Liberté bien ordonnée commence par soi-même

L’histoire des révolutions, et plus récemment le printemps arabe, invite ceux qui aspirent à plus de liberté de garder à l’esprit que s’il est possible de renverser ou réformer un système, le vide peut être remplacé par pire

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Liberté bien ordonnée commence par soi-même

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 26 octobre 2013
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L’histoire des révolutions, et plus récemment le printemps arabe, invite ceux qui aspirent à plus de liberté de garder à l’esprit que s’il est possible de renverser ou réformer un système, le vide peut être remplacé par pire. Et c’est logique : quand le pouvoir disparaît, il faut qu’il soit remplacé, et rien ne dit que c’est la liberté plutôt qu’une autre forme ou un autre avatar du pouvoir qui s’en chargera.

Il devient maintenant évident que le système actuel va s’effondrer. Non seulement le système français, mais aussi la social-démocratie dans son ensemble. Elle est victime d’un cercle vicieux, qui détourne une part croissante des ressources créées et disponibles des activités productives et des fonctions régaliennes vers la redistribution et le fonctionnement de l’appareil bureaucratique et normatif.

Mais dans le cas français, la grogne s’étend, la pression monte, et le gouvernement maintient son cap. Beaucoup auraient sans doute ici évoqué l’absence de cap, l’attitude semblable à celle d’un poulet sans tête, et il est vrai que le comportement de ceux qui nous gouvernent est digne d’un animal n’ayant pas assez de neurones pour ne pas déféquer en mangeant. Mais ne nous y trompons pas : le gouvernement a un cap.

Il fait preuve de constance dans l’augmentation de la pression sur les créateurs de richesse et les services régaliens pour éviter de réduire les dépenses de l’État. Il pousse toujours plus loin le collectivisme, la déresponsabilisation, la déconstruction à marche forcée, l’aplanissement ; il acculture toujours plus les citoyens pour promouvoir diversité, mixité, parité, vivrensemble. Étonnamment, diversité et parité sont d’ailleurs, avec l’égalité des chances, devenues des fins en soi, comme si la question de ce que sont ces chances importait peu ; et, toujours plus étonnamment, le remplacement progressif des repères n’est pas concomitant à un remplacement des élites en place.

Toujours est-il que les Français en ont marre et atteignent, sur tous les fronts, un point proche de la saturation. Ils en ont marre qu’on leur dicte leur conduite, que certaines pensées leur soient interdites (sans préjuger du bien-fondé de ses pensées) ; ils ne veulent plus continuer à payer de plus en plus cher pour les autres. En clair, les Français ne veulent plus qu’autrui leur impose ses choix. Ils l’acceptaient à tort jusqu’à ce qu’autrui se montre aussi gras et ingrat, mais l’époque de la résignation frustrée semble révolue : les Français veulent redevenir des individus.

Ils sont alors confrontés à ce monstre qu’ils ont, sinon créé ou appelé de leurs vœux, au moins nourri pendant bien trop longtemps : le collectif, incarné par l’État. Qui peut, du jour au lendemain, changer le cours de leur vie, souvent pour le pire ; individuellement, beaucoup pensent sans doute avoir plus à perdre qu’à gagner à provoquer les ires de l’État.

Heureusement, il est possible d’agir de façon constructive, aussi bien pour éviter que le pouvoir ne soit réquisitionné que pour éviter le courroux de l’administration et ses protégés. Il ne s’agit pas de lutter contre l’État, ni avec lui ; il s’agit de le remplacer (Rien n’interdit, évidemment, d’éviter de le nourrir, et de mettre quelques grains de sable dans les rouages les plus invasifs et les plus bruyants).

Quelle que soit la légitimité d’une opposition, elle n’est pas pour autant un projet. Les partis français ont de nombreuses caractéristiques communes, notamment leur collectivisme plus ou moins assumé ; l’une d’entre elles est d’être, systématiquement, dans l’opposition. Depuis son accession au pouvoir, le gouvernement actuel n’a pas réellement changé de discours ; il n’y a pas de réel projet, si ce n’est de changer ce qu’ont fait les majorités précédentes et tenter d’insuffler un peu d’optimisme aux citoyens, qui sentent bien que le gouvernement n’a plus pour les honnêtes gens qu’un pouvoir de nuisance.

Je ne suis pas celui qui prétendra formuler ce projet. Fuyez celui-là comme la peste. Le seul projet digne d’être mené, c’est de récupérer vos vies, vos choix, vos principes et vos valeurs. Et pour cela, il faut faire société.

