître officiellement. Saluons le courage du député Paul Salen à reconnaître la portée de cet arrêt symbolique qui va libérer le peuple français asservi par l’idéologie communiste depuis 1945. Ce député a eu l’audace de poser cette question écrite, le 12 novembre 2013, à la ministre des Affaires Sociales et de la santé dont la conclusion est logique.

«Dans le cadre de la fin du monopole de la Sécurité Sociale ne faut-il pas craindre que l’ensemble de ces mesures, loin de constituer une solution, ne conduisent les Français à préférer des systèmes alternatifs pour la prise en charge de leurs soins ? Aussi il lui demande quelles sont les perspectives qui s’ouvrent, à la France, suite à l’arrêt de la CJUE du 3 octobre 2013. » [1]

La perspective de la disparition de facto et non de jure (entre 30 et 40 000 Français par mois entreprennent les démarches nécessaires pour quitter la SS depuis l’arrêt de la CJUE selon le MLPS) est sérieusement envisagée par le gouvernement à travers cette idée de fusionner la CSG et l’impôt sur le revenu en augmentant encore la progressivité de l’impôt. Pourquoi pas un taux de 110% pour faire plaisir à la base socialiste ? Ce n’est malheureusement pas une vue de l’esprit car des professions libérales ou des entrepreneurs sont de nos jours victimes de l’abus fiscal.

Lors de la campagne présidentielle américaine de 1964, placée sous le signe du Welfare State [2] du président sortant Lyndon Johnson, le candidat conservateur Barry Goldwater (1909-1998) dit aux électeurs : « Méfiez-vous d’un État qui peut tout vous donner car un jour il vous reprendra tout votre argent. » Nous y sommes !

Une cinquième question est éludée par le sondage du Point : l’instabilité fiscale chronique dont souffre particulièrement notre nation. L’économiste et historien Robert Higgs a donné une explication cohérente à la Grande Dépression américaine qui a commencé, le 24 octobre 1929, avec le krach de Wall Street et s’est terminée, le 7 décembre 1941, avec l’attaque japonaise par surprise de la base aéronavale de Pearl Harbor. Pour Higgins, ce n’est pas tant le manque de réceptivité de l’administration américaine à la théorie macro-économique de John Maynard Keynes en faveur d’un massif plan de relance de l’économie à travers une augmentation considérable du déficit budgétaire vantée, de nos jours, par son chantre Paul Krugman, mais le régime d’incertitude que fit planer le président Franklin Delano Roosevelt sur l’économie américaine. Contrairement à Thatcher ou à Reagan, Roosevelt n’avait aucune connaissance économique. C’était un pur politique. Il se fiait davantage à son intuition qu’aux experts. Il accouchait d’une idée presque tous les jours. Plus le chômage augmentait, plus il inventait des mesures étatistes pour le juguler, comme les grands travaux publics ou les aides à l’agriculture. Plus les Américains s’enfonçaient dans la dépression, plus il se sentait obligé de faire n’importe quoi pour leur venir en aide.

Ce cercle vicieux est le lot du locataire de l’Elysée et de son prédécesseur depuis un certain 15 septembre 2008 avec la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers. Plus des entreprises françaises font faillite, plus le gouvernement se sent obligé d’intervenir. Il est dans un rôle permanent et ambigu de pompier pyromane.

A travers ce sondage, une majorité de Français commence à réaliser que la cause première de la fermeture des entreprises sur notre territoire n’est pas tant la faute de la mondialisation que celle du gouvernement qui a instauré un régime d’incertitude pénalisant l’épargne et l’investissement à travers une fiscalité erratique et confiscatoire. A propos du big bang fiscal du Premier Ministre, Albert Einstein lui aurait certainement répondu : «On ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés. »

  1. A lire ici
  2. Welfare State est l’Etat providence qui prend en charge les individus du berceau au cercueil.
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  • Einstein avait aussi dit « Dieu ne joue pas aux dès », remplacez « Dieu » par un élu quelconque…

  • Rien à voir mais je suis surpris que Contrepoints ne nous parle pas des manifestations ayant eu lieu hier au Venezuela contre la politique socialiste..Le pays va très mal, le président fait ce qu’il va grâce aux pouvoirs spéciaux qui lui ont été octroyés..etc..crise économique dans ce pays qui est, je le rappelle, l’idéal de Mélenchon. Couvrir cela me semble très important, ça va faire mal car le pétrole ne suffit plus à financer toutes ces bêtises, un point de non retour a été atteint, et Maduro n’a pas le charisme de Chavez donc il n’arrive pas à gérer.

