Un nouveau pacte fiscal ?

Interviewé par Le Figaro, Jean-François Copé, cherchant vainement à récupérer le mouvement de ras-le-bol fiscal, a tenu des propos obscènes en proposant de refonder le pacte fiscal avec les Français.

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Un nouveau pacte fiscal ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 5 novembre 2013
- A +

Par l’auteur du site « Bobo libéral ».

CopéCopé, dans une tentative désespérée de récupérer à son compte ce vent de fronde fiscale que l’on sent monter dans notre nation hexagonale, a déclaré lors d’un interview donnée au Figaro qu’ « une fissure gigantesque dans le consentement de l’impôt en France s’est créée ».

Le consentement à l’impôt. Voilà le concept le plus étrange de notre époque. L’analyse un tant soit peu poussée de ce concept nous révèle sa contradiction interne qui le rend intenable au regard de la logique pure et simple : par définition l’impôt n’est pas consenti. Il se fait contre la volonté de celui qui le subit.

Selon la philosophie libérale, il n’est rien moins qu’un vol, revêtant les oripeaux de la légalité ou dans ce cas précis du consentement. Cette notion de consentement, tente de faire croire, par un subterfuge dialectique, mâtiné de « pacte social et républicain » que l’impôt aurait été consenti aux même titres qu’un contrat d’assurance, par le biais du mythique « contrat social », si cher à nos rousseauistes. Ainsi dans la mythologie républicaine, aux origines de notre nation (probablement aux alentours de la Révolution française ?), les Français rassemblés dans l’agora nationale auraient consenti, et cela de façon éclairée, à payer un impôt pour subvenir aux besoins suprêmes de notre État : une contribution dite volontaire. Ce qui rend cet impôt non pas comparable aux extorsions de l’époque féodale, mais parfaitement légitime, car choisi librement et donc applicable à tous.

D’ailleurs chaque élection aujourd’hui est devenue le rituel sacré pour consacré une énième fois ce pacte républicain à contribuer aux finances du pays.

Évidement cette logorrhée, digne d’un étudiant de sciences-po, ne s’encombre pas de toutes ses contradictions dans le réel. Mais surtout, et c’est cela le pire, c’est qui il n’y a jamais eu le moindre pacte fiscal fondateur de notre république. Personne n’a signé quoi que ce soit et ne s’est engagé à quoi que ce soit. Et si même ce fut le cas, pourquoi cela concernerait-il les descendants des signataires ?

Le seul document que l’on peut considérer comme fondateur de notre république est celui de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et qui, dans son article XIV, évoque « la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée ».

On y évoque cette notion de consentement libre, mais quelle est-elle ? S’agit-il de faire payer des services dans les mêmes conditions que ceux obtenus par un contrat de droit privé ? S’agit-il d’une contribution que l’on verse comme une donation faite à une organisation de charité ?

Et est-ce que cette contribution publique et librement consentie est compatible avec les droits naturels que sont la liberté, la propriété, la sureté et la résistance à l’oppression stipulés par l’article II de la déclaration des Droits de l’Homme ?

De toute façon, peu importe, la déclaration des Droits de l’Homme n’est pas un contrat signé, un pacte entre deux parties qui définirait des obligations à remplir, mais une reconnaissance manifeste de Droits attachés à chaque être humain, inaliénables en d’autres termes, et qui ne peuvent être révoqués sous aucun prétexte. Ce serait contre-nature.

Formulé autrement : les Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, et cela malgré de nombreux vices de forme, et ils sont malheureusement nombreux, ne font que décrire une réalité tangible qui ne peut être ignorée : à savoir que l’homme est libre.

Et que l’impôt reste un vol.

Et si son soi-disant consentement a été brisé, c’est qu’aujourd’hui on risque moins à se révolter qu’à le payer docilement. Auparavant son coût était largement inférieur à celui que l’on devait subir en cas de refus.

C’est ainsi qu’il faut bien comprendre l’obscénité du discours de Copé quand il veut refonder le pacte fiscal avec les Français, en diminuant les impôts et les dépenses publiques. Il veut en sorte refonder l’asservissement que subissent tous les Français, renégocier ces termes pour assurer la docilité des esclaves et maintenir les maîtres au pouvoir. Un marxiste (ou un mélenchoniste aujourd’hui), dans sa terminologie, dirait que le capitaliste réduirait ses profits pour en laisser un peu plus à ses ouvriers qui alors ne seraient plus poussés à la révolte. C’est cela renégocier le pacte fiscal, selon Copé. D’autant plus que lui-même, par le passé, a œuvré directement à l’alourdissement de cet impôt qui suscite aujourd’hui tant de colère.