Il ne s’agit pas de vivre ensemble pour vivre ensemble, ou de monter des associations spécialisées dans la chasse aux sorcières et aux subventions et le détournement de fonds, ou d’organiser des groupes de parole et assemblées générales. Il s’agit de remplacer l’État. Démissionnaire de ses fonctions régaliennes, toujours plus menaçant envers la propriété, il sera bientôt incapable de protéger les citoyens ; que ceux-ci s’organisent pour jouer ce rôle. Qu’ils défendent, pour eux-mêmes et pour autrui, libertés individuelles, propriété et sûreté. Qu’ils s’unissent pour revendiquer leur individualité et leurs droits. Qu’ils s’associent librement pour poursuivre des intérêts communs.

Qu’ils refusent la toute-puissance des syndicats violents, l’impunité des politiciens corrompus, et dénoncent systématiquement les premiers et les seconds. Qu’ils défendent systématiquement leurs valeurs lorsqu’elles sont menacées par un discours de plus en plus normé et de moins en moins précis. Qu’ils contribuent aux initiatives dont ils estiment qu’elles amélioreront leur sort.

Une partie significative de la population est désemparée ; l’État qu’elle pensait omnipotent se révèle impuissant, les convictions profondes qu’on lui a asséné depuis la maternelle se révèlent erronées et cette prise de conscience continuera de s’étendre. Comprenant que l’État n’a pas la solution à tout, elle comprend qu’il n’est pas la solution à tout. D’ici à ce qu’elle envisage que la solution soit la fin du tout-État, il n’y a qu’un pas pour lequel elle peut sans doute être poussée.

Ce n’est pas à moi de dire ce que chacun doit faire, mais je me permettrai de donner des pistes sur ce que chacun peut faire :

Préparer, pour soi-même, l’après-État et sa chute. Liberté bien ordonnée commence par soi-même.

Soutenir les initiatives menées par d’autres. Contrepoints, par exemple, veut remplacer la presse d’État pour offrir une information de qualité et une opinion libre ; l’indépendance du journal et de l’association qui l’édite n’est possible que grâce à vos dons. Consacrer du temps et des ressources à faire avancer la liberté.

Faire société, remplacer l’État. À l’échelle locale ou nationale, seul ou en groupe, nous pouvons tous contribuer à libérer les esprits et les individus de l’emprise de l’État. Il est commode que l’État gère ; pour libérer l’espace nécessaire à l’expression des préférences que chacun, faisons en sorte qu’il soit remisé au grenier.

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  • Les révolutions arabes ne montrent pas la bonne direction.

    • Patience ! Ils ne peuvent pas s’extraire de leur moyen-âge simplement en deux ou trois ans. Et puis, l’Occident qui expose son étatisme délirant ne leur montre pas le bon exemple non plus.

      • surtout qu’ils en sortent de l’etatisme délirant: la lybie de kadafi et la tunisie de ben ali etait surement encore plus dirigiste que les états d’europe occidental. alors les  » citoyens  » ( on devrait dire les  » soumis « ) se réfugient dans ce qu’ils connaissaient avant: le moyen age.

    • elles montre la direction de la mecque !

  • Je suis toujours surpris par ce genre de message qui se termine systématiquement par un « donnez nous de l’argent »…. Pour moi, tout message se terminant ainsi est SUSPECT !

  • aprés les impots fonciers en hausse, la taxe d’habitation, la taxation du PEA, il ne va pas rester grand chose ! combien faut-il donner ? récement, j’ai donner une somme symbolique à wikipedia ( c’est bien le minimum )

  • Je ferai volontiers un don si Contrepoints finance une statue en or de 30 m de haut qui tourne avec le soleil et qui représentera Hollande bien évidemment. Pour une fois qu’il va briller ! Ce n’est pas de l’allégeance mais pour l’éducation des masses et alerter les petits nenfants en sortie scolaire qu’il est toujours possible qu’un connard arrive à la fonction suprême.

  • Vous prenez quoi ? CB ? Paypal ? Chèque ? Pièces d’or…
    Perso je veux bien vous donner des thunes.

  • Faire un don par Paypal, par chèque, c’est entretenir les banques, donc ceux qui nous oppressent aujourd’hui, non merci.

    Vous avez pense a Bitcoin ?

    • Martin: « c’est entretenir les banques, donc ceux qui nous oppressent aujourd’hui »

      Faut pas être aussi pavlovien, paypal ce n’est pas la BCE ni le crédit agrimerde.
      Dans les 1.50 euro par paypal pour un service privé, on est très loin des 50% que te rackettent de force l’état français pour un service mal rendu que tu n’a pas demandé. ça n’a rien à voir.