  • Derrière le projet de fusion de la CSG et de l’IR, l’hypothèse à suivre gagne en crédibilité.

    Le gouvernement et la haute administration auraient déjà accepté l’idée que la SS n’en a plus pour longtemps, voudraient malgré tout maintenir dans le secteur public la fraction de la SS la plus importante à leurs yeux et, cerise sur le gâteau fiscal, espèrent s’approprier de juteuses recettes supplémentaires. En effet, en fusionnant CSG et IR, non seulement l’Etat met la main sur les recettes nécessaires (les 90 milliards de la CSG) pour financer en totalité les hôpitaux publics (environ 70 milliards de dépenses), mais encore il obtient miraculeusement quelques 20 milliards cash pour ses inextinguibles besoins (réduction du déficit). La menace à propos de la progressivité de la CSG n’est qu’un écran de fumée pour masquer le détournement des fonds et plumer un peu plus les Français sans qu’ils s’en aperçoivent.

    Les autres dépenses de santé pourraient alors être abandonnées aux assurances en concurrence proposant une couverture santé dès le premier euro dépensé. Mais qui compensera les 20 milliards détournés ? Nous tous, avec nos cotisations aux nouvelles assurances ! Dernier effet très kiss et très cool, les idéologues de l’étatisme débridé accuseront alors les assureurs privés de se gaver sur le dos des pauvres Français. Bien joué les gars, n’est-ce pas ?

    La fusion de la CSG et de l’IR prépare la fausse privatisation de la SS, en apparence conforme aux injonctions de Bruxelles, mais en apparence seulement, tout en permettant une discrète augmentation des impôts de 20 milliards. Accessoirement, cela facilitera la survie de la CMU, d’ores et déjà financée par une lourde taxe sur les assurances santé. Ainsi, nos gouvernants espèrent s’épargner de renvoyer au droit commun plusieurs clientèles électorales particulièrement fidèles, notamment la fonction publique hospitalière, artificiellement créée dans l’urgence électorale de 1986, tout en faisant semblant de respecter la norme européenne.

    Plus que jamais, il importe de réclamer la privatisation pure et simple des hôpitaux publics et la suppression de la troisième fonction publique (dont les rémunérations représentent à elles seules plus des deux tiers des dépenses des hôpitaux).

  • En complément de Cavaignac
    C’est même pire que ça, à savoir les 20 milliards détournés, ni vus ni connus.
    En effet, rien n’interdira aux hopitaux publics de facturer une grande partie de leurs prestations aux caisses d’assurances maladie privées, financées par de nouvelles cotisations.
    La CSG serait transformée presqu’intégralement en impots pour financer le monstre.
    Pour l’assurance maladie et autres, respectons les règles Européeennes; CQFD, et 90 mds dans la poche !

    • Je suis heureux de voir que le vice profond lié à cette affaire de « fin du monopole de la SS » commence à être révélé, et que le danger de la pseudo réforme fiscale concernant la CSG se dessine.

      J’attends avec impatience les commentaires des pseudo libéraux ou des libéraux « beni oui oui » sur le sujet.

      Il est quand même stupéfiant que des gens intelligents, supérieures à la moyenne, aient pu un seul instant penser que les crapules allaient bien gentiment « privatiser », scier l’énorme branche sur laquelle ils sont assises, le tout dans la bonne humeur, et dans le respect du « droit ».

      Et en disant « excusez nous de vous demander pardon ».

      Dans l’esprit mortifère des crapules, nous continuerons de payer. C’est tout. Il n’y a pas de « oui mais », « peut-être », « faisons confiance à Bruxelles », et autres billevesées : nous paierons.

      Car c’est notre seule et unique fonction pour tous ces parasites.

      Voilà pourquoi, seule la mise en faillite, totale, complète, irréfragable, adamantine et DURE, très dure, de tout ce bordello, pourra nous sauver.

      Dernier point, lire « entre 30 et 40 000 Français par mois entreprennent les démarches nécessaires pour quitter la SS depuis l’arrêt de la CJUE selon le MLPS » relève de l’hallucination collective totale.

      Est-ce que le MLPS affirme réellement une telle chose ?

      C’est franchement grotesque.

      Ca m’énerve car que de temps perdu, que de ressources gâchées, que de neurones grillés pour rien… nous devons nous concentrer sur l’essentiel, et ne pas nous laisser distraire par des fausses polémiques.