Cette nouvelle sympathie qu’éprouve Copé à l’égard du peuple de France me rappelle le discours hué (un mur à Berlin, 1h24) de Gunther Shabowsky, un cacique du parti de l’ex- RDA qui, quelques jours avant la chute du mur, tentait devant une foule nombreuse de récupérer à son compte le mécontentement populaire. Sans succès bien évidemment. C’était jouissif de voir cette foule rejeter d’un seul bloc cette tentative pathétique du pouvoir à renégocier ses termes – par un nouveau pacte peut-être ? – avec le « peuple » en considérant ses aspirations légitimes. Plus personne n’était dupe d’aucun nouveau pacte.

Espérons que les Français ne le soient pas dupes, eux.


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  • C était moins cher du temps de la monarchie française….

    • surtout sur la fin du reigne de louis 14, aprés 15 ans de guerre de succession d’espagne ? le consentement à l’impot ne commence pas à la révolution française, surement bien trop dirigiste, pour notre bobo libéral. c’est un thème central des lutte de pouvoir entre les villes, les féodaux, et le suzerain ( le roi de france ), durant la guerre de cent ans.

  • Concernant l’impôt, voir http://www.wikiberal.org/wiki/Imp%C3%B4t. Dire que l’impôt va à l’encontre de la « philosophie libérale » me semble être, au mieux, un raccourci un peu rapide et un peu trompeur — et un peu faux, au pire une position extrémiste. Du coup, je n’ai même pas lu la suite de l’article au demeurant sans doute très intéressant.

    • Faut prendre vos gouttes le matin.

      Biaiser sur l' »extrémisme » c’est un peu gonflé, vous ne trouvez pas ?

      Mais si vous préférez continuer sur le mode Copé, Bayrou, gentil-gentil, « mesuré », « équilibré », sénateur de province, Fillon, Raffarin… « libre » à vous.

      Ca fait 30 ans que vous faites enfler. Vous pouvez bien continuer 30 ans supplémentaires.

      Pour le reste, j’en rajoute une couche : Copé est une engeance..

      Absolue car ce type pratique la duplicité. A un point tel que ça en devient de la veulerie.

      Il voudrait nous faire croire qu’il a « changé » ? Que maintenant c’est promis juré il est devenu « libéral », il a compris que l’impôt c’est mal ?

      Soyons sérieux.

      Au moins une bonne crapule socialo, généralement, s’assume. Et à ce titre tient sa place.

      Mais les gens comme Copé, Fillon, de cette pseudo « droâte », sont insupportables, car ils pratiquent un double langage permanent. Et surtout n’ont aucune conviction, juste des petits politiciens qui courent après des voix.

      On parle de Leonarda ? Pouf, Coppé se souvient que le droit du sol c’est pas bisou.

      On parle du « ras le bol fiscal » ? Crac, Copé comprend subitement que oui décidément trop d’impôts ça craint.

      On parle de l’ecotaxe ? Boum, Copé oublie qu’il a voté cette merde, avec tous ses petits copain, et qu’il est urgent de ne pas l’appliquer.

      J’arrête le jeu de massacre. On ne tire pas sur une telle ambulance.

      • Ouch… Il me semble que n’avez pas lu mon commentaire — ou que vous ne l’avez pas compris.

        • Commenter un article en affirmant ne pas avoir lu est une attitude extrémiste (pour rester aimable) qui n’incite pas votre contradicteur à prendre la peine de comprendre la subtile essence de votre propre commentaire.

          • Décidément, j’ai du mal à me faire entendre.

            Je ne prétendais pas « commenter l’article » ; où donc avez-vous lu cela ? L’auteur, dans le troisième paragraphe, écrit : « Selon la philosophie libérale, [l’impôt] n’est rien moins qu’un vol ». Les prémisses de l’article sont donc fausses, dois-je alors continuer à lire ? Mais lisons donc.

            S’ensuivent trois paragraphes pour nous présenter comment l’impôt, la contribution publique, est évoqué dans la déclaration des droits de l’homme, avant, rebondissement !, de nous apprendre que « de toute façon, peu importe », la déclaration des droits de l’homme n’a de de légitimité. L’auteur peut alors réaffimer avec aplomb ses convictions, à savoir « que l’impôt reste un vol ».

            Puis vient le temps de l’argumentation quantitative, chiffrée, carrée : « Auparavant son coût était largement inférieur à celui que l’on devait subir en cas de refus ». Argument imparable, sources et études à l’appui. No shit, Sherlock.

            Si l’auteur, en introduction, avait écrit « les libertariens estiment que », alors peut-être mon attitude eût-elle été différente, peut-être eus-je continué ma lecture. D’ailleurs peut-on seulement parler de « philosophie libérale » ? Enoncé ainsi le lecteur peu attentif ne peut qu’entendre qu’il n’existe qu’une et une seule « philosophie libérale ».

            Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai pris la peine de répondre ainsi.

          • Au-delà des services minimums régaliens, l’impôt consiste bel et bien à « prendre par la force un bien appartenant à quelqu’un », ce qui est la définition même du vol.