      • Paypal est encore trop cher, pour un transfert de monnaie virtuel.

        Si j’envois un billet de 10 euros dans une enveloppe, ça me coûte 3 fois moins chers, juste le prix du timbre.

        Et encore pire, si j’envois les 10 euros dans une enveloppe de hong kong, ça me coûte 3,20 hongkong dollars = 0,32 euro, incroyable les 10 euros font 10 000 kms, et coûte moins chers que de paris a paris ou qu’envoyer de l’argent virtuel.

        Je suis expatrie depuis plus de 10 ans, j’ai donc compare les banques locales aux banques FR, y’a pas photo, grosse arnaque en France.

  • Je suis entièrement d’accord sur l’analyse d’introduction de l’article.
    Je ne parlerai pas des pseudos révolutions arabes, mais de ce qui nous touche directement.
    Les gouvernements successifs ne se sont jamais impliquer à répondre à l’intérêt collectif, mais ils se sont fourvoyés massivement à travailler pour des intérêts économiques « lobbysés » répondant a des critères purement idéologiques et artificiels comme la croissance et dont on voit aujourd’hui l’aboutissement.

    Si le système actuel doit s’effondrer il serait est un peu présomptueux de penser que ce qui naîtra de l’après sera le paradis.

    Évoquer la saturation ne veut pas non plus dire, atteindre le point de rupture.
    Si les gouvernements ne peuvent se prévaloir d’accorder de l’importance à l’intérêt général et d’une réussite structurelle favorable à tous, ils ont une qualité intrinsèque transmise de pair, apprise sur les bancs de la haute administration qu’ils utilisent à la perfection, c’est l’art de diviser, d’utiliser les sophismes et antagonismes, pour perdre les attentifs et conduire à l’acceptabilité une partie de la population, prête à défendre bec et ongle son acquis ou intérêt, à l’égard d’une autre issue des mêmes droits dont la revendication est autant défendable.
    Prenez l’exemple récent de GAD comme marqueur et penser que la réussite des décideurs se trouvent dans la totale désolidarisation du monde du travail.
    Dans notre pays il n’y a aucun de catalyseur. Pas de vision d’aveni, sauf celles d’un Attali capable de voir pour 2030 ce qu’il n’a jamais vu pour 2008. Le pauvre.
    Les partenaires sociaux (syndicats) oeuvrent pour la paix sociale et à minima du résultat, ils ménagent la chèvre et le choux, ne devant leur survivance, comme de celle de nos gouvernants vis à vis de la finance et du crédit dette, qu’à des subventions d’état, et des caisses noires qui les « marionnetisent » au grès des besoins de la mondialisation.
    Là ou ils ont réussi leur coup, c’est que ces divisions, qui pouvaient opposer arbitrairement des régions, comme actuellement la Bretagne aux autres avec la taxe carbone, ces confrontations de désaccord se font en famille.
    Ajoutez l’infantilisation, la substitution de l’état à régir, penser et agir à la place de l’individu et vous avez ce que vous vivez.

    Dans le discours, « récupérer vos vies, vos choix, vos principes et vos valeurs pour faire une autre société », ça sonne bien, mais dans les faits, ça n’ouvre aucune porte à la solidarité, au contraire ça conforte l’individualisme et le renforce.

    Annoncé, « Français, préparez-vous au pire ! », je suis entièrement d’accord. Comme la Grèce !
    Mais ou en est leur révolution, et Espagne, et au Portugal, nous avons juste droit à des mouvements d’humeur.
    Ce qui se passe en Bretagne sera éteint par un gouvernement actuel qui n’a pas encore montré son visage de totalitariste.
    Méfiez-vous de celui qui parait fébrile et indécis.
    Avec sa tête de perdant c’est lui qui est à la baguette, élu démocratiquement, mais aussi du gourdin avec son superman, aimé des Français qu’est Valls (qui brasse du vent).
    Après l’acharnement fiscal qui n’est pas encore achevé, dites-vous bien qu’ils ne feront aucun cadeau aux contestataires.
    Vous allez avoir la preuve que l’utilisation de gaz chimique ne se fait pas qu’en Syrie.
    Meme si le 2-chlorobenzylidène malonitrilene n’est pas comparable au sarin, ça reste un gaz.

    Mais, » toujours pour le bien des Français et surtout pour la démocratie ».

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