  • « Une note d’espoir »

    Non, non, et non ! Attention de ne pas prendre les désirs pour des réalités

    Dans le sondage, explique-t-on que si les impôts et dépenses de l’état diminuent, les largesses de l’état aussi avec la cohorte de subventions/allocations/bidule-tion en tous genres ?

    Le ras-le-bol monte certes, mais depuis que plus de poches sont mises à contribution, et notamment des poches qui n’avait pas à en souffrir avant. Je doute fortement d’une aspiration à la liberté dans ce pays, et je penche pour l’instant plutôt en faveur d’un « toujours plus de redistribution mais pas en ponctionnant dans mes poches ».

    Je voudrais bien voir les résultats d’un sondage qui poserait une question sous cet angle:
    Sachant qu’une baisse des dépenses de l’état entraînerait inéluctablement une diminution significative des aides sociales, allocations chômage, des remboursements de santé et du niveau des retraites, êtes-vous pour une contre une baisse des dépenses publiques.

    Je reste convaincu que beaucoup de français veulent toujours du modèle français mais au frais des autres

    • Ca n’est pas la bonne question, vous sous-entendez que les aides ne pourraient pas être réalisées avec moins de dépenses et plus d’efficacité, comme dans les nombreux pays qui dépensent 10 points de PIB de moins pour des résultats équivalents. C’est ce sous-entendu qu’il faut briser.

    • je suis retraité.
      Je suis pour une baisse des retraites, OUI, OUI mais….
      après la suppression de 1/3 de tous les bureaucrates inutiles, après la suppression totale de toutes les subventions de toute nature, la suppression du sénat, de l’assemblé nationale, le démantèlement de l’éducation nationale, de tous les comités bidules , associations diverses et varrièes, etc.
      Oui, oui après avoir fait tout ça , s’il n’y a pas assez pour entretenir une armée, une police efficace et une justice (juste) , ça semble un pléonasme mais..; oui il faut voir comment imposer plus les retraites pour que ça fonctionne. Mais.. seulement après. !!!!!!!

  • Cet article n’est pas pertinent.
    Vous dîtes :
    « Une majorité de Français commencent à réaliser que la cause première de la fermeture des entreprises sur notre territoire n’est pas tant la faute de la mondialisation que celle du gouvernement qui a instauré un régime d’incertitude pénalisant l’épargne et l’investissement à travers une fiscalité erratique et confiscatoire. »
    En quoi le lectorat du Point est-il représentatif des Français pour pouvoir parler de « majorité de Français ?

    Tant que vous y êtes faites un sondage sur Contrepoints et vous pourrez être encore plus optimiste… A tort.

  • Il faut surtout une profonde réforme bancaire et monétaire:Donc fin de l’euro et retour au standard-or ou argent…

    • Oui, et la Marine qui arrive elle va bien nous le mettre le Francs. Sans l’or…..avec une pincée de bon nationalisme. Finalement, je me fais à cette idée. Nous sommes déjà ruinés. Cela sera juste une mise à niveau, ou un retour à la réalité. Une dictature par l’Etat, mais néanmoins nécessaire pour faire enfin réfléchir les gens.
      Csg, impôts, truc bidule pour 2015, 2017….c’est débile. Chaque jour perdu, chaque semaine volée c’est plusieurs millards de balancés à la poubelle. C’est l’argent des enfants et de leurs futurs enfants que l’on brûle dans la grosse gamelle socialo satanique. Et on est là, à commenter de la pisse de chameau. Nous n’avons finalement aucune vision d’avenir, aucun besoin, aucune idéologie, aucune envie de liberté. Nous suivons des parasites qui continuent à nous le mettre bien profond,et on disserte sur comment ça fait mal.

  • Mouais, je continue à penser que les Français sont bien contents de tout ça.

    Ils demandent moins d’impôts mais sont incapables de renier à l’un de privilèges de la « superbeexceptionfrançaise ». Ils ne voient que par l’état. Allez expliquer aux français que oui une baisse massives des charges, impôts, un arrêt des subventions, de la sécu, etc… se traduira à court terme par une hausse du chômage et à long terme d’une reprise et d’une compétitive bien plus forte le temps de la restructuration économique…
    Alors oui une majorité de français veut certainement baisser et simplifier la fiscalité, mais une majorité de français refusent de renoncer aux privilèges destructeurs. Alors bon, la mentalité française c’est comme le CICE sur le papier on se dit chouette, une fois rentré dans le vif du sujet, on déchante rapidement.

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