            Pour s’en assurer, il suffit de demander leur avis aux intéressés. En attendant plus large enquête, je vous donne le mien sans attendre ! J’affirme que les impôts qu’on me contraint à payer me sont volés par usage de la force. Sans menace de violence, je ne consentirais pas à payer les impôts, pas même un centime ! Il n’y a donc clairement pas consentement à l’impôt d’une partie, certes pour l’instant minoritaire, mais toutefois non négligeable de la population française, à savoir moi-même, contrairement à ce que prétendent les hommes de l’Etat.

            Qu’on subisse la majorité démocratique ou la botte dictatoriale ne change rien à la vérité : l’impôt est un vol. J’ajoute que le vol est un crime contre la morale (contre l’humanité) de même gravité que le meurtre ou le mensonge. Certes, il n’est nul besoin d’être libéral, ce que je ne suis d’ailleurs pas, pour comprendre que l’impôt est un vol. Ainsi, les cohortes de parasites qui profitent de l’Etat obèse pour prospérer sans effort savent parfaitement qu’ils participent à un crime, notamment les politiciens socialistes qui passent leur temps à ajouter le crime de mensonge au crime de vol, dans l’espoir de dissimuler ce dernier, ce qui est la preuve irréfutable qu’ils ont conscience du caractère criminel de leur idéologie appliquée à notre pauvre pays.

  • Alber Einstein disait : « on ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés. »
    La fausse droite est aussi responsable que la fausse droite de l’enfer fiscal qu’est devenue notre nation.
    Il faut un parti conservateur à la France, du style Tea Party en Amérique, pour réduire la voilure de l’Etat à ses fonctions régaliennes. Le marché s’occupe très bien du reste.

    • Quel plaisir de vous lire Monsieur, même si je vous ‘’ suis ‘’ depuis de nombreuses années sur le site de monsieur Reichman. ( Je me suis régalé avec vos livres sur Roosevelt).
      Par contre, mettre en avant, les Tea Party, même ici sur un site libéral, bravo, surtout sans avoir reçu une volée de bois vert, moi, quand je m’y essaye, c’est ma fête !!!!

  • Le consentement de l’impôt est un concept tout-à-fait valable au niveau de la collectivité.
    Lorsque la majorité des votants choisit des politiciens qui mettent en place un impôt conformément à un programme électoral, c’est que la majorité des votants approuve cet impôt. C’est comme si celle-ci avait signé un contrat.

    De facto, cette majorité ne sera pas volée quand elle payera l’impôt, mais c’est par contre elle-même qui demande à l’Etat de voler la minorité qui était opposée à cet impôt, et souvent qui s’en vante (lutte des classes, solidarité, etc).

    D’autre part, il y a des politiciens idéologiques, qui sont prêts à imposer leurs idées envers et contre tout, et des politiciens pragmatiques, qui sont prêts à changer leurs idées pour avoir le pouvoir… 

    Tant que la majorité voudra des impôts, les politiciens pragmatiques leur en donneront, et le jour où la majorité n’en voudra plus, les politiciens pragmatiques les aboliront…

    Rien de nouveau sous le soleil… 

    La démocratie ne peut fonctionner que si la majorité a été éduquée pour agir de manière responsable.

    Tant que c’est l’Etat qui éduque les enfants, via l’école, les crèches, les musées, les médias, etc…, on risque d’attendre encore longtemps… 

    • La majorité sera éduquée pour agir de manière responsable le jour où seuls les votants favorables à l’impôt auront la charge de le payer.

      C’est pourquoi les budgets nationaux et locaux doivent être sanctionnés par référendum fréquent (annuel par exemple) réservé à ceux qui les financent, les votes étant proportionnels à la contribution de chacun réduite des subventions perçues.

      C’est également pourquoi les dettes publiques doivent être interdites, sauf à réserver leur remboursement à ceux qui les ont votées.

      • @ Cavaignac

        Cela reviendrait à supprimer l’impôt… Or, ce n’est pas ce que la majorité veut, elle veut continuer à forcer la minorité à payer au même titre qu’elle. Elle veut aussi dans certains pays continuer à fonctionner avec de la dette.

        Tant que cet état d’esprit majoritaire ne changera pas, on ne pourra rien faire.

  • J’adore cette pathetique tentative de l’UMP a vouloir encore etre cru !

    Ils ont fait quoi quand ils etaient au pouvoir ? Ils etaient morts cerebraux?

    Personnellement, je me suis fait entuber par ces creuvures pendant des annees,…. ils n’auront plus jamais ma voix.

    Libre a vous de prendre des giffles et de continuer a dire merci.

  • Et oui, je ne connais qu’une contribution consentie, c’est celle des églises lorsqu’elles tendent la sébile. Donc vive la sébile tendue par l’Etat parce que nous les Français, on aime sacrément bien rigoler, et faire la fête aux percepteurs nous remplit d’une jouissance sans pareille.

  • ils en ont pas marre avec leurs qualificatifs débiles, les superlatifs du non-événement ?

    Le pacte, les emplois d’avenir, les chocs de competitivité et simplification….pour au final accoucher d’une souris.

    Lamentables cons.

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